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lilly et ses livres

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10 août 2008

Emma ; Kaoru Mori

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Je ne suis pas une grande amatrice de mangas, et j'ai pas mal de préjugés concernant ce genre. Jusqu'ici, le seul manga qui m'ait tenu en haleine du début à la fin est Monster.
Comme beaucoup, j'ai découvert l'existence d'Emma chez Clarabel. Son avis était plus que positif, et les billets qui ont suivi ont confirmé cette très bonne impression. Je vous ai dit que j'avais des tas de préjugés sur les mangas. Pour commencer, je n'aurais jamais imaginé qu'il y en avait sur l'Angleterre du XIXe siècle. Ensuite, j'ai tendance à penser que l'on est toujours à la limite du surnaturel avec ce genre. Je sais que je suis une inculte, et que les mangas se sont beaucoup diversifiés depuis quelques années. Afin de combler cette ignorance et de découvrir moi aussi cette Emma à l’air si sympathique, je me suis donc jetée sur ce manga.51YU7XGo60L

Emma est femme de chambre chez une ancienne gouvernante. Elle est timide, mais a beaucoup de succès auprès de la gent masculine. Un jour, William Jones, qui a connu la maîtresse d'Emma pendant son enfance, frappe à la porte. Leur rencontre est maladroite, mais le coup de foudre est immédiat pour le jeune homme. Dès lors, les deux jeunes gens vont commencer à s'aimer dans une société aux codes stricts qui n'admet pas les faux pas.

Je dois avouer après ma lecture des sept tomes de la série que je suis assez déçue. Que l'histoire en elle même était assez banale, je m'en doutais. Le souci, c'est que tout reste gentillet, et qu'au fur et à mesure des tomes, cela devient exaspérant. Emma, qui est plutôt attachante au début, fait finalement penser à une de ces gourdes indécises qui laissent les choses se passer. La présentation du contexte n'est pas très poussée non plus. Même si l'on navigue dans la haute 51YMFHgfAcLsociété, on reste plutôt en surface, avec les clichés habituels. De plus, il y a vraiment les gentils vertueux d'un côté et les méchants vicieux de l'autre. Les ficelles sont assez énormes, et certains personnages sont vraiment là pour décorer sans que l'on sache vraiment à quoi ils servent. Certains semblent prometteurs, mais n’ont pas une importance notable en fin de compte.
En fait, j'ai bien aimé les deux ou trois premiers tomes de la série. Mais par la suite, je trouve que l'histoire s'englue complètement. J'ai lu tous les tomes en attendant vainement un peu de dynamisme, un retournement, ou quelque chose qui sauverait le tout, même en sachant que la fin serait celle que je soupçonnait depuis le début.

Une déception donc, même s'il n'y a rien de grave étant donné que je ne suis absolument pas une connaisseuse du genre.

Fashion et Karine en ont aussi parlé. 

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28 juillet 2008

The End of the Affair ; Graham Greene

41WFWWVBNKLGraham Greene est un auteur britannique que je trouve peu présent sur la blogosphère, alors même que j'en ai l'image d'un auteur majeur. J'imagine que cela vient du fait que The End of the Affair a fait l'objet d'une adaptation pour le cinéma.

Maurice Bendrix rencontre un soir Henry Miles, un homme pour lequel il n'éprouve que peu d'estime, et qu'il n'a pas revu depuis deux ans. Cependant, Bendrix ne peut résister à l'envie d'aller boire un verre avec lui. Car Henry Miles est l'époux de Sarah, le grand amour et l'ancienne maîtresse de Bendrix. C'est elle qui a mis un terme à leur relation, et Bendrix n'a jamais su pourquoi avec exactitude. Henry lui fait part à contrecoeur des soupçons qu'il nourrit vis à vis de son épouse : " 'she's out for a walk now. A walk, Bendrix.' The rain had penetrated his guard also and he held the edge of his sleeve towards the gas fire." Ayant lui même été un amant de Sarah, Bendrix ne doute pas un seul instant que celle-ci est effectivement en compagnie d'un autre homme. Cette idée lui est insupportable, et sous couvert d'aider Henry à percer Sarah au grand jour, il propose de se présenter comme un amant jaloux (ce qu'il est bel et bien en secret), et de la faire suivre. Cela va le replonger dans ses souvenirs, et raviver les sentiments confus qu'il éprouve pour la femme d'Henry.

