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lilly et ses livres
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22 octobre 2006

Le Petit Meaulnes ; Jean-Louis Fournier

2253109606

Edition Le Livre de poche ; 158 pages.
4,50 euros.

"Quand on lit le titre Le Petit Meaulnes on croit d'abord à une énorme faute d'impression, un lapsus d'imprimeur ou, pire, un jeu de mots provocateur destiné à faire rire. Ce n'est pas le cas. Le Petit Meaulnes existe, je l'ai rencontré. La première fois c'était à la page 11 du livre de poche Le Grand Meaulnes. Il y fait un passage furtif. On apprend qu'il s'appelle Antoine et qu'il est le cadet du Grand Meaulnes..."

Voilà un petit livre très agréable à lire, drôle et touchant. Je préviens les fans du Grand Meaulnes, ce livre ne respecte son aîné que dans les grandes lignes. Il s'attache essentiellement à décrire la relation entre deux frères, l'un beau, grand et intelligent, aimé de tous, car atteint de la maladie du romantisme, et l'autre, petit et effacé. Le début est vraiment adorable, et raconte avec humour la relation des deux Meaulnes, qui passent leur temps à se battre.

Dans un second temps, l'atmosphère change, parce que le nom d'Yvonne de Galais apparaît. C'est alors avec déléctation voire même cynisme que Jean-Louis Fournier détruit le personnage du Grand Meaulnes. L'histoire dévie alors complètement du roman dont il est issu. On entre dans un monde entre la folie et le rêve, et on se demande ce que nous raconte exactement Jean-Louis Fournier. La fin de l'histoire est assez étrange, on ne comprend pas bien ce qui arrive au Grand Meaulnes, pourquoi il agit ainsi à l'égard de son frère. Et cette espèce de morale que nous sort l'auteur à la dernière phrase est un peu gonflée à mon goût.

Pour résumer, une très bonne première partie, une seconde partie assez étrange, et une fin qui déborde de cynisme. Mais ce livre vaut la peine d'être lu. Et puis, il est très court, une heure suffit largement.

"Dimanche 2 juillet 1912

Augustin a dit :

"Plus tard je serai illustre."

Il a ajouté :

"Toi aussi, Antoine, tu seras illustre.

Tu seras un illustre inconnu." 

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11 octobre 2006

L'affaire Raphaël ; Ian Pears

2264032774"Le policier italien Taddeo Bottando et son adjointe Flavia sont confrontés à une incroyable révélation. Un étudiant britannique, Jonathan Argyll, affirme que, sous la toile obscure d'une petite église romaine, se cache en réalité un chef-d'oeuvre de Raphaël. Les policiers arrivent, hélas, trop tarda ; le curé de la paroisse a déjà cédé ce tableau à un collectionneur. Le gouvernement italien devra le racheter à un prix exorbitant lors d'une vente aux enchères. Pourtant, malgré les expertises, un doute demeure sur l'authenticité de cette œuvre et les soupçons d'escroquerie risquent fort d'être confirmés au-delà de toute espérance."

Un livre très agréable à lire, une intrigue assez intéressante. Je pense que les fans de romans policiers auront un peu de mal à trouver l'intérêt de ce livre. Je me fie à ma modeste expérience des livres de ce genre pour dire que ce n'est pas le livre du siècle. J'avoue que j'ai aimé ce livre davantage parce que je suis sensible aux informations sur l'histoire de l'art qui sont données,  que pour ses qualités de roman policier. Le suspens est loin d'être l'une des caractéristiques du livre (il y en a un peu, certes, mais on n'est pas tenu en haleine du début à la fin). Par ailleurs, les personnages m'ont beaucoup plu. J'ai trouvé la fin assez surprenante, amusante, bien qu'assez facile. Je pense lire d'autres livres de la série de Ian Pears, afin de me faire une idée plus précise de cet auteur.

26 février 2007

Barbara ; Jacques Prévert

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Jules Noël ; Port de Brest (1864)

Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant

Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

Jacques Prévert

21 février 2007

Contes de la rose pourpre ; Michel Faber

2879295475Éditions de L'Olivier ; 187 pages.
15 euros.

