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lilly et ses livres
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7 avril 2007

La rose et la bague ; William Makepeace Thackeray

2842301188Édition Hoëbeke ; 179 pages.
14,94 euros.

" La Rose et la Bague, le meilleur des contes de Noël de William M. Thackeray, écrit en 1854, met en scène rois usurpateurs et mesquins, princesse stupide et imbue d'elle-même, affrontements entre royaumes voisins. Manipulés à distance par la fée Réglisse, personnage capital du récit, tous les interprètes de cette pantomime opèrent de brusques et grotesques palinodies sous l'emprise de deux objets magiques : une rose et une bague. Dans cette fable sur l'exercice du pouvoir, W. M. Thackeray use de tous les ressorts du conte de fées (apparitions, métamorphoses, destinées et amours contrariées) pour dépeindre avec humour et dérision un univers où tout est possible, où l'imagination et l'inventivité peuvent se débrider avec allégresse. "

Depuis que j'ai lu La foire aux vanités, je voulais lire un autre roman de William Makepeace Thackeray. Je suis tombée sur ce conte, qui possède une couverture toute mignonne et est édité dans la collection "Bibliothèque elfique". C'est futile, je sais, il n'empêche que j'ai été bien inspirée.

Cette histoire pourrait être une de celles que l'on lit aux enfants avant qu'ils ne s'endorment. Une petite femme de chambre, enfant trouvée, qui tombe amoureuse d'un prince privé de son trône par son oncle, amour qui ne tarde pas à devenir réciproque. Ajoutez à cela une fée appelée Réglisse, une bague et une rose servant de filtres d'amour, ainsi que des méchants vraiment méchants, et vous aurez en effet tous les ingrédients pour faire un conte de fées.
Sauf qu'il y a derrière tous ces clichés, la patte de William Makepeace Thackeray. Avec un ton sarcastique, délicieusement méchant même, l'auteur ridiculise l'importance accordée à l'apparence, au pouvoir, à la beauté, au détriment de l'instruction et de la sincérité.
Ce que j'aime chez Thackeray, c'est cette habitude qu'il a de se moquer de ses propres héros, d'en faire des gens possédant des faiblesses qu'il se permet de ridiculiser. Il se moque par exemple de Giglio et de son ignorance. Mais lorsque celui-ci a comblé les lacunes de son instruction, il le fait prononcer un discours qui dure trois jours, durant lesquels il se rafraîchit en suçant des oranges...   

Pour faire court, ce livre est un petit bijou, drôle et charmant, dont la cruauté de ton peut, par moments, rappeler un certain Oscar Wilde...

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22 mars 2007

Lorna Doone ; R.D. Blackmore

2859400958Le clan des Doone fait régner la terreur à Exmoore, dans le sud ouest de l'Angleterre, à la fin du XVIIème siècle. Cette famille, issue d'une très noble lignée a été réduite au brigandage. Le héros, John Ridd, perd son père, alors qu'il n'est encore qu'un enfant, assassiné par les Doone. Tout le monde les craint, aussi le meurtre reste impuni. Un jour, John s'aventure sur le terrain des Doone. Il y rencontre une magnifique petite fille, dont il tombe éperdument amoureux. Mais comment pourrait-il aimer, sans honte, la fille du clan meurtrier de son père ? Comment les Doone pourraient-ils accepter de voir l'une des leurs épouser un simple fermier ? Parce que Lorna est belle, et est promise au cruel Carver Doone, qui possède déjà un grand nombre de femmes, victimes de rapts pour la plupart.

Lorna est une héroïne d'une grande beauté, d'une intégrité sans faille et d'un courage indéniable. Mais que peut une femme à cette époque contre la volonté des hommes ?

Son seul espoir de bonheur réside dans John Ridd, qui est pourvu d'une grande stature, et qui possède un goût certain pour la bagarre. Certes, il a du courage, lorsqu'il  s'agit de servir celle qu'il aime. Mais ce bon géant a des manières assez maladroites, et seul son grand coeur parvient à effacer un peu son côté anti-héros.