Ce livre n'est pas le simple récit d'une histoire d'amour qui finit mal, comme je le croyais en ouvrant ce livre. Les personnages ne sont pas vraiment glamour, mais ils sont très fouillés, très torturés. Ils ont des réactions et des questionnements dans lesquels n'importe qui se retrouve : la femme qui n'ose pas quitter sa vie confortable et qui manque d'assurance, le mari trompé qui est terrifié à l'idée de se retrouver seul, l'amant qui déteste et chérit tout ce qui lui rappelle l'autre, les associations complètement invraisemblables mais en même temps parfaitement logiques.
Étrangement, c'est le duo Maurice Bendrix/Henry Miles qui est le plus mis en avant. Ils ouvrent et clôturent l'histoire, tandis que Sarah se contente d'être suggérée. C'est Bendrix qui narre les événements. Lorsque Sarah prend la parole, c'est toujours d'après les souvenirs noués de Bendrix ou par le biais d'un journal, toujours du point de vue de son amant. Bendrix est écrivain, et veut faire de son ancienne liaison un livre.  "A record of hate", assure t-il au début. Sauf qu'il se fait rapidement dépasser par les événements. Car The End of the Affair est avant tout une longue réflexion sur ce que sont l'amour, la haine, la religion.
On en vient à ce que je n'ai pas vraiment apprécié dans ce livre, même s'il ne faut pas que cela vous décourage : le ton employé est à plusieurs reprises un peu moralisateur. Personnellement, dès qu'on commence à parler religion, ça m'énerve. J'ai lu que Graham Greene s'était converti au catholicisme, d'où peut-être les doutes des personnages.  D'ailleurs, je serais très curieuse de savoir comment ils ont géré cet aspect du livre dans l'adaptation.
Je n'ai rien contre les ambiances lourdes, et la façon dont Bendrix envisage Dieu est intéressante (on reste bizarrement dans le thème de l'amant jaloux). Cependant, cette évocation de la religion gâche un peu le livre, alors que l'histoire était très intéressante par ailleurs, et que le talent d'écrivain de Graham Greene est évident.

Bémol donc, même si je suis certaine de relire Graham Greene un jour.

Vintage ; 160 pages.
V.F. : La fin d'une liaison

19 juillet 2008

La Chartreuse de Parme ; Stendhal

51SD59A6VHLFolio ; 750 pages.

J'ai envie que Fashion m'aime ces derniers temps*. Du coup, j'écris des billets sur ses livres préférés. Bon, j'avoue aussi que ça fait plus d'un an que la couverture de ce livre est sur mon blog et que ça commence à me culpabiliser.
Si je n'ai pas fait de billet plus tôt, c'est parce que je me suis retrouvée dans une situation un peu étrange avec ce roman. Je l'ai adoré (vraiment), pourtant j'ai eu un mal fou à le terminer. Des livres que je trouve objectivement bien mais personnellement gonflants, j'en ai déjà lus. Par contre, un livre à la fois captivant et lassant, c'était une première.

La Chartreuse de Parme débute en 1796, lorsque Napoléon, encore général, entre dans Milan. C'est durant les deux années de présence française que naît Fabrice, le fils cadet du marquis Del Dongo, un ferme partisan de l'Autriche et de sa jeune épouse, qui épouse pour sa part la cause française. En grandissant, grâce à l'amour de sa mère et surtout de sa tante, Fabrice commence à développer un besoin de suivre ses instincts. Il part d'abord à Waterloo, rejoignant ainsi Napoléon pour son ultime défaite. De retour en Italie, méprisé par son père et son frère, il reste sous la protection de sa tante, devenue la duchesse Sanseverina, et de l'amant de celle-ci, le comte Mosca. A partir de là, il va connaître les intrigues, les maîtresses, la prison, et finalement l'amour.