" Qu'est devenue Sugar, la jeune prostituée ? Et William Rackham, le riche parfumeur qui l'avait follement aimée ? Est-il parvenu à l'oublier ? Et la petite Sophie, où est-elle ? Ces questions, nous nous les sommes posées en refermant La Rose pourpre et le Lys. Avec le vague espoir que l'auteur de ce merveilleux roman " victorien " écrit au XXIe siècle consentirait à lui inventer une suite à la manière de Charles Dickens. Michel Faber a fait bien mieux : avec ce recueil de nouvelles, il nous propose une sorte de post-scriptum, ouvrant l'éventail des possibles sur le devenir de ses personnages. Ecoutons-le... " Nous sommes en décembre 1872. Une neige duveteuse tombe sur cette partie équivoque de Londres entre Regent Street et Soho... "

Je n'ai pas lu La rose pourpre et le lys, mais ce n'est pas faute de l'avoir vu et admiré dans les librairies. En fait, les critiques que j'avais lues, et qui émanaient de personnes ayant d'ordinaire des goûts semblables aux miens en matière de littérature, étaient mauvaises. L'écriture de l'auteur était la principale visée. Alors me taper 1000 pages d'ennui pour contredire tout le monde et risquer d'abandonner un livre ayant coûté environ quinze euros, même avec mon esprit de contradiction très développé cela me contrariait.

Depuis que je fréquente les blogs littéraires, j'ai découvert que certains sont très emballés par ce livre, Marie et Bill en tête. Mais ça n'a pas suffit à me convaincre. Hier, à la librairie, je cherchais un livre à acheter quand je suis tombée sur Contes de la rose pourpre. Je connaissais vaguement, Marie (je n'ai pas trouvé le lien...) et Gaëlle en avaient parlé. Il s'agit non pas d'une suite, mais plutôt d'anecdotes, qui se passent avant ou après La rose pourpre et le lys. Finalement, je ne l'ai pas pris. Quelques minutes plus tard, je suis à la bibliothèque, j'erre dans les rayons. Pour une fois, je regarde les présentoirs. Et là, je le vois. Personnellement, les histoires de signes et toutes ces choses là me font beaucoup rire d'ordinaire. Sauf que là, il s'agissait de livres. Et que l'on ne plaisante pas avec les livres. Je l'ai donc pris.

Bien qu'il soit très intéressant, si vous n'avez pas lu La rose pourpre et le lys, ne lisez pas l'avant-propos. D'abord, il raconte la fin de l'histoire (bon, pour une personne comme moi ça n'est pas gênant, mais ça c'est une autre histoire). Ensuite, l'auteur lie un peu trop, bien involontairement, ses contes et son roman. Du coup, je me suis sentie un peu une intruse au début, parachutée dans une histoire à laquelle je n'appartenait pas. Heureusement, au bout de quelques pages, l'effet s'est dissipé.

Pénétrer dans le Londres du XIXè, dans ses bas quartiers, ses bordels, était une première pour moi (enfin je crois). Les personnages créés par Michel Faber vont dans des endroits interdits, vivent dans des lieux où il ne faut pas mettre les pieds quand on est une personne "respectable". L'idée d'avoir la possibilité de savoir ce que vont devenir ou ce qu'ont été ces personnages en lisant le roman de l'auteur permet de les quitter sans trop d'amertume. D'après les critiques que j'ai lues sur La rose pourpre et le lys, les personnages ne sont pas forcément très attachants. Ici non plus. On sent quand même des liens se tisser entre eux au fil des nouvelles. La dernière, qui est racontée par un enfant, est la plus touchante. Sans doute parce qu'elle compte plus de pages que les autres, et que Michel Faber a davantage l'occasion de prouver son talent.

Au niveau de l'écriture, elle n'est pas désagréable, mais j'ai eu du mal à imaginer une ambiance victorienne. J'ai beaucoup de mal à savoir si tel ou tel livre est bien ou mal écrit. J'attends simplement de l'auteur qu'il crée un rythme et une atmosphère qui contribuent à rendre son histoire réelle. Ce n'est pas vraiment le cas ici, on est très détaché de l'action par moments.

J'ignore si une lecture préalable de La rose pourpre et le lys m'aurait davantage permis d'apprécier ce recueil. C'est un petit livre sympathique, les ambitions initiales de l'auteur étaient plus que respectables, mais ce recueil se lit et s'oublie assez vite je pense. Je suis quand même assez intriguée, peut-être vais-je me laisser tenter par le roman...

12 mars 2007

Souvenir ; Alphonse de Lamartine

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Jean Broc ; La mort de Hyacinthe.

Souvenir

En vain le jour succède au jour,
Ils glissent sans laisser de trace ;
Dans mon âme rien ne t'efface,
Ô dernier songe de l'amour !

