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lilly et ses livres

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21 septembre 2008

Son absence ; Justine Augier

9782234061644_G_1_Stock ; 169 pages.

J'avais repéré très tôt ce titre de la rentrée littéraire, parce qu'il était chaudement recommandé par ma librairie. Je l'ai donc ouvert avec enthousiasme, même si l'avis de Clarabel m'avait intriguée.

Aria a disparu depuis de longs mois, alors sa mère fait appel à un écrivain public, le narrateur de l'histoire, afin qu'il reconstitue le passé de sa fille.

Je dois dire que ce livre est une déception pour moi. La première chose que l'on remarque est l'écriture de Justine Augier. Elle est très travaillée, de façon à la rendre chantante pour qu'elle accompagne le récit en le dynamisant et en créant une atmosphère de délicatesse.
Le gros souci est qu'il n'y a pas grand chose à accompagner. L'écrivain public chargé de raconter l'histoire d'Aria nous livre un récit complètement superficiel. Soit il nous parle d'Aria comme si nous la connaissions depuis des années quand ce n'est naturellement pas le cas, et elle nous paraît de ce fait très lointaine. Soit il nous livre des anecdotes inintéressantes, qui la laissent également dans le brouillard. Je n'ai rien contre les personnages énigmatiques, mais Aria n'a rien de quelqu'un de fascinant, et l'obsession qu'elle provoque chez l'écrivain à qui sa mère a fait appel est difficile à comprendre.
D'ailleurs, cet homme antipathique ne sert pas à grand chose en fin de compte. Je pensais qu'il devrait faire des recherches, mais il se contente de nous livrer son travail final.
J'ai lu ce livre jusqu'à la dernière page, mais le ton employé n'a pas changé. Ce n'est pas chargé d'émotion comme Justine Augier l'avait manifestement prévu, mais monotone, lassant, et alors que livre s'achève sur la déception d'un personnage que nous n'avons pas appris à connaître, impossible d'être touché. Même Aria ne m'intéressait plus à ce stade. Avec ce livre, j'ai eu l'impression de lire des pages vides, que j'oubliais au fur et à mesure que je les tournais. Tant pis. 

Merci à Clarabel pour le prêt.

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20 septembre 2008

Le treizième conte ; Diane Setterfield

resize_3_Plon ; 389 pages.

Je crois que je suis vraiment la dernière à lire ce roman qui a suscité un très grand enthousiasme depuis sa sortie en janvier 2007. Je l'avais acheté à ce moment là, feuilleté, mais je n'avais pas encore eu l'envie de le lire. Il faut dire qu'il avait été comparé à Possession, livre que j'ai été incapable de terminer, et les romans qui font l'unanimité m'inquiètent toujours beaucoup. Je viens donc, avec beaucoup de retard, ajouter ma voix au concert de louanges qui entoure Le treizième conte.

Margaret Lea est une jeune femme solitaire, qui aime davantage la compagnie des livres que celle des gens. Depuis toujours, elle a fait de la librairie de livres d'occasion de son père son antre. Un jour, elle reçoit une lettre, à l'écriture étrange, qui lui vient de Vida Winter, un auteur de best-sellers. Celle-ci souhaite confier l'histoire de sa vie à Margaret, qui a déjà rédigé quelques biographies succinctes. La jeune femme est très étonnée, elle n'est pas une réelle biographe. De plus, elle est sceptique. Vida Winter est réputée pour avoir fait de sa vie un mystère. Troublée par l'arrivée inattendue de cette lettre, Margaret décide de feuilleter le seul livre de l'écrivain disponible dans la librairie de son père, un recueil de treize conte selon le titre. Finalement absorbée par les douze premiers contes qu'elle lit, elle découvre avec stupeur que le treizième conte n'a jamais été publié. Sa rencontre avec Vida Winter soulève encore davantage de points obscurs, et la mène dans une histoire de fantômes, de jumelles, de famille brisée, qui renvoie à Margaret le reflet de ses propres drames.

