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lilly et ses livres
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enfance
26 octobre 2008

Les Grandes Espérances ; Charles Dickens

32388_1_Folio ; 741 pages.
Traduction de Sylvère Monod. 1861.
VO : Great Expectations.

Petite, j'ai découvert l'univers de Dickens avec la version Disney de Un chant de Noël, puis avec une version animée d'Oliver Twist, que j'ai visionnée un nombre incalculable de fois. Je crois même que j'ai lu une version abrégée de David Coperfield. Je garde un très bon souvenir de ces expériences, mais pourtant je me suis toujours enfermée dans l'idée que Dickens était un auteur déprimant. Seulement, il se trouve qu'une de mes profs nous a vivement conseillé de lire des classiques du XIXe. Tâche absolument terrifiante quand on me connaît...
Bref, du coup j'ai dressé un inventaire des romans concernés que j'avais en stock, ce qui m'a amenée à déterrer ce livre que j'avais acheté après avoir dévoré La Foire aux Vanités de W.M. Thackeray (que je me permets de vous conseiller une nouvelle fois).

L'histoire est celle de l'apprentissage de la vie de Pip, un petit garçon élevé "à la cuillère" par une soeur très rude et le généreux mari de celle-ci, Joe. Alors qu'il n'a que sept ans, il rencontre un forçat qui lui demande de l'aide en le menaçant. Très vite, le mystérieux homme est rattrapé et remis en prison.
Un peu après, Pip est invité chez Melle Havisham, une vieille dame brisée, qui n'a pas quitté les reliques de son mariage avortée des années auparavant. Il y rencontre Estella, la fille adoptive de Melle Havisham, dont il tombe amoureux, mais qui n'a été formée qu'à dédaigner les hommes.
La vie de Pip bascule finalement lorsqu'il apprend qu'un bienfaiteur a mis de l'argent à sa disposition pour qu'il devienne un gentleman. Il quitte donc Joe et sa soeur pour mener une vie à la fois à Londres et chez son tuteur, qui se trouve être un parent de Miss Havisham.   

Je crois que j'avais oublié à quel point certains classiques sont légers. J'ai eu un certain nombre de coups de coeur ces dernières semaines, et au moins deux romans font désormais partie de mes incontournables, mais la plupart n'étaient pas franchement réjouissants. Ici non plus les choses ne sont pas faciles, ne vous méprenez pas. Mais cela n'empêche pas le roman d'être rempli d'humour. J'ai tout simplement adoré la façon dont Dickens nous présente les choses de façon à rendre des situations embarrassantes cocasses. Dès le premier chapitre par exemple, Pip est brutalisé par son forçat qui lui met la tête en bas, et lui fait ainsi voir son village à l'envers. Au lieu de dire que Pip est finalement reposé, Dickens écrit : "Quand l'église revint à elle..." J'imagine que dit comme cela, c'est difficile de voir ce qu'il y a d'amusant là-dedans, mais je vous assure que je me suis délectée de toutes les scènes de ce genre. Je pourrais dire de même des scènes où les personnages répètent plusieurs fois la même chose, et (encore des méchancetés à l'égard de ce pauvre homme) des scènes où Joe tente de faire des manières.
J'aime les romans où les personnages sont complexes, et difficile à détester même s'ils sont parfois odieux. Miss Havisham en est un très bon exemple. Ses projets sont diaboliques, c'est une femme amère voire cruelle, mais sa perspicacité à l'égard des vautours qui rodent autour d'elle et ses blessures la rendent attachante. A l'inverse, un Joe pourtant incroyablement généreux et sympathique toute la première partie du livre, devient lassant.
Ceci d'autant plus que c'est Pip qui nous raconte l'histoire, et que Dickens tend à nous démontrer à travers ce personnage à quel point on peut creuser un gouffre entre soi et les personnes que l'on aime vraiment sans rien faire pour l'empêcher.
Il y a quelque chose d'enfantin dans ce roman. Je ne sais pas si c'est parce que le héros est encore un petit garçon lorsque débute l'histoire, mais malgré certaines scènes, je trouve que l'univers dans lequel nous sommes plongés a un côté merveilleux. La maison de Miss Havisham et le Château de Wemmick (sans parler de son mariage) sont de bons exemples de ce que je veux dire.