Je vois mes rapides années
S'accumuler derrière moi,
Comme le chêne autour de soi
Voit tomber ses feuilles fanées.

Mon front est blanchi par le temps ;
Mon sang refroidi coule à peine,
Semblable à cette onde qu'enchaîne
Le souffle glacé des autans.

Mais ta jeune et brillante image,
Que le regret vient embellir,
Dans mon sein ne saurait vieillir
Comme l'âme, elle n'a point d'âge.

Non, tu n'as pas quitté mes yeux ;
Et quand mon regard solitaire
Cessa de te voir sur la terre,
Soudain je te vis dans les cieux.

Là, tu m'apparais telle encore
Que tu fus à ce dernier jour,
Quand vers ton céleste séjour
Tu t'envolas avec l'aurore.

Ta pure et touchante beauté
Dans les cieux même t'a suivie ;
Tes yeux, où s'éteignait la vie,
Rayonnent d'immortalité !

Du zéphyr l'amoureuse haleine
Soulève encor tes longs cheveux ;
Sur ton sein leurs flots onduleux
Retombent en tresses d'ébène,

L'ombre de ce voile incertain
Adoucit encor ton image,
Comme l'aube qui se dégage
Des derniers voiles du matin.

Du soleil la céleste flamme
Avec les jours revient et fuit ;
Mais mon amour n'a pas de nuit,
Et tu luis toujours sur mon âme.

C'est toi que j'entends, que je vois,
Dans le désert, dans le nuage ;
L'onde réfléchit ton image ;
Le zéphyr m'apporte ta voix.

Tandis que la terre sommeille,
Si j'entends le vent soupirer,
Je crois t'entendre murmurer
Des mots sacrés à mon oreille.

Si j'admire ces feux épars
Qui des nuits parsèment le voile,
Je crois te voir dans chaque étoile
Qui plaît le plus à mes regards.

Et si le souffle du zéphyr
M'enivre du parfum des fleurs.
Dans ses plus suaves odeurs
C'est ton souffle que je respire.

C'est ta main qui sèche mes pleurs,
Quand je vais, triste et solitaire,
Répandre en secret ma prière
Près des autels consolateurs.

Quand je dors, tu veilles dans l'ombre ;
Tes ailes reposent sur moi ;
Tous mes songes viennent de toi,
Doux comme le regard d'une ombre.

Pendant mon sommeil, si ta main
De mes jours déliait la trame,
Céleste moitié de mon âme,
J'irais m'éveiller dans ton sein !

Comme deux rayons de l'aurore,
Comme deux soupirs confondus,
Nos deux âmes ne forment plus
Qu'une âme, et je soupire encore !

Alphonse de Lamartine

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11 mars 2007

Gao Xingjian ; Une canne à pêche pour mon grand-père

2752602758Édition de l'Aube Poche ; 158 pages.
7,80 euros.

" Souvenirs d'enfance, les bonheurs simples de l'amour et de l'amitié, le pays natal et ses lieux familiers, mais aussi les drames de la rue ou les tragédies vécues par la Chine, tels sont les thèmes de prédilection de ces six nouvelles choisies par l'auteur - avec la complicité de son traducteur. "

Lettre "X" Challenge ABC 2007 :

Je sais, c'est de la triche. Xingjian, c'est le prénom... Mais j'ai été induite en erreur par les autres participants de ce Challenge, qui ont choisi ce titre. Et puis, j'avoue n'avoir pas fait vraiment attention... Étant donné que le but du challenge est de découvrir de nouveaux auteurs, j'estime que c'est pardonnable. Non ?

Ceci étant réglé, passons aux choses sérieuses. Ce livre est un recueil de six nouvelles :

Le Temple : Deux jeunes mariés en voyage de noces s'arrêtent dans la petite gare d'une ville surpeuplée. Ils décident de trouver un peu de tranquillité en se rendant dans un temple isolé.

L'accident : Une collision entre un bus et un cycliste tirant une carriole dans laquelle se trouve un petit garçon. L'homme est tué, l'enfant est transporté à l'hôpital. L'agitation secoue la ville pendant quelques heures, puis tout s'efface à la tombée de la nuit.

La crampe : Alors qu'il nage loin du bord, un homme est pris d'une crampe dans le ventre.

Dans un parc : Un homme et une femme qui se sont connus dans leur enfance, se retrouvent. Ils évoquent brièvement leur passé, leur vie commune qu'ils n'ont pas pu réaliser, leur présent, chacun de leur côté. Assis à côté d'eux, une jeune fille attend un amoureux qui ne viendra pas.

