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lilly et ses livres
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28 mai 2009

Eté ; Edith Wharton

resize_4_10/18 ; 253 pages.
1917. V.O. : Summer.

J'ai découvert Edith Wharton l'année dernière, grâce à Lou, qui m'a offert deux livres de cette romancière américaine qu'elle apprécie énormément. Xingu m'avait beaucoup plus, mais n'était encore qu'un court texte, donc il s'agissait de choisir un livre qui me permettrait de vraiment pénétrer dans l'oeuvre de Wharton. Eté est le roman de cet auteur qui me semblait le plus abordable et le plus frais, donc j'ai choisi de me pencher sur ce titre.

C'est l'été à North Dormer en Nouvelle Angleterre, et Charity Royall, la petite bibliothécaire s'ennuie. Elle a été recueillie très jeune par Mr Royall et son épouse, après avoir vécu plusieurs années dans la Montagne, au milieu de colons qui vivent en-dehors du système américain. Depuis, elle a été plutôt privilégiée, mais son existence offre peu de distractions. Aussi, quand un jeune homme élégant pénètre dans sa bibliothèque, les choses s'emballent.

Voilà un roman qui a dû faire couler beaucoup d'encre à sa sortie. Certes, il ne se passe rien à North Dormer et les choses sont dites de façon voilées, mais le décalage est grand entre la tranquilité de la nature et les tourments auxquelles Charity Royall est confrontée. La jeune fille, malgré son passé dans la montagne, est tout ce qu'il y a de plus convenable aux yeux de ses voisins, tant que les choses du sexe sont restreintes à l'intimité de son domicile (en gros, avoir un père adoptif qui louche sur vous n'est pas un sujet problématique si rien n'est ébruité).
Sa rencontre avec Lucius Harney change tout. L'éveil des sentiments chez cette jeune fille au caractère bien trempé est merveilleusement décrit par Edith Wharton, qui nous offre un livre dans lequel la sensualité réside dans des images telles un feu d'artifice du 4 juillet. Ironie du sort, cet amour, pourtant vrai, est inacceptable, et ses conséquences, bien que prévisibles, sont impitoyables.
Ce livre est bien plus sombre que je ne le pensais lorsque je l'ai ouvert. Il est frustrant aussi, puisque tout s'achève rapidement, et que l'on ignore la réaction de Harney aux nouvelles qui lui parviennent finalement.

Maintenant, je suis suffisamment intriguée pour vouloir continuer ma découverte de cet auteur.

"Un remous plus vif décoiffa un jeune homme qui passait par là, fit tournoyer un instant son chapeau et le déposa au milieu de l'étang.
Comme le jeune homme courait, cherchant à le repêcher, Charity Royall remarqua que c'était un étranger et qu'il était habillé avec une certaine recherche. Elles vit aussi qu'il riait à belles dents, comme la jeunesse sait rire de pareilles mésaventures.
Le coeur de la jeune fille se contracta. Elle avait toujours eu ce mouvement de recul qui se produisait toujours chez elle à la vue d'un visage insouciant et heureux."
   

Les avis de Lou, Florinette, Tamara et Stéphanie.

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7 avril 2009

Contes de la folie ordinaire ; Charles Bukowski

resize_2_Le Livre de Poche ; 192 pages.
Traduite par Léon Mercadet et Jean-François Bizot.
V.O. :
Erections, Ejaculations, Exhibitions, and General Tales of Ordinary Madness. 1972.

Je suis sortie de chez le libraire en me demandant ce qui m'était passé par la tête. Déjà, j'étais sûre que j'allais détester Bukowski. En plus, j'avais choisi non pas un roman, mais des contes de quelques pages, genre que j'apprécie de moins en moins. Et le pire était qu'il s'agissait vraiment d'un choix réfléchi : ce bouquin, je l'ai commandé chez mon libraire, je ne suis même pas tombée dessus par hasard.
Si vous ajoutez cela à mon achat de Si je t'oublie Jérusalem de Faulkner, qui s'est avéré n'être autre que Les palmiers sauvages, que j'avais déjà (j'adore les romans dont le titre varie, même si je ne suis pas totalement blanche sur ce coup-là), vous pouvez vous dire que je n'étais vraiment pas dans mon assiette dernièrement.

En fin de compte, dès la première page, j'ai su que je n'allais pas regretter mon achat. Je vous fais d'habitude un résumé des livres que je lis, mais d'ordinaire, je ne lis pas de recueils, donc c'est plus facile. Disons qu'il s'agit de tranches de vie de personnages dont la personnalité est généralement très proche de celle de Bukowski, quand l'auteur ne se met pas clairement lui même en scène. A travers elles, ce livre évoque des thèmes qui reviennent sans cesse au fil des contes : le désamour, l'écriture, l'auteur maudit, le sexe facile, l'alcool, la violence, le puritanisme de la société américaine, le genre humain en fait...

