Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

lilly et ses livres

Newsletter
Derniers commentaires
22 août 2014

La bienfaitrice - Elizabeth von Arnim

la-bienfaitrice-elizabeth-von-arnimAnna Escourt est une source de déception perpétuelle pour sa belle-soeur Susie. A vingt-cinq ans, elle refuse de se marier et menace de partir balayer les rues plutôt que de continuer à dépendre des autres.
Lorsqu'elle reçoit à la mort de son oncle une propriété en Allemagne qui lui assure un revenu de deux cents livres par an, elle se rend immédiatement sur place en espérant ensuite rentrer en Angleterre et jouir à distance de sa nouvelle indépendance. Cependant, une fois arrivée, elle décide de rester et d'ouvrir sa demeure à des dames qui, comme elle, ont connu la pauvreté malgré leur haute naissance.

Voilà un roman absolument délicieux à découvrir aussi bien au bord de la plage qu'au coin du feu (oui, avec ce temps, j'ai fait les deux).
Anna est une de ces jeunes héroïnes anglaises comme on les aime. A la fois enthousiaste et naïve, elle met quelques temps à ouvrir les yeux dans ce monde d'hommes où les fortes têtes n'ont pas vraiment leur place. Sa famille veut qu'elle se marie, son régisseur allemand compte bien lui faire courber la tête, et ses ingrates pensionnaires la méprisent de les accueillir comme elle le fait au mépris des bonnes manières. 
Elizabeth von Arnim ne fait pas dans la dentelle, et rares sont les personnages qui ne nous deviennent pas odieux rapidement. Les femmes sont prisonnières de leur statut, qu'elles soient mariées, veuves ou célibataires. Susie est une parvenue, et tout son argent et son mariage avec un grand nom ne peuvent la faire intégrer les cercles qu'elle convoite. Les pensionnaires d'Anna, de haute naissance pour deux d'entre elles, préfèrent la faim et le froid plutôt que l'idée de travailler. Les hommes sont certains de leur supériorité, tyrannisent leurs épouses, et perdent la tête lorsqu'ils constatent qu'Anna est inconsciente que sa richesse nouvellement acquise n'est rien face à eux puisqu'elle appartient au sexe faible.

Heureusement que le bel Axel von Lohm est présent pour veiller au bien-être de la jeune fille. Face à tous ces vils personnages, il fait vraiment figure de chevalier en armure, mais on ne va pas faire les difficiles car il lui faut bien ça. Entre les manigances du régisseur qui rêve d'une briqueterie, le fils de la baronne qui fait une cour des plus lourdes et ridicules à Anna, le vicaire qui lui envoie des poèmes d'amour par le biais de sa nièce, le lecteur a de quoi s'amuser, mais notre héroïne le prend avec moins d'humour.

En résumé, on s'indigne, on rit et surtout on ne se prend pas la tête. Une lecture parfaite pour les vacances.

L'avis d'Eliza.
Archipoche. 360 pages.
1901 pour l'édition originale.

Publicité
11 août 2014

Du côté de chez Swann - Marcel Proust

9782253059097-TDevenu adulte, notre narrateur nous raconte ses vacances d'autrefois chez ses grands-parents, à Combray. Il nous confie ses peurs d'enfant, son amour pour sa mère, le bonheur des promenades, la vie avec ses grandes-tantes, la servante Françoise et le fameux Charles Swann au nom si doux.

Je pensais que le jour où je viendrais enfin vous parler de ma découverte de Marcel Proust, la fierté d'avoir accompli un immense exploit serait la plus forte, mais je suis en fait éblouie.
Lire ce livre nécessite assurément d'être disponible, car chaque phrase se savoure. Mais ce n'est ni lent, ni ennuyeux, ni triste. Au bout d'une cinquantaine de pages, j'ai réalisé que cet auteur allait rejoindre la liste des auteurs qui me touchent le plus. Lire Proust, c'est vraiment regarder dans un miroir. Il capte les émotions et les décrit comme personne, à tel point qu'on a l'impression que c'est de nous en particulier dont il est question.
En lisant ces longues phrases et en percevant cette obsession pour le temps et les émotions, on ne peut que penser à Virginia Woolf, même si cette dernière peint quand Proust exprime (je suis encore super claire...). En d'autres termes et pour le dire de façon grossière, là où Woolf utilise les éléments qui l'entourent pour décrire les tourments intérieurs, Proust est beaucoup moins abstrait. J'étais surtout curieuse de connaître notre Marcel national pour le comparer à la romancière anglaise, et finalement je les sens à la fois proches et très différents l'un de l'autre.

