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lilly et ses livres

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7 mars 2007

Ainsi rêvent les femmes ; Kressmann Taylor

2746708094Édition Autrement ; 59 pages.
8 euros.

"Alors même qu'elle lui enfonçait son visage dans les cheveux, elle voyait s'abattre sur elle l'ombre des années à venir comme des oiseaux aux ailes noires. Aussi clairement qu'un message écrit, cette vision lui révélait, au milieu de la joie, toute la cruauté future, la dureté, la longue privation, la souffrance. Elle accueillait ces mauvais présages, les serrait contre elle, contre ses seins, en même temps que le corps de l'homme."
Après Ainsi mentent les hommes, Kressmann Taylor nous offre avec pudeur, fraîcheur et sensibilité, le portrait de quatre femmes et un homme confrontés à la cruauté des rapports entre les êtres, à la rareté des preuves d'affection, qui n'ont pour réconfort que la pureté de leurs sentiments : Harriet, qui voit lui échapper l'homme qu'elle aime dans les flammes et la jalousie; Madame, qui ne survit qu'au milieu de ses souvenirs et caresse brièvement l'espoir de faire partager ses chimères à sa jeune voisine compatissante; Anna, une toute jeune adolescente, qui se heurte à l'incompréhension et à l'indifférence de la première rencontre amoureuse; Ellie pearle, à la croisée des chemins entre les montagnes de son enfance et la sophistication de la ville; et Ruppe Gittle, qui a peut-être bien découvert le sens de la vie... Un précieux recueil qui rassemble les toutes dernières nouvelles inédites de l'auteur d'Inconnu à cette adresse. Comme une ultime invitation, en forme d'adieu, à se laisser traverser par le rêve fugace de l'amour. "

On peut rêver de différentes manières. En dormant, comme Harriet, mais aussi en se faisant des illusions, comme Anna. Certains rêvent en se rappelant un passé enjolivé, d'autres songent à une vie meilleure, loin. Mais quelle que soit la façon dont on rêve, il faut bien se réveiller à un moment ou à un autre.
J'ai beaucoup aimé ce très court recueil. Les histoires d'Harriet et d'Anna particulièrement. La première parce que sa vie a un goût d'inachevé terrible, la seconde parce que tout le monde a connu ces amours à sens unique, qui naissent alors qu'on ne le souhaitait pas.
Kressmann Taylor nous montre que quelle que soit notre âge, notre époque, notre lieu de vie, nous recherchons l'affection des autres, et que le souvenir d'un amour perdu ou que l'on a refusé, est la source des plus grands remords. Tout ceci avec une écriture très belle. L'auteur sait très bien passer du langage soutenu au langage courant pour donner du poids à son histoire.

" Je me demande s'il lui arrive de voir jusqu'au ténébreux des abîmes qui se profilent derrière les apparences, de faire face à l'effroyable, à l'insupportable fin de tout. Elle ne comprend pas que la blancheur des pivoines fait peine à voir parce qu'elle doit finir un jour. Il y a dans le monde quelque chose qui ne va pas du tout. Regardez ce qui dure, les tombes, par exemple. Ce sont les belles choses qui disparaissent en premier ; les matinées comme celles-ci, les iris qui cachent à l'intérieur de leurs pétales des cavités mouchetées et duveteuses. " (page 17)

J'ai vraiment aimé ce recueil, que je ne peux que vous conseiller.

Les avis de Florinette et de Virginie/Naniela.

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6 mars 2007

Tous les matins du monde ; Pascal Quignard

2070387739Édition Folio ; 116 pages.
5,10 euros.

« Il poussa la porte qui donnait sur la balustrade et le jardin de derrière et il vit soudain l'ombre de sa femme morte qui se tenait à ses côtés. Ils marchèrent sur la pelouse.

Il se prit de nouveau à pleurer doucement. Ils allèrent jusqu'à la barque. L'ombre de Madame de Sainte Colombe monta dans la barque blanche tandis qu'il en retenait le bord et la maintenait près de la rive. Elle avait retroussé sa robe pour poser le pied sur le plancher humide de la barque. Il se redressa. Les larmes glissaient sur ses joues. Il murmura : - Je ne sais comment dire : Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. »

Je n'ai pas vu le film, mais j'en possède la bande originale qui me plaît infiniment. Il y a peu, j'ai découvert chez Allie qu'il existait un livre, que je me suis empressée d'acquérir. Il s'agit en fait d'un tout petit roman qui se lit extrêmement rapidement. C'est l'histoire de Monsieur de Sainte Colombe, un musicien qui ne se remet pas de la mort de son épouse. Il a deux filles, Madeleine et Toinette, avec lesquelles il vit de solitude et de musique, en retrait de la Cour de Louis XIV. Un jour, Marin Marais vient frapper à sa porte