Tous les contes ne m'ont pas captivée (un livre un peu plus court ne m'aurait pas du tout gênée), mais beaucoup sont vraiment excellents, variés tout en traitant de thèmes semblables. Je craignais de me retrouver face à des histoires qui ne parlent que de sexe et d'alcool, et effectivement on en a à volonté. Mais la réflexion proposée par ce livre va beaucoup plus loin. Certains contes font vraiment mal, surtout La plus jolie fille de la ville (conte qui ouvre le livre en douceur), Le petit ramoneur, La machine à baiser, Trois femmes, J'ai descendu un type à Reno, et Le Zoo libéré (qui achève le livre en beauté). A un moment, Bukowski est hilare parce qu'on l'a qualifié de "sensible". C'est terrible, parce que tous ces hommes, qui ne parlent que de s'envoyer la première fille qu'ils croisent et qui semblent ne rêver que de ne rien faire, sont exactement ce qu'ils jurent ne pas être. J'ai aussi un gros faible pour les récits où les femmes ne sont pas que des ombres, et où au final ce sont les hommes qui se font baiser.
Étrangement, on rit beaucoup dans ce livre provocateur, qui dresse un portrait sans concession de la société américaine et de ses habitants. Parce que l'auteur n'y va pas de main morte (la description du type écrasé après s'être défenestré par exemple illustre bien cela), mais aussi parce qu'il écrit très bien, et qu'il sait se servir de ce don pour mêler une certaine poésie à l'absurde et au répugnant (j'avais lu un début de poème de Bukowski chez Erzébeth qui m'avait beaucoup plu). 

Ce livre m'a un peu fait penser à Last Exit to Brooklyn, mais légèrement, hein ! Il s'agit donc d'une très bonne surprise, et encore d'un auteur que je retrouverai dans un avenir que j'espère pas trop lointain.

Les avis de Sylvie, Thom, et Praline.

5 avril 2009

Le coeur est un chasseur solitaire ; Carson McCullers

untitledLe Livre de Poche ; 448 pages.
Traduit par Marie-Madeleine Fayet.
The Heart is a Lonely Hunter. 1940.

Je ne sais même plus ce qui m'a poussée à me procurer ce roman. Son titre sans doute, et quelques très bons avis lus je ne sais plus trop où.

Nous sommes dans une petite ville du sud des Etats-Unis. Mr Singer, un sourd-muet bienveillant et très discret, reçoit les confidences de plusieurs personnes aussi blessées que lui. Mick d'abord, est une gamine qui joue à la fois les garçons manqués et les mamans pour ses petits frères. Elle aime la musique, et rêve d'un ailleurs. Le docteur Copeland est un Noir engagé, qui n'est pas parvenu à transmettre ses idéaux à ses enfants, mais qui espère des jours meilleurs. Biff est un patron d'un café très seul et plein de sentiments qu'il ne devrait pas éprouver pour sa survie, et Mr Blount est convaincu d'être le gardien d'un message particulier pour l'espèce humaine.
Nous les suivons, ainsi que leurs proches, à travers des étés trop chauds et des hivers glaciaux.

Voilà encore un très beau roman américain. Difficile de croire qu'il a été écrit par une jeune fille de seulement vingt-deux ans tellement il cerne le coeur humain et tellement il met à jour la résignation de son auteur face au destin de chacun de nous.
L'individu apparaît en effet très seul dans ce roman. L'amour, ou ce qui s'en rapproche, n'est jamais retourné. Ni l'envie, ni l'espoir. Tous les personnages que nous suivons sont des rêveurs, des individus qui croient que le meilleur est encore possible. Ils veulent vivre, faire éclater leurs sentiments, mais leur réunion ne donne que le silence. Le muet, celui sur lequel circulent toutes sortes de légendes traduisant la fascination qu'il inspire, et qui fait (bien involontairement) croire à ses compagnons que le mot possibilité existe, ne donne que l'illusion d'une communication. Mick, Blount, Copeland et Biff lui donnent chacun un rôle, une identité, mais ils ne réalisent même pas qu'ils parlent seuls. Et quand ces quatre là se trouvent réunis, ils tombent à leur tour dans un mutisme profond, éventuellement précédé par des cris exprimant leurs désaccords.
Le seul qui semble avoir inconsciemment compris sa situation est donc Mr Singer. Il ne se confie pas, et s'il écrit à Antonapoulos, le fait qu'il n'envoie pas ses lettres montre qu'il sait qu'au fond, il ne le fait que pour lui même.
En raison de cette solitude absolue à laquelle est condamné le coeur humain, tout semble vain, et ce qui semble donner un sens à l'existence n'est qu'éphémère. Voir Antonapoulos, croire en la musique ou en d'autres idéaux, ne permet que de se tromper soi même. Tous nos compagnons finissent par devenir de plus en plus transparents, et il devient vite évident qu'ils ne tarderont pas à s'oublier eux-mêmes. Au loin, on entend le bruit de la Seconde Guerre mondiale. 
Pourtant, bien que très lent (même trop parfois) et plutôt déprimant, sans doute afin d'accentuer le caractère vain de l'existence, ce roman n'a rien de monocorde, et nous fait passer par toute une palette d'émotions. Il nous prend d'abord délicatement, nous fait aimer tous ces personnages. Surtout Mick bien sûr, cette gamine dans laquelle il est difficile de ne pas voir des échos de soi même. Beaucoup de situations, qui n'ont parfois rien de risible en elles-mêmes, ne peuvent faire que sourire. On se révolte aussi face à toutes ces injustices. On espère, et finalement on est déçu. On le savait dès le début, mais on n'y peut rien, on espérait quand même.      