La construction du livre en lui-même est aussi habile que surprenante. La première partie, Combray, restitue les souvenirs d'enfance du narrateur. C'est sublime, drôle, plein d'anecdotes qui nous rappellent notre propre enfance. La seconde partie, Un amour de Swann, contient le récit de la relation entre Swann et Odette de Crécy. On se croirait presque dans un roman de Zola ou de Balzac lorsqu'on assiste aux réceptions chez les horribles Verdurin et que l'on voit Odette mener Swann par le bout du nez. Enfin, Noms de pays : le nom clôture le livre en une quarantaine de pages. Cette fois, notre narrateur redevient le personnage principal. Il semble avoir grandit depuis Combray, et tombe sous le charme de Gilberte Swann.
A première vue, les trois parties ne semblent pas interdépendantes. Je me souviens qu'il y a quelques années les élèves de classes préparatoires scientifiques devaient d'ailleurs lire la deuxième partie uniquement. En effet, l'époque n'est pas la même, les personnages sont différents. Pourtant, Swann est au moins un fantôme dans chacun des textes. Sa position, ses fréquentations que l'on nous présente dans la seconde partie, il en est question dès le début, lorsque la grande-tante du narrateur évoque son horreur des gens qui se lient à des personnes appartenant à une classe sociale distincte de la leur. Et l'on comprend tout à la fin que malgré la savoureuse dernière phrase de la seconde partie, Swann n'est pas parvenu à se tirer d'embarras. En fait, quand on tourne la dernière page, on n'a pas l'impression d'avoir lu trois livres, mais plutôt d'en avoir raté un gros morceau (d'où les six autres livres je pense).

Si je peux maintenant affirmer que Proust a beaucoup d'humour, il y a tout autant de nostalgie dans ce livre. A la fin bien sûr, lorsque le narrateur réalise que l'époque a changé, que les tenues de Mme Swann n'existeront plus jamais. Mais aussi dans la première partie, à chaque fois qu'un élément rappelle au narrateur son enfance, que ce soit par le biais de la fameuse madeleine ou d'autre chose :

" ce parfum d'aubépine qui butine le long de la haie où les églantiers le remplaceront bientôt, un bruit de pas sans écho sur le gravier d'une allée, une bulle formée contre une plante aquatique par l'eau de la rivière et qui crève aussitôt, mon exaltation les a portés et a réussi à leur faire traverser tant d’années successives, tandis qu’alentour les chemins se sont effacés et que sont morts ceux qui les foulèrent et le souvenir de ceux qui les foulèrent. "

Après tout, quand il est question de "temps perdu", c'est assez normal d'être partagé entre le bonheur de ses souvenirs d'enfant et la tristesse d'avoir grandi.

Comme toujours lorsque j'évoque un livre de cette ampleur, je trouve mon billet minable tout en ayant besoin d'en garder une trace sur mon blog.
Alors pour fait un résumé très court, Du côté de chez Swann, c'est très très bien.

Les billets éclairés de Romanza et Titine.

Le livre de poche. 478 pages.
1913.

28 juillet 2014

Darwin - Jean-Noël Mouret

002951957Charles Darwin naît en 1809 dans une famille très aisée. Son grand-père, Erasmus Darwin, s'est déjà fait connâitre dans le milieu scientifique, et son père est médecin.
Au premier abord pourtant, le petit Charles semble peu intéressé par les études, et préfère chasser ou faire des bêtises. Etudiant, il mettra des années avant d'obtenir son premier diplôme, pas par manque de capacités mais parce qu'il cherche sa voie. 
C'est ainsi que, parti pour devenir médecin puis pasteur, sa passion qui le pousse à observer la nature et à collectionner, entre autres, les scarabées, l'amène à fréquenter des milieux anti-cléricaux... et à finalement se lancer dans une carrière de naturaliste.
Son destin est scellé en décembre 1831, losqu'il s'embarque sur le Beagle, un navire utilisé pour entreprendre des explorations scientifiques. Darwin va passer cinq années à faire le tour du monde, à collecter des fossiles, des animaux, à observer la nature. Il en profitera aussi pour mettre au point ses techniques de travail.
Le reste de sa vie, même s'il se déroulera en Angleterre auprès de sa femme et de ses nombreux enfants, le célèbre naturaliste le passera à rédiger la théorie sur l'évolution des espèces qui l'a rendu célèbre.