Soyons honnêtes, la première chose qui m'a plu dans ce livre, c'est sa couverture. Tant la première que la quatrième, puisque cette dernière nous promettait une histoire à la Rebecca. Bon, sur ce dernier point, c'est raté. L'ambiance n'est pas celle des romans à tendance gothique qui était promise. La grande demeure des Angelfield tombe en ruine, le plancher craque, il y a bel et bien des cadavres dissimulés et des nuits sans lune, mais ce n'est pas cela qui rend Le treizième conte aussi angoissant, aussi bouleversant et aussi captivant. Il y a quand même un très bel hommage rendu à la littérature anglaise du XIXe siècle dans ce livre. On pense à Jane Eyre bien sûr, abondamment cité. Pour ma part, j'ai surtout pensé à Wuthering Heights. D'autres clins d'oeil parsèment également ce livre, à travers le comportement des personnages ou au cours de leurs discussions. Nous passons également du temps dans les vieilles bibliothèques des demeures que nous traversons. Et puis, j'ai adoré le fait que les personnages n'échangent que par lettres, même si le roman se déroule à notre époque.
Il y a certaines ficelles un peu grosses, quelques questions qui surviennent un peu tard, c'est vrai. Mais cela est totalement gommé par la puissance de l'histoire que raconte Vida Winter. La plume de Diane Setterfield est très belle, très énigmatique. Elle nous tient en haleine, certaines phrases ne prennent tout leur sens qu'à la fin, pour nous bluffer complètement. Les personnages ne sont pas beaux, mais leur attitude est entière et cela les rend attachants. De plus, leur histoire est tellement triste qu'elle ne peut qu'émouvoir. 
Quelques questions restent en suspens, mais cela fait aussi partie des charmes de ce roman, dont on a du mal à croire qu'il est le premier-né de Diane Setterfield.

Je me suis plongée dans ce roman avec un bonheur que je n'avais pas ressenti depuis longtemps, et je vous souhaite de refermer ce roman aussi conquis que moi.

Les avis de Allie, Clarabel, Fashion, Praline, Gachucha, Karine, Cuné... J'en oublie plein, mais n'hésitez pas à mettre votre lien.   

19 septembre 2008

2 ans...

L'année dernière, j'avais complètement oublié de fêter l'anniversaire de mon blog... Cette année, j'étais bien partie pour remettre ça, mais les anniversaires des copines m'ont mis la puce à l'oreille, du coup l'honneur est sauf. (Edit de dernière minute, j'avais quand même oublié de programmer le billet...)

Le moins qu'on puisse dire est que ma présence ici a été plutôt sporadique durant l'année qui vient de s'écouler. J'adore cependant toujours autant vous lire presque chaque jour, avoir des commentaires sur mes billets, partager mes achats et mes impressions. J'aime voir de nouveaux blogs se créer, d'autres se diversifier. Cette année sera sans doute plus propice à la lecture, et j'ai hâte de me lancer dans de nouveaux challenges que je ne tiendrai pas.

Voilà, voilà, merci à vous de passer par ici plus ou moins régulièrement, et passons maintenant au gâteau :

18 septembre 2008

Notre petite vie cernée de rêves ; Barbara Wersba

resize_1_Thierry Magnier ; 187 pages.

J'ai repéré ce livre chez Clarabel il y a quelques jours, et je l'ai immédiatement commandé. Je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait d'un roman jeunesse, ni qu'il avait été publié pour la première fois en 1968, et encore moins que l'histoire se déroulait dans les années 1960. Du coup, la surprise a été complète.

Albert Scully est un adolescent solitaire, mal dans sa peau, qui vit dans une maison où les appareils électriques sont toujours en panne, et où ses parents passent leur temps à se disputer. Un jour, sa mère lui demande d'aller menacer la vieille dame qui fait du feu dans son jardin. Cette rencontre bouleverse la vie d'Albert, et lui permet de prendre un peu confiance en lui, et d'entrevoir son avenir.

Ces derniers temps, j'ai beaucoup de mal à parler de mes lectures, alors que j'ai vraiment envie de vous les faire partager. J'espère que ça va venir...
Je vais commencer par une citation qui m'a énormément plu, comme elle a enchanté Albert lorsque Orpha la lui a récité :

"Si un homme marche à un autre pas que ses camarades, c'est peut-être qu'il entend le son d'un autre tambour. Laissons-le suivre la musique qu'il entend quelle qu'en soit la cadence." p 73