La première chose que j'ai noté avec ce livre est l'humour dont Stendhal fait preuve. Céline disait qu'il fallait atteindre la page cent-cinquante pour trouver La Chartreuse de Parme drôle, mais pour ma part j'ai commencé à rire lorsque Stendhal décrit avec quel courage le marquis Del Dongo a fait face à l'arrivée des Français dans Milan : " Huit jours après, continuait Robert, quand il fut bien avéré que les Français ne guillotinaient personne, le marquis del Dongo revint de son château de Grianta, sur le lac de Côme, où bravement il s'était réfugié à l'approche de l'armée, abandonnant aux hasards de la guerre sa jeune femme si belle et sa soeur. " (page 53)  Dans ce livre, tout le monde en prend pour son grade, les héros, les princes, et même l'Eglise. Il est difficile de se souvenir que Fabrice est un ecclésiastique quand on voit son comportement...
Ce jeune garçon est d'une naïveté incroyable. C'est un véritable désastre à lui tout seul en fait. Complètement déconnecté de la réalité, il ne commence à agir avec perspicacité que très tardivement dans le livre, après avoir été l'appât idéal pour ses ennemis. Il m'a un peu rappelé le héros que j'ai le plus détesté en cours de français, Candide. Heureusement, Voltaire et moi ne nous sommes pas recroisés depuis, et puis Fabrice est quand même très attachant grâce à sa tante, toujours là pour réparer les dégâts. Cette dernière est l'autre personnage principal de La Chartreuse de Parme. D'abord comtesse Pietranera, puis duchesse Sanseverina, elle possède tout le bon sens et l'instinct de survie dont son neveu est dépourvu. Elle aussi a des rêves. Elle n'a pas hésité un seul instant à épouser un homme sans argent et à se déshonorer aux yeux de son frère, tout ça par amour. Et puis, elle aime son neveu avec une passion déconcertante, parfois gênante même. Mais cela prouve aussi que c'est une femme qui sait ce qu'elle veut, et qui n'en déroge jamais. Car elle a de la prestance cette Gina, et à chaque fois que Stendhal écrit son nom on s'imagine qu'une personne majestueuse vient de faire son apparition. Ces deux personnages sont très égoïstes en fait, et n'hésitent pas à faire du mal à ceux qui les aiment. Toutefois, ils agissent avec tellement d'amour qu'à défaut de pouvoir véritablement s'identifier à eux, ils nous inspirent de l'indulgence. 
C'est comme Clélia. Elle est comme certaines personnes du club des théières par certains côtés. Au hasard, prenons sa mauvaise fois. Son serment de ne jamais revoir Fabrice, et son inaction sont exaspérants (je ne parle plus des théières là), mais ses négociations avec sa conscience sont à hurler de rire.
Je dois aussi vous parler de ce cher comte Mosca, l'amant de la duchesse et ministre du prince de Parme. Il a beau être jaloux de Fabrice, que la duchesse lui préfère pendant très longtemps, il est prêt à tout pour celle qu'il aime. Sa bonté lui permet aussi d'apprécier ce "rival".
On a un peu tout dans ce livre. Le héros, le duel, la jolie jeune fille, la prison, les vilains intrigants, la marraine la fée, le poison. Sauf que le tout est mélangé avec bonheur par un auteur qui, en y ajoutant ses remarques personnelles, nous offre une histoire vivante et pleine de bonne humeur.
Alors pourquoi un billet si long à venir ? C'est vraiment le bordel, trop parfois. J'ai trouvé ce livre long à lire en fait. Même si j'ai lu ce roman avec beaucoup de plaisir, j'avais à chaque fois le sentiment d'avoir beaucoup lu plus de pages que dans la réalité, et c'était un peu frustrant (et inexplicable). Beaucoup de scènes se ressemblent énormément, et certaines auraient peut-être gagné à être raccourcies ou même supprimées.

Cela dit, ce fut une très jolie pause italienne, et je suis ravie d'avoir pu constater moi même que Stendhal ne mérite pas son étiquette d'auteur ennuyeux.

Pour finir, argument de choc : si vous voulez tout savoir sur le blog de Fashion, vous devez lire ce livre.

Les avis de Fashion, Céline, et Chiffonette.

* Et qu'elle me dispense de tag. C'est d'accord, n'est-ce pas ?

15 juillet 2008

Un goût d'inachevé....

J'ai beau adorer lire, il y a des livres qui ne me plaisent pas, comme tout le monde. Pour lutter contre les abandons en cours de route, j'ai plusieurs méthodes, lire sur une période assez longue, sauter des pages, ou encore me dire que j'y suis presque... Malgré tout, il y a des fois où rien n'y fait, je lâche l'affaire, parfois définitivement.

Cela m'est arrivé avec L'Education Sentimentale de Gustave Flaubert. Après trois tentatives qui ne m'ont pas permis de dépasse la moitié du livre, je l'ai rangé dans ma bibliothèque.

Chose plus grave, j'ai été dans l'incapacité de lire Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Cela m'a énormément surprise et contrariée, je l'avoue, car j'aime beaucoup cet écrivain d'ordinaire. Mais là, je tombais dans un état comateux dès que je lisais plus d'une page. Même le fait d'avoir lu Les Heures de Michael Cunningham ne m'a été d'aucun secours. Lu !

Autre victime, Le Zahir de Paolo Coelho. J'en ai lu une bonne partie, mais sans l'aprécier. Au bout d'un moment, j'ai lu la fin, puis j'ai refermé le livre, sans remords. C'est pour cette raison que je m'en suis voulu d'avoir acheté Maria est morte de Jean-Paul Dubois, qui m'a beaucoup rappelé ce livre.

Mais le livre qui m'a le plus dégoûtée reste sans conteste Geneviève et la théorie du 5 de Tania de Montaigne. Je l'avais acheté pour me divertir, et j'ai trouvé ce livre ridicule, inintéressant, et je me dis qu'il faut qu'il quitte ma bibliothèque à chaque fois que j'en parcoure les rayonnages et que mon regard s'attarde dessus.

