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20 juin 2012

Précoce automne - Louis Bromfield

precoce-automne-9782859406233_0C'est le soir, et un bal est organisé par Anson et Olivia Pentland, en l'honneur de leur fille Sybil, qui revient de pension. Cette soirée marque aussi le retour de Sabine, une parente dont le franc-parler fait trembler la tante Cassie et Anson.
Cependant, Olivia se sent au contraire de son époux stimulée par ce retour. Après avoir vécu vingt ans à jouer les maîtresses de maison parfaites aux Pentlands, elle rêve de changer sa vie et d'offrir à sa fille la possibilité d'être heureuse.

Précoce automne est un de ces romans qui vous envoûte dès les premières pages. Un sentiment de délectation nous prend alors qu'on déambule aux Pentlands, et que l'on suit les personnages dans leurs réflexions alors qu'ils voient leur petit univers qu'ils voudraient immuable bouleversé. Les Pentlands, cette grande famille, qui mène la danse depuis très longtemps, n'accepte pas de voir son influence menacée par des nouveaux venus, à commencer par O'Hara, cet Irlandais, d'origine très populaire, qui a osé s'acheter des terres.
Les vieux dossiers ressortent également tous en même temps. A travers Sabine, une divorcée que l'on trouve trop peu soucieuse des intérêts de sa famille. Mais il y a aussi ce cousin enclin à provoquer des scandales, qui a la mauvaise idée de mourir, et surtout vouloir se faire enterrer dans sa terre d'origine, après avoir été exilé en France par les siens pendant des années. La vieille folle dans le grenier (ou plutôt de l'aile nord) décide aussi de contribuer à faire tomber la façade qui recouvre la famille. Enfin, Jack, l'héritier malade, agonise.

On parle aussi de mariage, de raison et d'amour. Louis Bromfield s'en prend très durement à l'éducation des jeunes filles, qui  les prive de toute chance de connaître le bonheur conjugal. Olivia et Anson n'ont jamais fait que jouer à être amoureux, et encore, sans trop se forcer, ni sans essayer de faire durer l'illusion. Sabine y a perdu l'homme de sa vie. Je n'ose imaginer la vie conjugale de Tante Cassie. Quant à la belle-mère d'Olivia, elle ne s'est jamais remise de sa nuit de noces. Les hommes ne sont pas beaucoup mieux lôtis, entre John qui a élevé le sentiment de culpabilité au rang d'art de vivre et Anson qui se contente d'être apathique en toutes circonstances.

Tout semble sur le point d'exploser, Olivia paraît prête à échapper à ce précoce automne dont parle le titre, et pourtant. J'ai aimé que ces personnages prêts à tout remettre en cause se révèlent souvent bien moins novateurs qu'ils ne le laissent penser. Ca me fait souvent rager, mais je pense que c'est bien plus réaliste ainsi. On pense à Edith Wharton en lisant ce livre. Il y est d'ailleurs clairement fait allusion. Le monde décrit ici est le même que celui qu'on observe dans Chez les heureux du monde, plein de craquelures mais encore capable de résister et de détruire ceux qui tentent d'y échapper.

" - Ne vous fiez pas trop à Sabine, insinua t-il en se redressant tout à fait dans son fauteuil. Elle est des nôtres malgré tout. Elle ressemble beaucoup à ma soeur Cassie, beaucoup plus que vous ne pouvez l'imaginer. Voilà pourquoi elles se détestent tant. On pourrait dire que Sabine c'est tante Cassie retournée. Toutes deux ne reculeraient devant aucun sacrifice pour créer de maux ou des malheurs dont le spectacle les intéresserait. Elles vivent des émotions des autres."

Une belle découverte.

C'est Titine qui m'avait donné envie de lire ce livre. Romanza en parle aussi très bien.

Phébus. 287 pages.
Traduit par A. Baillon de Wally.
1926 pour l'édition originale.

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20 mai 2012

"Et ces imbéciles qui souriaient, ce soir, en me voyant traverser leurs rues ! "

9782070383047FSJe termine ma pause zolienne de l'année (quoique, on ne sait jamais) avec La Conquête de Plassans. Après deux tomes à Paris, ce quatrième volet des Rougon-Macquart nous ramène dans le berceau de la famille, où nous avions laissé Adélaïde Fouque, désormais enfermée dans un asile, et quelques membres bien sympathiques de sa descendance.

L'abbé Faujas arrive un soir, en compagnie de sa mère, chez Marthe et François Mouret. Il est peu avenant et un mystère plane sur son passé, ce qui ne lui laisse pas présager un avenir brillant dans la petite ville de Plassans, où les rumeurs se répandent très vite. Pourtant, grâce à des appuis invisibles et à son intelligence, l'abbé Faujas va conquérir tour à tour la maison des Mouret, le clergé de Plassans, puis toute la ville.