Car la couverture de ce roman est une véritable illustration de la maison de Mme Woodfin, avec tout un tas de romans empilés dans tous les coins et prenant la poussière. Comme Albert, elle aime les histoires, la compagnie des livres, les citations. J'ai souvent vu des blogueurs ou des gens dans la vie de tous les jours tenter d'expliquer ce qu'ils recherchent dans les livres. Pour ma part, je crois que je serais bien incapable de répondre à cette question, je peux simplement dire que j'aime lire. En revanche, j'aime les romans dans lesquelles les histoires ont une signification précise (j'exige souvent des autres ce dont je suis moi même incapable), et c'est le cas ici, puisque grâce aux citations qu'il note dans son carnet vert et à l'histoire de Mme Woodfin, Albert prend conscience de ce qu'il savait déjà.
En fait, il est loin d'être bête ce petit Albert. Son passage à Greenwich Village montre à quel point il est clairvoyant. Lorsqu'il voit tous ces hippies qui ont adopté un mode de vie différent, et qu'il réalise que ce n'est qu'un autre choix de conformité, je me suis dit qu'il avait vraiment tout compris (je n'ai rien contre les hippies, il se trouve simplement que le livre se situe dans les années 1960).
Le ton employé est volontairement innocent, sincère et naïf, autant que peut l'être le discours d'un enfant qui a des goûts trop prononcés pour le jardinage et la lecture quand ses camarades de classe ne pensent qu'à cacher leur mal-être adolescent en parlant de sexe et d'alcool.
C'est un peu démodé, un peu trop parfois, mais ce livre reste un roman jeunesse assez surprenant et très attachant.

Si ça intéresse quelqu'un, je veux bien faire voyager ce livre. 

17 septembre 2008

Le vampire de Ropraz ; Jacques Chessex

9782253122814_G_1_Le Livre de Poche ; 96 pages.

Au début de l'année 1903, Rosa, la fille du juge de paix, est sortie de sa tombe, violée, et affreusement mutilée. Elle était connue pour son attitude irréprochable, et personne ne parvient à imaginer qu'un être humain ait pu lui faire une telle chose. Deux autres cadavres de jeunes femmes subiront le même sort, plongeant toute la région dans l'effroi. Les suspects se succèdent, sans résultat, jusqu'à ce qu'un jeune homme présentant le profil idéal pour servir de bouc émissaire soit arrêté.

Ce livre me tentait depuis pas mal de temps, mais les avis assez mitigés trouvés sur les blog m'avaient refroidie. Après ma lecture, je suis moi aussi assez perplexe.
Le début est prometteur. L'ambiance est lourde, un peu effrayante, et Jacques Chessex écrit vraiment très bien.
Mais l'ensemble ne m'a pas convaincue. Aucun personnage ne ressort vraiment du lot, du coup on a plus l'impression d'avoir affaire à une bande de cinglés qu'à une véritable énigme. Alors oui, c'est certain que mettre tous les crimes commis depuis des années sur le dos d'un seul homme permet aux "honnêtes" gens d'oublier leurs propres crimes, mais il n'y a rien de bien original là-dedans. Le premier chapitre laisse espérer une histoire passionnante, effrayante, pleine de faits inexpliqués. En fait, l'auteur se contente de décrire des faits, sans susciter un quelconque questionnement. Même la question de la culpabilité de Favez ne semble pas être si importante. Il y a beaucoup d'ébauches d'idées, mais rien n'est creusé.
J'imagine que la dernière page avait pour but de provoquer l'intérêt sinon l'indignation du lecteur, mais dans mon cas, c'est raté. C'est beaucoup trop court, beaucoup trop froid, et finalement sans importance.

Une déception donc, même si je pense que je relirai Jacques Chessex.

Les avis de Lou, Tamara, Patch, Sylvie, Sentinelle

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16 septembre 2008

Paradis conjugal ; Alice Ferney

41WMr2FiYcLAlbin Michel ; 355 pages.

C'est le soir. Et comme presque tous les soirs depuis que son mari lui a offert le DVD de Chaînes conjugales, Elsa est devant ce film. Il raconte l'histoire de trois amies, qui reçoivent une lettre d'une quatrième femme leur annonçant qu'elle s'enfuit avec le mari de l'une d'entre elles, sans préciser lequel. La journée s'écoule et chacune tente de savoir pourquoi son mari pourrait être celui qui est parti. Elsa tente de faire la même chose de son côté, car son mari lui a annoncé la veille qu'il ne rentrerait pas. Elle n'a pas voulu le croire, tout comme les trois amies du film pensent à une mauvaise blague au premier abord, mais plus la soirée avance, et plus les questions fusent dans sa tête, sans qu'Alexandre ne passe le seuil de sa maison.