Ce livre possède une immense qualité, il s'y passe toujours quelque chose. Ainsi, on ne s'ennuie jamais en le lisant. Les personnages sont bien décrits, attachants, parfois agaçants tout de même (John Ridd a un côté lourdaud qui est parfois lassant). L'auteur a parfaitement su intégrer son histoire avec un fond historique. C'est un roman dont l'écriture n'a rien d'extraordinaire, ni de déplaisante. J'ai été un peu gênée par le fait que ce soit John Ridd qui nous raconte l'histoire. Ce n'est pas le personnage le plus plaisant, il est parfois très misogyne, et on sent toute l'importance que prend son envie de se glorifier dans le réçit (lorsqu'il nous conte tous ses combats de "champion" par exemple). Ce n'est pas quelqu'un de prétentieux, il est un peu gauche, possède un esprit simple, mais tout cela ressort dans la lecture que nous faisons de façon un peu trop évidente à mon goût. Mais c'est aussi probablement ce qui fait, d'après moi, son intérêt, par rapport à mes précédentes lectures de livres anglais du XIXème siècle. Une grande place est accordée à l'action, il est très facile de se représenter la vallée où se situe le repère des Doone, les personnages sont décrits sans indulgence (tous possèdent leurs qualités et leurs défauts, ou presque), ce qui les rend plus réalistes. Avec toutefois un côté enchanteur, qui fait le charme de ce livre méconnu à tort du public français.

16 mars 2007

La foire aux vanités ; William Makepeace Thackeray

2070386635Édition Folio ; 1071 pages.
10,30 euros.

Lettre "T" Challenge ABC 2007 :

"Il s'agit de l'un des plus grands classiques du roman anglais. Le XIXe siècle britannique est divisé entre Dickens et Thackeray comme le nôtre entre Balzac et Stendhal. Thackeray (1811-1863) est l'égal de Stendhal et La Foire aux Vanités (1848), son chefs-d'œuvre. Il y utilise un style humoristique ou ironiquement épique pour donner l'un des plus grands romans de satire sociale en langue anglaise. La thèse fondamentale du livre est que, dans la société occidentale, le seul moyen d'arriver, si l'on est sans naissance ni fortune, est de violer tous les principes moraux que la société fait semblant de respecter. La question qu'il pose donc est : qui faut-il blâmer, ces aventuriers, ou le système qui les rend nécessaires ? Le personnage principal est une femme hypocrite, ambitieuse et sans scrupules : on assiste à son ascension au sommet de la société et à sa chute. Autour d'elle s'agite, dans une immense fresque, la " Foire aux Vanités ". "

Je viens d'achever la lecture de l'un des meilleurs livres que j'ai jamais lus, La foire aux vanités. Impossible de me détacher des trois cents dernières pages, qui m'ont encore plus comblée que les fantastiques sept cents premières. William Makepeace Thackeray nous raconte l'histoire de Rebecca, fille d'un maître de dessin et d'une danseuse, qui va se faire une place dans le monde en usant de ses charmes et de ses vices. En parallèle, nous suivons sa jeune et douce compagne de pension, Amélia, qui est aussi fragile et sincère que Rebecca est manipulatrice et forte. Autour d'elles gravitent de nombreux personnages, liés entre eux par une vanité excessive (c'est normal, nous sommes au coeur de la Foire aux vanités).
Grâce à cette profusion de personnages, dont la description est faite avec légèreté et humour, et qui évolue dans une société parfaitement comprise par l'auteur, nous sommes plongés avec délice dans cette histoire.
Dès leur sortie de la pension où elles ont passé plusieurs années, Rebecca et Amélia sont confrontées à une société où la réputation et l'argent sont considérés comme les seules preuves de vertu.
Rebecca en tirera son parti, Amélia se fera briser, du moins dans un premier temps. A force de cajoleries à l'égard des bonnes personnes, Becky parvient à se hisser dans les plus hautes sphères de la société anglaise. Quant à la jeune et honnête Emmy, après son mariage avec un personnage égoïste et faible, dont elle est cependant éperdument amoureuse, elle se retrouve rapidement veuve. Nous sommes en effet plongés au coeur des batailles napoléoniennes, où Georges Osbourne, le mari d'Emmy, trouve la mort. De retour en Angleterre, elle est rejetée par son beau-père qui s'était opposé au mariage de son fils avec la fille de celui à qui il devait toute sa fortune, mais dont la ruine l'a mis au ban de la société (les amitiés sont fragiles dans la Foire aux vanités...). De sombres années de tristesse et de misère attendent encore Amélia, tandis que Rebecca vit dans le luxe et la profusion. Mariée à un homme vaniteux, qui finit par devenir extrêmement touchant et qu'elle manipule à sa guise, elle dédaigne son fils, et passe ses soirées à flirter en compagnie de nombreux hommes.
Mais la roue de la Fortune tourne. Car la douce Emmy possède un ange gardien encore plus bienveillant et dévoué qu'elle qui veille sur son bien être. Quant à Rebecca, elle apprendra que l'illusion est éphémère, et que même (surtout) les anges sont capables de haïr et de détruire.

