Le Quinconce - Charles Palliser
Il est difficile de résumer ce livre en cinq parties elles-mêmes divisées en cinq parties formées de cinq chapitres (vous suivez ?). Lorsque débute Le Quinconce, John Mellamphy vit dans une relative aisance avec sa mère, Mary. Alors qu'un cambriolage se produit chez eux, il commence à percevoir l'étrangeté de certains comportements de cette dernière. Peu après, des changements dramatiques dans la situation financière de la famille conduiront John à tenter de découvrir le rôle qu'il joue dans une querelle d'héritage et à chercher refuge à Londres.
Je suis vraiment tombée amoureuse de la littérature en rencontrant les auteurs anglo-saxons. Fouiller le web à la recherche de titres à lire m'a permis de découvrir certains éditeurs, dont Phébus/Libretto, qui a sa propre étagère dans ma bibliothèque*. Lorsqu'on m'a proposé de recevoir le premier tome de ce roman écrit par un Américain passé par Oxford et passionné de littérature victorienne, j'y ai vu l'opportunité de sortir les trois tomes qui m'attendaient dans ma bibliothèque depuis plusieurs années. Cela a si bien fonctionné que j'ai lu toute la série en quelques semaines.
Cette œuvre à tiroirs, parsemée de rebondissements et aux innombrables personnages, emprunte aux plus grands auteurs victoriens, tels Charles Dickens, Wilkie Collins, et même George Eliot. Le mystère qui entoure l’héritage et les arcanes de la justice anglaise rappellent Bleak House. Les personnages n'ont pas le charisme de ceux de Dickens, mais chacun, du brigand pilleur de tombe à la vieille fille, a son rôle à jouer dans l'intrigue. Et gare à ne pas se fier à n'importe qui, les rares moments de confiance étant très souvent payés par les plus cruelles trahisons.
J'ai trouvé que l'auteur assommait un peu trop ses personnages de toutes les malchances dans les deux premiers tomes, mais il faut reconnaître que la reconstitution historique est remarquable. La ville de Londres surgit devant nos yeux dans toute sa crasse. Les pauvres le sont de nombreuses manières, des ateliers de couture où l’on travaille comme des forcenés pour une misère aux chercheurs d’or dans les égouts aussi répugnant que dangereux de la capitale**.
Attention à ceux qui n'aiment pas la frustration. Nous découvrons au compte-goutte, à travers les yeux du héros, le mystère qui l'entoure. Ce qui est à l'origine un combat pour sa vie se transforme peu à peu en dilemme moral. J'ai bien perçu dans le dernier tome qu'il se tramait des choses étranges. Mais quand Charles Palliser nous fait un pied de nez à la dernière seconde avec une habile non-révélation, il faut avoir le sens de l'auto-dérision... et du temps pour tout relire !
*Je déplore toutefois le remplacement des vieilles couvertures pas des visuels plus modernes mais beaucoup trop lisses à mon goût.
** Un thème repris par Jack London dans Le Peuple d'en bas.
Libretto. 5 tomes.