Cette biographie, bien que brève, est un bon point de départ pour découvrir le personnage de Darwin, que l'on ne connaît finalement que très peu. Le début se lit comme le roman d'une enfance anglaise au XIXe siècle, les années sur le Beagle comme un récit de voyage passionnant (on comprend pourquoi Darwin a supporté le mal de mer). Enfin, la partie concernant la période de rédaction des ouvrages scientifiques permet de saisir l'importance des travaux du célèbre naturaliste anglais.
Si j'ai déploré le fait que les idées de Darwin ne soient pas assez expliquées et développées (il est parfois difficile des comprendre les débats, les différences de points de vue lorsqu'on ne connaît pas précisément les personnes impliquées), ce qui m'a le plus intéressée est l'accent mis sur le contexte dans lequel Darwin a évolué.
Le voyage entrepris par le scientifique en 1831 est extrêmement long, difficile. La situation en Amérique du Sud est particulièrement agitée, et ces problèmes politiques gênent parfois le travail des explorateurs.
En Angleterre, Darwin est confronté à l'opposition de l'Eglise anglicane et des partisans du Créationnisme lorsqu'il publie ses travaux. Or, parmi les hommes d'église se trouvent nombre de ses anciens amis et mentors. Les débats sont houleux voire violents, et les amis de Darwin sont souvent contraints de monter au créneau pour prendre la défense de cet homme assez en retrait. Outre les divergences de points de vue, Darwin et ses défenseurs devront veiller à ne pas se faire griller la politesse lorsqu'un certain Wallace, en 1858, semble prêt à rendre public un travail énonçant les mêmes conclusions que celles de Darwin qui, trop perfectionniste, n'a encore rien publié. On apprend aussi que le darwinisme, bien malgré son créateur, a été exploité par d'autres penseurs, de Marx à des personnages aux idées bien plus nauséabondes, qui l'ont appliqué à leur domaine d'étude. L'idée d'une nécessaire sélection naturelle parmi les hommes, justifiant l'élimination des plus démunis, s'est ainsi parfois appuyée sur les idées de Darwin. Pour moi qui trouve la révolution des esprits qui a donné naissance à nombre de disciplines au cours du XIXe siècle passionnante, cet aspect du livre est particulièrement intéressant.
Au niveau du personnage de Darwin en lui-même, il est souvent sympathique. Sa participation au Glutton Club (dont le but est de savourer les mets les plus curieux, ce qui donne lieu à des anecdotes savoureuses) alors qu'il est encore étudiant m'a beaucoup fait rire. De même, le fait qu'il ait pu être séduit bien plus tard par des médecins charlatans vendant des cures d'eau très douteuses montre que l'on peut être à la fois un éminent scientifique en avance sur son temps et crédule sur d'autres plans. Enfin, un homme qui apprécie Jane Austen, Walter Scott et Elizabeth Gaskell ne peut être complètement mauvais.

Comme je l'ai dit plus haut, ce livre ne pousse pas très loin les explications sur les travaux scientifiques de Darwin (après tout, il s'agit d'une biographie), mais il est très agréable à lire avant d'éventuellement poursuivre avec d'autres lectures.

Merci à Anna pour le livre.

Folio biographies. 387 pages.
2014.

18 juin 2014

Une fille, qui danse -Julian Barnes

barnesTony Webster, un homme d'âge mûr, revient sur sa jeunesse, et notamment sur sa relation avec Adrian. Cet ami, jeune homme aussi brillant que fascinant s'est suicidé alors qu'il était étudiant à Cambridge. C'est à l'occasion d'une succession inattendue quarante ans plus tard que notre narrateur voit toutes ses certitudes concernant ce drame ébranlées.