Je ne connais Alice Ferney qu'avec Les Autres, qui m'avait beaucoup plu. J'ai acheté Paradis conjugal parce que je voulais savoir si le mari rentrait, et aussi parce que sans être cinéphile le moins du monde, j'aime découvrir cet art dans les romans. Sur ce dernier, point, Alice Ferney m'a enchantée, et j'ai adoré regarder le film avec son héroïne, lire une vision du film que je n'aurais jamais pu faire toute seule, m'attacher à des personnages que d'ordinaire je trouve lointains (je n'apprécie que rarement les vieux films). Gambadou et une autre (mais qui ?), ont reproché à ce livre de trop décortiquer le film. J'ai moi aussi trouvé qu'il y avait des longueurs dans la première partie de l'histoire, qu'Elsa Platte n'était finalement pas si présente, et je pense que quelqu'un qui a déjà vu le film risquerait d'en dénoter encore davantage, voire même de trouver qu'Alice Ferney ne s'est pas beaucoup embêtée. De plus, n'étant ni épouse ni mère, j'ai un peu eu le sentiment au début que ce livre ne s'adressait pas à moi. Toutefois, j'ai fini par me laisser complètement happer par cette histoire, à m'inquiéter pour tous les personnages, à m'intéresser à leurs dialogues, leurs pensées, qui sont tous présentés ensemble, comme s'il s'agissait finalement d'une réflexion collective.

Je me suis également procuré le film pendant ma lecture, et j'en ai visionné une partie. Je pense que je préfère ce que j'en ai lu, même si je suis tombée amoureuse de Kirk Douglas.

EDIT : j'ai finalement vu le film en entier, et je retire ce que j'ai dit. C'est une merveille !

Voir les avis divergents de Praline, Essel et Clochette

13 septembre 2008

Pourquoi pas le silence ; Blanche de Richemont

41uZF38t7MLRobert Laffont ; 132 pages.

D'ordinaire, la rentrée littéraire, je n'y prête pas la moindre attention. Pourtant, cette année, folie bloguesque oblige, plusieurs titres ont attiré mon attention. J'avais repéré Pourquoi pas le silence sur le site d'une librairie que j'aime beaucoup, et Clarabel a beaucoup aimé. Pour la première fois depuis sa naissance, ce blog va donc être à la mode (et ce n'est pas fini, puisque je me suis lâchée au rayon nouveautés cet après-midi).

Paul a quinze ans, et à la mort de son cousin Max, il décide de vivre. C'est un solitaire, éternel insatisfait de lui même, qui fréquente quelques personnes et fait des bêtises davantage pour paraître normal que par conformité avec ce qu'il est.

Dès la première page, je me suis dit que ce livre était pour moi. Le narrateur raconte qu'il est arrivé à son école en camion poubelle, et j'ai trouvé cela absolument formidable. Je vous rassure, ça ne m'est jamais arrivé, et je n'ai jamais vu quelqu'un le faire. Mais ça m'a quand même rappelé des souvenirs. Car même si personne n'a jamais accepté, les éboueurs qui passaient dans la rue de mon ancien lycée nous proposait parfois de nous déposer... (ma glamouritudeglamouritude vient de prendre un sacré coup, je le sens) Du coup, j'ai naturellement beaucoup ri en lisant que Paul avait non seulement fait ce que jamais je n'aurais accepté, mais en plus qu'il en tirait une satisfaction personnelle, et que ça impressionnait les filles !
Rassurez-vous encore une fois, vous n'avez pas besoin d'avoir eu une vie lycéenne aussi palpitante que la mienne pour apprécier l'humour de ce livre. Certaines situations sont terriblement grotesques, mais drôles et attendrissantes.
En ce qui concerne le style, ce livre a été une très bonne surprise. Blanche de Richemont écrit vraiment très bien. C'est dynamique, elle joue sur plusieurs registres pour donner de la crédibilité au roman, qui devient ainsi poétique tout en restant adolescent et moderne.
Car il s'agit dans ce livre de parler du mal-être adolescent. Paul veut être comme les autres, mais ne peut s'empêcher d'être lui et de se détester. J'ai même pensé pendant la première moitié du roman que c'était un livre parfais pour les ados. Il a des humeurs, des avis contradictoires, des moments où il veut croire que tout va bien, et puis de longues période de larmes.
La situation des parents et de la soeur est également très bien décrite. Le père qui veut façonner son fils sur son modèle, lui rajoutant des objectifs trop lourds à porter, et la mère qui pense que l'amour permet tout. Les personnages qui gravitent autour de Paul se contentent de l'effleurer, lui qui n'aime pas être touché, mais ils deviennent très vite attachants.
Tout était en place pour un roman bien ficelé, malgré quelques situations un peu invraisemblables que mon coeur de midinette a bien voulu pardonner avec bonheur.
J'ai quand même été déçue par la fin, que j'ai trouvée un peu facile. Dans les dernières pages, le roman s'emballe, l'ambiance se radicalise, mais pas comme si l'auteur savait ce qu'elle voulait faire. Non, plutôt comme si son histoire lui avait échappé, et que pour l'achever, seule une solution irréversible était possible.