Ceux qui aiment Jane Austen ne peuvent que savourer ce roman. Le ton employé par l'auteur rappelle les sarcasmes de celle-ci, avec encore plus de cynisme. Par ailleurs, j'ai apprécié le fait que Thackeray s'adresse au lecteur, un peu comme dans Northanger Abbey, créant une complicité encore plus grande entre lui et son lecteur. Il use à la perfection de l'ironie pour nous décrire cette "pauvre Becky" ou l'hypocrite Dobbin (même si celui-ci est une perle d'homme). Il existe beaucoup d'autres points communs entre les deux auteurs. J'ai beaucoup ri de ces personnages gonflés de vanité, qui se moquent les uns des autres sans voir à quel point eux mêmes sont ridicules. De plus, j'ai apprécié le fait qu'un même personnage, selon l'angle par lequel on l'étudie, soit tour à tour attachant, ridicule, méprisable ou même détestable.
Surtout, pour mon côté fleur bleue, j'ai adoré la présence d'un capitaine Wentworth en encore mieux (si si, c'est possible), le capitaine/major/colonel Dobbin (le seul personnage que j'ai aimé passionnément du début à la fin, avec la timide Lady Jane).

Vraiment aucune longueur, chaque phrase se savoure avec le même plaisir. J'aurais dévoré sans problème mille pages de plus. En fait, je ressors de ma lecture complètement désespérée. Je ne sais pas si vous avez déjà eu cette sensation que jamais vous ne retrouverez un livre de cette qualité... Vous qui n'avez pas encore lu cette merveille, précipitez-vous !

2 décembre 2006

Un chant de Noël ; Charles Dickens

2070519740Gallimard-Jeunesse ; 146 pages.
5 euros.

"Oh! qu'il est mauvais, qu'il est triste et repoussant, le vieux Scrooge le froid l'habite, pince son nez, frippe sa joue, joue, rend sa démarche raide, sa voix grinçante. Un glaçon. Un vrai glaçon dur et tranchant... Même les chiens d'aveugle détournent leurs maîtres du vieillard...

Mais c'est Noël! Un jour de fête, de charité, de joie. Allumons la flambée, sortons les dindes, le gibier. la charcuterie, les châtaignes grillées, les juteuses oranges... mangeons, dansons, rions! Une fois n'est pas coutume! Et la vie est si dure...

Sornettes! s'exclame le vieux Scrooge dans son appartement lugubre. En prison les pauvres! Au diable les amoureux! Mais le vieil avare ne sait pas ce qui l'attend... Tremble vieillard aigri! Fantômes et spectres sont venus te chercher. L'heure a sonné. La nuit s'annonce terrible en vérité. Pourtant, si tu veux... "

J'adore Noël, et je voulais découvrir Charles Dickens. Alors, quand Anne a présenté ce livre, je me suis dit qu'il ne fallait pas laisser passer l'occasion. Quelle merveilleux petit livre ! Ceux qui aiment Noël sauront encore une fois pourquoi cette fête a une place particulière pour eux, et ceux qui n'aiment pas pourront trouver une opportunité de se réconcilier avec Noël, et oublier le tort que la société de consommation lui a fait.
Ce petit livre est assez court, drôle, et en même temps grave. Mais surtout, j'ai trouvé que l'on ressentait très bien l'atmosphère chaleureuse propre à Noël, cette envie de partager un moment de joie, d'oublier ses soucis. On a envie de se blottir au coin du feu, d'installer ses guirlandes, d'allumer des bougies et d'écouter des chants de Noël...

Je vous mets le lien qu'a donné Anne vers Un chant de Noël ici. Et pour ceux qui sont intéressés par la littérature autour de Noël, allez voir le dossier d'Allie.