Je suis plutôt partagée après cette lecture. J'ai beaucoup aimé le sujet traité par ce livre. Je pense que la musique possède une force incroyable. Elle permet de dire les choses que l'on ne peut exprimer avec des mots, surtout lorsque l'on est quelqu'un qui a du mal à dévoiler ses sentiments. Elle permet aussi de se soulager, de s'échapper dans un monde où l'on souffre moins, où l'on peut ramener le passé. Mais aussi, elle isole, elle captive, elle fascine même, et peut faire perdre pied à celui qui en abuse.
L'écriture de Pascal Quignard m'a touchée par sa délicatesse, même si certaines maladresses entâchent un peu ce livre.
Ce qui m'a un peu déçue, c'est que j'avais vraiment de grandes attentes lorsque j'ai ouvert ce livre. Or, il est très court, et j'ai eu l'impression que je devais aller chercher moi même au fond des choses pour comprendre ce livre parce que Pascal Quignard n'avait pas suffisamment creusé son histoire. C'est vrai que la musique est quelque chose que l'on ressent de manière très subjective, d'où la nécessité de laisser le lecteur interpréter l'histoire à sa manière. Mais j'aurais aimé que l'auteur propose davantage de pistes.
Autre chose qui m'a gênée, les relations entre Monsieur Marais et les filles de Monsieur de Sainte Colombe. Je n'ai pas vraiment saisi leur utilité par rapport au reste de l'histoire.

Je serais quand même très tentée de voir le film qui en a été tiré, et je pense que je relirai ce livre afin de mieux le comprendre.

"Tous les matins du monde sont sans retour. Les années étaient passées. Monsieur de Sainte Colombe, à son lever, caressait de la main la toile de Monsieur Baugin et passait sa chemise. Il allait épousseter sa cabane. C'était un viel homme."

Les avis de Flo et d'Allie.

5 mars 2007

Delfica ; Gérard de Nerval

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Apollon et Daphné ; Nicolas Poussin (1627)

Delfica

La connais-tu, DAPHNÉ, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants,
Cette chanson d'amour... qui toujours recommence ?...

Reconnais-tu le TEMPLE au péristyle immense,
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l'antique semence ?...

Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours!
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique...

Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin
- Et rien n'a dérangé le sévère portique.

Gérard de Nerval

4 mars 2007

Mon choix de parutions poches...

J'attends souvent les sorties en poche de certains romans. Soit parce que je les ai lus et adorés en grand format de la bibliothèque et que je souhaite les acquérir. Soit parce que je ne les ai pas trouvés en grand format, et donc, je compte me jeter dessus dès leur sortie. Soit parce que je les ai lus et adorés, et que je compte bien vous les faire lire...

J'ai donc fait un petit tour chez les éditeurs, et voici mes trouvailles :

Chroniques de l'asphalte ; Samuel Benchétrit (Pocket)
La lanterne des morts ; Frédéric Fajardie (Le Livre de Poche)
La touche étoile ; Benoîte Groulte (Le Livre de Poche)
L'infortunée ; Wesley Stace (J'ai Lu)
Pauline ; George Sand (Folio 2 euros)
Les amants d'Avignon ; Elsa Triolet (Folio 2 euros)
De la maladie ; Virginia Woolf (Rivages)
Mansfield Park. Ou les trois cousines, Édition revue et augmentée ; Jane Austen (Archipoche)

3 mars 2007

Une vie merveilleuse ; Laurie Colwin

2253066966Édition Le Livre de Poche ; 281 pages.
6 euros.

" Guido et Vincent sont cousins et amis d'enfance. À ces trentenaires de la bonne société new-yorkaise, nantis d'un métier qui leur plaît et d'amis souriants, il ne manque que la femme de leurs rêves pour que la vie soit merveilleuse. Ils la rencontrent au même moment, l'un en la personne de l'élégante Holly, raffinée et secrète ; l'autre, de Mitsy, descendante d'immigrés russes, la rebelle jamais rassurée. Et les ennuis commencent... Disons plutôt les inquiétudes de l'amour, maladresses et malentendus, effusions et alarmes, comme s'il fallait se faire un petit peu mal pour apprécier son bonheur, dans un monde favorisé que l'auteur de Frank et Billy, figure emblématique du Manhattan des années 1980, nous dépeint avec un humour tendre et complice. "

C'est un petit livre enchanteur dont je vais vous parler. Déjà, j'aime énormément la couverture, ces portraits qui pourraient être l'un de ceux que je faisais en maternelle et en primaire. Je me souviens de ces gens auxquels je donnais toujours un sourire, avec les deux traits en bout de lèvres...

