Eté ; Edith Wharton
10/18 ; 253 pages.
1917. V.O. : Summer.
J'ai découvert Edith Wharton l'année dernière, grâce à Lou, qui m'a offert deux livres de cette romancière américaine qu'elle apprécie énormément. Xingu m'avait beaucoup plus, mais n'était encore qu'un court texte, donc il s'agissait de choisir un livre qui me permettrait de vraiment pénétrer dans l'oeuvre de Wharton. Eté est le roman de cet auteur qui me semblait le plus abordable et le plus frais, donc j'ai choisi de me pencher sur ce titre.
C'est l'été à North Dormer en Nouvelle Angleterre, et Charity Royall, la petite bibliothécaire s'ennuie. Elle a été recueillie très jeune par Mr Royall et son épouse, après avoir vécu plusieurs années dans la Montagne, au milieu de colons qui vivent en-dehors du système américain. Depuis, elle a été plutôt privilégiée, mais son existence offre peu de distractions. Aussi, quand un jeune homme élégant pénètre dans sa bibliothèque, les choses s'emballent.
Voilà un roman qui a dû faire couler beaucoup d'encre à sa sortie. Certes, il ne se passe rien à North Dormer et les choses sont dites de façon voilées, mais le décalage est grand entre la tranquilité de la nature et les tourments auxquelles Charity Royall est confrontée. La jeune fille, malgré son passé dans la montagne, est tout ce qu'il y a de plus convenable aux yeux de ses voisins, tant que les choses du sexe sont restreintes à l'intimité de son domicile (en gros, avoir un père adoptif qui louche sur vous n'est pas un sujet problématique si rien n'est ébruité).
Sa rencontre avec Lucius Harney change tout. L'éveil des sentiments chez cette jeune fille au caractère bien trempé est merveilleusement décrit par Edith Wharton, qui nous offre un livre dans lequel la sensualité réside dans des images telles un feu d'artifice du 4 juillet. Ironie du sort, cet amour, pourtant vrai, est inacceptable, et ses conséquences, bien que prévisibles, sont impitoyables.
Ce livre est bien plus sombre que je ne le pensais lorsque je l'ai ouvert. Il est frustrant aussi, puisque tout s'achève rapidement, et que l'on ignore la réaction de Harney aux nouvelles qui lui parviennent finalement.
Maintenant, je suis suffisamment intriguée pour vouloir continuer ma découverte de cet auteur.
"Un remous plus vif décoiffa un jeune homme qui passait par là, fit tournoyer un instant son chapeau et le déposa au milieu de l'étang.
Comme le jeune homme courait, cherchant à le repêcher, Charity Royall remarqua que c'était un étranger et qu'il était habillé avec une certaine recherche. Elles vit aussi qu'il riait à belles dents, comme la jeunesse sait rire de pareilles mésaventures.
Le coeur de la jeune fille se contracta. Elle avait toujours eu ce mouvement de recul qui se produisait toujours chez elle à la vue d'un visage insouciant et heureux."
Les avis de Lou, Florinette, Tamara et Stéphanie.