Mise à jour du 6 avril 2007 : Peut-être n'était-ce pas le moment, mais je viens de reposer Du bout des doigts, de Sarah Waters. Je suis dessus depuis au moins quinze jours, et je n'arrive pas à dépasser la page 100. J'adore l'histoire pourtant, mais le style (la traduction ? ) est vraiment désagréable. Ca m'ennuie, parce que je n'ai pas vraiment lu d'avis défavorable sur ce livre, c'est même tout le contraire. Je pense m'y remettre, quand je serai en vacances sans doute...

15 Juillet 2008 :  Stardust de Neil Gaiman. Je crois que Fashion le vénère, pour ma part je suis vraiment perplexe. D'accord, je n'y connais rien à la littérature fantastique, mais pour moi ce roman est davantage un livre pour enfants (barbant en plus) que le chef d'oeuvre auquel je m'attendais. J'avais trouvé le film bien sans plus, je ne peux même pas en dire autant du roman.
Restless de William Boyd. J'avais vus des avis très alléchants laissant entrevoir un roman haletant, mais là aussi je suis perplexe. Au bout de cent pages, l'histoire n'a toujours pas décollé, je range donc mon livre.

Et vous, quels sont les livres que vous n'avez pas pu terminer ?

12 juillet 2008

Bitten ; Kelley Armstrong

215237x_1_Time Warner Books ; 464 pages.

Comme vous le savez, depuis ma rencontre avec un certain vampire, j'ai quelques crises qui m'amènent à me jeter sur des romans dont les thèmes ne m'intéressent pas le moins du monde la plupart du temps. Je m'étais calmée depuis un bon moment, mais Fashion est sournoise...
Pour me donner bonne conscience (et faire des économies) j'ai commandé le tome 1 de la série Otherworld en anglais.

Le résumé de l'histoire est assez simple. Elena, la seule femme loup-garou, vit à Toronto avec son nouveau compagnon. Elle essaie de mener une vie normale, malgré son besoin d'aller régulièrement chanter au clair de lune. Les problèmes surgissent lorsque Jeremy, le chef du "Pack", laisse un message inquiétant sur son répondeur. Afin que Philip (le nouveau copain qui ignore tout) ne s'imagine pas qu'elle laisse son "cousin" dans l'embarras sans rien tenter, Elena le rappelle. Finalement, elle doit retourner là où elle a passé ses dix premières années en tant que loup-garou.

J'aimerais bien vous dire que ce livre est vachement intéressant parce que les loups-garous ne sont jamais utilisés de cette façon dans les romans de ce genre. Malheureusement pour mon honneur, non seulement je n'y connais rien, mais en plus je m'en tamponne. Je pense que les amoureux du genre trouveront ça téléphoné, guimauve, et je ne sais quoi d'autre. Pour ma part, j'ai complètement adoré ce livre, à tel point que j'ai déjà acheté les trois tomes suivants.
Deux tous petits trucs qui m'ont fait tilter quand même : les personnages censés être trentenaires ont un comportement qui me paraît plus adapté à des gens qui sont dans la vingtaine. Sinon, même si j'ai totalement adhéré au côté guimauve du livre, les "je le hais", puis "je ne l'aime pas, je ne me la joue pas héroïne qui réalise qu'elle aime le type quand il est en danger, mais en fait je réalise encore plus tard que je l'aime effectivement", ça m'agace. J'aime beaucoup les gens plein de mauvaise foi (la dernière édition du Club des Théières m'a bien fait rire), mais là Elena a davantage l'air longue à la détente qu'autre chose.

Bref, pour en revenir à nos moutons, comme je vous l'ai dit, je n'y connais rien aux créatures fantastiques. Du coup,les découvrir avec ce genre de romans est un régal. Comme Fashion, j'aime beaucoup la façon dont Elena nous présente le fait que les loups-garous ont des comportements animaux en permanence (à se mordiller les oreilles, faire des bruits animaux). Même leur organisation a un côté animal : Clay est quand même bien dressé, l'honneur du chef de la meute est remis en cause par d'autres mâles...
Car même si Bitten n'échappe pas à certains clichés (dont l'auteur a pleinement conscience), les personnages ne sont pas plats. Ils ont chacun un caractère bien trempé, et ils ne manquent vraiment pas d'humour (dans le volume 2, c'est encore plus accentué pour mon plus grand bonheur).
Et puis Clay. Surtout Clay en fait. Rien à voir avec Edward niveau caractère, mais ce n'est pas à son désavantage. Parce que le petit vampire paraît assez lisse quand on jette un oeil à Clay. Ce dernier fonctionne essentiellement par instinct, et n'est absolument pas troublé à l'idée de torturer ou de tuer quelqu'un qui le menace. D'un autre côté, son comportement avec ceux qu'il aime est irrésistible.

