Amsterdam ; Ian McEwan
Édition Folio ; 252 pages.
4,40 euros.
" Loin des années hippies de leur jeunesse, deux amis liés depuis trente ans battent la semelle au cimetière tandis qu'achève de se consumer leur ex-maîtresse Molly Lane, critique gastronomique et photographe bien connue : Clive Linley, compositeur célèbre, et Vernon Halliday, directeur de la rédaction d'un prestigieux journal londonien. Ils partagent la même hostilité envers un autre ancien amant de Molly, Julian Garmony, ministre des Affaires étrangères. Tout occupés à défendre leurs situations, ils n'hésitent pas à piétiner les valeurs morales, Clive au nom de son art, Vernon afin d'augmenter les chiffres de diffusion de son journal. A quel drame le plan monté par Vernon contre Garmony va-t-il aboutir ? L'intrigue diabolique de ce roman brillamment inscrit dans notre société contemporaine est traitée par Ian McEwan avec l'humour corrosif dont il a le secret. "
Vous l'avez peut-être remarqué, mais je m'englue depuis quelques temps dans Possession de A.S. Byatt. Je trouve ce livre extrêmement poussiéreux, mais comme il semble faire l'unanimité (ou presque), je vais encore persister un peu. Pour me donner de l'air, j'ai choisi un autre roman lauréat du Booker Prize, Amsterdam. Ian McEwan est l'un de ces auteurs qu'on voit partout sur les blogs. J'étais quand même un peu sceptique, lire un roman de celui qui est présenté comme "le maître du glauque" (dans des termes plus élogieux, mais qui veulent dire ça), mouais...
Je l'ai donc ouvert avec réticence. Comme je vous ai déjà fait le coup plein de fois, le suspens ne marche plus, donc vous savez que j'ai été très agréablement surprise.
C'est plutôt court comme roman, mais ça se dévore quand même à une vitesse incroyable. Je me suis véritablement enfoncée dans cette histoire, avide d'en connaître la suite. Les personnages sont plus étranges qu'attachants, on ne comprend pas trop ce qui se passe, mais il y a une tension qui m'a maintenue en haleine tout au long du livre. Même lorsque Clive fait une randonnée décrite pendant plusieurs pages, j'ai savouré chaque mot avec une anxiété qui n'a fait qu'augmenter.
L'auteur traite de la morale, de l'ambition, de l'hypocrisie, des jeux malsains, de la complexité des relations humaines. L'atmosphère met mal à l'aise, mais je n'ai pu m'empêcher de trouver cela justifié. En effet, l'auteur met le doigt sur des choses pertinentes, il nous oblige à voir dans ce livre plus qu'une fiction.
Ce roman est maîtrisé de bout en bout, le dénouement se construit de façon progressive, absolument pas comme quelque chose de prévisible. Le personnage de Molly n'est qu'un prétexte pour lier les personnages entre eux. Ian McEwan est le seul maître à bord, et ne se laisse absolument pas dicter la direction à donner à son histoire. Contrairement à Flo, je n'ai vraiment compris que lors de la réception à Amsterdam ce qui se produisait (mais j'avoue que je suis longue à la détente...). Clive m'a complètement induite en erreur en se faisant passer pour la bonne poire de service prête à tout pardonner.
C'est un livre dont je suis ressortie assez troublée. A cause du cynisme, du ton froid avec lequel cette histoire est racontée. C'est un portrait sans concession de la société contemporaine que dresse Ian McEwan. Et ce n'est pas agréable à regarder...
Thom aussi a lu ce livre.