Une canne à pêche pour mon grand-père : Un homme décide d'acheter une canne à pêche pour son grand-père, afin de remplacer celle qu'il avait cassée étant enfant. Il se remémore alors son enfance dans une maison près d'un lac, entouré de ses grands-parents.

Instantanés : Des instants de vie capturés un peu au hasard des personnes et des lieux.

Des nouvelles très réalistes, qui nous décrivent des instants entre de simples personnes. J'ai beaucoup aimé la profusion de détails ainsi que le grand nombre de personnages qui nous plongent dans chacune des nouvelles. Dans L'accident par exemple, la confusion qui suit le drame est parfaitement retranscrite par les phrases que chaque témoin prononce, qui ne livre qu'une seule impression, sans aucun lien avec ce qui se dit à côté. On a l'impression d'être comme ces gens, d'avoir son avis sur ce qui vient de se produire, on est présent à leurs côtés.
Chacune de ces scènes semble extraordinaire quand on la vit. On s'attend à ce qu'un événement se produise. Mais le nageur regagne la rive et rentre à sa pension, sans que personne ne s'intéresse à ce qui vient de lui arriver. L'homme à la canne à pêche doit cesser de rêver, et la ranger dans ses toilettes pour que son fils ne la trouve pas, et les paroles volées d'Instantanés s'envolent et disparaissent sitôt prononcées.

En 2000, Gao Xingjian a reçu le Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son oeuvre.

L'avis de Flo.

7 février 2007

L'état de l'Angleterre précédé de Nouvelle carrière

2070428656Édition Folio 2 Euros ; 109 pages.
2 euros.

" Dans un bar enfumé à Londres, deux scénaristes s'escriment à peaufiner leur texte, tandis qu'à Hollywood les grosses machines du marketing éditorial s'affairent pour lancer sur le marché mondial le nouveau sonnet d'un poète anglais - un producteur songe même à en faire un remake !
Comment faire bonne figure lors d'une course à pied dans l'école huppée de son fils, lorsqu'on est un petit malfrat récemment divorcé et toujours amoureux de sa femme, bisexuel et qu'on s'est fait tabasser la veille ? Entre vision iconoclaste du milieu de l'édition et errements sexuels et sentimentaux de personnages pathétiques, Martin Amis dresse avec un comique décapant un portrait du monde anglo-saxon. "

Mouais. Voilà une lecture plutôt sympathique, mais dont je risque de ne pas me souvenir dans quelques temps. Ça se lit, mais "comique décapant"... il ne faut pas exagérer. Ou alors nous n'avons pas le même humour, l'éditeur et moi. C'est vrai qu'un homme qui téléphone à sa femme à qui il a demandé d'aller se cacher derrière un buisson pour la supplier de le reprendre, ça fait sourire.
Mais ces hommes, quand même, Martin Amis ne nous dresse pas d'eux un portrait flatteur, loin de là. Les femmes, quant à elles, servent davantage à décorer qu'à autre chose.
En fait, j'ai eu l'impression que ce n'était pas un monde réel que nous décrivait Martin Amis. L'histoire d'un poète qui écrit un sonnet qui se transforme en remake... j'ai trouvé ça un peu étrange. De même, la relation entre Mal et sa nouvelle compagne. En revanche, la relation du père avec son fils, et celle d'Eliza et de Mal prête à sourire.

S'il y a parmi vous des connaisseurs de Martin Amis, je serais ravie d'en apprendre un peu sur cet auteur. Peut-être pourrais-je apprendre à l'apprécier davantage.

6 mars 2007

Tous les matins du monde ; Pascal Quignard

2070387739Édition Folio ; 116 pages.
5,10 euros.

« Il poussa la porte qui donnait sur la balustrade et le jardin de derrière et il vit soudain l'ombre de sa femme morte qui se tenait à ses côtés. Ils marchèrent sur la pelouse.