Un livre profondément pessimiste donc, mais qui n'en est pas moins un très beau roman. Je ne suis vraiment pas sûre de le relire un jour, mais je retrouverai certainement l'auteur. 

Les avis de Papillon, Tamara et Kalistina.   

16 mars 2009

Last Exit to Brooklyn ; Hubert Selby Jr

resize_3_Albin Michel ; 303 pages.
Traduit par J. Colza. 1964.

Je ne peux pas vous expliquer ce qui m'a poussée à ouvrir ce livre, cela m'obligerait à vous révéler une de mes tares.  En France, je pense qu'Hubert Selby Jr est avant tout connu grâce à l'adaptation de son roman Requiem for a Dream, que je n'ai pas vu (je suis la fille qui a cru périr d'ennui devant Trainspotting). Pourtant, il s'est fait connaître aux Etats-Unis dès la publication de son premier roman, dont je vais vous parler. 

Nous sommes à New York, dans le quartier de Brooklyn, dans les années cinquante. Aux abords d'une base militaire, on trouve le Grec, "un troquet minable ouvert toute la nuit à côté de la base militaire de Brooklyn", la bande à Vinnie, les travestis, Tralala, les autres, et aucune part de rêve.

A l'origine, les textes composant Last Exit to Brooklyn étaient des nouvelles. Le livre est de ce fait divisé en six parties qui ne se concentrent pas sur les mêmes personnages. Toutefois, cela ne les rend pas indépendantes les unes des autres. Le cadre utilisé est toujours le même, et l'on croise à plusieurs reprises certains individus. Et puis surtout, la vie menée par tous ces personnages est tellement semblable qu'ils sont presque interchangeables, des échos les uns des autres, comme le montre notamment la dernière partie. Il n'y a aucun espoir dans ce livre. Tout n'est que violence, drogue, alcool, et sexe déprimé. Les rares moments d'apaisement sont suivis d'une désillusion tellement grande qu'ils sont finalement davantage à craindre qu'à souhaiter. La société décrite est pourrie jusqu'à l'os. On cogne pour se distraire, la discussion n'est même pas une possibilité, et les enfants suivront inexorablement le chemin tracé par leurs parents.    
Selby nous décrit toute cette déchéance avec un style qui amplifie encore notre sentiment d'écoeurement et de désespoir face à ces individus misérables, auxquels il n'est même pas toujours possible de s'attacher. Il écrit sans se soucier des règles de ponctuation, n'indique pas vraiment qui parle. On se croirait vraiment en train d'assister à la scène. J'ai particulièrement aimé les passages entre Vinnie et Mary, où l'auteur écrit en majuscules pour indiquer que les personnages hurlent.
Je n'ai pas tout apprécié dans ce livre. La partie sur Harry Black m'a même pas mal ennuyée, même si certains passages sont absolument grandiose. Les scènes de violence, dont je ne suis pourtant pas friande habituellement, montrent à quel point tous ces personnages sont pathétiques. On ne les sent vivre que dans ces moments. La fin de la partie aussi, quand Harry réalise que les mois qu'il vient de vivre sont derrière lui.
Il est en effet difficile de rester indifférent face à un tel livre. J'ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises, et j'ai aussi frôlé l'écoeurement. Un dollar par jour, La reine est morte et Bout du monde sont mes parties préférées. Le poème lu par Georgette est magnifique, tout en mettant définitivement les choses au clair avec le lecteur. Tralala m'a aussi beaucoup émue, la seule femme qui tente de trouver une autre voie (et qui échoue, bien entendu). 

Un livre qui remue beaucoup donc, et qui m'a permis de découvrir un très grand écrivain. Je mets un petit bémol à cause de l'histoire de Harry, mais sinon il entrait directement dans mon panthéon littéraire personnel.

14 mars 2009

A moi pour toujours ; Laura Kasischke

resize_3_Belfond ; 401 pages.
Traduit pas Anne Wicke.
V.O. : Be Mine. 2007.

Depuis maintenant deux ans et demi que j'écris sur ce blog, j'ai appris à surmonter parfois mes préjugés à l'égard d'auteurs qui ne me tentaient pas, et cela a donné lieu à de très belles découvertes. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas...

Sherry est une femme qui a tout pour être heureuse. Un job intéressant, un mari amoureux, et un fils de dix-huit ans, Chad. Ce dernier vient cependant de quitter la maison, laissant derrière lui un grand vide. Le jour de la Saint-Valentin, Sherry reçoit un mystérieux billet sur lequel il est écrit : "A moi pour toujours". Elle en parle à son mari, qui étrangement semble très excité à l'idée que sa femme soit courtisée par un autre. Commence alors pour Sherry la recherche de l'auteur de ces quatre mots, qui l'entraîne bien plus loin qu'elle ne l'avait imaginé.

