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lilly et ses livres

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25 octobre 2006

Le libraire ; Régis de Sa Moreira

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Edition Le Livre de Poche ; 190 pages.
5,50 euros.

"Vous l'avez lu ? Oui, dit le libraire. Moi aussi, répondit le jeune homme. Le libraire lui sourit. Le jeune homme prit confiance : Mais je l'ai offert à quelqu'un... à qui je n'aurais pas dû l'offrir. C'est difficile d'être sûr de ces choses-là, répondit le libraire. Oui, dit le jeune homme. Ne désespérez pas, dit encore le libraire. Certains livres sont à retardement..."

Lorsque l'on voit ce livre, on se demande pourquoi sa couverture nous montre un iceberg. C'est vrai, n'est-il pas question d'un libraire dans ce livre ? En fait, si. Mais ce libraire a une phrase fétiche, "Il y a beaucoup de choses à apprendre sur les icebergs." La raison ? Et puis, quel est le rapport entre le prologue et le livre lui-même ? Car le livre, il nous parle d'une personne, le libraire, qui n'a pas de nom, parce qu'il est libraire sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre (ça devrait faire rêver certaines bloggueuses). Il nous raconte son métier, sa passion. Il ne vend que les livres qu'il a aimés, et donc lit tous les livres de sa bibliothèque. Quand il aime trop un livre, il peut refuser de le vendre. S'il sent que son livre ne se plaira pas avec la personne qui veut l'acheter, il ne le vend pas.

Il a d'autres manières très bizarres ; il prend une tisane dès qu'un client entre dans sa librairie, il arrache souvent une page d'un livre, puis l'envoie à l'un de ses nombreux frères et soeurs... Quelque part, ce livre est terrifiant pour nous, grands lecteurs. Car cet homme qui lit tout le temps vit dans un monde fait uniquement de livres. Il ne sort jamais de sa librairie, ne mange que des livres, n'a plus aucun ami, ni aucune personne à aimer. Ses seuls contacts sont ses clients, ceux qu'il met à la porte, et ceux qu'il aime bien. Il a aussi son facteur, et puis les témoins de Jéhovah pour relations.

Ce livre est assez étrange. Cependant, je l'ai apprécié, parce que l'on se croirait dans une librairie comme on en rêve, avec ses étagères en bois, le bureau du libraire croulant sous les livres, le libraire connaissant toute sa librairie par coeur, la lampe à pétrole le soir...

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24 octobre 2006

Lettre à un otage ; Antoine de Saint Exupéry

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Edition Folio 2 euros ; 72 pages.
2 euros.

"Il nous semble, à nous, que notre ascension n'est pas achevée, que la vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier, et que les contradictions à surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l'avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l'origine. Nous sommes l'un pour l'autre des pèlerins qui, le long des chemins divers, peinons vers le même rendez-vous. " Un appel à tous ceux qui, épris de liberté, refusent de subir. Un texte d'une rare actualité. "

Si vous aimez Saint Exupéry, vous serez comblés par cette lettre, qui est écrite de façon poétique et envoûtante, comme toujours chez cet auteur. Dans cette lettre, Antoine de Saint-Exupéry écrit à un ami, Léon Werth, et s'adresse à travers lui, à toute la France occupée. Il ne souhaite pas seulement des jours meilleurs à son ami, comme cet après-midi au bord de la Saône qu'il évoque, où le ciel était bleu, où les oiseaux chantaient, et où le soleil se reflétait probablement dans l'eau, ainsi que dans le coeur des deux amis... Une très belle préface précède la lettre, où il est expliqué qu'Antoine de Saint-Exupéry ne parle pas de Vichy. Car il veut penser à la France qui souffre, pas à celle qui se déchire. Cette lettre est un hommage à tous les exilés, à tous ceux qui ont pris conscience de l'importance de leurs racines, et qui se raccrochent vainement à leur bonheur passé, mais aussi et surtout à tous les Français, pris en otage par le régime hitlérien.

"Mais rien de ce passé, puisqu'ils s'expatriaient, n'allait plus leur servir. C'était encore tout chaud, tout frais, tout vivant, comme le sont d'abord les souvenirs d'amour. On fait un paquet de lettres tendres. On y joint quelques souvenirs. On noue le tout avec beaucoup de soin. Et la relique d'abord développe un charme mélancolique. Puis passe une blonde aux yeux bleus, et la relique meurt. Car le copain aussi, la responsabilité, la ville natale, les souvenirs de la maison se décolorent s'ils ne servent plus.