Bien qu'il soit moins flamboyant que Le Ventre de Paris, je crois que j'ai préféré ce livre où toutes les mauvaises actions se font insidieusement et où les personnages semblent se livrer à un concours de celui qui aura le plus d'ambition et le moins de scrupules (encore plus que d'habitude).
Au début, la situation semble normale, et les personnages prêts à repousser les assauts des Faujas. François et Marthe ne sont pas franchement des gens pieux, et leur famille est solide. Parmi leurs enfants, Octave court les filles et Désirée n'aime que les animaux. Seul Serge semble corruptible. Puis, sans qu'on comprenne pourquoi, on se retrouve avec une Marthe complètement illuminée, qui s'auto-flagelle au sens propre du terme, un Mouret qu'on plaindrait presque (il ne faut pas trop pousser non plus), et un abbé Faujas transformé en sex-symbol. Enfin, pour ce dernier aspect, ça ne dure que le temps de la conquête, puisqu'il renoue rapidement avec ses habits troués, et sa haine du peigne. Après tout, avec un charisme comme le sien, pourquoi se gêner ?

"Plassans, en effet, dut le prendre mal peigné. Du prêtre souple se dégageait une figure sombre, despotique, pliant toutes les volontés. Sa face redevenue terreuse avait des regards d'aigle ; ses grosses mains se levaient, pleines de menaces et de châtiments. La ville fut positivement terrifiée, en voyant le maître qu'elle s'était donné grandir ainsi démesurément, avec la défroque immonde, l'odeur forte, le poil roussi d'un diable. La peur sourde des femmes affermit encore son pouvoir. Il fut cruel pour ses pénitentes, et pas une n'osa le quitter : elles venaient à lui avec des frissons dont elles goûtaient la fièvre."

Evidemment, Zola critique ici férocement le clergé et les comportements excessifs de certains croyants. Le plus formidable dans cette histoire, c'est qu'il montre avec brio comment on peut en venir à adorer ceux qui nous méprisent le plus. Le club des groupies de Faujas est composé de femmes, alors qu'on a droit à ce qu'il pense du sexe féminin à plusieurs reprises et qui tient en quelques mots très flatteurs : "la tentation d'en bas, la lâcheté, la chute finale". Bref...
Autre menace qui plane tout au long du livre : la folie. La grand-mère est enfermée, et on se demande pendant un bon moment qui de Marthe ou de Mouret ira lui tenir compagnie en premier (en tant que cousins germains, ils descendent aussi directement d'elle l'un que l'autre).

Comme d'habitude avec Zola, on a droit à des scènes extraordinaires dans ce livre. Je vais essayer de ne pas en dire trop, mais l'incendie est un moment qui m'a scotchée, avec tous ces notables regardant périr des gens comme s'ils assistaient à un feu d'artifice. Nul doute qu'ils sont repartis à leurs affaires très rapidement. Et cette dernière phrase ! Je me souviens encore de la toute fin de La Faute de l'Abbé Mouret, grossière et provocatrice, mais on est encore au-delà (évidemment, je vous laisse la découvrir).

Et les Rougon ? Ben, les Rougon, ça va. On pourrait penser que Félicité serait embêtée du scandale provoqué par son allié et sa fille. Malheureusement, comme le dit Macquart, ils savent prévoir dix portes de sortie à chaque situation, ce qui leur assure de remporter à chaque fois la victoire, même si ça tue un ou deux membres de leur famille au passage.

Quand je pense que je remonte avec eux à Paris pour le prochain tome, ça promet !

D'autres avis chez Stéphie, Cuné (très intéressant, puisqu'il formule des critiques que je partage sur les notables de Plassans et sur le comportement de Marthe, bien qu'elles n'aient en ce qui me concerne pas altéré la forte impression que ce livre m'a faite), Kalistina et Cléanthe.

Folio. 466 pages.
1874 pour l'édition originale.

 

22 avril 2012

Nous étions les Mulvaney - Joyce Carol Oates

1168537_gfJ'ai découvert Joyce Carol Oates l'été dernier par le biais de deux textes très courts qui m'ont beaucoup marquée. Dans ma bibliothèque se trouvait aussi un pavé racontant l'histoire d'une famille américaine vivant dans l'Etat de New York, les Mulvaney.

C'est Judd, le cadet de la famille, qui nous raconte rétrospectivement l'histoire de ses parents, Corinne et Michael, de ses deux frères, Michael Jr et Patrick, de sa soeur, Marianne, et de leurs innombrables bestioles. La famille est d'abord heureuse et prospère, à High Point Farm, une "maison de rêves", et la population de Mont Ephraïm respecte les Mulvaneys, au point de les admettre (même si c'est en grinçant des dents) dans des cercles très sélectifs. Tout change le 14 février 1976, lorsque Marianne est violée après le bal de la Saint-Valentin.