C'est vrai, il ne se passe rien de palpitant à première vue. C'est le récit calme de deux amours. Laurie Colwin nous entraîne dans un petit monde sécurisé, où chaque personnage finit par être heureux. Mais je me suis énormément attachée à ces personnages.  Je me suis identifiée à Mitsy, cette jeune femme terrorisée à l'idée d'être blessée et qui refuse de mettre des mots sur ses sentiments. Comme Mitsy et Holly, j'ai la conviction que rien n'est jamais totalement acquis, et surtout pas le bonheur. Et puis, je l'avoue, j'ai pris du plaisir à voir ces hommes malmenés, déboussolés par les femmes qu'ils aiment, car ça les oblige à se battre pour les rassurer et les garder. Laurie Colwin nous livre une histoire légère et qui fait chaud au coeur. On rit de ces garçons, mais avec énormément d'affection.

Certes, c'est un peu idéal comme monde. Deux hommes prêts à tout pour leurs amoureuses, et deux femmes qui prennent en main leur couple en lui donnant du piment. Jusqu'à ce qu'il faille craquer et avouer à l'autre son amour, prendre le risque de vivre heureux à deux.

Mais j'aime les conte de fées, et j'avoue avoir complètement craqué. Une jolie découverte, qui me permet de noter les autres titres de Laurie Colwin sur ma LAL.

Les avis de Florinette et de Clarabel.

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1 mars 2007

Léviathan ; Paul Auster

9782253139072_G_1_Édition Le Livre de Poche ; 320 pages.
5,50 euros.

Lettre "A" Challenge ABC 2007 :

"Comment et pourquoi Benjamin Sachs, jeune écrivain talentueux des années Reagan, est-il devenu le poseur de bombes qui plastique l'une après l'autre les multiples statues de la Liberté ornant les villes américaines ?
C'est à cette question que cherche à répondre son ami Peter Aaron dans ce récit traité à la manière d'une biographie, réponse anticipée aux enquêteurs du FBI, à la légende médiatique qui s'est déjà emparée de Sachs. Et le romancier du Voyage d'Anna Blume de nous donner, dans le sillage des écrivains prophètes que furent Whitman ou Thoreau, le portrait d'une Amérique déboussolée, qui a renié sans même s'en apercevoir ses valeurs fondatrices. Un récit d'une limpidité rigoureuse, aux personnages - notamment féminins - d'une remarquable vérité. "

Paul Auster est un auteur que j'ai connu en même temps que Jane Austen, pour la simple et bonne raison que leurs livres sont côte à côte dans les librairies. Mais c'est lorsque j'ai découvert les blogs littéraires que j'ai commencé à en découvrir un peu plus sur lui. J'ai donc décidé d'ouvrir l'un de ses livres pour voir un peu si cet enthousiasme qu'il suscitait était mérité.

C'est très étrange, j'ai énormément aimé ce livre, mais sa lecture a été douloureuse (sans doute dans le bon sens du terme, s'il y en a un...). D'un côté, je l'ai dévoré en une journée. Étant donné qu'il s'agit d'un monologue (ou presque) sur plus de 300 pages, cela démontre des qualités d'écriture chez Paul Auster. Je trouve également que ses personnages sont fouillés, absolument pas caricaturaux, ce qui les rend extrêmement intéressants. Paul Auster nous emmène vraiment à la découverte de la complexité de l'âme humaine, et c'est là que j'ai souffert.

