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lilly et ses livres
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25 juin 2017

L'amour et les forêts - Eric Reinhardt

81j+ZjS8dcLBénédicte Ombredanne est professeur agrégé de lettres dans un lycée de Metz. Egalement mariée et mère de deux enfants, propriétaire, elle a coché la plupart des cases qui permettent pour beaucoup d'estimer si une personne est heureuse. Elle-même fait tout ce qu'elle peut pour préserver l'image parfaite que sa famille renvoie.
Pourtant, lorsque les Ombredanne sont bien à l'abri des regards, Jean-François, le mari, n'a plus rien du compagnon idéal.

J'ai éprouvé pour ce livre une certaine fascination, je l'ai lu avec avidité, mais je ne suis pas entièrement convaincue.
La construction du livre, sa chronologie, sont intéressantes. J'ai apprécié la première partie, lorsque l'on découvre à travers les yeux de Bénédicte Ombredanne (impossible de l'appeler par son prénom, l'auteur lui-même ne le fait jamais) le personnage de Jean-François. Il a l'air perdu, vaincu, comme si le livre commençait par la fin. Le mépris avec lequel son épouse le traite alors ressemble à s'y méprendre à celui de toutes ces épouses qui décident qu'elles ont entendu pour la dernière fois leur mari leur dire qu'il ne recommencera plus. Et qui partent en claquant la porte... ou en s'inscrivant sur Meetic. Le retournement du rapport de force n'en est que plus violent pour le lecteur (qui pensait finalement lire l'histoire d'une reconstruction).
Les descriptions des maltraitances dont Bénédicte Ombredanne est victime sont impitoyables. L'utilisation de nombreux dialogues renforce la violence verbale du mari, et le lecteur en vient à prendre pour lui les accusations et les  phrases humiliantes destinées à la jeune femme. L'auteur est d'autant plus habile que, pour nous montrer la solitude à laquelle Bénédicte Ombredanne est condamnée, il utilise les enfants du couple (et sa fille Lola en priorité). Leur égoïsme (il est normal que leur mère fasse tout pour eux, c'est leur mère) se transforme en mépris puis en rejet total.
Comment alors, ne pas plonger dans la littérature, l'imaginaire ? Les parenthèses enchantées permettent à l'héroïne et au lecteur de trouver un refuge. Bénédicte Ombredanne est professeur de lettres, spécialiste de Villiers de L'Isle-Adam. Sa lecture d'Eric Reinhardt lui a rappelé l'un des pouvoirs de la fiction, celui d'imaginer différentes existences possibles pour une seule personne. J'ai moins marché avec les dialogues amoureux. Ils ne sont pas seulement surannés, mais aussi très mièvres, et les dialogues dignes d'une tragédie qui aurait été écrite par certains rappeurs très populaires dont je m'abstiendrai de prononcer le nom.

A14779" - Mais vous êtes devenue, en un instant, le battement de mon coeur ! Est-ce que je puis vivre sans vous ? Le seul air que je veuille respirer, c'est le vôtre ! "

J'ose penser que c'est volontaire, que ces échanges visent à contrebalancer complètement la réalité.

Ce qui m'a gênée dans ce livre, c'est sa construction finale. Je n'ai pas trouvé le personnage d'Eric Reinhardt utile dans la dernière partie. La façon dont il découvre ce qui est arrivé à Bénédicte Ombredanne est peu crédible. Les nouveaux personnages sortent de nulle part et je n'ai pas non plus aimé les raisons données au comportement de Jean-François. La perversion ne s'explique pas si simplement. Céder à la facilité et aux grosses ficelles est décevant lorsque le reste est plus subtile.

Un roman sur un sujet plutôt difficile en ces temps où tout le monde est un pervers narcissique, qu'Eric Reinhardt traite avec les moyens qu'il maîtrise le mieux, ceux d'un auteur. Quelques longueurs, quelques défauts, mais un livre qui reste longtemps en tête.

Une lecture un peu spéciale car il se trouve que j'avais ce roman dans deux formats, dont la version audio. C'est cette dernière que j'ai utilisée pour la première moitié du roman. Marie-Sophie Ferdane incarne très bien Bénédicte Ombredanne et rend les tableaux des forêts particulièrement vivants.

Les avis de Sylvie et de Dominique.

Folio. 412 pages.
2014 pour l'édition originale.

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17 juin 2017

La terre qui penche - Carole Martinez

product_9782072714535_195x320"Est-ce ainsi que pleurent les rivières ?"

Dès les premières pages, lorsque la Loue, la rivière qui borde le Domaine des Murmures, après s'être figée, déverse sa colère et sa douleur en emportant tout sur son passage, nous retrouvons ce qui nous envoûte tant chez Carole Martinez...