Ils le sentaient bien. De même que Lisbonne jouait au bonheur, ils jouaient à croire qu'ils allaient bientôt revenir. Elle est douce, l'absence de l'enfant prodigue ! "

"Ce n'est pas à nous d'apporter la flamme spirituelle à ceux qui la nourrissent déjà de leur propre substance, comme d'une cire. Vous ne lirez peut-être guère nos livres. Vous n'écouterez peut-être pas nos discours. Nos idées, peut-être les vomirez vous. Nous ne fondons pas la France. Nous ne pouvons que la servir. Nous n'auront droit, quoi que nous ayons fait, à aucune reconnaissance. Il n'est pas de commune mesure entre le métier de soldat et le métier d'otage. Vous êtes les saints. "

22 octobre 2006

Le Petit Meaulnes ; Jean-Louis Fournier

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Edition Le Livre de poche ; 158 pages.
4,50 euros.

"Quand on lit le titre Le Petit Meaulnes on croit d'abord à une énorme faute d'impression, un lapsus d'imprimeur ou, pire, un jeu de mots provocateur destiné à faire rire. Ce n'est pas le cas. Le Petit Meaulnes existe, je l'ai rencontré. La première fois c'était à la page 11 du livre de poche Le Grand Meaulnes. Il y fait un passage furtif. On apprend qu'il s'appelle Antoine et qu'il est le cadet du Grand Meaulnes..."

Voilà un petit livre très agréable à lire, drôle et touchant. Je préviens les fans du Grand Meaulnes, ce livre ne respecte son aîné que dans les grandes lignes. Il s'attache essentiellement à décrire la relation entre deux frères, l'un beau, grand et intelligent, aimé de tous, car atteint de la maladie du romantisme, et l'autre, petit et effacé. Le début est vraiment adorable, et raconte avec humour la relation des deux Meaulnes, qui passent leur temps à se battre.

Dans un second temps, l'atmosphère change, parce que le nom d'Yvonne de Galais apparaît. C'est alors avec déléctation voire même cynisme que Jean-Louis Fournier détruit le personnage du Grand Meaulnes. L'histoire dévie alors complètement du roman dont il est issu. On entre dans un monde entre la folie et le rêve, et on se demande ce que nous raconte exactement Jean-Louis Fournier. La fin de l'histoire est assez étrange, on ne comprend pas bien ce qui arrive au Grand Meaulnes, pourquoi il agit ainsi à l'égard de son frère. Et cette espèce de morale que nous sort l'auteur à la dernière phrase est un peu gonflée à mon goût.

Pour résumer, une très bonne première partie, une seconde partie assez étrange, et une fin qui déborde de cynisme. Mais ce livre vaut la peine d'être lu. Et puis, il est très court, une heure suffit largement.

"Dimanche 2 juillet 1912

Augustin a dit :

"Plus tard je serai illustre."

Il a ajouté :

"Toi aussi, Antoine, tu seras illustre.

Tu seras un illustre inconnu." 

22 octobre 2006

Fiancés sans amour ; Barbara Cartland

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Edition J'ai Lu ; 281 pages.
5 euros.

"Plutôt la mort!" murmure Aline Camberley face aux flots noirs de la Tamise, mais dans la nuit un bras vigoureux la retient, une voix chaude l'interroge. Pour une fois, lord Dorrington, ce frivole dandy, est ému. Oui, à dix-sept ans, l'exquise et pure Aline se voit contrainte par sa mère d'épouser le richissime prince Ahmadi, qui ne lui inspire que dégoût et crainte. Une crainte légitime car Ulric Dorrington connaît les mœurs dépravées de ce seigneur persan. Alors Ulric décide d'enlever l'adolescente, de la cacher dans un manoir lointain. Aventure folle, illégale... et périlleuse ! Le prince Ahmadi n'est pas homme à accepter sans réagir pareille humiliation..."