Ce livre, mon premier de Julian Barnes, m'a donné du fil à retordre. Il est très court, mais sa lecture requiert de l'attention et une lecture rapide afin de ne pas oublier les éléments du début.
Tout commence de façon très banale. Tony et ses deux amis d'enfance voient un jour s'agréger à leur groupe un nouvel élément, Adrian, qui devient très vite la personne la plus importante de leur vie.
Les jeunes gens ont un professeur d'histoire qui leur pose une question qui provoquerait des évanouissements chez les élèves actuels pour cause de réflexion trop intense, mais qui va ici résonner durant tout le récit : "Qu'est-ce que l'Histoire ?" A cela, Adrian répond par une citation : "L'Histoire est cette conviction issue du point où les imperfections de la mémoire croisent les insuffisances de la documentation."
Cette réponse très pompeuse est à la hauteur du génie du personnage tel que Tony se le représente. Sa vie durant, il s'expliquera le suicide d'Adrian en s'aidant des discours du jeune homme. Lui-même se voit comme un être ordinaire, ennuyeux même, marié puis divorcé d'une femme sans mystère. Il a conscience de subir sa vie, contrairement à Adrian, qui a choisi l'heure de sa mort. 

Lorsqu'il apprend que la mère de Veronica, son ancienne petite-amie, celle qu'il avait délaissée avant qu'elle n'entame une relation avec Adrian, lui lègue le journal de ce dernier qu'elle a conservé depuis quarante ans, Tony croit qu'il va pouvoir comprendre plus en détails le comportement de son ami. Dans les bribes qu'il obtient, il croit saisir un code, et son incompréhension face à Veronica qui ne cesse de lui répéter qu'il n'a jamais rien compris grandit toujours un peu plus.

il faut attendre les dernières pages pour saisir le mépris de Veronica. Entre-temps, Julian Barnes a bien joué avec nos nerfs. Pourquoi la mère de Veronica a t-elle mis Tony en garde contre sa fille lorsqu'ils sortaient ensemble ? Pourquoi lui a t-elle légué ce journal ? Comment est-il arrivé en sa possession ? Que contenait-il ? Y a t-il encore des non-dits entre Veronica et Tony ?

En fait, ce que Tony et Adrian lui même n'avaient pas bien perçu, c'était qu'ils ne savaient pas tout. Ecouter son professeur oblige peut-être à réaliser que la vie est souvent tristement banale, mais cela évite aussi parfois de se tromper toute sa vie.

Simplement brillant.

Merci à Anna pour le livre.

Folio. 211 pages.
Traduit par Jean-Pierre Aoustin.
2011 pour l'édition originale.

2496284831

15 juin 2014

Harry Potter et la Chambre des Secrets - J.K. Rowling

arton495Attention, introduction très ennuyeuse. Vous pouvez passer directement au paragraphe 4 si vous le souhaitez.

Lorsqu'on découvre un livre qui nous marque comme Harry Potter m'a marquée, on ne se souvient pas seulement de ce que sa lecture nous a procuré. On se souvient de tous les détails qui ont conduit à sa lecture, du lieu où on l'a lu, et avec le recul, on découvre à quel point il nous a construit. C'est Harry Potter qui m'a fait comprendre que je pouvais être bonne en anglais. Je me rappelle avoir lu ce deuxième tome lors d'un voyage à l'autre bout du monde, tout en révisant le vocabulaire de la série pour le contrôle d'anglais qui m'attendait à la rentrée. Ca m'avait passionnée, et c'est ce qui m'a permis de me lancer dans la lecture du troisième tome en version originale quelques mois plus tard, encore lors d'un voyage.

Sans Harry Potter, je n'aimerais peut-être pas autant l'Angleterre et la langue anglaise. Je n'aimerais peut-être pas autant les livres. Je n'aurais peut-être pas fait les études que j'ai faites, ni choisi le métier que j'exerce aujourd'hui. Il n'y aurait peut-être pas eu Virginia Woolf, puis E.M. Forster, ou Jane Austen.

Pour résumer, au cas où vous ne l'auriez pas compris, j'aime, je vénère Harry Potter, alors pour débuter le mois anglais par ici, il fallait bien lui consacrer un petit billet.

Dans ce deuxième tome, on retrouve notre jeune sorcier encore en vacances chez les horribles Dursley, attendant avec impatience de retrouver Poudlard et ses amis Ron et Hermione.
Mais la veille de la rentrée, un elfe de maison nommé Dobby apparaît dans sa chambre, et le supplie de ne pas retourner dans son école de sorcellerie. Sans rentrer dans les détails, il le prévient qu'un danger mortel le guette.
Harry est intrigué, mais il n'est pas question pour lui d'obéir à la prudence. Il fait donc sa deuxième rentrée entouré de ses amis, retrouve la maison Gryffondor, le Professeur Dumbledor, Hagrid, et surtout la joie d'être dans un lieu où il se sent à sa place.
Cependant, très vite, des agressions se produisent dans le château. Des habitants sont retrouvés pétrifiés, sans que leur agresseur puisse être identifié. Une rumeur se répand alors, disant que la Chambre des Secrets a été ouverte, libérant dans l'école une terrible créature.