Dans ce roman, Joyce Carol Oates dresse un portrait très dur de l'humanité en général, et de la société américaine en particulier. Comme dans Viol, une histoire d'amour, elle fait enrager le lecteur, lorsque Marianne, la victime, est incapable de témoigner. "J'avais bu. C'est si difficile de se rappeler. Je ne peux pas le jurer. Je ne suis pas sûre. Je ne peux pas porter de faux témoignage." Comme chacun le sait, une fille violée est une fille qui regrette, qui l'a cherché... Le coupable peut compter sur l'argent de papa, l'hypocrisie de maman, le sexisme et le puritanisme ambiant pour ne pas être ennuyé. Dans ce contexte, il faut un coupable, et pour les parents Mulvaney, ce sera la victime elle-même qui servira de défouloir à leur impuissance à la protéger, aussi absurde et injuste que cela puisse être.

 "Je croyais que papa et maman n'étaient que des 'victimes'. Pourquoi leur reprocher de traiter Marianne comme de la merde, s'ils ne sont que... quoi, déjà ?... des grenouilles sucées par des araignées d'eau jusqu'à ce que mort s'ensuive ?
- Pour la même raison qui fait que papa en veut à Marianne. Tu sens juste viscéralement que tu n'as pas envie de voir une certaine personne."

Nous assistons alors à l'explosion de cette famille si unie qui connaissait tous les codes du bonheur jusque là. Les Mulvaney trouvent refuge dans la religion, la boisson, le travail, contribuant ainsi à la destruction de tout ce qu'ils avaient bâti. A partir du viol, on ne fait plus que feindre le bonheur. Marianne et Corinne, qui essaient de garder la tête hors de l'eau, se répètent sans cesse que tout va bien, que tout va rentrer dans l'ordre très bientôt, et elles prient tant qu'elles peuvent.

"Il y avait d'excellentes raisons qui poussaient des gens comme sa soeur - et sa mère, et la mère de sa mère - la majeure partie de l'humanité, en fait - à croire ce qu'ils croyaient contre la raison même : ils croyaient parce que, comme des enfants, ils avaient peur du noir. Prenaient à tort la lumière d'une Vérité inhumaine et implacable pour la simple obscurité."

Personne d'autre n'est dupe. Les portes claquent au nez des Mulvaney, le père est furieux contre la terre entière, les frères furieux contre leur père, et pendant ce temps les coupables continuent à vivre.
Ce qui fait aussi la réussite de cette saga familiale est l'originalité de sa construction, qui la différencie d'autres romans du même genre que j'ai pu lire. Joyce Carol Oates décortique en effet chacun des détails qui font que les Mulvaney sont une famille unie, heureuse, puis une famille qui vole en éclat. Elle parle des codes connus seulement des membres de la famille, elle s'attache à suivre chacun des Mulvaney, et montre comment il réagit au viol de Marianne. Et puis, il y a toujours ce style percutant, qui prend le lecteur à la gorge et ne le laisse pas souffler un seul instant.

J'ai lu ce livre en deux jours. J'avais besoin d'y retourner dès que je le posais, de façon un peu malsaine (ce n'est pas vraiment une lecture agréable). Un très bon moment de lecture.

Ce livre a été très lu sur la blogosphère. D'autres avis chez Papillon, Manu, Perrine, Céline, Stéphie, Dominique, Titine, Romanza et sûrement beaucoup d'autres.    

1996 pour la version originale.
Traduit par Claude Seban. 699 pages.

24 février 2012

Paola - Vita Sackville-West

paolaL'oncle Noble est mort, et ses proches se rendent à la Grange, la maison familiale du Westmorland où il vivait, pour l'enterrer et pour assister à la lecture de son testament. Là-bas se trouvent déjà ses enfants. Austen, né du premier mariage de Noble est l'héritier naturel aux yeux de tous. Paola est quant à elle la fille issue du second mariage, avec une paysanne italienne. Gervase Godavary, son cousin, ne la connaît pas. Cela fait trente ans qu'il n'a pas mis les pieds à la Grange. Quand il arrive, il est submergé par les souvenirs et la familiarité qu'il éprouve à l'égard de ce lieu qu'il a déserté des années auparavant. Mais il sent surtout une tension très forte, dont Paola est en grande partie responsable.