Vous devez vous demander quelle mouche m'a piquée, pour que j'aille ainsi chercher un livre au rayon "Littérature Passion"... En fait, c'est parce que j'ai lu un article où Barbara Cartland était présentée comme un héritière de Jane Austen. Le gros avantage de ce livre, c'est qu'il se lit très vite. Ainsi, je l'ai terminé, ce qui me permet d'avoir une vue d'ensemble. Barbara Cartland est l'auteure la plus lue au monde, mais cela s'explique certainement beaucoup plus par le nombre de livres qu'elle a écrit, et par le contenu de ceux-ci (une belle histoire d'amour qui se passe au temps des contes de fées et qui s'achève merveilleusement), que par ses talents d'écrivain. J'ai beaucoup ri au cours de ma lecture, mais ce n'était sans doute pas volontaire de la part de l'auteure. Il y a un passage que j'aime particulièrement, où le méchant se fait traiter de "vil pourceau" par le héros, avant de se faire fouetter. Ecrire "Vous aimez les battre : eh bien à votre tour maintenant ! ", il fallait oser. Certes, je sort la phrase de son contexte, et je me suis plue à imaginer une scène sadomasochiste un peu exagérément, il n'empêche que cette scène est d'un ridicule achevé. Barbara Cartland tente de donner un cadre historique à son livre. La description des costumes, l'introduction de personnages qui ont réellement existé y servent. Cependant, mélanger la passion de l'époque pour l'Italie avec des histoires de réincarnation, ainsi qu'avec la "légende" selon laquelle il n'y aurait qu'un seul homme invincible à l'épée par siècle (je vous laisse imaginer de quel personnage du livre il s'agit...), c'est un peu énorme. Ce qui m'a le plus gênée est le fait que Barbara Cartland reprenne les stéréotypes de l'époque de son livre pour expliquer la cruauté et les moeurs du prince (violent, à la limite de la polygamie, avec un caractère sauvage). A plusieurs reprises, les héros se basent sur ce qu'ils ont lu sur les Orientaux pour expliquer le caractère du prince. Si ce n'est pas forcément totalement faux, c'est du moins très simpliste et généralisateur au possible. Attention, je n'accuse pas l'auteure de racisme (je ne rentrerai pas dans ce genre de débat ici), seulement d'avoir choisi la voie de la facilité pour construire le personnage du méchant. Voilà donc ma première approche du roman "passion". Je pense que ça en vaut la peine, pour se rendre compte, d'en lire au moins un dans sa vie. 

20 octobre 2006

Ces livres que l'on ne trouve nulle part...

Je ne sais pas si vous rencontrez le même problème que moi, mais c'est assez courant que les livres que je recherche soient non seulement indisponibles à la vente, mais en plus absents des bibliothèques... J'en ai encore fait deux fois l'amère expérience ces deux derniers jours.

Ainsi, après avoir été séduite par Charlotte Brontë, j'ai voulu continuer mon exploration de cette auteure en lisant Villette, la seule édition disponible en français est à plus de vingt-cinq euros, et comprend trois livres des soeurs Brontë, dont un que je possède déjà.

Aujourd'hui, en furetant sur le blog d'Allie, j'ai lu son commentaire de Miles et Isabel, puis j'ai lu le premier chapitre en ligne. Mais dès que j'ai voulu l'acheter, je me suis aperçue qu'il n'existait pas en France...

2752900031J'ajouterai la même chose pour tous les livres ou presque d'Elizabeth Goudge, ainsi que pour Route des Indes de E.M. Forster.

Certes, la joie n'en est que plus grande lorsque l'on met la main sur le livre tant désiré, comme cela s'est produit avec Sanditon de Jane Austen (l'édition achevée du Livre de Poche). Il n'empêche que cela me fait pester pendant des jours et des jours ce genre de choses.

C'est vrai que l'on pourrait me dire qu'à vue d'oeil, ma PAL est suffisamment haute pour être pleine de bons livres, mais quand je ne peux pas obtenir ce que je veux, je fais une fixation, et je ne peux pas m'empêcher d'être frustrée... Je me dis que je rate quelque chose, que c'était forcément LE bouquin à avoir lu...

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20 octobre 2006

Northanger Abbey ; Jane Austen

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Edition 10/18 ; 286 pages.
6,90 euros.

"Jane Austen jugeait désuet l'engouement de son héroïne Catherine Morland pour les terrifiants châteaux moyenâgeux de Mrs Radcliff et les abbayes en ruine du préromantisme anglais. Parodie du roman gothique, satire pleine de saveur de la société anglaise qui prenait ses eaux à Bath, Northanger Abbey est aussi le roman très austénien du mariage et très moderne du "double jeu ". "

Vous allez dire que je commence à vous agacer avec ma Jane Austen... Mais je vous assure que vous auriez tort de ne pas essayer de lire ses livres. Ses livres sont plein d'humour, ses personnages sont extrêmement attachants, son style est unique et très agréable, c'est émouvant, mais sans aucune mièvrerie. En fait, quand on lit un roman de cette auteure, on ne peut qu'être réconcilié avec la littérature classique, et cela nous ouvre de belles perspectives.