Blanche est née au milieu du XIVe siècle, dans un monde dévasté par la Peste noire. Orpheline de mère et à peine éduquée, cette fille de châtelain a été conduite aux Murmures afin d'être donnée au fils du seigneur de Haute-Pierre avant de mourir à l'âge de douze ans.
C'est elle qui nous raconte son histoire, voyageant à travers les siècles.

Ce roman est si beau que j'ignore comment vous en parler. J'ai vécu ma lecture en me laissant totalement emporter par cette narratrice à deux têtes, la petite fille et sa vieille âme.
Avec cette histoire, Carole Martinez nous embarque dans un univers mêlant histoire, chansons et merveilleux. C'est le Moyen-Âge, rude, violent et meurtri. Les femmes y sont des objets de marchandage. Si aucune n'est particulièrement attachante, leurs actions s'expliquent bien souvent par l'impuissance à laquelle leur condition les condamne. Qu'elles soient maîtresse du Domaine des Murmures, filles de seigneur, cuisinière un peu sorcière dont les filles mortes continuent à hanter les forêts ou prisonnière de la rivière, elles partagent toutes la même douleur.
Je vous rassure, les hommes sont aussi mal lotis, condamnés à cacher leurs sentiments ou écorchés vifs.

Parmi ces personnages, un trio se détache. Blanche s'étant juré de ne jamais être le bien d'un homme, s'éprend de son promis, l'éternel Enfant, Aymon. D'abord présenté comme un jeune garçon dont la déficience intellectuelle embarasse, cet être solaire est finalement la clé du bonheur de notre héroïne. Elle qui a réussi à mettre à terre l'ogre de ce conte et à le transformer en cheval, trouve en Aymon un allié qu'aucune noirceur ne peut atteindre. Il est le seul à voir les loups de Blanche, ceux qui veillent sur elle. C'est par son biais également qu'elle rencontre un jeune charpentier, Eloi. Celui-ci vient compléter un triangle amoureux, harmonieux et chaste. Ensemble, ils parviennent à vivre avec le soutien de la Nature et de ses créatures, à repousser le malheur au loin. Pour un temps du moins.

En effet, ce livre n'est pas seulement un huis-clos rempli de tendresse. Le passé et le futur sont des inconnus que le lecteur découvre avec la même angoisse. Que s'est-il passé avant la naissance de Blanche ? Qui était sa mère ? Comment Blanche, qui annonce dès la première page sa mort à l'âge de douze ans, est-elle morte ? A-t-elle eu le temps d'apprendre à écrire son nom ? La peste les a-t-elle tous réduits au silence ? Au fil des chapitres, différentes personnes vont se confier à Blanche, parfois sans se douter qu'elle écoute. Carole Martinez fait ainsi tomber les masques et dévoile des personnages bien plus complexes que ce que la petite fille imaginait au début de l'histoire.

J'ai refermé ce livre à regret, complètement bouleversée. C'est un énorme coup de coeur.

Merci aux éditions Folio pour cette lecture.

Les avis d'Yspaddaden et de Gambadou.

Folio. 427 pages.
2015 pour l'édition originale.

14 mai 2017

Le chemin du diable - Jean-Pierre Ohl

jpohlAngleterre, 1824. Alors que la construction du chemin de fer a commencé, supervisée par l'ingénieur George Stephenson, les ouvriers découvrent le cadavre d'une femme enfoui sous l'eau. Un poignard, encore enfoncé dans le corps de la victime, et les lambeaux de vêtements rafinés qui l'habillent font immédiatement penser qu'il pourrait s'agir de Lady Mathilde Beresford, l'épouse française du maître de Wooler Manor exilé depuis des années en Amérique du Sud.
Alors qu'Edward Bailey et son clerc Seamus Snegg débutent leur enquête, Leonard Vholes, avocat londonien des Beresford, se souvient de sa rencontre avec cette famille qui lui a apporté beaucoup de malheur.