J'ai bien conscience que mon billet n'est pas du tout à la hauteur du livre, que je pense conserver pour les moments où j'aurai envie de revoir le petit Pip.

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25 septembre 2008

Twist ; Delphine Bertholon

9782709629942_G_1_JC Lattès ; 428 pages.

Je déteste les romans basés sur des faits divers, alors ma première réaction en lisant le résumé de ce livre qui avait attiré mon attention a été : surtout pas. Puis, j'ai vu une vidéo dans laquelle l'auteur évoque son roman. Les avis de Clarabel et Solène étaient dithyrambiques, alors je me suis laissée convaincre.

Madison est encore une petite fille lorsqu'elle se fait enlever par R., un homme étrange au volant de sa Volvo noire. Elle restera enfermée pendant cinq ans dans une pièce de neuf mètres carrés, à tuer le temps en noircissant des cahiers d'écriture, et à chercher un moyen d'échapper à son ravisseur. Dehors, le temps s'est arrêté pour les parents de Madison. Quant à Stanislas, son professeur de tennis pour lequel elle avait le béguin, il mène une existence triste à Paris.

C'est en effet un roman à trois voix solidement construit que nous propose Delphine Bertholon. Madison, la petite fille enlevée. Stanislas, le garçon pommé. Et la mère, dévastée par la disparition de son enfant.
Cela permet au livre de ne pas se centrer sur le thème de l'enfant séquestré. Aucun détail glauque dans ce roman. Même dans les deux récits qui ne concernent pas directement Madi, la sexualité n'est pas évoquée de façon prolongée, et je pense que c'est volontaire de la part de l'auteur. Le voyeurisme est totalement rejeté. Delphine Bertholon avait un autre objectif avec ce livre, celui de nous parler d'enfermement. Pour Madi, c'est une évidence, la cage qui l'entoure est bien réelle. Sa mère, elle, s'est murée dans son chagrin, et Stanislas, lui, est prisonnier d'une relation qui le détruit mais de laquelle il ne parvient pas à se sortir.
Tous ces personnages deviennent attachants et familiers au cours du récit. Même R., dans une certaine mesure. Car, de la même façon qu'il ne s'agit pas de raconter de la manière la plus croustillante possible le calvaire vécu par Madison, Delphine Bertholon n'a pas écrit sur un monstre. Il ne s'agit pas de raconter que l'on se trouve au pays des bisounours, que cela soit clair. R. reste quelqu'un de distant, et Madison ne le considère jamais autrement que comme un pommé pouvant perdre son sang-froid à tout moment. Mais la personnalité de R. est intéressante dans la mesure où il semble parfois que c'est Madi qui a le contrôle. Elle écrit, et ça la libère, elle le gronde quand il ment, elle l'aide à réorganiser son espace intérieur. Et puis, elle est pleine de vie, dynamique, entreprenante, drôle. Au bout du compte, on a l'impression que celle qui est enfermée est la seule qui cherche la vie.
C'est aussi la seule qui ne souffre pas de son amour. C'est pour Stanislas qu'elle écrit ses cahiers, quand ce dernier se vautre de chagrin après que "Moi-même" soit encore partie sans lui.

Enfin bref, vraiment un roman sympa, à mon tour de vous le recommander !

29 mars 2008

La voleuse de livres ; Markus Zusak

9782266175968R1_1_Pocket ; 640 pages.
7,70 euros.

Un bon conseil : n'écoutez pas les mauvaises langues^^. Je viens de terminer ce livre, et je suis encore sonnée.