Il se prit de nouveau à pleurer doucement. Ils allèrent jusqu'à la barque. L'ombre de Madame de Sainte Colombe monta dans la barque blanche tandis qu'il en retenait le bord et la maintenait près de la rive. Elle avait retroussé sa robe pour poser le pied sur le plancher humide de la barque. Il se redressa. Les larmes glissaient sur ses joues. Il murmura : - Je ne sais comment dire : Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. »

Je n'ai pas vu le film, mais j'en possède la bande originale qui me plaît infiniment. Il y a peu, j'ai découvert chez Allie qu'il existait un livre, que je me suis empressée d'acquérir. Il s'agit en fait d'un tout petit roman qui se lit extrêmement rapidement. C'est l'histoire de Monsieur de Sainte Colombe, un musicien qui ne se remet pas de la mort de son épouse. Il a deux filles, Madeleine et Toinette, avec lesquelles il vit de solitude et de musique, en retrait de la Cour de Louis XIV. Un jour, Marin Marais vient frapper à sa porte

Je suis plutôt partagée après cette lecture. J'ai beaucoup aimé le sujet traité par ce livre. Je pense que la musique possède une force incroyable. Elle permet de dire les choses que l'on ne peut exprimer avec des mots, surtout lorsque l'on est quelqu'un qui a du mal à dévoiler ses sentiments. Elle permet aussi de se soulager, de s'échapper dans un monde où l'on souffre moins, où l'on peut ramener le passé. Mais aussi, elle isole, elle captive, elle fascine même, et peut faire perdre pied à celui qui en abuse.
L'écriture de Pascal Quignard m'a touchée par sa délicatesse, même si certaines maladresses entâchent un peu ce livre.
Ce qui m'a un peu déçue, c'est que j'avais vraiment de grandes attentes lorsque j'ai ouvert ce livre. Or, il est très court, et j'ai eu l'impression que je devais aller chercher moi même au fond des choses pour comprendre ce livre parce que Pascal Quignard n'avait pas suffisamment creusé son histoire. C'est vrai que la musique est quelque chose que l'on ressent de manière très subjective, d'où la nécessité de laisser le lecteur interpréter l'histoire à sa manière. Mais j'aurais aimé que l'auteur propose davantage de pistes.
Autre chose qui m'a gênée, les relations entre Monsieur Marais et les filles de Monsieur de Sainte Colombe. Je n'ai pas vraiment saisi leur utilité par rapport au reste de l'histoire.

Je serais quand même très tentée de voir le film qui en a été tiré, et je pense que je relirai ce livre afin de mieux le comprendre.

"Tous les matins du monde sont sans retour. Les années étaient passées. Monsieur de Sainte Colombe, à son lever, caressait de la main la toile de Monsieur Baugin et passait sa chemise. Il allait épousseter sa cabane. C'était un viel homme."

Les avis de Flo et d'Allie.

28 février 2007

le musée de la sirène ; Cypora Petitjean-Cerf

2757801201Édition Points ; 113 pages.
5 euros.

" Annabelle, timide trentenaire, est peintre. Un soir, elle vole la petite sirène qui nage dans l'aquarium d'un restaurant chinois et l'installe dans sa salle de bains. La créature grandit, embellit, s'affirme comme une artiste incroyablement douée, et devient quelque peu envahissante... Une fable envoûtante, triste et joyeuse à la fois - l'histoire d'une femme qui réapprend à vivre. "

Voilà un petit livre enchanteur et plein de délicatesse. On s'attache beaucoup à cette narratrice, agoraphobe, qui préfère créer son propre extérieur avec ses peintures. Elle s'occupe avec beaucoup d'amour de sa sirène. A mesure que celle-ci grandit, la narratrice prend un peu plus en main sa vie. Sa sirène, c'est un peu son rempart lors de ses premières sorties dans le monde extérieur. Elle lui permet de découvrir les choses du dehors sans trop qu'on la remarque. On ne sait pas bien laquelle doit quelque chose à l'autre. Sans doute aucune, puisqu'il y a une réelle complicité qui s'est établie entre elles. Mais les sirènes n'appartiennent pas au monde des humains, un jour il faut bien accepter d'affronter la vie et laisser le rêve devenir un joli souvenir. 

J'ai été littéralement envoûtée par ce livre/cette fable. Petite, j'aimais beaucoup les sirènes, et c'est avec un immense plaisir que j'en ai retrouvé une sous la plume de Cypora Petitjean-Cerf.

Les avis de Flo et de Clarabel.

17 janvier 2007

L'Auberge de la Jamaïque ; Daphné Du Maurier

2253006874Édition Le Livre de Poche ; 313 pages.
5,50 euros.