Si je n'ai pas trouvé ce livre sans défaut, je ne me suis pas ennuyée une seconde en le lisant et je l'ai même trouvé bien trop court.
On retrouve bien dans ce livre l'amoureux des livres et surtout de l'Angleterre victorienne qu'est Jean-Pierre Ohl. Byron est abondamment cité, Jane Austen et Jane Eyre ne sont pas loin, de même que les romans  gothiques de Matthew G. Lewis et d'Ann Radcliffe. On retrouve tous ces auteurs dans les thèmes et l'ambiance du livre. Charles Dickens, qui occupe une place particulière dans l'univers de Jean-Pierre Ohl, est cette fois un personnage du roman.
Encore tout jeune garçon, le futur auteur est aussi bien croqué que les autres personnages centraux. J'espérais retrouver Crook, qui m'avait beaucoup marquée dans ses précédents romans, mais Ohl nous gâte avec le duo formé par Bailey et Snegg. De même, lorsqu'on suit Vholes dans ses souvenirs, les époux Beresford et la frêle Ophelia nous laissent entrevoir l'atmosphère tendue qui règne dans leur intimité, et l'exotique Newton nous donne l'impression d'être plongé dans un mystère de Wilkie Collins. Voir ces personnages évoluer à des époques et par des biais différents (témoignage, journal intime, enquête de Bailey) est d'autant plus intriguant qu'on ne comprend pas tout de suite qui est le personnage qui tire les ficelles.
Impossible de parler de ce livre sans évoquer son discours sur la condition ouvrière, les femmes et l'industrialisation dans l'Angleterre du XIXe siècle. J'ai lu ce roman en pleine période électorale, donc les réflexions de ces personnages de fiction sur le libéralisme d'Adam Smith, les luttes de classes ou encore la main d'oeuvre étrangère (même s'il s'agissait alors d'Irlandais) m'ont d'autant plus touchée.
En ce qui concerne l'enquête, je la trouve intéressante et j'aime découvrir la vérité par bribes, mais je trouve que les ficelles de certaines histoires périphériques (Byron, Sam Davies...) sont un peu grosses et les explications bancales. De même, l'attitude finale des Beresford me semble incohérente avec ce qu'ils ont montré durant tout le reste du roman.

Mais je chipote et il faut bien admettre que j'ai fini ce roman avec une furieuse envie de recroiser les personnages dans de futurs romans. Je pourrais bien relire Les Maîtres de Glenmarkie en attendant.

Gallimard. 367 pages.
2017.

27 décembre 2016

Regarde les lumières mon amour - Annie Ernaux

Source: Externe

Le supermarché peut-il être objet d'écriture ?

"Nous choisissons nos objets et nos lieux de mémoire ou plutôt l'air du temps décide de ce dont il vaut la peine qu'on se souvienne. Les écrivains, les artistes, les cinéastes participent de l'élaboration de cette mémoire."

Le succès des romans "tranches de vie" témoigne de l'intérêt que nous éprouvons pour les témoignages autour des métiers que nous côtoyons et pensons connaître. Beaucoup de lecteurs ont ri aux anecdotes d'une caissière ou découvert le quotidien d'un vigile avec ce type de livres. Cependant, une fois ces ouvrages refermés, il me manquait une invitation à me questionner, un "et après ?". Annie Ernaux est une simple cliente de supermarché, mais dans son très court journal consignant les visites effectuées dans le magasin Auchan des Trois Fontaines à Cergy, elle nous invite à nous interroger sur ce que notre rapport au supermarché dit de nous et de notre société.

Comme elle est écrivain, Annie Ernaux se demande ce qui explique l'absence des supermarchés dans la littérature. Pourquoi n'ont-ils pas accédé à la "dignité littéraire" un demi-siècle après leur apparition ? Après tout, il s'agit de l'un des rares endroits où tout le monde ou presque se croise, "où chacun a l'occasion d'avoir un aperçu sur la façon d'être et de vivre des autres", que ce soit par les heures ou ils fréquentent un lieu ou par les articles qu'ils posent sur le tapis roulant. Mais un supermarché, c'est de façon communément admise l'opposé de la culture. A tel point qu'y acheter un livre est un acte presque honteux. Pourquoi alors l'écrivain s'y intéresserait-il ? 
Autre raison évidente à cette absence du lieu dans la littérature : "les super et hypermarchés demeurent une extension du domaine féminin". Tout est fait essentiellement pour les femmes, à commencer par la publicité beaucoup plus agressive quand il s'agit de toucher ce public. Les rayons jouets estampillés "filles" apprennent même à jouer aux courses dès le plus jeune âge.

Bref, le supermarché, un sous-sujet. Et pourtant...

On dit toujours d'Annie Ernaux qu'elle a une écriture plate. Ici, elle décrit sans le moindre effet de style, sans chercher à provoquer le rire ou la consternation. Ses phrases sont dépouillées, froides, laconiques. Elle rend l'inhumanité de la grande distribution en égrénant à la manière de dépêches AFP les destructions meurtrières d'usines fabriquant des produits pour Auchan, Carrefour et autres chaînes de magasins grand public. Elle compte les caisses libre-service qui remplacent peu à peu les caissières, décrit l'empressement de chacun à la caisse, évoque les chariots arpentant les rayons sans que les regards de leurs chauffeurs ne se croisent une seule fois. Elle rend visible ce que nous ne voyons pas, à savoir tous ces gens qui sont des personnages trop souvent dissimulés par l'omniprésence de l'hypermarché quand nous faisons nos courses. Rien que du vrai que n'importe qui pourrait confirmer, mais qui fixé sur une page glace et interpelle.

Brillant.

L'avis de Clara.

Folio. 2016.
96 pages.