Car la vie de Benjamin Sachs est difficile à regarder. C'est un homme qui a ses défauts, mais qui parvient à nous attacher à lui. A partir de là, il est difficile de ne pas être bouleversé par les drames auxquels il a été confrontés. C'est un homme tellement dur avec lui même, qui se déteste tellement qu'il ne peut que blesser ceux qu'il aime. En particulier sa femme, Fanny. Celle-ci également est attachante, mais même si je comprends qu'elle ait fini par partir, c'est difficile de voir que Ben a réussi à détruire un peu plus sa vie en la manipulant. Lillian non plus ne peut pas sauver Sachs (bien au contraire), pas plus que son meilleur ami, qui ne peut que tenter de le réhabiliter une fois qu'il est trop tard. Tous ces personnages sont des gens abîmés par la vie, mais contrairement à eux, Sachs ne parvient pas à cesser de s'auto-détruire. La psychologie a une place importante dans ce roman, et ce qu'elle nous permet de découvrir m'a mise très mal à l'aise. Benjamin Sachs réfléchit beaucoup, il a conscience du décalage qui existe entre nos belles paroles et la réalité. Il veut pouvoir se regarder en face en se battant pour ses idéaux, mais il ne parvient qu'à se démollir un peu plus à chaque fois qu'il agit.
Paul Auster nous parle de la perception des choses qui diffère selon les gens. La réalité n'est pas la même selon les personnes. La vérité non plus. Cela explique l'impossibilité pour chacun d'entre nous de prévoir la réaction des autres. Une simple gifle peut déclencher des événements d'une ampleur inconcevable.
J'ai vu que Flo avait eu du mal à lire la première partie du livre. Pour ma part, je trouve qu'elle permet de mettre en place les éléments d'une histoire complexe. Tout s'accélère vers la page 200, et tout se finit très vite. Quand j'ai refermé ce livre, des questions se bousculaient dans ma tête. Je crois que c'est ce que Paul Auster voulait provoquer.

J'aimerais bien en lire un autre de cet auteur, pour confirmer mon impression. J'ai trouvé qu'il faisait partie de ces rares auteurs contemporains capables d'allier le fond et la forme. Si vous avez en tête des titres un peu plus gais, je suis preneuse.   

Les avis de Flo et d'Allie. Pour en savoir plus sur Paul Auster et son oeuvre, allez faire un tour sur L'Austerblog de Flo et de Florinette.

28 février 2007

le musée de la sirène ; Cypora Petitjean-Cerf

2757801201Édition Points ; 113 pages.
5 euros.

" Annabelle, timide trentenaire, est peintre. Un soir, elle vole la petite sirène qui nage dans l'aquarium d'un restaurant chinois et l'installe dans sa salle de bains. La créature grandit, embellit, s'affirme comme une artiste incroyablement douée, et devient quelque peu envahissante... Une fable envoûtante, triste et joyeuse à la fois - l'histoire d'une femme qui réapprend à vivre. "

Voilà un petit livre enchanteur et plein de délicatesse. On s'attache beaucoup à cette narratrice, agoraphobe, qui préfère créer son propre extérieur avec ses peintures. Elle s'occupe avec beaucoup d'amour de sa sirène. A mesure que celle-ci grandit, la narratrice prend un peu plus en main sa vie. Sa sirène, c'est un peu son rempart lors de ses premières sorties dans le monde extérieur. Elle lui permet de découvrir les choses du dehors sans trop qu'on la remarque. On ne sait pas bien laquelle doit quelque chose à l'autre. Sans doute aucune, puisqu'il y a une réelle complicité qui s'est établie entre elles. Mais les sirènes n'appartiennent pas au monde des humains, un jour il faut bien accepter d'affronter la vie et laisser le rêve devenir un joli souvenir. 

J'ai été littéralement envoûtée par ce livre/cette fable. Petite, j'aimais beaucoup les sirènes, et c'est avec un immense plaisir que j'en ai retrouvé une sous la plume de Cypora Petitjean-Cerf.

Les avis de Flo et de Clarabel.

27 février 2007

L'infamille ; Christophe Honoré

2020557207Editions du Seuil ; 166 pages.
6 euros.

"Septembre 1996. Guillaume se rend à la morgue pour y reconnaître le corps de son frère. Thomas était écrivain : il transformait les récits familiaux en règlements de comptes, pillait allégrement au passage les souvenirs de Guillaume et révélait la barbarie ordinaire de la famille. Désormais Guillaume se retrouve seul à porter le fardeau de cette mémoire. Ce rôle, il n'en veut pas, et pourtant les souvenirs lui viennent, un à un : les parents, cet autre frère disparu avant la naissance de Guillaume et Thomas bien sûr, leur enfance commune, leurs personnalités si différentes. Mais ce frère dont le corps est à peine reconnaissable à la morgue, est-il bel et bien mort ? N'est-ce pas encore un de ces jeux entre frères dont Thomas usait à l'envi ? Un mensonge de plus dans la famille ? "

J'ai beaucoup aimé ce livre qui traînait depuis quelques mois dans les endroits les plus reculés de ma PAL (je crois vous avoir déjà parlé de ces livres achetés sur un coup de tête et qui ne me disent plus rien une fois qu'ils se trouvent dans ma bibliothèque). C'est une vraie bonne surprise.