Liesel est encore une petite fille quand sa mère les conduit, elle et son petit frère dans la banlieue de Munich, à Molching. C'est dans le train que Liesel rencontre pour la première fois la Mort, qui vient emporter son cadet. Après les funérailles, Liesel trouve un livre dans la neige et l'emporte. A Molching, elle est accueillie par Rosa et Hans Huberman. C'est avec eux ainsi qu'avec Rudy, son meilleur ami, qu'elle va vivre la Deuxième Guerre mondiale, surveillée en coin par la Mort. Hans Huberman se lève toutes les nuits pour la consoler après son cauchemar récurrent. Avec lui, elle apprend à lire, se passionne pour les livres, qu'elle vole, et finit même par fasciner les autres habitants de la rue Himmel en leur faisant la lecture lors des bombardements.

La voleuse de livres est un livre auquel il est difficile de rester insensible quand on le croise sur un présentoir. La couverture est vraiment bien trouvée et le titre accrocheur. J'avais été un peu refroidie par les avis mitigés voire carrément écoeurés lus sur les autres blogs, du coup j'ai attendu la sortie poche (au grand bonheur de mon porte-monnaie).
En fait, même s'il m'a fallu une cinquantaine de pages pour vraiment rentrer dans l'histoire, le style m'a beaucoup amusée. J'imagine qu'en VO, cela doit encore mieux rendre, parce que Markus Zusak joue avec les mots, intègre différentes formes, et démontre le pouvoir des mots. Max se sauve de Stuttgart parce que le titre Mein Kampf écrit sur le livre qu'il porte dissimule qu'il est juif. Markus Zusak fait simple, puis nous dévoile certaines choses, avant de revenir en arrière. Tout cela sans créer de confusion, au contraire. Cela permet au lecteur de mieux enregistrer, de mieux comprendre. 
Contrairement à Clarabel, j'ai trouvé la Mort plutôt attachante. Son "Doux Jésus, Rudy..." est terrible. C'est bien simple, je n'ai pas pu retenir mes larmes sur la fin. Pourtant, je pleure rarement en lisant un livre.
Il faut dire qu'ils sont vraiment attachants ces personnages. Liesel, Rudy, Hans, Rosa, Tommy, et même la vieille guigne qui crache chaque jour sur la porte des Huberman. Le sujet est grave, mais l'histoire est ensoleillée. J'ai éclaté de rire à plusieurs reprises, Liesel n'est qu'une enfant, et ses actes sont ceux de quelqu'un qui ne s'attache qu'à ce qui compte vraiment. Rudy et elle ne comprennent pas tout, mais ils ont les bonnes intuitions. Il y a l'accordéon d'Hans, les hurlements de Rosa, les "saurkel" et les "saumensch" à tout va. Parce qu'il y aura toujours plus tard pour se dire que l'on s'aime. Enfin, c'est ce que l'on croit.
Ce livre est vivant, distrayant, grave et puissant.
Courez l'acheter !

" Désormais, je ne veux plus espérer. Je ne veux plus prier pour que Max soit sain et sauf. Ni Alex Steiner.
     Parce que le monde ne les mérite pas. "
(page 599)

Les avis d'Emjy et de BlueGrey.

17 décembre 2006

On s'est déjà vu quelque part ? Nuala O'Faolain

2264038322Edition 10/18 ; 314 pages.
7,80 euros.

" Née à Dublin au début des années 1940, dans une famille de neuf enfants, Nuala O'Faolain se décrit comme "l'Irlandaise type : une pas grand-chose, issue d'une longue lignée de pas grand chose, de ceux qui ne laissent pas de traces" : devenue chroniqueuse à l'Irish Times, après un brillant parcours universitaire et journalistique, elle raconte ici, avec simplicité, spontanéité, humour et beaucoup de modestie, comment elle n'est pas devenue une Irlandaise type.
Entre un père journaliste, figure désinvolte et absente, et une mère alcoolique accablée par les difficultés d'un quotidien précaire, la jeune Nuala se fraie, de petits boulots en combines, un chemin jusqu'à l'université et trouve un premier travail à la télévision. Elle vit à Londres les années 1970 du féminisme et de la cassure politique entre l'Irlande et la Grande-Bretagne.
Devenue une journaliste reconnue, Nuala O'Faloain n'écrit cependant pas une success story, bien au contraire : au fil des aventures sentimentales sans lendemain, des plongées dans l'alcool, elle dit avec une honnêteté scrupuleuse son extrême solitude, son incapacité à se détacher du modèle maternel et l'impossibilité de trouver l'âme sueur qu'elle cherche avec un sentimentalisme souvent à l'opposé d'un féminisme exacerbé... Avec ses contradictions (qu'elle pointe avec humour), ses doutes, ses enthousiasmes, ses excès, ses souffrances et ses passions - la lecture en est une, et pas des moindres -, Nuala O'Faolain construit un livre qui va droit à l'essentiel : son humanité sans fard. "