7 décembre 2016

Delphine de Vigan et l'autofiction

Lorsque ce blog a ouvert ses portes il y a dix ans, j'éprouvais un mépris énorme pour tout ce qui pouvait être étiqueté "autofiction". Je reprochais à la littérature française contemporaine son incapacité à créer des romans avec une "vraie histoire", dépaysante et avec des personnages inventés*.
Cette année, je suis devenue vieille j'ai découvert deux auteurs qui ont remis en cause cette opinion : Camille Laurens et surtout Delphine de Vigan.

Delphine de Vigan s'est d'abord fait connaître avec No et moi, adapté au cinéma en 2007. Il avait connu un certain succès sur les blogs, mais c'est avec Rien ne s'oppose à la nuit que les éloges sur cet auteur ont commencé à pleuvoir autour de moi et sur la blogosphère. L'an dernier, j'ai finalement décidé de craquer après la sortie de son dernier livre. Seul souci, il serait très dommage de découvrir D'après une histoire vraie sans avoir lu le livre qui l'a inspiré, puisqu'au livre sur la mère a succédé le livre sur les conséquences d'une telle entreprise de déballage.

9782253164265-001-TDans Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan décide d'écrire sur sa mère après le suicide de celle-ci.  En racontant son enfance, puis sa vie d'adulte avant et après la naissance de ses enfants, l'auteur livre l'histoire de sa famille sans prendre le soin de dissimuler les drames et la laideur de sa famille.

Qui était Lucile ?

La mère décrite par Delphine de Vigan est une femme dont l'équilibre mental est si fragile qu'il s'effondre à de multiples reprises. L'enfance de Lucile, membre d'une famille nombreuse du milieu du XXe siècle rappelle les photos en noir et blanc ayant un air de bonheur et d'insouciance. Mais entre les chamailleries et les sorties à l'extérieur ont lieu des drames publics et d'autres qui seront cachés autant que possible.
Dans ce livre sur la mère de l'auteur, le personnage principal semble étrangement plutôt être Delphine de Vigan elle-même. Après la découverte du corps de sa mère, elle ressent le besoin d'écrire sur cette femme avec laquelle les relations ont souvent été complexes. Mais comment écrit-on une biographie ? Et puis, comment ne blesser personne ? Le travail de l'écrivain est délicat lorsqu'il ressent un devoir de vérité tout en sachant que celui-ci va nécessairement engendrer des brouilles familiales. Pour trouver sa mère, et surtout savoir pourquoi elle était brisée, Delphine de Vigan doit attaquer des membres de sa famille. Or, n'importe qui ayant dû briser un silence sait que pour beaucoup, on n'attaque pas les morts, et encore moins l'image idéal qu'on en garde.  

daprès-une-histore-vraieUne telle entreprise va provoquer chez l'auteur un épuisement profond. C'est ce qu'elle évoque dans la "suite" de son livre, D'après une histoire vraie.

En 2011, le succès du roman que Delphine de Vigan a écrit sur sa mère est tel qu'il lui ouvre de nombreuses portes et que les lecteurs se pressent dans les librairies et les salons pour la rencontrer.
Un soir qu'elle culpabilise d'avoir refusé de signer un dernier autographe, elle fait la rencontre de L.

L. est le genre de femme que Delphine de Vigan n'est pas : toujours tirée à quatre épingles, mystérieuse, confiante. Alors que l'auteur s'interroge sur la possibilité d'écrire encore après un livre aussi intime que Rien ne s'oppose à la nuit, L. se montre de prime abord plus ambitieuse encore que Delphine. Pour L., la fiction n'est plus dans des personnages et des histoires imaginées, mais bien dans le réel. Tout ce que Delphine a écrit avant le roman qui l'a propulsée sur le devant de la scène est inutile et il n'y a aucun retour en arrière possible.
J'avais initialement prévu de lire Misery de Stephen King, dans lequel Delphine de Vigan a puisé pour écrire son livre, mais un amateur du grand auteur américain a découragé la trouillarde que je suis de le faire. Je me suis donc contentée du résumé, qui me semble déjà interessant pour faire le parallèle entre les deux duos auteur/amateur de plus en plus effrayant.
Encore une fois, le personnage de L. est ici présent essentiellement pour faire ressortir les fragilités, les questionnements de Delphine. Avec le départ programmé de ses enfants nouveaux bacheliers, un compagnon absent et des lettres anonymes menaçantes de la part d'un membre de sa famille ayant été blessé par son précédent livre, l'auteur est vulnérable. L. va pouvoir la réconforter puis l'enfermer. Au fur et à mesure que le livre se transforme en thriller et en huis-clos entre les deux femmes, la question de l'écriture de soi devient de plus en plus centrale. Jusqu'au dénouement brillant. 