Dans Northanger Abbey, l'héroïne, Catherine Morland, se rend à Bath avec des amis de ses parents pour la chaperonner. Il s'agit d'une jeune fille qui n'a rien d'extraordinaire, mais qui se passionne pour les romans gothiques, très prisés par la gent féminine de la fin du XVIIIe siècle. Lors d'un bal, elle rencontre le charmant Mr Tilney, dont elle tombe amoureuse, comme n'importe quelle jeune fille naïve. Il possède de nombreux attraits, dont celui de vivre dans une demeure au nom délicieusement gothique, Northanger Abbey.
A Bath, elle retrouve également son frère, accompagné de l'un de ses amis, le fier et frivole Mr Thorpe. Ce dernier a une soeur, qui est toujours pleine d'enthousiasme, et qui jure aussi souvent que possible qu'elle est une femme parfaitement indépendante, ainsi qu'une grande connaisseuse de la gent masculine qu'elle se plaît à dédaigner. Cependant, elle ne semble pas indifférente au charme du frère de Catherine, inclination qui est partagée du reste.

Ce livre est écrit de façon assez différente des autres romans de Jane Austen. Celle-ci se moque souvent de la naïveté de son héroïne, même si elle éprouve pour elle un grand attachement. Catherine est en fait une jumelle d'Emily, l'héroïne de Les mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe. Elle rêve de vivre des aventures terrifiantes, et son séjour dans la demeure des Tilney permet à son imagination de déborder.
Le lecteur est souvent interpellé par Jane Austen, qui le fait donc participer à cette histoire. C'est extrêmement plaisant, et pourtant, il fallait une certaine habileté pour y parvenir.
C'est aussi dans ce livre que j'ai trouvé les personnages les plus détestables d'Austen (avec Lady Susan bien entendu). La "bonne" société de Bath contient des personnages faux, et qui dévorent les individus naïfs tels Catherine et son frère.

Ce roman est mon préféré de l'auteur, avec Persuasion. Il est vif, délicieusement ironique, comme tous les textes de Jane Austen, et les clins d'oeil qu'il fait au livre d'Ann Radcliffe, que j'ai adoré, le mettent un peu à part dans l'oeuvre de l'auteur (même s'il est vrai que Raison et Sentiment parle aussi de littérature, en se moquant du romantisme).

19 octobre 2006

Alcools ; Apollinaire

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Les trois arbres, automne ; Claude Monet


Automne Malade

Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé dans les vergers

Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé

Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé

Et que j'aime saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train qui roule
La vie
S'écoule

Guillaume Apollinaire

17 octobre 2006

Mansfield Park ; Réalisé par Patricia Rozema

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Billet réécrit en juin 2008

Réalisatrice : Patricia Rozema.

Durée : 107 minutes.

Date de Sortie : 1999.

Musique : Lesley Barber.

Acteurs : Frances O'Connor (Fanny Price), Jonny Lee Miller (Edmund Bertram), Victoria Hamilton (Maria Bertram), Alessandro Nivola (Henry Crawford), Embeth Davidtz (Mary Crawford).

Mansfield Park est un roman de Jane Austen que je n'aime pas particulièrement. Il faudrait que je le relise, parce que je l'ai lu en pleine fièvre austenienne, ce qui m'a certainement conduite à être indulgente avec ce roman.

Cette adaptation de Patricia Rozema est extrêmement personnelle, et je ne m'en plains pas. Tandis que Jane Austen s'amuse à dépeindre le milieu restreint de la bonne société anglaise du XIXème siècle dans laquelle elle vit, sans se soucier aucunement du monde qui l'entoure, la réalisatrice a pris un parti beaucoup plus engagé. Une vive critique de l'esclavage apparaît dans ce film, ce qui n'est pas (ou presque pas) le cas dans le roman.3_00191_1_
De façon plus flagrante, le caractère de l'héroïne, Fanny Price, est fortement modifié. La jeune fille, effacée et franchement ennuyeuse dans le livre, se transforme en une jeune femme très sûre de ses opinions. En fait, Patricia Rozema a donné à son héroïne le caractère sarcastique de Jane Austen, ainsi que certains événements de la vie de cette dernière. Cela donne lieu à des scènes qui éveillent fortement l'intérêt du spectateur et rendent l'histoire moins linéaire que dans le roman (je pense notamment à la venue de Henry Crawford chez les parents de Fanny, au côté plus sociable de Fanny). D'autres scènes rajoutées sont très drôles (le tout début par exemple).