5 novembre 2006

Sanditon ; Jane Austen

2253147362

Le Livre de poche ; 381 pages.

"Ce manuscrit inachevé de 1817 de Jane Austen qui en a écrit les onze premiers chapitres (p. 8-83) a été finalement complété par une modeste romancière. Les amateurs apprécieront."

Ce livre est le dernier roman de Jane Austen, laissé inachevé après la mort prématurée de celle-ci. Il a été complété par une romancière anonyme, qui s'est servi des autres oeuvres de Jane Austen, et des notes laissées par cette dernière. Je dois reconnaître que c'est assez réussi. L'autre romancière a tenté de conserver un style ironique et de construire une histoire avec des ficelles qui ressemblent à celles que l'on trouve dans les autres romans de Jane Austen. Cette dernière n'a de toute façon pas eu le temps de corriger son ébaûche, si bien que la romancière qui a terminé Sanditon a pu se permettre quelques libertés.
Mais je rassure les inconditionnels de Jane Austen, nous avons bien là une héroïne austenienne, une jeune fille fine observatrice du monde qui l'entoure, Charlotte, qui est quelque peu bouleversée dans ses habitudes lorsque surgit dans sa vie le jeune et élégant Sidney Parker. Celui-ci est d'une grande franchise quand il s'agit de juger ses semblables, et également manipulateur à souhait lorsqu'il veut obtenir quelque chose. Ce défaut pas très caractéristique des héros austeniens est ce qu'on peut le plus reprocher à celle qui a achevé le livre. Certes, Sidney est joyeux et il fait partie de ces gens qui savent toujours ce qu'il convient de faire. Mais les révélations finales le rapprochent plus d'un Henry Crawford que d'un mari tel que le souhaitait Jane Austen pour ses autres héroïnes. Je justifie cela en me disant qu'Henry est un héros plus moderne que les autres en raison de sa création tardive.

A part cela, nous avons de toute façon onze chapitres entièrement écrits par l'auteur et de quoi ne pas trop rester sur notre faim par la suite, ce qui est déjà pas mal.

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20 octobre 2006

Northanger Abbey ; Jane Austen

2264023805

Edition 10/18 ; 286 pages.
6,90 euros.

"Jane Austen jugeait désuet l'engouement de son héroïne Catherine Morland pour les terrifiants châteaux moyenâgeux de Mrs Radcliff et les abbayes en ruine du préromantisme anglais. Parodie du roman gothique, satire pleine de saveur de la société anglaise qui prenait ses eaux à Bath, Northanger Abbey est aussi le roman très austénien du mariage et très moderne du "double jeu ". "

Vous allez dire que je commence à vous agacer avec ma Jane Austen... Mais je vous assure que vous auriez tort de ne pas essayer de lire ses livres. Ses livres sont plein d'humour, ses personnages sont extrêmement attachants, son style est unique et très agréable, c'est émouvant, mais sans aucune mièvrerie. En fait, quand on lit un roman de cette auteure, on ne peut qu'être réconcilié avec la littérature classique, et cela nous ouvre de belles perspectives.

Dans Northanger Abbey, l'héroïne, Catherine Morland, se rend à Bath avec des amis de ses parents pour la chaperonner. Il s'agit d'une jeune fille qui n'a rien d'extraordinaire, mais qui se passionne pour les romans gothiques, très prisés par la gent féminine de la fin du XVIIIe siècle. Lors d'un bal, elle rencontre le charmant Mr Tilney, dont elle tombe amoureuse, comme n'importe quelle jeune fille naïve. Il possède de nombreux attraits, dont celui de vivre dans une demeure au nom délicieusement gothique, Northanger Abbey.
A Bath, elle retrouve également son frère, accompagné de l'un de ses amis, le fier et frivole Mr Thorpe. Ce dernier a une soeur, qui est toujours pleine d'enthousiasme, et qui jure aussi souvent que possible qu'elle est une femme parfaitement indépendante, ainsi qu'une grande connaisseuse de la gent masculine qu'elle se plaît à dédaigner. Cependant, elle ne semble pas indifférente au charme du frère de Catherine, inclination qui est partagée du reste.