D'après une histoire vraie se rapproche davantage d'une fiction telle qu'on conçoit cette appellation que Rien ne s'oppose à la nuit. Ses rouages sont plus complexes et le lecteur se sent déboussolé après l'avoir refermé. Pourtant, rien ne nous dit non plus que Delphine de Vigan n'a pas joué avec nous depuis le début. Et finalement, c'est ce doute qui me plaît. Je me moque que tel ou tel élément soit autobiographique ou complètement imaginé. En écrivant une autofiction, l'auteur se rapproche ici du lecteur qui ne peut que voir dans ce diptyque des points communs avec sa propre histoire pour mieux l'engluer. Et j'en redemande.

* D'après Le Magazine Littéraire du mois de septembre, l'autofiction est de plus en plus remplacée par l'exofiction. A croire que mes lubies ne me permettront jamais d'être à la mode, j'ai horreur de ça...

L'avis d'Yspaddaden.

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15 septembre 2016

Celle que vous croyez - Camille Laurens

A14387Camille Laurens est un auteur que j'ai découvert à l'occasion de la polémique l'opposant à Marie Darrieussecq qui avait fait couler beaucoup d'encre il y a quelques années. N'ayant jamais lu ni l'une ni l'autre, j'avais simplement été découragée de me plonger dans leurs oeuvres. C'est Carolivre qui a publié une vidéo faisant une présentation alléchante de ce livre qui m'a fait changer d'avis.

Claire est en hôpital psychiatrique. Cette femme brillante, cinquantenaire, divorcée et mère de deux enfants, a chaviré quelques années plus tôt.
Alors dans une relation toxique avec un certain Joël, elle décide pour l'espionner de faire par le biais d'un faux profil Facebook, une demande d'amitié à son colocataire, Chris. Celui-ci est un photographe trentenaire très conscient de l'effet qu'il produit sur la gente féminine. Chris tombe immédiatement sous le charme du personnage créé par Claire, et cette dernière ne tarde pas à se prendre bien trop au jeu également.

Ce livre pourrait être une banale histoire d'amour qui a mal tourné, mais le profil de l'héroïne, la construction du livre et le style de l'auteur en font un très bon roman.
D'abord, la narratrice raconte ce qui lui est arrivé, à toute allure, sans reprendre son souffle. L'ensemble est brouillon, décousu. Elle s'adresse à un psychiatre que l'on n'entend qu'à travers sa patiente, lorsqu'elle reformule ses questions. Cette partie est sous tension, car on sait qu'il s'est passé quelque chose d'horrible, mais on ignore quoi, et dans quel mesure Claire est responsable.
Puis, par deux fois, on pense toucher la vérité. Les personnages sont toujours les mêmes, mais ils ne tiennent plus le même rôle, et on referme finalement ce livre en se demandant si l'auteur ne s'est pas un peu moqué de nous. Ce roman est-il un roman totalement inventé ? de l'autofiction ? un peu des deux ?
Dans tous les cas, à travers son personnage, Camille Laurens en profite pour évoquer la place peu reluisante accordée aux femmes de plus de cinquante ans (voire moins) dans notre société. La charge est violente, mais elle corrobore ce que j'ai moi-même constaté plusieurs fois dans mon entourage (même si la presse nous assure ces derniers jours que les femmes sont de plus en plus nombreuses à avoir un compagnon plus jeune, au moins 10% ! *). Tout, la littérature, les sites de rencontres, le monsieur avec qui l'on discute qui se détourne dès qu'une jeune fille arrive, comme si sa précédente interlocutrice était transparente, tout rappelle aux femmes qu'elles ont une date de péremption.
Alors, dans ce monde, comment ne pas céder à la tentation de se créer un personnage ? Tout le monde le fait après tout. Je connais peu de profils qui montrent autre chose qu'une vie parfaite sur les réseaux sociaux. Notre narratrice vole donc une identité et en savoure les avantages tout en sachant que le temps lui est compté. Et là, ironie du sort, c'est bien son expérience qui lui permet de savoir ce que Chris veut entendre, et comment le séduire. Cela dit, l'auteur nous propose une héroïne loin d'être irréprochable elle-même, pleine de failles et agaçante, ce qui évite de rendre le tout trop manichéen.

Une réflexion originale sur certains aspects de notre société. J'ai été bluffée par cette première lecture de Camille Laurens.

Les avis de Papillon et de Violette.

*Non, je ne suis pas du tout sarcastique.

Gallimard. 192 pages.
2016.

11 août 2014

Du côté de chez Swann - Marcel Proust

9782253059097-TDevenu adulte, notre narrateur nous raconte ses vacances d'autrefois chez ses grands-parents, à Combray. Il nous confie ses peurs d'enfant, son amour pour sa mère, le bonheur des promenades, la vie avec ses grandes-tantes, la servante Françoise et le fameux Charles Swann au nom si doux.

