Hamnet - Maggie O'Farrell
Avec beaucoup de retard, je publie mon avis sur ce livre lu en juin et qui était resté dans mes brouillons.
Angleterre, XVIe siècle. Le jeune Hamnet court dans la maison de ses grands-parents paternels afin de trouver de l'aide. Sa sœur jumelle, Judith, est malade. Mais personne ne lui répond. Sa mère, Agnes, est à la campagne, dans la maison où elle a grandi, entre un père fuyant ses responsabilités et une belle-mère mauvaise. Quant au père des jumeaux, cela fait des mois qu'il est à Londres, où il a délaissé la profession de gantier pour devenir auteur de théâtre.
J'espérais beaucoup de ce roman, mais si j'ai trouvé ce livre plus réussi qu' I am, I am, I am, j'en suis ressortie mitigée.
Ni l'alternance des époques ni les différents points de vue n'ont été suffisant pour donner au livre un rythme suffisant. On sait dès le début qu'Hamnet est condamné, et pourtant, la tension dramatique qui sous-tend généralement les romans dont le point de bascule est connu des lecteurs, est ici inexistante. Cela vient de la construction du roman, qui ronronne longtemps et qui suggère des éléments cruciaux sans les expliciter (cela dit, on doit reconnaître que l'autrice ne tombe pas dans la sur-documentation qui alourdit souvent les biographies romancées).
Même Agnes, le véritable centre du roman, ne m'a pas convaincue. Maggie O'Farrell en fait un archétype de la puissance féminine très à la mode qui ne fonctionne absolument pas chez moi. Toutes ses réactions et ses certitudes semblent reliées à des intuitions. Elle est fille de sorcière et sorcière elle-même, ce qui l'empêche d'exister, jusqu'au drame où, enfin, elle se pare d'attributs humains. Comme je l'avais noté lors de ma précédente lecture de cette autrice, cette dernière fait preuve d'une pudeur qui conduit à une certaine superficialité, empêchant les personnages d'être véritablement incarnés (sauf de manière factice donc, comme avec la sorcellerie, mais cela ne fonctionne pas avec tout le monde).
Pendant longtemps, je me suis demandé pourquoi Maggie O'Farrell avait pris la peine d'emprunter la vie de quelqu'un pour écrire ce livre. Shakespeare n'est jamais nommé, et si ce n'est dans une très belle scène finale, sa particularité n'est jamais exploitée. La deuxième partie est de façon générale supérieure à la première, mais à l'exception de rares moments, je suis complètement passée à côté de cette lecture...
10/08. 403 pages.
Traduit par Sarah Tardy.
2020 pour l'édition originale.