Paola est le troisième roman que je lis de Vita Sackville-West, et encore une fois je suis conquise. J'ai été bluffée par la manière dont l'auteur décrit les relations entre les personnages. Gervase, le narrateur, est distant par rapport aux autres, mais très clairvoyant quant à leurs sentiments. Tout le monde est sur les nerfs, malheureux. Noble n'était pas un homme généreux, et l'on sent très vite qu'il n'a sans doute pas tiré sa révérence sans s'amuser une dernière fois avec les sentiments de ses proches. Il n'avait sans doute pas prévu la manière dont ça allait finalement tourner...
Paola est un personnage difficile à saisir, peu sympathique et très manipulateur. Contrairement aux autres membres de la famille, qui se sentent tous liés les uns aux autres, au point d'être interchangeables, elle reste à part. Eux sont coincés, n'osent jamais rien, et semblent avoir traversé la vie en faisant le moins de vagues possible. Ils sont complètement déstabilisés par Paola, qui les attrape sans peine dans ses filets, et les soumet sans qu'ils tentent quoi que ce soit pour la contrer.
Heureusement, il y a pas mal d'humour noir pour contrebalancer le malaise grandissant que l'on ressent au fur et à mesure de cette lecture. Les mésaventures avec le cercueil trop large pour la cage d'escalier m'ont notamment permis de me décrisper un peu.
Et puis, ce livre nous propose aussi une merveilleuse promenade dans le nord de l'Angleterre, où l'on sort même quand il pleut. Les descriptions de la campagne sont un vrai délice, amplifié par le fait qu'on la voit à travers les yeux de Gervase, qui y retrouve son enfance.
Le seul reproche que je pourrais adresser à ce livre est sa brièveté, qui entraîne un manque de profondeur dans l'analyse de Paola. Connaître les raisons de son acte final m'aurait vraiment intéressée. Du coup, j'ai ressenti une certaine frustration à voir Gervase s'éloigner sans mener son enquête.

Malgré cela, je pense que c'est le texte le plus abouti de l'auteur que j'ai lu jusqu'à présent. A lire quand on est en manque d'une lecture anglaise !

Clarabel et Lou ont également apprécié ce livre.

Paola. Vita Sackville-West.
Traduit par Micha Venaille. 1932.
78 pages.

17 juillet 2011

Beach Music - Pat Conroy

9782253144519-GOn ne peut pas fréquenter la blogosphère littéraire et ne pas connaître Pat Conroy. En fait, on ne peut même pas fréquenter la blogosphère littéraire et ne pas avoir envie de lire Pat Conroy. Cuné a trop harcelé tout le monde avec son Patounet chéri (elle a même organisé un Patounet Swap il y a quelques temps) pour que l'on puisse passer au travers des mailles du filet.
Autant vous dire que je flippe à mort à l'heure actuelle, parce que je suis beaucoup moins subjuguée que je ne l'aurais cru. J'ai changé d'adresse, quitté tout le monde, investi dans des gardes du corps et des alarmes. Mais comme je suis une bonne blogueuse, je vais quand même vous en dire un peu plus sur Beach Music.

Jack McCall s'est installé à Rome après le suicide de sa femme, Shyla. Elevé en Caroline du Sud, il a coupé tous les ponts avec son passé après avoir gagné la garde de sa fille, que ses beaux-parents voulaient lui enlever.
Des années plus tard, sa belle-soeur débarque à Rome en hissant le drapeau blanc. Il reçoit aussi un message annonçant que sa mère, Lucy, est sur le point de mourir. Enfin, Mike, un ami d'enfance qui a fait carrière à Hollywood, lui offre un gros paquet d'argent pour écrire un scénario sur leur histoire et celle de leurs familles.
Difficile dans ces conditions de ne pas se retourner sur son passé.

Je vais commencer par les bons points du livre, car j'ai quand même passé une bonne semaine en sa compagnie. Déjà, Pat Conroy tient le lecteur en haleine. J'adore l'ambiance Vieux Sud, alors je n'ai pas vu passer les neufs cent et quelques pages que compte ce livre. Il y a aussi des moments extraordinaires, comme lorsque Jack et trois de ses frères plongent nus dans l'eau glacée sous les yeux de toute la ville, ou lorsque Lucy et Leah se battent pour la survie des tortues carets. L'intrigue est enfin servie par beaucoup d'humour, qui contrebalance la tristesse de la vie de tous ces gens. D'une manière générale, les dialogues sont travaillés, et beaucoup de scènes sont très fortes et très poétiques.
J'ai quand même du mal à être complètement enthousiaste. Déjà, la construction pose problème. Pat Conroy nous livre des récits (souvent épouvantables) sur l'Holocauste, les années soixante, la vie de chacun des personnages, mais je n'ai pas trouvé le fil conducteur de cette fresque. Trouver pourquoi Shyla, qui hante toute l'histoire, s'est suicidée ? Cet aspect du livre m'a beaucoup gênée. J'y vois surtout un prétexte pour raconter l'histoire des Fox. Réconcilier Jack avec son passé ? Réaliser qu'en fait, les frères c'est pas si mal, que l'on aime follement sa maman et sa Caroline du Sud ? Sans doute, mais j'aurais aimé que ce soit plus subtil.
Ca part beaucoup trop dans tous les sens, et ça donne un aspect bricolé à l'ensemble. J'ai eu beaucoup de mal avec la grossièreté du trait dans la description des personnages et dans des moments clés du récit. Alors, on a l'alcoolique, le père violent, les victimes de l'Holocauste, la suicidée, le traître, le prêtre assassin reconverti... Le tout ponctué d'un aspect très mielleux sur la fin du livre. Pour reprendre les termes de Célestine, chacun a fait ce qu'il pouvait faire, donc embrassons-nous tous. Mouais. Le pardon final à Capers est grotesque, et ponctue un faux procès qui l'est tout autant. De la même manière, l'attentat de l'aéroport, quelqu'un peut m'expliquer ? La pêche à la baleine qui tourne mal* ? Et mon moment préféré : George et Ruth, témoins du mariage final ?
Même le personnage de Jack, pourtant attachant, est souvent mal traité. Quand il renoue avec son passé, on s'attend aux pires secrets concernant tout le monde. Il hait sa famille, sa belle-famille, ses amis, mais dès qu'ils apparaissent, à l'exception de Capers, tout n'est qu'amour et humour... Je croyais la vie un peu plus compliquée que ça.