Bref, je suis atteinte d'une nouvelle obsession, et vous risquez de beaucoup entendre parler de Kelley Armstrong dans les semaines et les mois à venir.

Virginie et Stéphanie aussi ont lu ce livre.

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9 juillet 2008

La traversée de l'été ; Truman Capote

41jSCaVuvtLLe Livre de Poche ; 151 pages.

J'ai ouvert ce livre dans de très mauvaises conditions, sûre qu'il n'allait pas me plaire. En fait, j'attendais de recevoir la suite de Bitten (dont je vous parle très bientôt), et il me fallait un roman pas trop long juste pour patienter. C'est une amie qui m'avait convaincue de lire ce roman en me disant qu'elle l'avait adoré. A cette époque (pas lointaine du tout en fait), je croyais que Truman Capote était un gangster. En fait, je le confondais avec Al Capone (je trouvais ça bizarre qu'il ait eu le temps de devenir un écrivain reconnu, mais quand on croit très fort à quelque chose, on trouve toujours une explication)... Bref, ça n'augurait rien de bon. Au final, je suis complètement conquise par ce livre.

Grady McNeil a dix-sept ans, et refuse d'accompagner ses parents en Europe pour y passer l'été. " Je n'ai jamais passé un été ici, " explique t-elle. Elle ne peut pas dire à ses riches et respectés parents qu'elle veut rester à New York pour être près de Clyde, un jeune homme qui travaille dans un parking. Finalement, elle obtient gain de cause, et ses parents quittent les Etats-Unis sans plus d'inquiétude qu'il n'en faut pour ne pas se sentir coupable de laisser "la petite" sans surveillance. 

Ma première surprise a été la qualité d'écriture de Truman Capote. Je ne peux pas être très précise à ce sujet, mais c'est dynamique, travaillé. Capote parvient à créer une atmosphère étouffante qui se referme progressivement sur les personnages avec une facilité déconcertante. Je sais que ma comparaison ne vaut pas grand chose, mais cette atmosphère est un peu celle que l'on retrouve dans Expiation de Ian McEwan (encore un livre dont il faudrait que je vous parle). Le livre est extrêmement court, mais l'on voit le drame se dessiner progressivement, sans que cela semble précipité.
Les deux personnages principaux ne peuvent pas survivre, cependant il faut du temps pour comprendre pourquoi. Ils sont tous les deux pommés à leur manière. Elle n'hésite pas à lui dévoiler ses sentiments, mais elle prend conscience au bout du compte que cela ne suffira sans doute pas. Lui sait que leur histoire est vouée à l'échec et tente de se protéger en feignant la désinvolture, mais un bref passage dans sa tête nous permet de comprendre qu'il est tout autant dépassé par les événements qu'elle. Ils semblent d'abord assez éloignés, plein de défauts, un peu clichés. Cependant, leur jeunesse parle pour eux, et l'approche du dénouement les rend de plus en plus attachants.
Tout cela dans une ambiance new-yorkaise très bien retranscrite, avec l'appartement de la cinquième avenue, les endroits branchés, le parking où travaille Clyde, Central Park...

Ce livre est le premier roman de Truman Capote, qui ne l'a jamais publié. La première édition date donc seulement de 2006. Dans la postface de l'édition du Livre de Poche, un ami de Truman Capote écrit que La traversée de l'été n'est " pas une oeuvre aboutie " . Je demande à voir le reste de la bibliographie de cet auteur dans ce cas, car pour moi ce petit livre est un très gros coup de coeur.

J'ai adoré le dernier paragraphe du livre, mais pour ménager un peu le suspens, j'ai choisi de vous mettre un autre passage qui m'a beaucoup plu :

" Grady qui n'avait jamais passé un été à New York ignorait qu'il existât des nuits pareilles. La chaleur ouvre le crâne de la ville, exposant au jour une cervelle blanche et des nœuds de nerfs vibrant comme les fils des ampoules électriques. L'air se charge d'une odeur surnaturelle dont la puissance âcre imbibe les pavés, les recouvrant d'une sorte de toile d'araignée sous laquelle on imagine les battements d'un cœur. Grady n'avait qu'une connaissance limitée de ce genre de naufrage citadin, elle en avait perçu des signes avant-coureurs à Brodway mais ils appartenaient au décor extérieur, elle n'en faisait pas partie. À présent, elle en était prisonnière et il n'y avait pas d'issue de secours. " (p 94)

Les avis de Clarabel, Papillon, Laure, Laurence.

8 juillet 2008

Pauline ; Alexandre Dumas

41F4CMN2GGLFolio ; 241 pages.

