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lilly et ses livres
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23 décembre 2009

Sombre Printemps ; Unica Zürn

untitledLe Serpent à Plumes ; 118 pages.
Traduit par
1969
.

J'ai honte. Mon ordinateur est réparé, je suis en vacances, il y a des livres dont il faut que je vous parle, et pourtant mon blog reste muet. Alors, pour ce dernier billet avant Noël, je vais vous parler d'un texte magnifique, mais qui ne se rapproche en rien d'une ambiance pleine de rires. Vous voilà prévenus.

Elle naît pendant la guerre. "Son père est le premier homme dont elle fait la connaissance." Il est loin, et à partir de là, c'est la seule façon d'aimer pour elle. Elle vit auprès d'une mère qui la dégoûte et d'un frère qu'elle hait. Alors elle rêve l'amour, elle se réfugie dans les livres, tombe amoureuse du capitaine Némo, et imagine que des hommes exotiques pénètrent dans sa chambre la nuit.
Mais la réalité n'a de cesse de la rattraper. Elle veut s'évader, elle se fait violer.

"Elle est honteuse et déçue. De s'abandonner la nuit au cercle sombre des hommes autour de son lit est suffisamment excitant et voluptueux pour renoncer à cette misérable réalité que lui offre son frère."

Elle veut tout et en même temps recule dès qu'une chose désirée se présente.

"Elle voudrait toujours vivre dans l'attente. Avec un baiser tout prendrait fin. Que se passerait-il après ? Au deuxième baiser tout serait devenu une habitude."

En fait, elle, dont on ne saura jamais le nom, n'est qu'une enfant. Ses camarades le sont aussi, et la réalité leur est presque aussi étrangère. Sauf qu'ils l'accepteront, et elle non. Elle continue à préférer l'horrible, le drame à la vie uniforme, la distance au contact.

"C'est un homme, lui. Il est inaccessible pour elle." Ils vivent le désir comme un jeu, elle en explore les dimensions plus sombres.

Elle ne s'adresse pas à nous, il y a encore un intermédiaire imposé par la narration, ce qui la rend lointaine. Cet être effacé, esquissé, qui ne vit qu'en elle-même, et qui ne regarde jamais vers nous expose cependant sa fragilité et sa valeur avec une telle sincérité que le lecteur, lui, ne peut détourner son regard.

C'est à Rose que je dois la découverte de ce texte à fleur de peau.

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Commentaires
L
Je pense qu'il pourrait t'intéresser, dans un prochain billet thématique.
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G
Je ne connais pas du tout cet auteur mais j'aime beaucoup la façon dont tu en parles. merci de cette découverte.
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L
Joyeux Noel en retard, j'ai été très imploie cette année ;o)<br /> <br /> Erzébeth : oui, surtout que j'ai passé le meilleur noël depuis des années. Mais il ne faut pas oublier Unica Zürn pour autant, tu as raison de penser qu'elle te plairait.<br /> <br /> Karine : tout comme Erzébeth, je pense que ce livre te plairait.<br /> <br /> Rose : en effet, je ne l'ai pas lu avec le même angle d'approche que toi. Il faut dire que je ne connaissais pas du tout l'auteur. En tout cas, je te remercie de cette jolie découverte !
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R
Je suis contente qu'il t'ait frappée ("plu" sonnerait étrangement pour un texte si troublant); tu en parles d'une façon très intéressante, j'ai l'impression de l'avoir lu plus comme un texte clinique.
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K
J'aime énormément ton billet. Le thème semble très, très dérangeant... mais je reste très curieuse!
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