Je suis un peu de mauvaise foi, parce que je n'aurais jamais tenu presque mille pages si c'était nul, mais je suis frustrée. Frustrée parce que j'avais des attentes énormes concernant ce roman, et parce que j'ai attendu jusqu'à la fin que le déclic se fasse, que le début du roman tienne ses promesses. Il y avait vraiment de quoi faire un livre magnifique, mais au final on passe juste un bon moment, ponctué de quelques bonds lors des scènes invraisemblables.

Je ne renonce pas à Pat Conroy, et je pense qu'un jour je prendrais le temps de lire Le Prince des Marées. En attendant, vous pouvez voir chez Mademoiselle Swan que ce livre en a subjugué plus d'un. J'ai même retrouvé l'avis de Cuné.

* En fait, j'ai adoré le début du chapitre sur la pêche à la baleine (enfin, une bestiole du genre). Mais pourquoi en faire autant ?

Le Livre de poche. 924 pages.
Traduit par Françoise Cartano.

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11 avril 2011

"Tu n'as jamais fait le rêve, toi, d'aimer un homme auquel tu ne pourrais penser sans commettre un crime ? "

01008955852En seconde, après avoir dévoré Iphigénie de Racine pour les cours, j'ai enchaîné avec la version d'Euripide que contenait mon édition (Euripide, grand amour de ma première année de fac). Il faut savoir que je fais partie de ceux qui, en sixième, ont adoré leurs cours sur la mythologie grecque, et qui ont parcouru toutes les histoires sur le sujet qui leur tombaient entre les mains. Donc, quand j'ai vu une pièce intitulée Phèdre, je l'ai mise dans mes bagages pour l'autre bout du monde, à côté du tome 2 de Harry Potter. J'ai évidemment adoré.

Je vous sens perdus, le rapport avec Zola ne vous saute pas aux yeux ?!

Puisqu'il faut tout vous dire, La Curée est une version moderne de Phèdre. Du moins, c'est ainsi que les esprits perfides me l'ont dit pour mieux me perdre. Phèdre est mariée à Thésée, héros vainqueur du minotaure (et gentleman de premier ordre, qui abandonne Ariane, qui lui a sauvé la vie, dès qu'il en a l'occasion). Sauf que les people grecs ont une vie encore plus agitée que celle des gens qu'on voit dans Closer, donc Phèdre est un peu folle amoureuse d'Hippolyte, le fils que Thésée a eu de sa première femme. Ca va très mal tourner.

La Curée est construit sur un schéma similaire. Aristide Rougon, fils de l'ignoble Pierre, avait eu le temps de retourner sa veste à la fin de La Fortune des Rougon, en passant du côté de l'empereur lors du coup d'Etat de 1851. Il se rend alors à Paris, devient Aristide Saccard, et cherche à se faire une place dans le beau monde. Il trouve d'abord du travail, puis sa première femme a le bon goût de mourir, ce qui lui permet d'épouser Renée, une riche héritière qui a besoin d'un mari suite à un viol ayant provoqué une grossesse. Pour le remercier d'avoir sauvé l'honneur de sa nièce, la tante verse à Aristide des sommes phénoménales, et dote Renée de maisons et de terrains, en essayant toutefois de s'assurer qu'Aristide ne pourra mettre la main dessus (pauvre naïve).
Les années passent, Renée fait une fausse couche, puis vit sa vie tranquillement, sans être contrariée le moins du monde par son époux, lorsque celui-ci décide de faire venir à Paris le fils qu'il a eu de son premier mariage. Renée est immédiatement séduite par Maxime, un jeune homme qu'elle prend plaisir à habiller et à trimballer au milieu de ses amies. Moins de dix ans plus tard, les deux compères deviennent amants, et Renée subit le sort qui est réservé à ceux qui approchent les Rougon d'un peu trop près. 