A la fin de l'année dernière, j'avais promis de participer au club de lecture au moins une fois cette année. Quand j'ai vu que Pauline avait été choisi pour le 1er mai, j'ai failli succomber, d'autant plus que Lou en avait parlé très positivement. Mais bon, je suis quand même celle qui n'a pas fini son Challenge ABC de l'année dernière, celle qui n'a pas non plus terminé sa série de l'été 2007, et celle qui se fait poursuivre régulièrement par Fashion parce qu'elle attend des nouvelles d'une certaine duchesse italienne... Finalement, ce livre a sauté dans mon panier il y a une semaine.

Alexandre Dumas croise à plusieurs reprises son ami Alfred de Nerval en compagnie d'une jeune femme qui semble l'éviter. Quelques temps plus tard, les deux amis se retrouvent. Alfred raconte alors que cette personne n'était autre que Pauline, la femme du comte Horace de Beuzeval, son grand amour, et qu'elle fuyait tout contact avec son ancienne vie à cause d'un terrible secret.   

De Dumas, j'ai lu quelques romans il y a trèèèès longtemps. Depuis, j'avoue qu'il me tente moyennement. En fait, c'est l'étiquette "gothique" de ce livre qui m'a amenée à l'ouvrir. Car effectivement, il y a un peu de ça dans ce livre. Le récit se déroule dans des endroits sombres, avec un temps très mauvais, des mystères inexpliqués. Pauline elle-même ressemble davantage à un fantôme qu'à un être vivant à la fin de sa vie, lorsqu'elle fuit le regard d'Alexandre Dumas ou le frôle en passant au plus vite près de lui. Le reste du temps, elle a les mêmes caractéristiques qu'une Emily ou qu'une Antonia. Elle pleure beaucoup, s'évanouit régulièrement. On s'y attache difficilement, car elle n'a pas vraiment une personnalité affirmée. En fait, ce qui attire notre compassion est sa mort, dont nous sommes informés très tôt dans le récit.
Alfred de Nerval aussi a un côté "héros gothique", avec sa sensibilité à fleur de peau, sa chance incroyable, et son côté un peu dépassé par les événements.

D'un autre côté, de ce que j'y connaît, on retrouve quand même bien la patte de Dumas père, avec les thèmes de la fraternité, de l'honneur, ainsi qu'un récit rempli d'actions. Le comportement du Comte Horace ne s'explique pas autrement que par sa loyauté envers ses compagnons, et c'est une chose que l'on retrouve davantage dans les romans français du XIXe que dans les romans gothiques. De plus, l'histoire se déroule à l'époque de Dumas (qui est en plus l'un des narrateurs du livre), ce qui donne un côté réaliste qui n'existait pas dans les deux romans gothiques "purs" que j'ai lus. Il n'y a aucun doute, nous sommes bien dans l'Europe du XIXe, et l'histoire de Pauline ressemble davantage à un fait divers qu'à un roman d'aventure.

On lit ce livre en en connaissant la fin, et même souvent plus (merci les quatrièmes de couverture un peu trop bavardes), mais le suspens est bien présent. On sait que Pauline est morte, mais pour comprendre comment cette jeune fille naïve a pu terminer sa vie dans la terreur, il faut lire le roman. C'est prenant, léger (on voyage beaucoup, mais Dumas nous épargne les longues descriptions), parfois frais et exotique, une bonne lecture de vacances.

L'avis de Sylire, qui regroupe tous ceux du groupe de lecture.

4 juillet 2008

Inconnu à cette adresse ; Kressmann Taylor

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Le Livre de Poche ; 89 pages.

Ce livre est un grand classique sur les blogs, mais aussi en dehors, c’est pourquoi j’avais prévu de le lire un jour. A part ça, j’avoue que je n’étais pas trop tentée. Le seul livre que j’ai lu de cet auteur ne m’a laissé aucun souvenir. De plus, quand on voit le prix du livre par rapport au nombre de pages (écrites en très gros), ça sent l’opération commerciale à plein nez.

Bref, je comptais jeter un œil à cette nouvelle, mais seulement si elle me tombait dans les mains. L’occasion s’est présentée il y a quelques jours, je l’ai lue dans la foulée, et verdict : c’est bien mais je ne hurle pas au chef d’oeuvre.

Deux amis et associés, Max et Martin, s’échangent des lettres sur fond de montée du nazisme en Allemagne. L’un est d’origine juive et vit aux Etats-Unis, l’autre est rentré en Allemagne avec femme et enfants.

Je reconnais que ce livre a beaucoup de qualités. L’auteur, même si elle a écrit Inconnu à cette adresse en 1938,  livre un récit qui rappelle à tout le monde ce qu’il a appris sur ce qui s’est passé non seulement dans les années 1930, mais également sur ce qui s’est passé après. De ce fait, pas besoin d’être archi calé sur le climat d’avant la Deuxième Guerre mondiale pour que cette histoire nous parle. De plus, c’est clair que pour un texte écrit en 1938, Kressmann Taylor semble  bien informée.

