Tous les matins du monde ; Pascal Quignard
Édition Folio ; 116 pages.
5,10 euros.
« Il poussa la porte qui donnait sur la balustrade et le jardin de derrière et il vit soudain l'ombre de sa femme morte qui se tenait à ses côtés. Ils marchèrent sur la pelouse.
Il se prit de nouveau à pleurer doucement. Ils allèrent jusqu'à la barque. L'ombre de Madame de Sainte Colombe monta dans la barque blanche tandis qu'il en retenait le bord et la maintenait près de la rive. Elle avait retroussé sa robe pour poser le pied sur le plancher humide de la barque. Il se redressa. Les larmes glissaient sur ses joues. Il murmura : - Je ne sais comment dire : Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. »
Je n'ai pas vu le film, mais j'en possède la bande originale qui me plaît infiniment. Il y a peu, j'ai découvert chez Allie qu'il existait un livre, que je me suis empressée d'acquérir. Il s'agit en fait d'un tout petit roman qui se lit extrêmement rapidement. C'est l'histoire de Monsieur de Sainte Colombe, un musicien qui ne se remet pas de la mort de son épouse. Il a deux filles, Madeleine et Toinette, avec lesquelles il vit de solitude et de musique, en retrait de la Cour de Louis XIV. Un jour, Marin Marais vient frapper à sa porte
Je suis plutôt partagée après cette lecture. J'ai beaucoup aimé le sujet traité par ce livre. Je pense que la musique possède une force incroyable. Elle permet de dire les choses que l'on ne peut exprimer avec des mots, surtout lorsque l'on est quelqu'un qui a du mal à dévoiler ses sentiments. Elle permet aussi de se soulager, de s'échapper dans un monde où l'on souffre moins, où l'on peut ramener le passé. Mais aussi, elle isole, elle captive, elle fascine même, et peut faire perdre pied à celui qui en abuse.
L'écriture de Pascal Quignard m'a touchée par sa délicatesse, même si certaines maladresses entâchent un peu ce livre.
Ce qui m'a un peu déçue, c'est que j'avais vraiment de grandes attentes lorsque j'ai ouvert ce livre. Or, il est très court, et j'ai eu l'impression que je devais aller chercher moi même au fond des choses pour comprendre ce livre parce que Pascal Quignard n'avait pas suffisamment creusé son histoire. C'est vrai que la musique est quelque chose que l'on ressent de manière très subjective, d'où la nécessité de laisser le lecteur interpréter l'histoire à sa manière. Mais j'aurais aimé que l'auteur propose davantage de pistes.
Autre chose qui m'a gênée, les relations entre Monsieur Marais et les filles de Monsieur de Sainte Colombe. Je n'ai pas vraiment saisi leur utilité par rapport au reste de l'histoire.
Je serais quand même très tentée de voir le film qui en a été tiré, et je pense que je relirai ce livre afin de mieux le comprendre.
"Tous les matins du monde sont sans retour. Les années étaient passées. Monsieur de Sainte Colombe, à son lever, caressait de la main la toile de Monsieur Baugin et passait sa chemise. Il allait épousseter sa cabane. C'était un viel homme."