Je pensais que le jour où je viendrais enfin vous parler de ma découverte de Marcel Proust, la fierté d'avoir accompli un immense exploit serait la plus forte, mais je suis en fait éblouie.
Lire ce livre nécessite assurément d'être disponible, car chaque phrase se savoure. Mais ce n'est ni lent, ni ennuyeux, ni triste. Au bout d'une cinquantaine de pages, j'ai réalisé que cet auteur allait rejoindre la liste des auteurs qui me touchent le plus. Lire Proust, c'est vraiment regarder dans un miroir. Il capte les émotions et les décrit comme personne, à tel point qu'on a l'impression que c'est de nous en particulier dont il est question.
En lisant ces longues phrases et en percevant cette obsession pour le temps et les émotions, on ne peut que penser à Virginia Woolf, même si cette dernière peint quand Proust exprime (je suis encore super claire...). En d'autres termes et pour le dire de façon grossière, là où Woolf utilise les éléments qui l'entourent pour décrire les tourments intérieurs, Proust est beaucoup moins abstrait. J'étais surtout curieuse de connaître notre Marcel national pour le comparer à la romancière anglaise, et finalement je les sens à la fois proches et très différents l'un de l'autre.

La construction du livre en lui-même est aussi habile que surprenante. La première partie, Combray, restitue les souvenirs d'enfance du narrateur. C'est sublime, drôle, plein d'anecdotes qui nous rappellent notre propre enfance. La seconde partie, Un amour de Swann, contient le récit de la relation entre Swann et Odette de Crécy. On se croirait presque dans un roman de Zola ou de Balzac lorsqu'on assiste aux réceptions chez les horribles Verdurin et que l'on voit Odette mener Swann par le bout du nez. Enfin, Noms de pays : le nom clôture le livre en une quarantaine de pages. Cette fois, notre narrateur redevient le personnage principal. Il semble avoir grandit depuis Combray, et tombe sous le charme de Gilberte Swann.
A première vue, les trois parties ne semblent pas interdépendantes. Je me souviens qu'il y a quelques années les élèves de classes préparatoires scientifiques devaient d'ailleurs lire la deuxième partie uniquement. En effet, l'époque n'est pas la même, les personnages sont différents. Pourtant, Swann est au moins un fantôme dans chacun des textes. Sa position, ses fréquentations que l'on nous présente dans la seconde partie, il en est question dès le début, lorsque la grande-tante du narrateur évoque son horreur des gens qui se lient à des personnes appartenant à une classe sociale distincte de la leur. Et l'on comprend tout à la fin que malgré la savoureuse dernière phrase de la seconde partie, Swann n'est pas parvenu à se tirer d'embarras. En fait, quand on tourne la dernière page, on n'a pas l'impression d'avoir lu trois livres, mais plutôt d'en avoir raté un gros morceau (d'où les six autres livres je pense).

Si je peux maintenant affirmer que Proust a beaucoup d'humour, il y a tout autant de nostalgie dans ce livre. A la fin bien sûr, lorsque le narrateur réalise que l'époque a changé, que les tenues de Mme Swann n'existeront plus jamais. Mais aussi dans la première partie, à chaque fois qu'un élément rappelle au narrateur son enfance, que ce soit par le biais de la fameuse madeleine ou d'autre chose :

" ce parfum d'aubépine qui butine le long de la haie où les églantiers le remplaceront bientôt, un bruit de pas sans écho sur le gravier d'une allée, une bulle formée contre une plante aquatique par l'eau de la rivière et qui crève aussitôt, mon exaltation les a portés et a réussi à leur faire traverser tant d’années successives, tandis qu’alentour les chemins se sont effacés et que sont morts ceux qui les foulèrent et le souvenir de ceux qui les foulèrent. "

Après tout, quand il est question de "temps perdu", c'est assez normal d'être partagé entre le bonheur de ses souvenirs d'enfant et la tristesse d'avoir grandi.

Comme toujours lorsque j'évoque un livre de cette ampleur, je trouve mon billet minable tout en ayant besoin d'en garder une trace sur mon blog.
Alors pour fait un résumé très court, Du côté de chez Swann, c'est très très bien.

Les billets éclairés de Romanza et Titine.

Le livre de poche. 478 pages.
1913.

4 juin 2014

Le peintre d'éventail - Hubbert Haddad

3218992835_1_2_CXL00NYqAprès des années d'absence, Hi-han retourne voir Matabei, son vieux maître. Celui-ci lui livre alors l'histoire de sa vie, dans la pension de Dame Hison, où il fut amant de l'ancienne courtisane puis jardinier.

J'ai mis un moment à me plonger dans ce livre. J'ai même songé à renoncer, tellement les descriptions me gonflaient, tellement les petites phrases de début et de fin de chapitre me semblaient surfaites. Je ne suis pas quelqu'un de patient, peu d'auteurs parviennent à me captiver avec des pages entières de descriptions.