C'est très simple, ce livre me laisse franchement mitigée. Il se lit très vite, mais pas parce qu'il est captivant. Il y a beaucoup de cuit et de recuit dans ce roman. L'idée de départ est pourtant bonne. Tout s'écroule sans aucune raison particulière. Juste l'ennui, que ressent aussi le lecteur au début du livre. Quelques mots, qui suffisent à révéler à un personnage qu'il n'est pas aussi comblé qu'il le pensait. Mais, l'auteur s'embrouille très vite. 
J'ai lu un peu partout que Laura Kasischke était très forte pour les rebondissements, je ne suis pas d'accord. Le principal malentendu était gros comme une maison, et même si je sais que l'on peut très facilement ne pas voir l'évident, je ne le trouve pas crédible une seconde passé un certain stade. Je ne croyais pas que Laura Kasischke oserait nous sortir ça. Bien sûr, à l'écrit, le discours des personnages peut être totalement à double sens. Mais pas à l'oral. Il y a des tons qui ne trompent pas. Laura Kasischke a eu une bonne idée, mais elle aurait dû soit s'arrêter avant, soit aller plus au fond des choses. Pourquoi ne pas justement laisser un peu planer le doute sur ce que Jon savait vraiment, inconsciemment, au lieu de s'en tenir à un simple "on ne connaît jamais les gens" ?
La révélation finale à propos de Garrett me laisse aussi perplexe, et bien trop excessive pour paraître vraie. En fait, tout comme le précédent malentendu, elle ne m'a surprise que dans la mesure où je faisais confiance à l'auteur pour ne pas me servir une réponse aussi banale. Quand un aspect qui possède une telle importance est raté, il est difficile d'apprécier le reste.
Bram sort du lot, et agit avec une passion puis un manque de conviction bien vus. Toutes les illusions évoquées dans ce livre sont vraies. J'ai aussi apprécié la toute fin, le fait que les choses rentrent dans l'ordre sans que rien ne soit réglé. Les seuls à avoir bougé ne sont pas ceux que l'on pensait. Et Laura Kasischke dresse parfois des tableaux très pertinents et plein de sarcasmes, qui en disent long et éclairent l'intrigue en peu de mots.
Cela ne fait cependant pas assez pour un livre que j'étais autant impatiente de découvrir. J'aurais peut-être dû commencer par Rêves de garçons comme je l'avais prévu...

Je ne ferme pas la porte à cet auteur. Cela fait plusieurs fois que je réécris ce billet, et j'ai du mal à exprimer clairement mon ressenti. Quand je réfléchis et que je relis des passages du livre, je comprends qu'il ait pu autant séduire. J'aurais sans doute été moins sévère si les effets de surprise avaient marché sur moi.

A part moi, tout le monde a adoré : Tamara, Loutarwen, Papillon, Praline et Ys.   


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9 mars 2009

Sanctuaire ; William Faulkner

sanctuaire_1_Folio ; 375 pages.
Traduit par R.N. Raimbault et Henri Delgove, revu par Michel Gresset.
V.O. Sanctuary. 1931.

C'est en lisant les quelques pages dépourvues de ponctuation de Titus d'Enfer que j'ai été prise d'une folle envie de reprendre ce livre que j'avais feuilleté durant un cours magistral soporifique il y a quelques mois (Peake et Faulkner n'ont absolument rien en commun, c'est juste moi...). 

De ce livre je pensais connaître l'intrigue, mais en fait les résumés que j'avais lus évoquent tous des événements qui interviennent très tard dans le récit. Je pense notamment au fameux épi de maïs que j'ai attendu pendant si longtemps que je me demandais si je ne me trompais pas de livre...
Des crimes sont bien commis, mais ils ne sont pas présentés de façon traditionnelle. Dans Sanctuaire, Faulkner étudie une fois de plus la noirceur et la déchéance des habitants du sud des Etats-Unis, à partir du viol d'une jeune fille et du meurtre d'un homme, qui entraînent l'arrestation d'un innocent. Cet état lamentable du sud apparaît d'autant plus clairement ici que l'un des personnages nous fait espérer un dénouement plutôt positif. Au lieu de cela, on a droit à un ouvrage qui se clôture de façon pour le moins ironique et insatisfaisante.

