Editions du Seuil ; 166 pages.
6 euros.
"Septembre 1996. Guillaume se rend à la morgue pour y reconnaître le corps de son frère. Thomas était écrivain : il transformait les récits familiaux en règlements de comptes, pillait allégrement au passage les souvenirs de Guillaume et révélait la barbarie ordinaire de la famille. Désormais Guillaume se retrouve seul à porter le fardeau de cette mémoire. Ce rôle, il n'en veut pas, et pourtant les souvenirs lui viennent, un à un : les parents, cet autre frère disparu avant la naissance de Guillaume et Thomas bien sûr, leur enfance commune, leurs personnalités si différentes. Mais ce frère dont le corps est à peine reconnaissable à la morgue, est-il bel et bien mort ? N'est-ce pas encore un de ces jeux entre frères dont Thomas usait à l'envi ? Un mensonge de plus dans la famille ? "
J'ai beaucoup aimé ce livre qui traînait depuis quelques mois dans les endroits les plus reculés de ma PAL (je crois vous avoir déjà parlé de ces livres achetés sur un coup de tête et qui ne me disent plus rien une fois qu'ils se trouvent dans ma bibliothèque). C'est une vraie bonne surprise.
Mis à part quelques chanceux, nous avons tous plus ou moins déjà eu l'impression d'appartenir à une famille de fous. Quant aux relations entre frères et soeurs, elles sont généralement faites de hauts et de bas. Et puis surtout, il n'est pas toujours facile de dire à ses frères et soeurs qu'on les aime, ni pourquoi (essentiellement pourquoi d'ailleurs). Thomas et Guillaume n'ont pas le même âge, ni la même personnalité. Guillaume ne se confie pas à Thomas lorsqu'il découvre son homosexualité, et Thomas ne se gêne pas pour mettre la vie de sa famille sur la place publique en l'écrivant dans ses romans. Pourtant, ces deux là s'aiment. Ils se jettent dans de l'eau glacée en riant, s'en prennent à leur lapin au lieu de se battre tous les deux. Même si Thomas brise leur famille, même si Guillaume rêve de tuer son frère (qui est déjà à la morgue), ils ont du mal à vivre l'un sans l'autre.
Christophe Honoré nous parle des secrets de famille terribles, d'actes d'amour qui sont pourtant interprétés comme des actes de haine.
Afin de souligner l'incompréhension qui règne entre les deux frères, il alterne habilement le passé et le présent, le témoignage de Guillaume et celui de Thomas.
C'est prenant, les personnages sont complexes et attachants. Une jolie découverte.