Sur le plan de la forme, la nouvelle est très bien construite, notamment la fin, avec ces lettres auxquelles on ne comprend rien dans un premier moment. Bémol quand même pour le début du texte. Les premières lettres ont un accent pompeux pénible qui enlève de la crédibilité aux personnages censés les écrire. Après ma lecture, j’ai lu le billet de Céline sur la représentation qu’elle a vu d’Inconnu à cette adresse, et elle parle également d’un côté un peu artificiel au début, qui se traduit par des acteurs qui surjouent.

Assurément, Kressmann Taylor a écrit un texte qui ne manque pas d’intérêt si on veut l’étudier. J’ignore si les collégiens doivent souvent lire cette nouvelle ou non, mais Inconnu à cette adresse me semble être un texte que l’on peut lire très tôt.

Je fais quand même un reproche à Inconnu à cette adresse, qui fait que je n’en garderai pas un souvenir impérissable. Cela reste trop général pour vraiment toucher. Il y a énormément de choses que l’on peut approfondir, mais si on fait simplement une lecture, c’est du vite lu et vite oublié. Pour faire un parallèle un peu tordu, cette nouvelle m’a fait penser au dernier Magazine Littéraire et à son dossier sur les romancières anglaises. Grâce à ce dernier, on trouve des pistes de lecture, on s’occupe plutôt agréablement sur la plage ou au bord de la piscine. Cependant, on n’apprend rien de vraiment nouveau.

Les avis d'InColdBlog et de Lisa.

26 juin 2008

Lumière d'août ; William Faulkner

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Folio ; 627 pages.

Ça fait des mois que Thom me bassine avec Faulkner, du coup j'ai mis de côté la terreur que m'inspirait cet auteur pour m'attaquer à Lumière d'août (je vous assure que ce fut d'autant moins facile qu'Erzébeth a cru bon d'en rajouter trois couches dans le genre "tu vas voir c'est trooooop bien").  Bon, je ne vous garantie pas que j'ai compris quelque chose au cours de ma lecture, mais ce livre est assurément un monument.

Je sais que pour donner envie de lire un livre, il est logique d'en faire un résumé. Mais je crois que toute tentative serait forcément réductrice. Même s'il y a bel et bien un personnage principal ainsi qu'une intrigue dans ce roman, le reste est tout aussi important. Du coup, je vais simplement vous raconter le premier chapitre.
On y suit Lena, une jeune fille qui quitte son Alabama pour rejoindre le géniteur de l'enfant qu'elle attend. Elle ignore où il se trouve, mais grâce aux gens qu'elle croise, elle finit par arriver dans la ville de Jefferson, alors que la maison de Miss Burden brûle.   

Je sais que vous n'êtes pas du tout avancés avec ces trois lignes de résumé du premier chapitre, car encore une fois, ce livre est un tout. Avec Lumière d'août, Faulkner relègue définitivement tous les auteurs qui m'avaient jusqu'alors interpellée par l'audace dont ils avaient fait preuve dans la construction de leurs romans au rang d'amateurs (et encore, je suis vraiment très gentille). Lumière d'août m'a donné l'impression que j'ouvrais à chaque chapitre un tiroir d'une commode, et cela pas toujours dans l'ordre. Le récit n'est pas linéaire, pourtant il est parfaitement maîtrisé, et en fin de compte, on avance sans même s'en rendre compte. C'est d'ailleurs justement ça qui est incroyable.  Le livre commence quand tout est finit ou presque. Il y a seulement deux mois écoulés entre le premier et le dernier chapitre, mais le roman couvre en fait une histoire sur plusieurs générations. Il y a beaucoup de retours en arrière, pour comprendre les points de vue de chacun, et surtout le pourquoi du comment. Certains chapitres avancent plus vite que d'autres, et ceux qui traînent un peu en longueur ne laissent entrevoir leur importance que par la suite. Lena, la première personne que l'on suit, n'est pas le personnage principal du roman. Elle n'est présente qu'au début et à la fin, pour justifier le reste du livre et pour donner une stabilité au roman. Comme tous les personnages de ce roman, elle est à la fois secondaire et indispensable. En fait, je ne sais pas si on peut dire qu'il y a un personnage principal dans ce livre. C'est certes principalement l'histoire de Joe Christmas qui est racontée, mais sans Lena, Byron Bunch ou un autre, Lumière d'août ne serait pas le roman qu'il est.
Car c'est aussi de Jefferson, du sud des Etats-Unis et de sa mentalité raciste, puritaine et misogyne dont il est question. Pour ceux qui entrevoient un livre engagé, je ne pense pas que ce soit le cas. J'ignore tout de Faulkner, mais j'ai l'impression qu'il décrit davantage qu'il ne dénonce une situation avec ce livre.
Les personnages de ce roman sont souvent excessifs. Il y a les puritains, comme McEarchen, qui sont affreusement misogynes, car les femmes représentent leurs désirs "diaboliques". L'obsession à propos du "sang noir" de Christmas est aussi assez hallucinante (même si je sais que venant d'habitants du Mississippi dans les années 1920, c'est normal).
En face des puritains, on a les débauchés, les personnes qui ne sont pas vraiment des êtres humains. Avec en tête les femmes, qui critiquent, qui mentent, qui couchent, qui tombent enceinte à tous les coups (sauf quand ça les rend encore plus méprisables de ne pas se faire engrosser), et qui parlent pour ne rien dire. Christmas rentre dans les deux catégories. Il a des comportements qui font penser que McEarchen a bien réussi à lui inculquer quelques "principes", mais les femmes (encore elles) et le whisky le perdent. Pire, lors de sa fuite il se transforme complètement en animal, ne mangeant plus que par instinct. Finalement, il est encore une fois le point de rencontre de tous les personnages (même si le regard du lecteur n'est attiré sur son personnage qu'au bout d'un bon moment).
J'oubliais les braves types. Ils se laissent évidemment manipuler par les femmes, mais ils sont là parce qu'il y a toujours des braves types.