Ce que j'aime dans les premiers tomes d'Harry Potter, c'est leur côté un peu enfantin. Il n'y a pas encore eu les horribles pertes des tomes suivants, et finalement on est aussi émerveillés que Harry face à ce monde magique créé par J.K. Rowling.
Les matches de Quidditch sont toujours aussi formidables à suivre, les bêtises de notre petit trio amusantes, et voir Harry grandir, se chercher, toujours aussi émouvant.
Dans ce deuxième tome, le fil conducteur est l'enquête qui vise à découvrir qui est l'héritier de Serpentard, et comment, si elle existe, la Chambre des Secrets a été ouverte. Cela nous amène à remonter dans le passé, et à en apprendre davantage sur Voldemort et sa jeunesse. Son lien avec Harry est exploré plus en profondeur, et comme notre héros, on se demande ce que signifient ces ressemblances troublantes entre le jeune sorcier et le terrible mage noir. Il est agréable de noter que des éléments des tomes suivants sont introduits. Il est question de la prison d'Azkaban, Ron est moins agacé qu'autrefois par Hermione, et un certain objet n'a pas du tout la même importance lorsqu'on connaît déjà la fin de l'histoire.
Ce que j'aime dans ce tome, c'est aussi qu'il permet à J.K. Rowling d'aborder des thèmes graves comme le racisme en les transposant dans son univers. L'appellation "Sang-de-Bourbe" pour désigner les sorciers nés de parents Moldus équivaut sans aucun doute aux surnoms ignobles donnés aux personnes de couleur ou juives par exemple. On retrouve dans les propos et l'attitude de Malefoy et ses amis la même méchanceté, la même ignorance, et la même éducation lamentable que l'on constate chez les individus racistes, homophobes ou autres.

Encore une relecture dont je ressors enchantée.

C'est ma première participation au mois anglais de Titine, Lou et Cryssilda.

2496284831

 

 

Publicité
4 juin 2014

Le peintre d'éventail - Hubbert Haddad

3218992835_1_2_CXL00NYqAprès des années d'absence, Hi-han retourne voir Matabei, son vieux maître. Celui-ci lui livre alors l'histoire de sa vie, dans la pension de Dame Hison, où il fut amant de l'ancienne courtisane puis jardinier.

J'ai mis un moment à me plonger dans ce livre. J'ai même songé à renoncer, tellement les descriptions me gonflaient, tellement les petites phrases de début et de fin de chapitre me semblaient surfaites. Je ne suis pas quelqu'un de patient, peu d'auteurs parviennent à me captiver avec des pages entières de descriptions.

Et puis, j'ai décidé de me secouer, de lâcher prise et de me concentrer, pour finalement laisser la magie opérer.
Le peintre d'éventail, c'est une drôle d'histoire. Le prologue laisse entendre qu'il faut s'attendre à découvrir une histoire captivante, à un personnage extraordinaire (ce fameux peintre d'éventail), mais lorsque la rencontre se produit, c'est déstabilisant d'une façon que l'on n'avait pas anticipée.
L'espace dans lequel se déroule l'action est très restreint. Une maison semblant hors du monde, ainsi que quelques montagnes et un lac alentours. Le nombre des acteurs aussi est réduit : à peine une dizaine, les habitants de la pension, presque des fantômes au début tellement ils se confondent. Puis, on se met à distinguer Dame Hison, les amants Ken et Anna, le maladroit Hi-han, et surtout Matabei et son obsession pour le jardin. Ils nous deviennent familiers, et dans ce havre de paix on se prend à se sentir en sécurité, apaisé.
Chacun de ces personnages a fuit le monde. Dame Hison est une ancienne courtisane, Ken et Anna fuient la haine d'un mari jaloux, Enjo est une jeune fille égarée. Ils semblent n'exister que dans le monde clos que forment la maison et son magnifique jardin.
L'art de communier avec la nature, de la dessiner, de l'écrire, est d'abord maîtrisé par Osaki qui le transmet à Matabei. Lorsque Hi-han rejoint la demeure, le nouveau jardinier tente de l'initier.

Puis, tout s'écroule. Matabei était arrivé à la pension de Dame Hison en partant sur les traces de la jeune fille qu'il avait renversée sous un tunnel à Kobe, peu avant le tremblement de terre. La seconde réplique de ce drame précipite à nouveau Matabei dans une réalité insupportable.