Cela dit, Pourquoi pas le silence reste une bonne surprise et un beau roman, et je vous conseille de lui donner sa chance. 

10 septembre 2008

L'amant inachevé ; Gaëlle Guernalec-Levy

9782234061347_G_1_Stock ; 144 pages.

C'est en cherchant des titres de la rentrée littéraire susceptibles de me plaire que je suis tombée sur ce premier roman publié en avril. J'aime bien les couvertures roses de Stock, la photo est ravissante, et puis le résumé de l'éditeur promettait une très jolie histoire.

Claire a trente-trois ans. Elle vit depuis dix ans une vie paisible auprès d'un homme aimant qui lui a donné deux enfants. Un soir, alors que les deux époux se rendent dans une boîte échangiste, elle revoit D., le garçon de son adolescence avec lequel elle l'a "presque fait", qu'elle n'a jamais oublié, et dont elle nous parle avec nostalgie.

Ce premier roman un peu bancal nous livre une histoire de désir et d'amour. Claire nous parle de son histoire avec D. en prenant garde de ne pas le désigner comme son premier amour. Pour elle, il doit être celui qui l'a éveillée à la sexualité, même si son obsession laisse vite deviner que ce n'est pas seulement de cela qu'il s'agit.
J'avoue que je n'ai pas aimé une bonne partie de ce roman. L'auteur parvient à nous surprendre à plusieurs moments du livre, mais cela se fait au prix de longueurs assez importantes dans les deux premiers tiers du roman. On ne comprend qu'au bout de quatre-vingt-dix pages l'utilité d'évoquer l'échangisme irrégulier du couple formé par Claire et son mari.
C'est dommage, parce que Claire devient un personnage touchant à partir du moment où l'on comprend ce qu'elle fait. Sa culpabilité qui se traduit dans ses fantasmes, son refus de mettre les mots sur des émotions, tout cela donne finalement une force à cette histoire qui n'est pas assez exploitée, ou trop maladroitement.

J'ai trouvé la dernière page très belle, astucieuse, et pleine de sens. J'ai donc refermé ce livre avec le sourire, après m'être demandé si ça valait vraiment la peine que je le termine.

Assez mitigée donc, même si je ne regrette pas complètement d'avoir choisi ce livre plutôt qu'un autre.

5 septembre 2008

Tandis que j'agonise ; William Faulkner

jagonise Folio ; 254 pages.
Traduction de Maurice Edgar Coindreau.

Addie Bundren agonise pendant que son fils Cash lui confectionne un cercueil. Autour, s'agitent son mari, Anse, ainsi que leurs autres enfants. Tous s'apprêtent à partir pour Jefferson, où Addie veut être enterrée.

En ce moment, il paraît que je suis en pleine crise d'adolescence. En tout cas, c'est ce que Thom a trouvé comme explication lorsque je lui ai dit que ce deuxième roman de Faulkner que j'étais en train de lire ne suscitait pas un enthousiasme débordant chez moi.

Etant donné que dans Lumière d'août aussi, on patauge pendant un certain temps avant de comprendre de quoi il s'agit, je ne me suis pas vraiment inquiétée dans un premier temps, savourant la première moitié en attendant que le reste me tombe dessus. Car il y a de quoi savourer quand même. Certes, la situation n'a a priori rien de très réjouissant. C'est même franchement lugubre. Mais tellement en fait, que ça en devient comique. L'agonie d'Addie se déroule avec le chant de la scie qui construit son cercueil comme musique de fond. Le chapitre qui énumère les réflexions extrêmement rationnelles de Cash sur ce même cercueil m'a fait éclater de rire tellement j'étais abasourdie de lire ça. Quant aux réflexions sur l'odeur qui se dégage du cercueil, elles se passent de commentaires...