Ce livre est écrit de façon assez différente des autres romans de Jane Austen. Celle-ci se moque souvent de la naïveté de son héroïne, même si elle éprouve pour elle un grand attachement. Catherine est en fait une jumelle d'Emily, l'héroïne de Les mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe. Elle rêve de vivre des aventures terrifiantes, et son séjour dans la demeure des Tilney permet à son imagination de déborder.
Le lecteur est souvent interpellé par Jane Austen, qui le fait donc participer à cette histoire. C'est extrêmement plaisant, et pourtant, il fallait une certaine habileté pour y parvenir.
C'est aussi dans ce livre que j'ai trouvé les personnages les plus détestables d'Austen (avec Lady Susan bien entendu). La "bonne" société de Bath contient des personnages faux, et qui dévorent les individus naïfs tels Catherine et son frère.

Ce roman est mon préféré de l'auteur, avec Persuasion. Il est vif, délicieusement ironique, comme tous les textes de Jane Austen, et les clins d'oeil qu'il fait au livre d'Ann Radcliffe, que j'ai adoré, le mettent un peu à part dans l'oeuvre de l'auteur (même s'il est vrai que Raison et Sentiment parle aussi de littérature, en se moquant du romantisme).

16 octobre 2006

Mansfield Park ; Jane Austen

2264024704Mansfield Park est le roman préféré de beaucoup de janéites, à en croire ce que j'ai pu lire. Pour ma part, c'est celui qui m'a le moins plu.

Il raconte l'histoire de Fanny Price, recueillie et élevée dans une belle demeure anglaise, par son oncle et ses tantes. Mais ce n'est pas par amour filial que l'on reçoit cette petite fille sale et inculte, dont la mère a osé déshonorer la famille en faisant un mariage d'amour avec un homme de basse condition. Mrs Norris voit là un moyen de faire un acte de charité, d'une drôle façon d'ailleurs, puisqu'elle confie l'enfant à la charge de son beau-frère, Sir Thomas Bertram.

La petite fille grandit donc à Mansfield Park, entourée de ses quatre cousins, dont seul Edmund lui porte de la sympathie et de l'intérêt. Cette attitude lui vaudra d'abord de la reconnaissance et de l'affection, sentiments innocents et enfantins, puis de l'amour. Pourtant, lui continue à voir Fanny comme sa cousine, qu'il aime certes profondément, mais pas d'amour. Ainsi, lorsqu'un riche et élégant jeune homme viendra faire la cour à Fanny, il en sera ravi pour elle, et ne tardera pas lui même à tomber amoureux d'une belle jeune fille. Mais Jane Austen est un maître en l'art d'étudier les comportements humains, aussi pouvons nous nous douter que ce ne sera pas si simple.

Dans ce livre, Jane Austen nous présente une héroïne qui possède très peu de caractère, et dont le seul repère est son amour pour Edmund. Mais, un amour n'est pas toujours inébranlable, surtout lorsque le devoir et l'honneur se rappellent à la personne qui l'éprouve. Plus que les autres héroïnes pauvres de Jane Austen, Fanny est confronté à un choix difficile lorsqu'un homme qu'elle n'aime pas lui demande de l'épouser.
Mansfield Park est un vrai roman austenien, avec le sujet traditionnel du mariage d'une jeune fille de condition modeste. Les personnages ridicules sont également présents pour nous distraire, à l'image de Mrs Norris, qui martyrise la Cendrillon de Jane Austen.
Ce roman met aussi en scène des personnages vils prêts à se marier par intérêt tout en simulant des sentiments d'amitié et d'amour qu'ils n'éprouvent pas. Mary Crawford pourrait ainsi presque donner des leçons à une Isabella Thorpe.
Ce livre a aussi une particularité, celle d'avoir une fin dont nous ne sommes pas totalement sûrs jusqu'à la fin. Car nous sommes amenés à douter du fait que Jane Austen achève son roman de manière habituelle.

Malgré tout, j'admets que le suspens ne m'a pas vraiment tenue en haleine. Ce livre est trop long à mon goût. Emma excepté, je n'avais jamais vu passer les pages des autres romans d'Austen. Cette fois-ci, ma concentration a été mise à rude épreuve. 