Mis à part quelques chanceux, nous avons tous plus ou moins déjà eu l'impression d'appartenir à une famille de fous. Quant aux relations entre frères et soeurs, elles sont généralement faites de hauts et de bas. Et puis surtout, il n'est pas toujours facile de dire à ses frères et soeurs qu'on les aime, ni pourquoi (essentiellement pourquoi d'ailleurs). Thomas et Guillaume n'ont pas le même âge, ni la même personnalité. Guillaume ne se confie pas à Thomas lorsqu'il découvre son homosexualité, et Thomas ne se gêne pas pour mettre la vie de sa famille sur la place publique en l'écrivant dans ses romans. Pourtant, ces deux là s'aiment. Ils se jettent dans de l'eau glacée en riant, s'en prennent à leur lapin au lieu de se battre tous les deux. Même si Thomas brise leur famille, même si Guillaume rêve de tuer son frère (qui est déjà à la morgue), ils ont du mal à vivre l'un sans l'autre.
Christophe Honoré nous parle des secrets de famille terribles, d'actes d'amour qui sont pourtant interprétés comme des actes de haine.
Afin de souligner l'incompréhension qui règne entre les deux frères, il alterne habilement le passé et le présent, le témoignage de Guillaume et celui de Thomas.

C'est prenant, les personnages sont complexes et attachants. Une jolie découverte.

26 février 2007

Barbara ; Jacques Prévert

Noel_Brest_1_
Jules Noël ; Port de Brest (1864)

Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant

Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

Jacques Prévert

24 février 2007

Retour à la case égouttoir de l'amour ; Louise Rennison

2070610586Édition Gallimard ; 231 pages.
10 euros.

" Mais quelle idée d'avoir demandé à Massimo d'occuper le poste convoité de " copain officiel " de Georgia ! L'attente est insupportable et met les nerfs de la belle à rude épreuve. Et quand la réponse tant espérée arrive enfin, le monde s'écroule autour de Georgia. Comment survivre à la rebuffade du beau Transalpin ? Georgia, reine de la stratégie amoureuse, envisage aussitôt un moyen de récupérer Scooterino en mettant Dave la Marrade à contribution. Mais l'expert en rigolade semble bien occupé par la belle Emma. Et où est passée cette foule de garçons qui se pressait aux pieds de Georgia ? Alors que le désespoir est à son comble, deux lueurs d'espoirs se profilent à l'horizon. "

Si vous avez un coup de blues (même un gros), je vous assure, il n'y a rien de mieux que se jeter sur les aventures de Georgia Nicolson. C'est mis en littérature "jeunesse", mais ce n'est pas normal. J'ai éclaté de rire à chaque page de ce livre (ma famille se lance d'ailleurs des regards interrogateurs, du genre "On appelle le service neurologique de l'hôpital X tout de suite ou on attend de voir si ça se confirme ? " ).

Georgia s'est encore mise dans une situation intenable. Massimo veut s'éclater, ne pas avoir de petite amie officielle. Ce qui est d'autant plus dure pour Georgia que cela signifie qu'elle doit partager son beau Transalpin avec sa pire ennemie, j'ai nommé Lindsay la Nouillasse... Heureusement, elle a de la fierté notre petite Georgia, et elle refuse. Du coup, elle déprime. Elle songe à manipuler Dave la Marrade pour rendre Massimo jaloux, mais il semblerait que le "poteau" en question veuille plus que ça. En désespoir de cause, elle écrit à Robbie alias Super Canon qui, on s'en souvient, est parti en Nouvelle Zélande.

En plus de sa vie amoureuse désastreuse, Georgia doit faire face à sa mère qui arbore un débardeur crochet sans rien d'autre en dessous qu'un soutien-gorge, qui fait de l'oeil aux pompiers (après avoir appelé toutes ses copines). Le Vati ne vaut pas mieux. Il semble n'avoir jamais autant mis du sien pour prouver sa "demeuritude". Libby alias Mini-givrée (la petite soeur) continue a terroriser tout le monde. La petite-amie du grand-père et ses amies pin up de la "maison des tricentenaires" sont à la mode bikini en cuir...

Et du côté des copines, Jas est toujours aussi peu compréhensive, Rosie rêve de mariage avec son "géant des steppes" (Sven), et Ellen n'a toujours pas compris que Dave la Marrade n'en avait rien à faire d'elle.

Et quand tout semble s'arranger... Coup de théâtre avec le retour de BIP ! Et puis, ça s'est arrêté... Je suis folle de rage, je ne vais jamais pouvoir attendre le 8ème tome...

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