Ce livre est magnifique, brillant, cruel et vrai. Dès la première page, dans la calèche de Renée, on est envoûté.
Zola décortique avec une précision chirurgical le monde parisien du Second Empire. Nous sommes alors en plein période haussmanienne, les grands axes de la capitale sont creusés, et certains en profitent pour spéculer et s'en mettre plein les poches. En tête, nous avons évidemment Aristide, qui s'associe avec d'autres individus sympathiques pour monter ses magouilles, et qui profite d'informations obtenues avant tout le monde pour déterminer ses investissements immobiliers. Son principal souci durant le livre est d'obtenir l'argent de sa femme. La relation entre Aristide et Renée est difficile à déterminer pendant une bonne partie du roman. Ils s'ignorent et le vivent très bien la plupart du temps.  Elle lui permet de l'exhiber comme il exhibe son hôtel et ses richesses, il éponge ses dettes la plupart du temps. J'aime beaucoup la manière dont Zola décrit la vie familiale chez les Saccard, une fois Maxime devenu adulte.

"Le père, la belle-mère, le beau-fils agissaient, parlaient, se mettaient à l’aise, comme si chacun d’eux se fût trouvé seul, vivant en garçon. Trois camarades, trois étudiants, partageant la même chambre garnie, n’auraient pas disposé de cette chambre avec plus de sans-gêne pour y installer leurs vices, leurs amours, leurs joies bruyantes de grands galopins. Ils s’acceptaient avec des poignées de main, ne paraissaient pas se douter des raisons qui les réunissaient sous le même toit, se traitaient cavalièrement, joyeusement, se mettant chacun ainsi dans une indépendance absolue. L’idée de famille était remplacée chez eux par celle d’une sorte de commandite où les bénéfices sont partagés à parts égales ; chacun tirait à lui sa part de plaisir, et il était entendu tacitement que chacun mangerait cette part comme il l’entendrait. Ils en arrivèrent à prendre leurs réjouissances les uns devant les autres, à les étaler, à les raconter, sans éveiller autre chose qu’un peu d’envie et de curiosité."

Les deux compères sont véritablement Renée et Maxime. Elle est jeune, jolie, un peu idiote (Zola ne l'épargne pas), et surtout facile à attraper pour Maxime. Il est séducteur, paresseux, vaniteux, et l'ambition des Rougon ne tardera pas à le rattraper et à le rendre tout aussi méprisable que les autres membres de sa famille.
Une autre figure a retenu mon attention, celle de Sidonie, la soeur d'Aristide. Elle a les traits caractéristiques des Rougon, et malgré ses airs de vieille fille aigrie, elle est redoutable. C'est elle qui trouve Renée pour Aristide, lui proposant de l'épouser alors que la première épouse de son frère est sur son lit de mort, et ne perd pas une miette de la conversation (ce passage m'a retourné l'estomac).  
Je trouve en plus que l'ombre de Balzac n'est pas très loin dans ce livre, que ce soit au niveau de l'intrigue, des personnages, ou de certaines scènes (lorsque Saccard est avec sa femme sur la but Montmartre, je pense à Rastignac), ce qui n'est pas pour me déplaire.

Un grand Zola.

D'autres avis chez Cuné, Stephie, Pimprenelle, Kalistina, Cléanthe, Canthilde, Dominique et Thom.

Emile Zola. La Curée. Folio. 380 pages.

13 mars 2011

Quatre soeurs (les livres et la bande-dessinée)

9782211201964L'Ecole des Loisirs ; 608 pages.
2003
.

Ça fait des années que j'entends parler de cette série dans des termes très élogieux. J'ai lu le tome 1 au début du mois de février, j'ai beaucoup aimé. J'ai repris la série il y a quelques jours, et ça m'a suffit pour avaler les trois tomes restants.

Comme son nom ne l'indique pas, les soeurs Verdelaine sont cinq. Charlie, Geneviève, Bettina, Hortense et Enid ont perdu leurs parents dans un accident il y a peu de temps. Depuis, elle vivent sous la surveillance de Charlie, l'aînée, à la Vill' Hervé, la maison familiale qui a des faux-airs de vielle bâtisse anglaise, d'autant plus qu'elle est située au bord des falaises bretonnes, et que la mer et le vent font partie du quotidien des Verdelaine.
Il y a aussi Basile, l'amoureux de Charlie, qui passe beaucoup de temps à la Vil'-Hervé, Swift, Blitz, Ingrid et Roberto, Mycroft, une colonie de bestioles plus ou moins mignonnes, ainsi que les visiteurs qui rythment chaque tome (sauf le dernier, où ce sont surtout les soeurs Verdelaine qui se déplacent).