De cette façon, Patricia Rozema parvient à effacer ce qui rend le roman parfois ennuyeux. Car Jane Austen, si elle critique dans ses romans la société dans laquelle elle vit, ne peut pas s'empêcher d'adhérer à bon nombre de ses manières. Dans Mansfield Park,  cela rend la gentille petite héroïne peu attachante et parfois même irritante.
Je reconnais quand même que j'ai été surprise quand Fanny trouve les croquis de son cousin, et surprend deux personnages au lit.

Les acteurs sont très bien choisis. Frances O'Connor dégage une grande douceur, sans avoir l'air de subir sa vie, contrairement à la Fanny Price du roman. Edmund est très bien interprété par Jonny Lee Miller, qui retranscrit bien la personnalité douce, raisonnable et droite du personnage du roman, sans son côté exaspérant. La soeur de Fanny, Suzy, est très attachante, et parvient à nous faire oublier l'absence du frère préféré.
4_00196_1_J'aime aussi beaucoup Henry Crawford, joué par Alessandro Nivola. Il a bien le physique d'un séducteur, mais sait aussi se montrer sincèrement amoureux. Quant à sa soeur, Mary Crawford, elle correspond à l'image d'une femme très élégante, mais aussi agaçante par moments, telle qu'elle est décrite dans le livre.
Je suis plus réservée sur le choix de Sir Thomas, auquel je trouve un air très sévère. Quant à Mr Rushworth, il est beaucoup trop caricaturé, et surjoue.
En revanche, le côté comique de Mrs Norris et de sa soeur est très bien géré, alors que c'est souvent ce qui pêche dans les adaptations des romans de Jane Austen.

Les paysages que nous offre le film sont vraiment magnifiques, j'aime beaucoup la façon dont c'est filmé (le voyage pour aller à Mansfiel Park, le bal en l'honneur de Fanny...). Et certaines scènes sont un bonheur pour les fleurs bleues dans mon genre (l'envol des colombes, les baisers sur le front de mer...).

Donc vous êtes prévenus, il s'agit d'une interprétation extrêmement personnelle du roman de Jane Austen, mais qu'il est difficile de ne pas apprécier pour son originalité et son audace.

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16 octobre 2006

Mansfield Park ; Jane Austen

2264024704Mansfield Park est le roman préféré de beaucoup de janéites, à en croire ce que j'ai pu lire. Pour ma part, c'est celui qui m'a le moins plu.

Il raconte l'histoire de Fanny Price, recueillie et élevée dans une belle demeure anglaise, par son oncle et ses tantes. Mais ce n'est pas par amour filial que l'on reçoit cette petite fille sale et inculte, dont la mère a osé déshonorer la famille en faisant un mariage d'amour avec un homme de basse condition. Mrs Norris voit là un moyen de faire un acte de charité, d'une drôle façon d'ailleurs, puisqu'elle confie l'enfant à la charge de son beau-frère, Sir Thomas Bertram.

La petite fille grandit donc à Mansfield Park, entourée de ses quatre cousins, dont seul Edmund lui porte de la sympathie et de l'intérêt. Cette attitude lui vaudra d'abord de la reconnaissance et de l'affection, sentiments innocents et enfantins, puis de l'amour. Pourtant, lui continue à voir Fanny comme sa cousine, qu'il aime certes profondément, mais pas d'amour. Ainsi, lorsqu'un riche et élégant jeune homme viendra faire la cour à Fanny, il en sera ravi pour elle, et ne tardera pas lui même à tomber amoureux d'une belle jeune fille. Mais Jane Austen est un maître en l'art d'étudier les comportements humains, aussi pouvons nous nous douter que ce ne sera pas si simple.