Concernant la construction du livre, elle m'a parue beaucoup moins complexe que ce à quoi je m'attendais. La chronologie est à première vue bien respectée, les éléments s'enchaînent de façon normale. On a juste tout un tas de personnages qui semblent raconter la même histoire.
C'est d'ailleurs pourquoi, arrivée aux trois quarts du livre, j'ai commencé à ne pas trop comprendre quel était l'intérêt de ce récit. Ils ne sont assurément pas très doués ces Bundren. Et c'est peu de dire qu'il y a quelque chose qui ne colle pas. Mais je ne comprenais pas ce qu'il y avait d'extraordinaire là dedans.

J'ai réalisé presque à la fin du roman que j'avais raté la moitié de l'histoire. Car tous ces personnages qui semblent raconter la même chose ne disent finalement que ce qu'ils ont chacun perçu. Le père, qui devrait être un élément clé de la famille Bundren, ne pense qu'à lui, à sa promesse, à ses dents aussi. Jamais à sa femme. Les fils aussi ont d'autres soucis en tête. Cash pense à ses outils, Dewey Dell à sa grossesse. Quant à Jewel et Vardaman, le premier croit que sa mère est un cheval, et le second qu'elle s'est transformée en poisson. On pourrait presque penser que cette vieille bique de Cora a raison.
Sauf que, lorsque Vardaman raconte qu'il a vu quelque chose qu'il ne peut pas répéter, j'ai commencé à me sentir terriblement triste. Vardaman et Darl sont sans doute les seuls à avoir un peu conscience de la situation. En fait, j'ai eu l'impression que les personnages n'arrivaient pas à s'aimer. Jewel va donner son cheval, mais le fait en cachette. Tout le monde s'y met pour rendre ses outils à Cash, mais cela semble être davantage pour ne pas perdre du matériel que par affection. Et lorsque Darl est emmené, on a l'impression que Cash répète qu'il sera mieux là où il va pour ne pas s'en vouloir de l'avoir lâché. En fait, c'est pour ça que ces personnages sont attachants alors même qu'ils ne semblaient être que les membres d'une famille de dingues.

Finalement, la construction de Tandis que j'agonise n'est pas si simple qu'elle n'y paraît. Certaines clés de l'histoire ne sont fournies que de tardivement. Certaines réponses ne viennent pas, je pense que c'est au lecteur d'essayer de comprendre certaines motivations.

Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre, je crois qu'il faudrait une seconde lecture pour ça. Mais Faulkner est assurément un auteur fascinant que je n'ai pas envie de quitter.

"Des fois, je ne sais pas trop si l'on a le droit de dire qu'un homme est fou ou non. Des fois, je crois qu'il n'y a personne de complètement fou et personne de complètement sain tant que la majorité n'a pas décidé dans un sens ou dans l'autre." (page 221)

Les avis de Thom et de Sylvie

31 août 2008

Le tag de la page 123...

Virginie m'a taguée il y a des semaines. Pour une fois, ça ne me dérangeait pas, mais j'aurais quand même bien pris mon temps...

Petit rappel du règlement pour les âmes perdues qui passeraient par là :

1) Dire qui vous a tagué et donner son lien.jagonise
2) Prendre le livre que l'on lit ou son livre préféré.
3) Recopier la cinquième phrase de la page 123, ainsi que les trois phrases suivantes.
4) Taguer à son tour quatre blogueurs.

Alors, je lis actuellement Tandis que j'agonise de William Faulkner.

Le narrateur est Darl, le fils un peu chaman des Bundren, qui parle de son frère Jewel, étrange aussi mais d'une autre façon : " Quand nous sommes rentrés pour le petit déjeuner il nous a croisés. Il portait les seaux à lait et il titubait comme s'il était saoûl, et il était occupé à traire quand nous avons attelé les mules, et nous sommes partis aux champs sans lui. Au bout d'une heure, il n'avait pas encore paru. Quand Dewey Dell est venue nous apporter notre déjeuner, mon père l'a envoyée chercher Jewel. "

Tout le monde l'a déjà fait, et j'épargne les éventuels petits malins.

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