Je crois que vous l'avez déjà compris, je me suis régalée avec cette série bourrée d'humour, de vivacité et d'intelligence. Et le mieux, c'est que l'on devient de plus en plus accro au fil des tomes, puisqu'ils gagnent systématiquement en qualité. Le style de Malika Ferdjoukh est plein d'humour, direct et tendre. Les dialogues sont enlevés, et il est rare de lire plus d'une page sans au moins esquisser un sourire.
Les cinq soeurs sont profondément humaines, font des choix pas toujours compréhensibles, mais qu'est-ce qu'on s'y attache ! Même si chaque tome porte le nom d'une des filles, on les suit toutes les cinq à chaque fois, on les voit évoluer, se tromper, grandir, et on voudrait ne plus jamais les quitter.
Les personnages secondaires, surtout les garçons, ne sont pas en reste. Déjà, ils ont des noms à coucher dehors : Basile, Merlin, Gulliver, Valéry, Vigo, rien que ça, ça me met de bonne humeur. Mais si je vous dis que le Gnome de la chasse d'eau s'appelle Cary Grant, vous comprendrez que mon coeur n'y a pas résisté.
Et puis la Vill'Hervé, toute craquelante, pleine de couloirs et de légendes d'amours tragiques !
Malgré le côté bonbon au miel de la série, on a le coeur noué à plusieurs reprises, et j'avoue que j'ai eu du mal à retenir mes larmes à la fin du tome 3... De plus, les Verdelaine ont perdu leurs parents, et la vie n'est pas toujours drôle, même si elles les voit apparaître de temps en temps pour leur donner des conseils. Mais bon, ensemble, elles se soutiennent, et même les visites de la tante Lucrèce sont l'occasion d'énormes fous rires.

C'est vraiment mon gros coup de coeur de ce début d'année ! Je voudrais vous dire un milliard d'autres choses dessus, vous recopier tous les passages que j'ai relevés, mais je crois que le mieux serait que vous vous plongiez dans cette série.

Pour les malins qui, contrairement à moi, savent anticiper l'état de manque que l'on ressent entre les divers tomes de cette série, L'Ecole des loisirs a eu la bonne idée de publier une intégrale de la série.

Et si, comme moi cette fois, vous êtes malheureux d'en avoir terminé aussi vite avec les soeurs Verdelaine, avec leurs locataires humains ou pas, et avec leurs amoureux aux noms effarants, une adaptation en bande-dessinée est en cours de publication.

J'ai déjà adoré le premier tome. On y retrouve le charme et l'ambiance des livres, c'est une réussite.
Je vous laisse savourer quelques images.
La couverture tout d'abord :

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La Vill'Hervé, très réussie. Je l'aime aussi beaucoup le soir d'Halloween, décorée de citrouilles.

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Sur celle-ci, on voit Colombe, et on comprend pourquoi Bettina la déteste au premier regard :

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Les cinq soeurs réveillées par le fantôme :

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Du coup, elles ont de chouettes têtes le matin...(sauf cette salope de Colombe évidemment !)

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Je finis avec le lit de Geneviève, que j'ai été ravie de voir en "vrai" :

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A quand le tome 2 ?

Je n'ai lu que des avis positifs pour l'instant, vous pouvez les retrouver chez : Laure, Karine, Kalistina, Cathulu, Thalie, Un coin de blog, Praline, Jainaxf.
Sur la BD : Bellesahi, Jainaxf, Valérie.

10 août 2009

La Métamorphose ; Franz Kafka

28163_0_2_Le Livre de Poche ; 177 pages.
Traduit par Alexandre Vialatte.
Die Verwandlung. 1912.

Grégoire Samsa, un jeune homme travaillant pour une compagnie commerciale afin de rembourser les dettes de ses vieux parents et de subvenir aux besoins de toute la famille, se réveille un matin transformé en monstrueux insecte. Lorsque sa famille le découvre, elle est horrifiée, mais ne le rejette pas complètement. Grete, la soeur de Grégoire, se charge de le nourrir et de nettoyer sa chambre. La mère aussi voudrait lui venir en aide, mais elle est trop effacée pour oser entreprendre quoi que ce soit.
Confiné dans sa chambre pendant des mois, incapable de faire comprendre aux siens qu'il les comprend, Grégoire se retrouve dans une situation de plus en plus délicate. Au fur et à mesure que les difficultés financières s'accumulent et que sa famille parvient à se défaire du lien de dépendance qui la liait à lui, et qui la maintenait dans une certaine culpabilité à son égard, le jeune homme voit ses parents et sa soeur changer dangereusement d'attitude.