Dans ce livre, Jane Austen nous présente une héroïne qui possède très peu de caractère, et dont le seul repère est son amour pour Edmund. Mais, un amour n'est pas toujours inébranlable, surtout lorsque le devoir et l'honneur se rappellent à la personne qui l'éprouve. Plus que les autres héroïnes pauvres de Jane Austen, Fanny est confronté à un choix difficile lorsqu'un homme qu'elle n'aime pas lui demande de l'épouser.
Mansfield Park est un vrai roman austenien, avec le sujet traditionnel du mariage d'une jeune fille de condition modeste. Les personnages ridicules sont également présents pour nous distraire, à l'image de Mrs Norris, qui martyrise la Cendrillon de Jane Austen.
Ce roman met aussi en scène des personnages vils prêts à se marier par intérêt tout en simulant des sentiments d'amitié et d'amour qu'ils n'éprouvent pas. Mary Crawford pourrait ainsi presque donner des leçons à une Isabella Thorpe.
Ce livre a aussi une particularité, celle d'avoir une fin dont nous ne sommes pas totalement sûrs jusqu'à la fin. Car nous sommes amenés à douter du fait que Jane Austen achève son roman de manière habituelle.

Malgré tout, j'admets que le suspens ne m'a pas vraiment tenue en haleine. Ce livre est trop long à mon goût. Emma excepté, je n'avais jamais vu passer les pages des autres romans d'Austen. Cette fois-ci, ma concentration a été mise à rude épreuve. 

15 octobre 2006

North and South ; Réalisé par Sandy Welch

B0007N1BBCRéalisatrice : Sandy Welch.

Musique : Martin Phipps.

Acteurs : Richard Armitage (John Thornton), Daniela Denby-Ashe (Margaret Hale), Sinead Cusack (Mrs Thornton), Leslie Manville (Mrs Hale), Tim Pigott-Smith (Mr Hale), Pauline Quirke (Dixon), Brendan Coyle (Mr Higgins), Anna Maxwell Martin (Bessy Higgins).

"C'est le choc de deux Angleterre que le roman nous invite à découvrir : le Sud, paisible, rural et conservateur, et le Nord, industriel, énergique et âpre. Entre les deux, la figure de l'héroïne, la jeune et belle Margaret Hale. Après un long séjour à Londres chez sa tante, elle regagne le presbytère familial dans un village du sud de l'Angleterre. Peu après son retour, son père renonce à l'Eglise et déracine sa famille pour s'installer dans une ville du
Nord. Margaret va devoir s'adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s'éveille à travers les liens qu'elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports
difficiles qui l'opposent à leur patron, John Thornton."

L'adaptation de ce roman est enchanteresse. Les acteurs sont iréprochables, Richard Armitage possède un visage expressif et une voix envoûtante qui en font un John Thorton indiscutable. Quant à Daniela Denby-Ashe, elle correspond parfaitement à la jeune fille fière et bien élevée, totalement étrangère au monde du Nord de l'Angleterre, décrite dans le roman. Mrs Thorton est une mère aimante pour son fils, et une femme froide pour le reste du monde, tout comme elle l'est dans le roman. J'aime aussi beaucoup Nicholas Higgins et Dixon.

Un effort particulier semble avoir été accordé aux décors, la ville industrielle où les saisons ne sont pas marquées, l'usine de Mr Thorton qui nous dévoile le dur travail des ouvriers. Et le cimetière, qui symbolise à la fois tous les malheurs qui arrivent et la sensation pour ceux du Sud d'être dans une ville maudite, où ne vivent que des damnés. Ceci contraste parfaitement avec Helstone, village extrêmement lumineux et fleuri qui nous donne la sensation d'être dans un rêve. La présence très importante du chemin de fer, invention de la Révolution industrielle, marque aussi les liens entre le nord et le sud de l'Angleterre.

Les dialogues sont très bien adaptés. A la courtoisie parfois hypocrite du sud s'oppose la franchise parfois violente du nord.

Quant à la musique, elle est absolument magnifique, et correspond très bien à l'histoire, alliant des passages d'une grande douceur avec d'autres plus rapides, plus assurés, et plus violents.

Le seul repproche que je pourrais faire à cette adaptation est la scène finale. Bien que magnifiquement interprétée et d'une grande poésie, elle ne peut pas nous empêcher de regretter celle du roman, pleine d'humour et de tendresse... Mais sinon, rien à redire. La BBC a une nouvelle fois prouvé qu'elle produisait les plus belles adaptations !

N.B : Le coffret de North and South n'existe qu'en VOST. Mais lorsque l'on a lu le livre et que l'on a un minimum de notions en anglais (comme moi ;-)), cela n'est pas dérangeant. Et puis, je vous assure que la voix de Richard Armitage est inimitable...

"I wish I could tell you Edith, how lonely I am, how harsh and cold it is here." "I think god has forsaken this place, I believe I have seen Hell, and it's white, it's snow white."

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