Je crois que je n'avais jamais perçu une telle noirceur dans les livres de Faulkner. Il ne juge pas, les personnages ne valent pas mieux les uns que les autres (sauf peut-être Benbow, mais il n'a clairement rien à voir avec le monde qu'il veut réformer), et je crois que là est bien ce qu'il y a de pire. Tous ces gens sont corrompus, débauchés, se contaminent mutuellement et s'enfoncent toujours plus profond dans la déchéance humaine. Et c'est comme ça. Certaines scènes sont absolument terribles, mais j'étais plutôt prête à rire tellement on est tombé bas.
En effet, en parallèle, l'auteur est plus qu'ironique, et l'hypocrisie de la société est parfaitement mise en valeur. Etre trafiquant d'alcool au moment de la Prohibition semble bien moins grave que de vivre avec quelqu'un (et d'en avoir un enfant) sans être marié. Cela vous place aussi en bonne position lorsqu'il s'agit de retrouver l'auteur d'un meurtre et d'un viol.   
Sanctuaire est le livre de Faulkner que j'ai lu avec le plus d'avidité. La chronologie bouleversée et les informations qui arrivent un peu au compte-goutte rendent le roman encore plus captivant, je trouve que c'est encore plus flagrant que dans les autres romans de l'auteur que j'ai lus. Il faut attendre la fin du livre afin de connaître la totalité de l'histoire, et de pouvoir confirmer ce qui avait jusque là été surtout suggéré. Bon, j'ai quand même eu du mal avec quelques passages. Je suis quelqu'un qui a besoin qu'on lui explique clairement les choses et qui croyait connaître l'histoire, aussi ai-je lu plusieurs dizaines de pages avant de comprendre qui avait été tué (c'est très étrange de connaître le nom du meurtrier mais pas avec certirude celui de la victime), mais c'était entièrement ma faute.

Je crois que j'ai encore plus aimé ce livre que Le bruit et la fureur (Edit du 31/03/09, en fait non), et je suis convaincue que je le relirai. Difficile de croire que Faulkner ne l'a écrit que pour l'argent...

Les avis de Sylvie, de Thom et de Roxane.

17 février 2009

La cloche de détresse ; Sylvia Plath

resize_4_Gallimard ; 270 pages.
Traduction de Michel Persitz.
V.O. : The Bell Jar. 1963.

« Un mauvais rêve.

Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre, vide et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n’est qu’un mauvais rêve.

Un mauvais rêve. »

Je ne sais pas vraiment comment aborder ce roman. L’histoire racontée par La cloche de détresse est  tellement vraie que j’ai même du mal à parler de « roman ». Après tout, les critiques s’accordent à dire que l’auteur y a mis énormément d’elle-même. Un mois seulement après la publication du livre, elle se donnait la mort. Je crois qu’on peut aller encore plus loin. Dans ce livre, Sylvia Plath a mis énormément de nous tous.

Erzébeth disait de ce livre qu’il l’avait blessée. Je suis dans la même situation. Je n’ai jamais été dépressive, je n’en suis jamais arrivée aux mêmes extrémités que l’héroïne, mais je pourrais être elle. Ce livre nous fait réaliser à quel point on est vulnérable, à quel point on marche sur des œufs sans même le réaliser. Esther se sent nulle, qui n’en a jamais fait autant ? Il ne se passe rien de particulier, et l’on comprend difficilement comment la situation d’Esther, qui semble pourtant assez commune, peut dégénérer comme cela. Je trouve que c’est effrayant. Est-ce que tout dérape quand Esther réalise à New York que l’on est qui l’on est où que l’on soit ?

« Des filles comme ça me rendent malade. Je suis tellement jalouse que j’en perds la parole. Pendant dix-neuf ans je n’ai pas mis les pieds hors de la Nouvelle-Angleterre si ce n’est pour une ballade à New York. C’était ma première grande chance, mais j’étais là, vautrée dans mon fauteuil, la laissant filer comme de l’eau entre mes doigts. »

Etre un individu qui aime le calme et qu’il faut traîner ou piéger pour l’attirer dans les endroits branchés n’est pas toujours facile à vivre, j’en sais quelque chose. Et partir à l’aventure, changer de décor, ne modifie rien. Les jeunes filles lauréates du concours sont chouchoutées, on leur ouvre des portes, mais contrairement aux autres, Esther ne voit là que des futilités. Sa dernière soirée à New York, elle la passe à offrir au vent ces vêtements qui ne sont pas elle.

Elle pense là où les autres prennent ce qui vient, et voilà son drame. Elle cherche à définir ce qu’est le bonheur, et elle réalise que ses souhaits sont en totale contradiction :

« Névrosée ! ah ! ah ! ah ! … J’ai laissé échapper un rire plein de dédain : ‘Si c’est être névrosée que de vouloir au même moment deux choses qui s’excluent mutuellement, alors je suis névrosée jusqu’à l’os. Je naviguerai toute ma vie entre deux choses qui s’excluent mutuellement… »

Esther est un être à part, hors de son époque et de son sexe. J’ai lu que ce livre était considéré comme féministe. Je rejette ce terme pour parler de ce livre, parce qu’il est réducteur, et pourrait donner lieu à une interprétation stupide du parcours d’Esther. Elle veut vivre et n’y parvient pas, elle veut avoir le droit de choisir même si elle ne sait pas le faire. Elle refuse la maternité, le rôle de la gentille épouse, mais elle ne pense qu’à son propre bien être.