Pourtant, Hubert Haddad ne modifie son écriture à aucun moment. Le rythme reste calme, et c'est sans doute ce qui m'a le plus impressionnée dans ce livre : comment l'auteur parvient à faire passer tant de choses, tant d'émotions en restant si simple dans son propos.

Un beau moment de lecture.

Merci à Lise et Anna de Folio pour le livre.

Folio. 179 pages.
2013 pour l'édition originale.

24 mai 2014

Code 1879 - Dan Waddell

code-1879Grant Foster, inspecteur bourru, est appelé sur une scène de crime étrange. La victime a été amputée des deux mains, tuée, puis déposée dans un cimetière. Sur sa poitrine, on a également gravé un étrange message composé de lettres et de chiffres. Très vite, la collègue de Foster, Heather Jenkins pense qu'il s'agit d'une référence d'acte civil. Elle fait donc appel à Nigel Barnes, un généalogiste désabusé, pour retrouver le dossier. Tous les trois découvrent alors que le meurtre est en lien avec une série de crimes commis en 1879.

Si, comme moi, vous avez du mal à vous concentrer pour lire en ce moment, voilà un livre que je peux vous recommander. C'est très classique, mais prenant, et on ne refuse jamais un petit séjour dans la capitale anglaise.
J'ai adoré me promener dans le Londres d'aujourd'hui en cherchant les traces de la ville de 1879. Nigel est passionné par son travail de souris, et avec lui on découvre des rues cachées et des anecdotes (comme celle de Leinster Gardens, dont il était aussi question dans la dernière saison de Sherlock).
L'enquête à résoudre est également intéressante. Pourquoi cette affaire de 1879 refait-elle surface ? Quels sont les motivations du meurtrier ? Quel est le lien entre les victimes ? Pourquoi ces mutilations sur les corps ? Le suspens est très présent, et l'on démêle les fils de l'enquête de façon très progressive en suivant tour à tour l'inspecteur et le généalogiste dans leur travail, stressant et nous décourageant avec eux presque jusqu'au bout.
Presque, car j'ai trouvé la fin très maladroite. Suivre l'enquête en alternant les points de vue de Grant et Foster permet de la rendre palpitante durant la majeure partie du livre, mais lorsque la dernière victime est enlevée, c'est franchement énorme et les informations que l'on apprend sont répétitives.

Pas un grand livre donc, mais un trio d'enquêteurs sympathiques que je pense retrouver une prochaine fois.

C'est grâce à Titine que je me suis lancée dans cette lecture. Lou est très enthousiaste.

 

 

30 avril 2014

Divergente - Veronica Roth

CV-prov_Divergente12Parmi toutes les séries dans la même veine que Hunger Games publiées ces dernières années, Divergente semble particulièrement bien s'en sortir puisque le premier tome vient d'être adapté au cinéma. J'ai débuté ma lecture un peu pour suivre le mouvement, il faut bien l'avouer, mais être une brebis a parfois du bon.

Pour mettre un terme aux guerres, il a été décidé de diviser la société en cinq factions, chacune étant au service d'une qualité. "Les Altruistes répondent à notre besoin en responsables politiques dévoués. Les Sincères nous fournissent des responsables juridiques honnêtes et dignes de confiance. Les Erudits nous donnent des enseignants et des chercheurs de haut niveau. Les Fraternels nous procurent des conseillers et des soignants compréhensifs. Et les Audacieux nous protègent des menaces extérieures."
Beatrice appartient à une famille altruiste. Elle a seize ans, et son frère Caleb et elle s'apprêtent à choisir la faction où ils feront leur vie. Pour les guider, des tests sont réalisés. Cependant, lorsque vient le tour de Beatrice, il apparaît qu'elle ne correspond à aucune des cinq factions. Elle est Divergente, ce qu'elle doit absolument cacher sans comprendre pourquoi.