Et puis, j'ai décidé de me secouer, de lâcher prise et de me concentrer, pour finalement laisser la magie opérer.
Le peintre d'éventail, c'est une drôle d'histoire. Le prologue laisse entendre qu'il faut s'attendre à découvrir une histoire captivante, à un personnage extraordinaire (ce fameux peintre d'éventail), mais lorsque la rencontre se produit, c'est déstabilisant d'une façon que l'on n'avait pas anticipée.
L'espace dans lequel se déroule l'action est très restreint. Une maison semblant hors du monde, ainsi que quelques montagnes et un lac alentours. Le nombre des acteurs aussi est réduit : à peine une dizaine, les habitants de la pension, presque des fantômes au début tellement ils se confondent. Puis, on se met à distinguer Dame Hison, les amants Ken et Anna, le maladroit Hi-han, et surtout Matabei et son obsession pour le jardin. Ils nous deviennent familiers, et dans ce havre de paix on se prend à se sentir en sécurité, apaisé.
Chacun de ces personnages a fuit le monde. Dame Hison est une ancienne courtisane, Ken et Anna fuient la haine d'un mari jaloux, Enjo est une jeune fille égarée. Ils semblent n'exister que dans le monde clos que forment la maison et son magnifique jardin.
L'art de communier avec la nature, de la dessiner, de l'écrire, est d'abord maîtrisé par Osaki qui le transmet à Matabei. Lorsque Hi-han rejoint la demeure, le nouveau jardinier tente de l'initier.

Puis, tout s'écroule. Matabei était arrivé à la pension de Dame Hison en partant sur les traces de la jeune fille qu'il avait renversée sous un tunnel à Kobe, peu avant le tremblement de terre. La seconde réplique de ce drame précipite à nouveau Matabei dans une réalité insupportable.

Pourtant, Hubert Haddad ne modifie son écriture à aucun moment. Le rythme reste calme, et c'est sans doute ce qui m'a le plus impressionnée dans ce livre : comment l'auteur parvient à faire passer tant de choses, tant d'émotions en restant si simple dans son propos.

Un beau moment de lecture.

Merci à Lise et Anna de Folio pour le livre.

Folio. 179 pages.
2013 pour l'édition originale.

17 octobre 2013

Ce qu'il advint du sauvage blanc - François Garde

gardeAu milieu du XIXe siècle, alors que les terres inexplorées se réduisent à peau de chagrin et que les sciences humaines se développent, le vicomte Octave de Vallombrun tente de partir à l'aventure et d'apporter une grande découverte à la Société de Géographie. Après une expédition décevante en Islande, il se rend en Australie où, par hasard, il va rencontrer un "sauvage blanc". Il s'agit en fait de Narcisse Pelletier, un marin disparu dix-huit années qui a été recueilli par des autochtones et a assimilé leur culture au point d'en oublier son ancien nom.
Octave, qui se prend d'affection pour cet être insaisissable et qui voit en lui la possibilité de développer une nouvelle science, passera des années à tenter de comprendre ce qui lui est arrivé.

Je n'ai jamais lu Robinson Crusoë et je n'ai jamais vraiment goûté au roman d'aventure, mais j'espère combler en partie cette lacune après avoir découvert le livre de François Garde. Je n'ai pas éprouvé un coup de coeur à sa lecture, mais c'est un récit très prenant et documenté difficile à lâcher.
La vie de Narcisse Pelletier nous est contée par deux narrateurs. Le premier est le principal intéressé, Narcisse Pelletier lui-même, dont on découvre les débuts sur les côtes australiennes. Abandonné par son capitaine, il est recueilli par une communauté régie par des règles qui lui échappent complètement. D'abord peu soucieux de s'intégrer, convaincu que son séjour sera de courte durée, il semble qu'il ait été obligé de se mêler à son nouveau peuple puisqu'il ne sera recueilli que près de vingt ans plus tard. De cette partie de l'histoire on ne saura presque rien, le second narrateur restant incapable de faire parler Narcisse au sujet de son passage forcé en Australie.
Octave de Vallombrun est un personnage très intéressant. Naïf, sincère et enthousiaste, c'est aussi un jeune homme ambitieux, qui voit en Narcisse Pelletier une sorte d'homme de la nature fruit d'une expérience involontaire inédite, qui va pouvoir le renseigner sur la vie de ses sauveurs ainsi que lui permettre d'étudier le mécanisme qui fait qu'on peut oublier jusqu'à son nom.

"Le voyage de retour de Narcisse vers notre monde n'aura lieu qu'une fois et dans un seul sens. J'en serai le scribe."