14 octobre 2006

Les Hauts de Hurle-Vent ; Emily Brontë

2253004758(mise à jour : juin 2007)

Mr Lockwood, gentleman qui se croit misanthrope, décide de louer une maison dans un lieu isolé. Il fait alors la connaissance de son propriétaire, Mr Heathcliff, dont les manières avec ses semblables le surprennent et l’amènent à se demander à qui il a affaire.
C’est Nelly Dean, une servante, qui lui raconte comment, plus de trente ans auparavant, Mr Earnshaw, le maître des Hauts de Hurle-Vent, a recueilli un petit garçon, qui a introduit la désolation dans la lande, Heathcliff. Ce dernier est tombé fou amoureux de la fille de son bienfaiteur, Catherine, qui l’a rejeté. Après s’être enfui trois ans durant, Heathcliff est revenu à Hurle-Vent, avec la ferme intention de se venger des responsables de son malheur, à l’exception de Catherine, qu’il aimera même après la mort. 

Les Hauts de Hurle-Vent est mon roman préféré depuis que j’ai quatorze ans, et à chaque fois que je le lis, il me bouleverse autant que les précédentes.

La lande isolée sur laquelle souffle le vent fait parfaitement écho au désespoir, à la souffrance et à la passion des personnages de ce roman. Un brin de fantastique, avec de brèves apparitions fantômatiques, renforce l'atmosphère inquiétante qui règne sur ces décors.

La plume dynamique et poétique d’Emily Brontë nous attache à cette histoire aussi effrayante qu’attirante. C'est le livre de tous les excès, de la passion amoureuse, de la haine destructrice, de la lutte entre le bien et le mal.

 

Aucun personnage n'est entièrement sympathique dans ce presque huis-clos qui nous oppresse et nous enferme dès les premières pages. Toutefois, je n’ai pu m’empêcher de ressentir de l’affection, ou au moins de les comprendre un peu. Celui qui parvient le plus à me toucher est Heathcliff. Malgré sa frustration, sa rudesse, et les tentatives de Mr Lockwood et surtout de Nelly de nous le faire détester, je suis profondément émue par ce personnage.

Son désespoir est déchirant dès le début du roman, quand plus de vingt ans après la mort de Cathy, il continue à l’appeler, à rechercher son fantôme :

 

Page 48 : « Entre, entre, disait-il en sanglotant, Cathy, viens ! Oh ! viens… une fois encore ! Oh ! amour de mon cœur, écoute-moi enfin cette fois, Catherine ! »

 

Heathciff est le Mal, l'enfant, donc l'émotion pure, celui qui ne peut concevoir que des aspects matériels puissent faire obstacle à son obsession pour Catherine.

 

Page 105 : « Je l’aime non parce qu’il est beau, Nelly, mais parce qu’il est plus moi-même que je ne le suis. »

Page 202 : «  Catherine Earnshaw, puissiez-vous ne pas connaître le repos aussi longtemps que je vivrai ! Vous avez dit que je vous avais tuée… Revenez pour me hanter alors ! Les victimes hantent leur meurtrier et je sais que des fantômes ont erré sur la terre. Restez toujours auprès de moi… prenez la forme que vous voudrez… rendez-moi fou ! Seulement ne me laissez pas seul dans cet abîme où je ne peux vous trouver ! Oh ! Dieu, c’est indicible ! Je ne peux vivre sans ma vie ! Je ne peux vivre sans mon âme ! »


Certes, son attitude avec tout autre que Catherine est impardonnable. Il utilise les gens comme des pions à placer là où il le souhaite pour mieux les détruire et punir à travers eux ceux qu'il estime être la cause de son malheur. Hareton est condamné à être un rustre, Catherine et Linton se font dépouiller de leurs biens et priver de leur liberté.
Pourtant, à l'image d'une tragédie grecque, on a le sentiment qu'il ne pourrait en être autrement et que la paix ne peut revenir à Hurle-Vent qu'après la disparition de tous les protagonistes.

 

Page 372 : « - Triste fin, n’est-ce pas ? dit-il après avoir médité un moment sur la scène qu’il venait de surprendre. Absurde aboutissement de mes efforts acharnés ! Je prends des pioches et des leviers pour démolir deux maisons, et je m’entraîne à un travail d’Hercule et, quand tout est prêt, que j’approche du but, je m’aperçois que je n’ai plus l’envie d’ôter une simple tuile des toits. »


Un chef d'oeuvre dont on ressort éprouvé, mais le plus beau roman que j'ai lu.