J'ai passé un excellent moment avec ce livre pour plusieurs raisons. D'abord, on ne s'ennuie pas une seconde. Beatrice (qui devient Tris lorsqu'elle choisit de rejoindre les Audacieux) subit une initiation très dure, pleine de rebondissements pour devenir une Audacieuse.
La peinture des personnages est également réussie. On a des méchants très méchants, mais la plupart des personnages montrent plusieurs facettes. Les novices audacieux sont en compétition, et les coups bas sont d'autant plus nombreux que certains sont des tueurs nés. La jeune fille se rend aussi compte rapidement que même l'amitié a des limites, et que dans certains contextes il est difficile de ne pas devenir soupçonneux. Même le monde des adultes dirigeants comporte des surprises et démontre que l'on ne peut effacer l'homme derrière des valeurs.
La façon dont est traitée l'histoire est aussi intéressante. Le style n'est pas très poussé, mais il y a beaucoup de passages amusants et les surprises sont nombreuses sans paraître trop artificielles. J'ai particulièrement apprécié le fait que ce livre soit moins aseptisé que beaucoup de romans du même genre. Il y a des passages très violents, d'autres qui coupent le souffle au lecteur, et il est même question de sexualité (non, parce que des fois on a vraiment l'impression que les adolescents des livres jeunesse ne sont jamais tourmentés par leurs hormones) même si ça reste très sage. Mon seul bémol concerne la traduction de certaines phrases. J'ai trouvé étrange que la mère de Tris parle de se faire "rembarrer" par exemple.

Un bon livre pour réfléchir sur l'importance du libre-arbitre tout en se divertissant.

Nathan. 445 pages.

22 avril 2014

Les filles de l'ouragan - Joyce Maynard

Les Filles de l'ouragan

Pour moi, Joyce Maynard, c'était à première vue une personne méprisable. Construire sa réputation et se faire de l'argent sur le dos de Salinger, qui était connu pour ne pas supporter que l'on s'imisce dans sa vie privée, ça me dérange.
Puis les blog sont passés par là, et j'ai mis mes reproches de côté pour découvrir Les filles de l'ouragan.

Ruth Plank et Dana Dickerson sont toutes les deux conçues lors d'un ouragan et naissent le même jour dans le même hôpital. Ces deux "soeurs d'anniversaire" n'ont pas grand chose en commun, mais leurs mères s'arrangeront pour qu'elles se croisent régulièrement durant toute leur vie.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je suis très moyennement convaincue par ce livre.
Ca avait pourtant bien commencé avec les récits alternés de Ruth et de Dana. Ruth est élevée dans une famille de fermiers avec ses soeurs. Elle se sent très proche de son père qu'elle adore suivre dans son travail, mais ne comprend pas la froideur qu'elle lit dans les yeux de sa mère. Dana mène une vie complètement différente. Ses parents se complaisent dans la désinvolture, déménageant au gré des idées farfelues du père, et vivant des oeuvres de la mère. Chacune des jeunes filles se sent à l'écart, seule, et il est difficile de ne pas s'y attacher.

Dans ce roman, il est aussi question de l'évolution de la société américaine. Ruth se rend à Woodstock, rejoint le frère de Dana qui s'est réfugié au Canada pour échapper à la guerre du Viêtnam. Le domaine des Plank subit des intemperries et les vautours sont toujours plus nombreux à attendre qu'il soit vendu. Dans les années 1980, Dana, qui vit avec une femme universitaire, voit cette dernière perdre son poste de titulaire en raison de sa sexualité.
C'est donc toute une époque qui est apparaît derrière nos personnages, et c'est pas mal fait, même si je ne trouve pas que ce soit traité de façon originale.

ATTENTION Spoilers :

Mais mon principal problème avec ce livre est que je n'ai pas compris le besoin de créer un grand mystère (qui n'en est un que si l'on est ultra naïf au passage). Très vite, des indices énormes font comprendre au lecteur qu'il y a eu erreur sur la marchandise. Ruth est dédaignée par sa mère qui ne semble agir que par devoir et non par instinct maternel envers elle. Elle est aussi passionnée d'art et éprouve un grand attachement pour la ferme paternelle. Dana a pour sa part tout de la fermière forte et peu féminine. Je veux bien avoir l'esprit ouvert, mais l'amour de l'agriculture ou de l'art ne sont pas inscrits dans les gènes. Ici, on peut deviner l'identité des parents des deux personnages rien qu'en observant leur caractère...

Fin des spoilers

Je crois que je n'aime pas spécialement la manie qu'ont beaucoup d'auteurs américaines (Andrew Sean Greer, Laura Kasischke...) de créer un rebondissement final aussi bancal qu'inutile. On peut écrire sur la famille, le passé, l'adolescence, le sentiment de ne pas être à sa place sans inventer une histoire à coucher dehors.