Honnêtement, je n'aurais pas cru que Lumière d'août allait autant me marquer. Les premiers chapitres m'ont vraiment déconcertée d'ailleurs. Il faut vraiment être attentif en lisant ce livre. Je me suis même demandée si certains passages (pourtant écris une seule fois) n'étaient pas quand même destinés à être lus à plusieurs reprises : au tout début, lorsque Faulkner nous dit que Lena a ouvert sa fenêtre, j'ai dû relire ce paragraphe plusieurs fois avant de comprendre comment elle avait réussi à se retrouver enceinte au paragraphe suivant. De même, quand un même événement est raconté à plusieurs reprises, je me suis parfois demandé si je n'avais pas repris ma lecture au mauvais endroit.
Il m'a fallut plusieurs chapitres avant d'arrêter de me demander où l'auteur voulait en venir. Lumière d'août étant le premier roman de Faulkner que je lisais, je ne pouvais pas deviner que je n'avais pas encore tout vu de ce qu'il avait construit. Malgré cela, j'ai lu ce livre sans ennui, car on se pose très vite des questions, et qu'on est trop occupé à admirer la maîtrise dont l'auteur fait preuve de la première à la dernière page de son livre. Je craignais d'ouvrir un roman plombant dans lequel rien ne se passe, mais je me suis finalement laissé embarquer sans problème. Lumière d'août n'est peut-être pas un livre des plus réjouissants, mais on y trouve des personnages auxquels on finit par vivement s'intéresser et surtout une histoire dans laquelle on voudrait bien continuer à naviguer tellement elle est bien construite. En fait, c'est tout simplement un chef d'oeuvre.

J'ai fini par trouver l'avis de Thom (qui m'inquiète en disant que la chronologie n'est pas beaucoup triturée dans Lumière d'août).

" La mémoire croit avant que la connaissance ne se rappelle. Croit plus longtemps qu'elle ne se souvient, plus longtemps que la connaissance ne s'interroge. Connaît, se rappelle, croit un corridor dans un long bâtiment froid, délabré, rempli d'échos, un long bâtiment de briques d'un rouge sombre, tachées par la pluie de plus de cheminées que les siennes, construit sur une sorte d'aggloméré d'escarbilles, sans un brin d'herbe, entouré d'usines fumantes, et ceint d'une clôture en fil de fer haute de dix pieds, comme un pénitencier ou un jardin zoologique. "

20 juin 2008

Deux ou trois petites choses à vous dire...

476_1_Je ne sais pas si vous avez eu l'info, mais le Magazine littéraire du mois de juin consacre un dossier sur les romancières anglaises. Je sais que plusieurs d'entre vous pourraient être intéressés.
Et entre nous, ne serait-ce que pour sa couverture, ce numéro vaut la peine d'être feuilleté.

photo prise sur http://www.magazine-litteraire.com/

                                 Je voulais aussi vous parler d'une triste nouvelle qui date un peu. Au début du mois de mai, Nuala O'Faolainuntitled s'est éteinte. Son roman Chimères avait été l'un de mes coups de coeur il y a deux ans. Cette même année, elle avait reçu le prix Femina étranger pour L'histoire de Chicago May, récemment sorti en poche chez 10/18. Je ne peux que vous conseiller de lire ses romans, dans lesquels elle mêle fiction et autobiographie avec brio.

photo piquée chez Florinette.

Bon, en fait c'est tout pour le moment^^

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