13 octobre 2006

Jane Eyre ; Charlotte Brontë

9782253004356_G_1_Orpheline, Jane Eyre est élevée jusqu'à l'âge de dix ans par une tante qui la hait, et qui finit par l'envoyer à Lowood, une école où elle passe huit ans. Sa seule amie, Helen, y meurt du typhus lors d'une épidémie. Bien que timide, Jane parvient à devenir institutrice à Lowood, avant d'être recrutée comme gouvernante à Thornfield, la demeure d'un certain Mr Rochester.
Elle ne tarde pas à être témoin d'événements inquiétants que tout le monde tait, et à se prendre d'affection pour son maître torturé et lunatique.

Je me demande comment j'ai pu ne pas lire ce livre avant cette semaine... Il s'agit de l'un des plus beaux romans que j'ai lus. Aucune mièvrerie dans ce livre, tout est vrai, simple, pur. Les héros ne sont pas des personnes parfaites, ils ne sont pas beaux, ni à l'abri de tous les vices. L'un a un passé trouble et possède un caractère très sombre de prime abord. L'autre semble frêle et timide, mais est en fait très sûre de ses opinions, et d'une grande franchise. 
L'ambiance est incroyable. Il y a du brouillard, une demeure immense et pleine de secrets, de la violence et une sensualité certaine. Certaines scènes ont été jugées scandaleuses lorsque le livre est sorti (celles où Jane Eyre et Mr Rochester expriment physiquement la tendresse qu'ils éprouvent l'un pour l'autre). C'est certain qu'il fallait que l'auteur ait une grande indépendance d'esprit pour décrire ces gestes d'affection, mais c'est surtout très heureux, car ce sont les moments les plus forts et les plus touchants du roman. Tout comme avec le livre d'Emily Brontë, on se demande comment une fille de pasteur a pu écrire un roman si flamboyant.
Je pensais lire un livre extrêmement sombre et déprimant, mais Jane Eyre a été un enchantement du début à la fin.

Un énorme coup de coeur !

NB : Si vous possédez l'édition du Livre de poche, ne lisez pas la quatrième de couverture, elle révèle la principale énigme du roman, ce qui est extrêmement dommage.

4 octobre 2006

Raison et Sentiments ; Jane Austen

austen"Raison et sentiments sont joués par deux sueurs, Elinor et Marianne Dashwood. Elinor représente la raison, Marianne le sentiment. La raison a raison de l'imprudence du sentiment, que la trahison du beau et lâche Willoughby, dernier séducteur du XVIIIè siècle, rendra raisonnable à la fin. Mais que Marianne est belle quand elle tombe dans les collines, un jour de pluie et de vent."

Je ne résiste pas, et je vous mets encore un livre de Jane Austen. C'est peut-être le livre de cette romancière qui insiste le plus sur le comportement amoureux. On a deux soeurs éperdument amoureuses, chacune d'un homme à son image, mais si l'une clame son amour sans aucune retenue, l'autre craint la deception, et préfère ne pas se réjouir trop tôt. On est vite plein de tendresse pour Elinor, et d'agaçement pour Marianne (surtout si, comme moi, on aprécie le pauvre colonel Brandon). Une fois encore, Jane Austen critique ouvertement la société dans laquelle elle vit, qui n'est qu'hypocisie et avarice, et ne donne de bonheur qu'aux personnes qui en sont dignes, selon elle. De Barton Cottage à Londres, on suit la vie de ces deux soeurs au destin peu commun, pleines de sincérité et d'innocence dans une société où les loups sont innombrables et les promesses de bonheur bien fragil2mariannenwilloughby_1_es... 

Ce livre est aussi une parodie de l'héroïne romantique, à travers le personnage exalté de Marianne, qui se jette dans ses rêves sans se poser la moindre question. En cela, je trouve que Jane Austen, pourtant très jeune lors de l'écriture de ce livre, impressionnante de lucidité et d'intelligence.

Pour compléter la lecture de ce merveilleux livre, je vous conseille le film éponyme de Ang Lee, avec Kate Winslet et Emma Thomson, qui est une très belle adaptation.

L'avis de Morwenna.

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