Encore une bonne surprise avec cette auteure. Nuala O'Faolain évoque son pays, l'Irlande, qu'elle a vu vivre des moments très importants de son Histoire. Mais elle est aussi témoin d'une époque de bouleversements des moeurs, des façons de penser, et pas seulement en Irlande mais aussi en France ou en Angleterre. Enfin, Nuala O'Faolain écrit une vie de femme, qui correspond à ce que beaucoup d'autres femmes ont vécu.
On sent que ce récit chargé d'émotion a pour but de soulager son auteur. Nuala O'Faolain nous raconte les choses simplement. Ses blessures, ses expériences, elle nous les fait partager. Avec humilité, elle ne cherche pas à nous épater avec des mots grandiloquents. Mais on sent surtout qu'elle cherche à être honnête avec elle même. Elle veut comprendre comment une jeune fille qui avait la tête pleine de rêves, qui voulait être désinvolte, est devenue ce qu'elle est aujourd'hui.
Elle réalise qu'elle regrette, par certains côtés, d'avoir rejeté aussi catégoriquement le modèle de ses parents. Ce modèle qu'elle a pourtant, sous certains aspects, reproduit en sombrant dans l'alcool, comme sa mère, pendant quelques années. Ce modèle qui, bien qu'il la terrifiait, l'attirait aussi. Elle ne s'est jamais mariée, n'a pas eu des enfants à la chaîne, et pourtant, même lorsqu'elle détestait ses parents, ou plutôt leur vie, elle a rêvé mariage heureux et enfants. A la fin de son livre, on se dit que son existence à elle a abouti au même  résultat, la solitude. Et la sienne est peut-être encore plus grande. Ses parents, elle le dit, avaient des moments où ils se retrouvaient, même si c'était rare, même si ce n'était que pour encore moins se comprendre le lendemain. Elle, elle est souvent seule. Elle n'a pas le privilège, si faible soit-il, de partager ces moments où la présence de l'Autre permet de faire abstraction de tout le reste.
Nuala O'Faolain écrit pour parler de sa réconciliation avec son pays, malgré toutes les humiliations subies, tout ce que signifiaient ses racines. Parce que l'Irlande est une partie intégrante d'elle même, et que la rejeter consisterait à se rejeter elle même. Elle nous raconte comment elle a fini par admettre combien elle aimait l'Irlande, et combien elle est Irlandaise.
En lisant ce livre, je réalise a quel point Nuala O'Faolain parle d'elle dans Chimères. Mais ce n'est pas du tout lassant d'entendre parler d'elle, parce qu'elle ne dresse pas un portrait narcissique d'elle même. Elle nous parle de ce qu'elle représente, de ce qu'elle a de commun avec nous Ou plutôt, d'une personne qui vit dans le même monde que nous, et qui l'affronte, avec ses réussites, ses échecs, ses doutes et ses craintes.
Est-ce que je sous-entend que la vie de Nuala O'Faolain est un gâchis ? Absolument pas. Il ne s'agit que d'un livre, on ne se livre jamais totalement, il est très probable que le fait de parler surtout des épreuves surmontées est un parti pris. Elle ne s'étend pas sur les moments heureux, mais on sent qu'il y en a eu. C'est une femme qui a mené sa vie, avec plus ou moins de maladresse, mais elle a osé le faire. Elle a connu des déceptions, mais c'est parce qu'elle a tenté. Aujourd'hui, elle est un écrivain reconnu. Et si elle est un peu dure avec elle même, je préfère penser que c'est surtout par modestie.

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