La Métamorphose est une nouvelle très brève, mais cela ne l'empêche pas d'être riche, solide et bouleversante.
Grégoire Samsa se transforme en un être absolument répugnant. Kafka décrit ses pattes, évoque sa mandibule, le fait qu'il grimpe aux murs, adopte des positions effrayantes, et sente mauvais en plus d'être sale. Apétissant, non ?
Pourtant, la métamorphose dont parle le titre ne désigne pas seulement le jeune homme. Si Grégoire parvient un temps à apprivoiser sa nouvelle apparence, sa famille ne peut réprimer le dégoût qu'il lui inspire. Son attitude évolue à une vitesse effrayante et atteint des proportions cruelles et finalement fatales. Il y a un léger mieux, comme des remords : "La pomme, que personne n'osa extraire du dos de Grégoire, demeura incrustée dans sa chair comme un souvenir palpable de l'événement, et la grave blessure dont il souffrit pendant plus d'un mois sembla avoir rappelé au père lui-même que son fils, malgré sa triste et répugnante métamorphose, n'en demeurait pas moins un membre de la famille ; il ne fallait donc pas le traiter en ennemi ; le devoir exigeait au contraire qu'on surmontât son dégoût et qu'on supportât Grégoire, qu'on le supportât seulement." Mais la situation ne dure pas. Grete, la soeur aimée, celle qui comprend avant même de l'avoir vu, que son frère est en difficulté, celle à qui Grégoire voulait offrir le meilleur, est celle qui prononce la terrible sentence. Le père ne reconnaît plus son fils depuis le début, et la mère est bien trop effacée pour intervenir.
La transformation de Grégoire en ce qu'il y a de plus dégoûtant est bien évidemment une représentation symbolique imaginée par Kafka afin de sonder la nature humaine. Je n'ai pas vraiment eu le sentiment, une fois les premières pages passées, de lire une histoire fantastique. Moi qui déteste les insectes répugnants, j'ai eu du mal à ne pas grimacer en lisant ce texte, mais pas à cause de Grégoire. C'est sa famille qui m'a donné la nausée.

Du grand art.

Les avis de Lune de Pluie, de Lou, de Romanza et de Thom.

28 mars 2009

La place ; Annie Ernaux

29156_0_1_Folio ; 128 pages.
1983.

J'étais convaincue de connaître ce livre (et de ne pas l'aimer), mais absolument incapable de me souvenir pourquoi je pensais immédiatement à ma classe de CM2 quand on évoquait ce titre devant moi (ça me paraît jeune pour étudier La place, même si mon exemplaire, qui date de 1997, semble confirmer mes souvenirs). Le début du livre a suffit à me faire démêler toute la confusion qui existait autour de ce livre, et à me faire l'aimer aussi. J'ai assurément étudié des extraits de ce livre, mais ce n'était pas pour le français, et je ne pense pas avoir eu à le lire en entier.

La narratrice, Annie Ernaux, perd son père au moment même où elle obtient son capes. Il était un petit commerçant de Normandie, qui avait travaillé toute sa vie pour se faire une place dans la société qui soit honorable à ses yeux.
Annie Ernaux entreprend donc de nous raconter la vie de son père, depuis le Moyen-Âge où il est né jusqu'à sa disparition, tout en mettant à jour la relation complexe qu'elle entretenait avec lui.

Annie Ernaux emploie des mots très simples, et a clairement l'intention de ne pas provoquer chez son lecteur une émotion qui serait artificielle. Son texte n'en est pas moins troublant.
L'auteur emploie des formules très dures pour évoquer la vie de son père, et il devient vite évident que l'incompréhension grandissante entre ces deux êtres s'est peu à peu mue en un certain dédain de sa part. Elle est une intellectuelle, quelqu'un qui vivait dans son temps quand son père restait sur des positions dépassées. Il apparaît comme un homme qui non seulement n'a pas su se faire respecter des gens "biens", mais qui en plus ne l'a pas compris.
Cela pourrait nous faire haïr cette narratrice, mais elle ne fait que dire la vérité. Le fossé qui s'est creusé entre eux n'est pas arrivé du jour au lendemain, mais il s'est construit peu à peu, inévitablement. Comme dans beaucoup de familles en fait.
Et puis, on sent malgré tout beaucoup d'amour dans ce livre. Le père n'est pas un homme qui est resté inactif, mais qui a essayé d'obtenir une place. Il a aussi aimé sa fille, partagé entre son désir de la voir quitter son milieu, tout en ayant peut-être "le désir [qu'elle] n'y arrive pas". La fille se sent coupable de sa nouvelle place, nostalgique aussi sans doute, sinon le livre n'aurait pas eu de raison d'être. Son père meurt alors que, son capes obtenu, elle est définitivement partie. Ils n'ont plus rien à se dire, et la boucle est ainsi bouclée.

Un livre qui m'a donc beaucoup touchée, qui pose des questions qui concernent chacun de nous et que je recommande chaudement. 

"Je voulais écrire au sujet de mon père, sa vie, et cette distance venue à l'adolescence entre lui et moi. Une distance de classe, et particulière, qui n'a pas de nom. Comme de l'amour séparé."

Les avis de Tamara, de Levraoueg, de Nanne, de Stéphanie (qui est mitigée) et de Fashion (qui n'a pas du tout aimé).

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