« C’était une des raisons pour lesquelles je ne voulait pas me marier. La dernière chose que je souhaitais, c’était bien la sécurité infinie et être l’endroit d’où part la flèche… Je voulais des changements, du nouveau, je voulais tirer moi-même dans toutes les directions, comme les fusées du 4 Juillet. »

Un tel être ne peut qu’étouffer quand il est confronté à une existence morose. Il erre de déception en déception, jusqu’à ce que qu’il en arrive à un point où il ne peut même plus être déçu. Car il n’a plus la moindre chose à attendre. Quand Esther rentre de New York, elle a une réponse négative à sa demande de cours d’été. Puis, plus rien. Triomphe alors l’impression d’être totalement inutile, qui est née à New York :

« J’ai commencé par additionner les choses que je ne savais pas faire. »

Cette phrase semble banale, mais lorsque l’on commence à s’engager sur cette voie, il est impossible que tout s’achève bien. Surtout quand on est Esther, et que l’on pense sérieusement ce que l’on fait :

« - Comme les cadavres que tu dissèques ! Comme les gens que tu te figures guérir ! Ils sont aussi poussière qu’il est possible d’être poussière. Je suis persuadée qu’un bon poème dure plus longtemps qu’une centaine de tes clients mis bout à bout…

Et bien sûr, Buddy ne trouvait rien à répondre à ça, parce que c’était l’absolue vérité. Les gens ne sont faits avec rien de plus que de la poussière, je ne voyais pas du tout pourquoi soigner ces tas de poussière vaudrait mieux qu’écrire des poèmes dont les gens se souviendraient, qu’ils se réciteraient quand ils seraient tristes, malades ou insomniaques… »

Esther sombre, tombe tellement bas qu’elle ne peut plus descendre encore. On l’emmène, on la soigne avec les moyens du bord (les électrochocs, un peu comme si elle était une criminelle, et c’est d’ailleurs ce qu’elle est pour les autres, sa mère en tête). 

On la recolle, on la rafistole, on l’aide à se persuader que tout va bien. J’ai peur que ce ne soit pas le cas :

« Il y aurait un trou noir de six pieds de profondeur, creusé dans la terre dure. Une ombre en épouserait une autre, le sol étrangement jaune de notre localité refermerait la blessure ouverte dans sa blancheur. Une autre chute de neige effacerait toutes les traces récentes sur la tombe de Joan.

J’ai respiré un grand coup, et j’ai écouté le vieux battement de mon cœur.

Je vis, je vis, je vis. »

 

La cloche de détresse n’est pas un livre qui vous fait sombrer de bout en bout. C’est un livre qui ne plonge dans aucun extrême. Je ne sais pas comment l’exprimer correctement, mais le lecteur ne passe pas un sale quart d’heure. Il trouve des refuges qui ne sont d’aucun secours à Esther, mais qui permettent au lecteur de l’accompagner, et de ressentir les choses peu à peu. On en ressort sonné, nauséeux, parce que l’on n’a rien vu venir, et c’est ce qui fait les grands livres.

plath_1_
Sylvia Plath et son mari, Ted Hughes (1956)

Un immense merci à Erzébeth pour cette découverte (si tu arrêtes tes bêtises avant ce soir, je ne te dénonce pas). Fashion et Levraoueg, j’espère que vous tremblez maintenant…

Anne aussi a aimé.

2 janvier 2009

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates ; Mary Ann Shaffer

24580218_1_France Loisirs ; 387 pages.
Traduction de Aline Azoulay-Pacvon. 2008.
V.O. : The Guernsey Literary and Potato Peel Society.

Je déteste France Loisirs (désolée pour les fans...), leur façon de recruter les adhérents ne me plaît pas du tout, et quand je vois leur catalogue, je me dis que nous n'avons absolument pas les mêmes goûts...
Mais cette fois, j'ai craqué devant les assauts de Clarabel, puis de la moitié de la blogosphère (la version anglaise n'a pas une aussi belle couverture). J'ai fait les yeux doux à une personne de mon entourage abonnée à FL, et elle me l'a très gentiment acheté.

Londres, 1946. Juliet Ashton est un écrivain en mal d'inspiration. Un jour, elle reçoit une lettre d'un habitant de Guernesey, un certain Dawsey Adams, qui a trouvé son adresse sur un ouvrage de Charles Lamb. Elle découvre alors l'existence du cercle littéraire des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates, créé grâce à la rapidité d'esprit d'une habitante de Guernesey, durant l'Occupation. Au fils des lettres, Juliet se lie d'amitié avec les différents habitants de l'île, et commence à écrire sur eux.

Si vous êtes déprimé, si vous aimez les personnages loufoques, ou si les îles anglo-normandes vous attirent, ce livre est fait pour vous. Juliet est une héroïne extrêmement attachante avec son caractère bien trempé, et son amour des livres. Cette lecture m'a d'ailleurs rappelé que le livre de Daphné Du Maurier sur Branwell Brontë m'attend bien sagement dans ma bibliothèque. Et que les hommes qui tomberaient sur ce billet ne s'offusquent pas, mais je n'ai pu m'empêcher de noter cette phrase d'Isola (qui parle de mon Heathcliff, donc je suis pardonnée) :

"Les hommes sont plus intéressants dans les livres qu'ils ne le sont en réalité."