J'ai lu ce livre avec intérêt dans l'ensemble, parce que j'aime la littérature américaine et qu'il traite des thèmes que j'apprécie particulièrement, mais je trouve que Joyce Maynard ne se distingue pas spécialement, que ce soit par son style ou par le fond de son livre.

Theoma, Miss Léo, Mrs Figg et Emma ne sont pas du tout d'accord avec moi.

Philippe Rey. 330 pages.2010 pour l'édition originale.

30 mars 2014

"Et lorsque tout s'écroula, il ne sut que tirer, car il n'avait rien appris d'autre."

14La guerre est terminée, et les soldats rentrent chez eux. Ernst est l'un d'eux. Il a passé des années dans les tranchées, et retourne dans sa ville, retrouve ses parents et les bancs de l'école pour devenir instituteur. Mais reprendre le cours de sa vie est impossible quand on attend de lui qu'il soit un tout jeune homme, encore presque un enfant, alors qu'il est allé plus loin que tous ces gens restés à l'arrière.

Après est une véritable suite à A l'ouest, rien de nouveau. On y avait laissé nos jeunes soldats trop vite précipités dans l'âge adulte, désemparés devant l'inutilité de cette guerre et prêts à poser des questions.
Lorsque le livre débute, la rumeur court que cette fois, c'est la bonne, la paix va être signée. Les soldats ont du mal à le croire, surtout lorsqu'on les envoie au charbon une dernière fois pour la forme, et qu'on en voit mourir encore plus inutilement que les autres.
Finalement, le signal est donné, ils peuvent prendre la route du retour. Tout est confus, ils ne réalisent pas encore qu'ils circulent sans risque pour la première fois depuis des années. Le choc est tel qu'il n'est pas question d'être euphorique, les soldats restent bien regroupés, un peu comme s'ils craignaient la suite. 

Ce que montre Erich Maria Remarque dans ce livre, c'est l'impossible compréhension entre ceux qui ont fait la guerre et ceux qui n'y sont pas allés. Les anciens combattants semblent presque gêner la société allemande, leur présence empêchant d'oublier qu'une guerre est passée par là. On leur jette quelques vêtements pour les remercier, puis on les laisse se débrouiller ou crever de faim. Ernst et ses camarades sont plutôt débrouillards et leur condition physique n'est pas trop ébranlée, mais la procession des anciens combattants décrite à la fin du livre, qui fait défiler les mutilés de guerre comme d'inombrables morts-vivants, insiste sur le désintérêt dont les anciens soldats ont été victimes. Même parmi ses proches, Ernst se sent étranger. Ses parents ne comprennent pas qu'il quitte son travail d'instituteur. Pour eux aussi la guerre a été synonyme de privations et ils ne comprennent pas qu'elle a pris bien plus à leur fils.

Au début, en dehors des excès de rage des uns et des autres, nos jeunes anciens soldats ne s'en sortent pas trop mal. Ils sont ensemble, magouillent pour trouver de la nourriture, règlent leurs comptes et se soutiennent. Jusqu'au jour où ils réalisent qu'ils ne portent plus l'uniforme et que les simples cordonniers sont redevenus simples cordonniers quand les plus aisés ont retrouvé leur statut social. Ce n'est qu'un détail, mais cela montre à quel point ils sont seuls, et plusieurs d'entre eux ne trouvent qu'une seule façon d'y remédier. 

"Ah ! au front, c'était plus simple. Là-bas, il suffisait d'être vivant pour que tout aille bien !"

On pourrait s'attendre à les voir hurler, comme ils se l'était promis, pourtant ce n'est pas le cas. Il faut attendre que l'un des soldats soit jugé pour meurtre pour qu'enfin l'un de ces soldats mette la société en accusation. Parce qu'ils sont vidés, littéralement, et parce qu'ils savent à quel point le gouffre qui les sépare du monde des vivants est profond, rendant le dialogue impossible.

Ce que l'on ressent tout de suite en ouvrant Après, c'est qu'il s'agit d'un livre écrit avec les tripes, plein d'amertume et de lassitude malgré la franche camaraderie qui règne entre nos survivants. C'est toujours très bien écrit, mais il est difficile de ne pas en sortir écoeuré.

L'avis d'Aaliz.
Merci à Lise pour le livre.

Folio. 397 pages.
Traduit par Raoul Maillard et Christian Sauerwein.
1931 pour l'édition originale.

Publicité
Publicité