Brooklyn - Colm Toibin
Il n'y a pas beaucoup de perspectives pour les jeunes irlandaises dans les petites villes du comté de Wexford au milieu du XXe siècle. Ainsi, lorsqu'un prêtre, ami de sa soeur, lui propose de venir vivre aux Etats-Unis, Eilis n'ose pas refuser. Pour cette jeune fille timide et bien élevée, le défi est de taille.
J'éprouve un sentiment ambivalent à l'égard de ce livre. J'ai lu les deux cents premières pages avec une grande facilité mais sans enthousiasme. Le dernier tiers, en revanche, m'a fait refermer le roman avec regret. Le style de l'auteur est très simple, mais cela se ressent sur ses personnages qui manquent beaucoup de profondeur. Eilis vit une épreuvre particulièrement difficile. Dans les années 1950, un tel voyage n'avait rien de simple, surtout pour une jeune femme célibataire qui n'a pour la recommander qu'un homme (prêtre, certes) qu'elle a rencontré une seule fois. Pourtant, à part quelques vagues à l'âmes, elle ne rencontre que des individus bienveillants et réussit haut la main tout ce qu'elle entreprend. Dans un pays dont les romanciers ne cessent de célébrer les mensonges du rêve américain, j'imaginais qu'une personne aussi introvertie rencontrerait des obstacles plus importants.
En revanche, j'ai adoré le tiraillement final de l'héroïne, que je ne peux pas détailler pour ne pas vous gâcher la surprise. Brooklyn se transforme presque en roman d'apprentissage amer. Les choix que d'autres font à notre place nous engagent parfois pour la vie, surtout à cette époque. Cela peut frustrer certain lecteurs qui trouveraient le parti pris de l'auteur cruel. Pour ma part, je l'ai trouvé très juste.
10/18. 331 pages.
Traduit par Anna Gibson.
2009 pour l'édition originale.