Outre cet hymne à la lecture, Le cercle littéraires des amateurs d'épluchures de patates évoque une page douloureuse de l'Histoire, puisque les habitants de Guernesey sont encore marqués par le passage des Allemands, et les Londoniens non plus n'ont pas repris leur vie d'avant la guerre. Heureusement, les personnages ont assez de ressources et de malice pour ne pas s'effondrer et nous abattre avec eux, et l'on referme ce livre avec le sourire aux lèvres. Nous sommes en effet confrontés à une avalanche de personnages qui ont tous une particularité (sorcière, ivrogne, vieille bique...) qui permettent de dédramatiser l'histoire tout en gardant conscience des difficultés passées. Mention spéciale au personnage d'Elizabeth, je n'avais même pas remarqué qu'elle était absente avant que ce ne soit dit. Sa présence jusque là était telle que la nouvelle tombe comme un coup de massue. C'est très habile de la part de l'auteur. Je suis beaucoup moins convaincue par Rémy. Étrangement, ce témoin direct des horreurs de la guerre, cette jeune femme brisée par ce qu'elle a subit, n'est pas celle par qui l'émotion passe. Je veux bien croire que cela soit voulu, mais je n'ai pas compris quel était l'intérêt de la faire venir à Guernesey.   
En ce qui concerne la forme épistolaire, je ne suis pas particulièrement une amatrice du genre, mais j'ai trouvé qu'elle passait très bien avec ce roman, et ajoutait même beaucoup à son charme (cette dernière phrase qui semble totalement inutile, est en fait destinée à une certaine personne qui devrait se reconnaître).   
Juste une critique, l'écriture est un peu lourde dans les premières lettres des habitants de Guernesey reçues par Juliet, et donne à ces dernières un côté artificiel.
Mais bon, le reste est très agréable (je crois que je ne me remettrais pas de l'anecdote avec Oscar Wilde...), alors tout va bien.   

Pas le roman du siècle, mais un livre idéal pour les froides soirées qui sont encore devant nous !

Les avis de Clarabel, Emjy, Fashion, Tamara, Michel et Karine.

16 décembre 2008

Le portrait de madame Charbuque ; Jeffrey Ford

untitledLe Livre de Poche ; 354 pages.
Traduction de Jacques Guiod. 2002.
Titre Original : The Portrait of Mrs Charbuque.

Ma merveilleuse swappeuse avait mis ce livre dans mon colis (que vous découvrirez le 20 décembre). Je l'avais repéré chez Lou, alors j'ai sauté de joie quand je l'ai trouvé. En fait, l'action de ce livre ne se déroule pas en Angleterre mais aux Etats-Unis. Cela dit, je n'en voudrais jamais à ma swappeuse de m'avoir offert un livre qui me tentait autant^^.

Nous sommes donc à New York, à la fin du XIXe siècle. Piambo est un peintre reconnu, qui reçoit de nombreuses commandes de portraits de la part de l'aristocratie. Un soir qu'il rentre ivre et troublé chez lui, un homme aveugle lui apporte un message le priant de se rendre chez une dame inconnue, qui désire recourir à ses services. Lorsqu'il la rencontre, elle est dissimulée par un paravent, et lui fait une étrange requête : réaliser son portrait sans qu'il la voit jamais.
Dans le même temps, des jeunes femmes sont retrouvées mortes, après avoir pleuré du sang, et la police a bien du mal à étouffer l'affaire.

Etant donné que je ne suis pas une spécialiste en matière de science-fiction (c'est peu de le dire...) et que j'étais très curieuse de découvrir le steampunk (et non chipmunks, mes associations d'idées sont toujours assez surprenantes), je suis ravie de cette lecture. En cette période de Noël, me retrouver dans une histoire où l'on parle des flocons de neige, dont deux très spéciaux, m'a beaucoup plu. Tout comme Piambo, je me suis imaginé divers portraits de Mme Charbuque, et sa personnalité demeure un mystère jusqu'à la fin. Le récit de ses jeunes années m'a beaucoup touchée, et ses erreurs de jugement qui ont brisé l'enfant qu'elle était ne peuvent laisser indifférent. J'ai vraiment eu du mal à ne pas aller regarder les dernières pages du livre, mais j'ai résisté. En tout cas, l'auteur m'aura bien fait enrager, et c'est une chose que j'apprécie dans un livre.
A part Mrs Charbuque, il y a aussi Watkin, son serviteur terrifiant, qui m'a beaucoup plus. Sa personnalité complexe et sa situation, difficile à comprendre au premier abord, le rendent détestable. Mais lui non plus n'est pas le monstre qu'il parait.
Nous rencontrons aussi des peintres amis de Piambo, ainsi que Samantha, sa compagne, ce qui permet au récit de rester ancrer dans l'époque à laquelle se déroule l'histoire, même si Jeffrey Ford se contente de dresser les grandes lignes de la société new-yorkaise de la fin du XIXe siècle, et de quelques remarques sur ses codes et ses hypocrisies.   
En fait, je dirais que certains aspects auraient mérité d'être davantage développés. J'attendais mieux de Mrs Reed par exemple (même si j'adore voir les ordures s'empêtrer dans leurs mensonges pour ne pas se faire étriper par leur femme). De même, si tout n'est pas rationnel, l'aspect fantastique du livre n'est pas ce qui ressort le plus.
Par ailleurs, les scènes sensuelles impliquant Mrs Charbuque manquent de naturel, ce qui m'a davantage fait rire que percevoir en quoi Piambo pouvait avoir les sens en éveil au contact de cette femme.