Malgré tout, le vicomte ne va pas tarder à être surpris par son élève, à douter, et enfin à être déçu. Les découvertes qu'il fait suggèrent des choses inconcevables à ses yeux (et que l'on ne peut rendre publiques). Certains comportements de Narcisse laissent penser que les "sauvages" sont plus civilisés face à certaines situations que les Européens, ce qui va totalement à l'encontre des défenseurs de la colonisation, qui se targuent d'apporter le Bien aux populations non chrétiennes.
Par ailleurs, l'accueil réservé au "sauvage blanc", ainsi que l'on surnomme Narcisse, est celui que l'on ferait à une bête de foire. Narcisse fascine, fait peur, suscite des réserves (qu'est-ce qui nous dit qu'il ne s'agit pas d'un simple menteur ?). Quant aux scientifiques de la Société de Géographie française, elle se montre finalement assez peu convaincue par les recherches d'Octave de Vallombrun sur cet ancien simple matelot, qui a peut-être perdu tous ses repères parce qu'il n'était qu'un homme insignifiant et ignorant.
Enfin, Octave devra se résoudre à accepter son échec, et s'interrogera même sur le bien-fondé du retour de Narcisse Pelletier en France.

"Deux fois il a franchi ce passage impossible d'un monde à l'autre. Pour vivre avec les sauvages, il avait dû tout oublier de sa vie de matelot (qui saura jamais au prix de quels efforts !). Revenu parmi les Blances, et se refusant d'instinct à endurer à nouveau pareille ordalie, il s'était réfugié dans l'amnésie volontaire. Répondre lui était impossible, sauf à rabaisser le pont-levis de sa forteresse et laisser le matelot et le diablotin s'affronter en un combat mortel. Sa raison n'y eût pas survécu."

Bref, un livre avec un fond historique comme je les aime, des personnages qui soulèvent des questions passionnantes et un dépaysement total à certains moments. Une très jolie découverte.

Folio. 380 pages.
2012.

 

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22 avril 2013

Du domaine des murmures - Carole Martinez

carole-martinez-du-domaine-des-murmures"Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi."

Esclarmonde, quinze ans, se tranche l'oreille le jour de ses noces avec Lothaire, un homme qu'elle n'a pas choisi. Elle annonce aussi son intention de se retirer dans une cellule afin d'y communier avec Dieu pour le restant de ses jours.
La construction de sa prison est finalement ordonnée par son père, mais alors qu'elle se prépare à y entrer, elle est violée. Elle donne naissance à un fils neuf mois plus tard dans sa cellule, un bébé qui est vu comme un authentique miracle dans toute la région.

C'est avec beaucoup d'appréhension que j'ai ouvert ce livre. Si je garde un bon souvenir du premier roman de Carole Martinez, le sujet de celui-ci me semblait très risqué. Des histoires de femmes au Moyen-Âge, ça me rappelle un autre livre qui avait fait couler beaucoup d'encre il y a quelques années et qui m'avait laissée perplexe, La Passion selon Juette.
Les premières pages n'ont pas tout à fait apaisé mes craintes. Les histoires d'illuminées martyres ont tendance à m'exaspérer. Pourtant, très vite, l'histoire d'Esclarmonde devient intrigante. A partir du moment où le monde des contes fait son entrée, j'ai retrouvé ce qui fait le charme de Carole Martinez. Alors oui, ça parle de religion, mais il est aussi question d'un enfant aux paumes trouées qui donnent un accès direct à la troupe de croisés à laquelle son grand-père appartient, d'une sirène aux cheveux verts, d'une héroïne qui repousse la Mort, ou encore d'un cheval vengeur appelé Gauvain. 
Nous sommes au Moyen-Âge, mais la religion ressemble beaucoup à une magie qui permettrait aux femmes de contrôler leur vie. Les gens n'hésitent pas à manipuler la vérité, même inconsciemment, si cela peut leur servir. Leur religion est faite de christianisme, de croyances anciennes et d'opportunisme, ce qui leur laisse un large champ d'action. Ce mélange permet au récit d'explorer diverses pistes de réflexion sur la nature des gens et de ne pas laisser de côté les gens qui, comme moi, sont assez hermétiques lorsqu'on leur présente des héros d'une piété extrême.
Esclarmonde elle-même, bien qu'enfermée dans une cellule, n'est pas coupée du monde. Elle voit les choses à travers son fils et tous les gens qui lui rendent visite. Ce n'est pas une victime et encore moins une sainte. Elle aussi manipule les gens et elle aussi se trouve parfois confontée aux trop lourdes conséquences de ses actes.

Une jolie lecture à faire d'une traite qui confirme que Carole Martinez est un auteur à suivre de près.

Comme je suis la dernière à lire ce roman, vous pouvez aussi trouver des avis chez Lou, Sylire, Stephie, Gambadou ou encore Theoma.

Merci à Lise des éditions Folio.

Folio. 240 pages.
2011 pour l'édition originale.

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