Pas un coup de coeur, mais j'ai quand même beaucoup apprécié cette lecture. Cela me rappelle une fois de plus que j'aimerais vraiment développer mes connaissances en matière de fantastique/science fiction.

Encore merci à ma swappeuse pour le cadeau !

Nanne a adoré. 

11 octobre 2008

Breakfast at Tiffany's ; Truman Capote

P1120713Vintage ; 192 pages.
1958.

Il y a quelques jours, j'ai déclaré mon amour à mes blogs préférés, qui parlaient beaucoup de livres que j'ai moi-même aimés. Malheureusement, le temps de la rupture arrive je crois, car je vais me brouiller avec pas mal de gens bien en écrivant ce billet. Ma rencontre avec la vraie Holly Golightly n'a pas été aussi concluante que je l'imaginais. J'ai aimé, que ce soit clair, mais je reste beaucoup plus attachée à La traversée de l'été qui m'a fait découvrir Truman Capote il y a quelques semaines.

Alors, le résumé : notre narrateur, un jeune écrivain tranquille, se souvient de sa rencontre, quelques années auparavant, d'avec la fantasque Holly Golightly, qui vivait alors dans un appartement proche du sien. Leurs relations, d'abord cantonnées à des échanges verbaux dans un interphone, toujours en pleine nuit, deviennent peu à peu une sorte d'amitié, si tant est que l'on peut être ami avec Holly. Car cette jeune femme toujours entourée d'hommes d'âge mûr (ce sont les seuls qui l'intéressent) et qui adore traîner chez Tiffany's, dresse finalement des barrières infranchissables entre elle et les autres. Fasciné par la jeune fille, le narrateur en tombe amoureux, et est l'un des derniers à la soutenir lorsque les choses dérapent. 

Je l'ai déjà dit, cette nouvelle n'a pas provoqué chez moi l'enthousiasme que j'imaginais. Toutefois, elle n'est pas non plus inintéressante. Il y a d'ailleurs de très bonnes choses dans ce livre. Holly, pour commencer. Elle paraît d'abord frivole, presque stupide, mais c'est en fait un personnage complexe, qui a gardé une âme d'enfant, ou qui désire en avoir une, elle qui n'a pas vraiment eu d'enfance. Et puis, je trouve cela absolument exquis de marquer "Miss Holly Golightly, Traveling", sur sa boîte aux lettres. Autre moment que j'ai vraiment adoré, lorsque le narrateur reçoit sa belle cage à oiseaux à trois cent cinquante dollars, ornée d'un ruban rouge pour Noël. Holly lui dit alors :" Promise me, though. Promise you'll never put a living thing in it." Cette simple remarque contient à elle seule tout Holly, celle qui a en fait un grand coeur, qui reconnaît ses amis, qui tient à eux, et celle qui tient plus que tout à sa liberté, et qui ne peut se résoudre à établir des projets sérieux.
L'ambiance est à l'image d'Holly, multiple. C'est frivole, drôle, mais aussi sombre et pesant. Et puis, qu'est-ce que j'aime l'écriture de Capote ! Ce type écrivait incroyablement bien. Tous les personnages sont très bien cernés, on les entend presque parler. J'ai même lu des passages à haute voix, afin de m'en rapprocher encore.
Cependant, j'ai quand même trouvé qu'il y avait quelques longueurs dans cette nouvelle, un peu au début, et dans les dernières pages. Pas le dernier paragraphe, qui est parfait. Mais j'ai trouvé que Capote s'étendait un peu trop sur la fin, et j'ai craint que cela se termine de façon un peu abrupte. Et puis, j'ai trouvé cette histoire un peu cruelle, elle m'a mise mal à l'aise. Je sais que c'est volontaire, et j'aime qu'un livre me bouscule d'ordinaire, mais pas cette fois.

Je suis contente d'avoir rencontré Miss Golightly, et je compte bien poursuivre ma découverte de Truman Capote, mais ce livre ne restera pas parmi mes coups de coeur de l'année. J'avais peut-être trop d'attentes... 

Les avis de Céline, Clarabel, et Lou (dont j'ai parcouru vingt-sept fois l'index avant de retrouver l'avis ! ).

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