" Orpheline et pauvre, Mary Yellan n'a pas d'autre ressource que de quitter le pays de son enfance pour aller vivre chez sa tante, mariée à un aubergiste, sur une côte désolée de l'Atlantique. Dès son arrivée à l'Auberge de la Jamaïque, Mary soupçonne de terrifiants mystères. Cette tante qu'elle a connue jeune et gaie n'est plus qu'une malheureuse, terrorisée par Joss, son époux, un ivrogne menaçant, qui enjoint à Mary de ne pas poser de questions sur les visiteurs de l'auberge. Auberge dans laquelle, d'ailleurs, aucun vrai voyageur ne s'est arrêté depuis longtemps... De terribles épreuves attendent la jeune fille avant qu'elle ne trouve le salut en même temps que l'amour. Dans la grande tradition romantique des soeurs Brontë, la romancière anglaise, auteur de Rebecca, nous entraîne avec un sens prodigieux de l'ambiance et de l'intrigue au coeur d'un pays de landes et de marais battu par les tempêtes, où subsiste la sauvagerie ancestrale des pirates et des naufrageurs. "

Décidément, j'aime beaucoup cet auteur. Daphné du Maurier a une façon unique de nous dépeindre les noirceurs de l'âme humaine. Elle allie son décor avec ses personnages afin de créer une atmosphère délicieusement envoûtante. C'est vrai, Mary est beaucoup moins attachante que Mme de Winter, elle est même parfois agaçante à se comporter en jeune fille trop sûre d'elle quite à risquer sa vie. D'un autre côté, ce tempérament téméraire nous arrange bien, puisqu'il nous permet d'enquêter avec l'héroïne.
On songe d'abord à des fantômes et à des rêves de jeune fille qui veut mettre du piment dans sa vie en inventant des choses complètement aberrantes. Mais pourquoi, dans ce cas, les gens craignent-ils autant l'auberge de la Jamaïque ? Et puis, pourquoi Tante Patience fait vingt ans de plus que son âge, et n'est plus que l'ombre d'elle même ? Tous ces malfrats qui viennent boire à l'auberge ressemblent bien à des fantômes. Le jour venu, il n'existe plus aucune trace de leur passage, et le pendu de la veille ne se balance plus au bout de sa corde. Les pirates, les contrebandiers, et pire, les naufrageurs sont-ils un simple cauchemar ou bien la réalité de cette lande isolée ?
Encore une fois, Daphné Du Maurier joue avec nous. La vérité est tellement effroyable que l'on ne la voit pas. Finalement, on se met à douter de tous les personnages. Le vicaire d'Altarnun, qui vient au secours de Mary à plusieurs reprises, comme l'avait fait avant lui Saint-John Rivers dans Jane Eyre, semble ne pas être tout à fait celui que l'on pense.
Et Jem, le frère de Joss Merlyn, ne semble pas valoir beaucoup mieux que ce dernier. Mary hésite entre ses sentiments et l'évidence que le frère de son oncle ne peut être que foncièrement mauvais. Après tout, ce n'est qu'un voleur de chevaux. Qui semble tout aussi secret que son frère. Mais qui a du charme, et qui semble ne pas trop se soucier de la réputation des femmes qu'il déflore. Mary a d'ailleurs beaucoup de mal à lui résister et à conserver sa vertu... On se doute bien que s'il doit y avoir des amoureux, ce seront eux. Leur relation débute de façon tellement forte qu'ils ne peuvent pas rester indifférents l'un à l'autre. Cependant, ce n'est pas certain que Jem ne prenne pas part aux horribles choses qui se passent à la Jamaïque, malgré sa franche hostilité à l'égard de son frère aîné.
J'ai adoré les descriptions de la lande, de l'isolement de l'auberge de la Jamaïque, l'importance du bruit des chariots qui s'arrêtent à l'auberge pendant la nuit. Malgré l'immensité de l'espace qui s'ouvre devant elle, Mary est enfermée, et transpose sa peur sur ce paysage qu'elle se met à détester. Elle a beau se douter de ce qui se passe, personne ne semble vouloir croire ce qu'elle a à dire ou plutôt, tout le monde connaît la vérité, mais lui conseille de se taire. Le vicaire ne semble pas très réceptif, Jem préfère changer de sujet, et quand Mary a l'occasion de parler à un représentant de la justice, elle cède à cette loi du silence.
Tout le réçit n'est qu'une succession de questions pour le lecteur, qui redoute souvent les réponses qu'il pourra trouver en chemin. Mais cela rend la lecture captivante, et c'est là tout le génie de Daphné du Maurier.
Cette dernière est considérée comme une féministe (sans la connotation négative actuelle de ce mot). Ce  livre met en scène une héroïne pleine d'assurance, qui ne craint pas les hommes et leurs méfaits. Très souvent, les personnages masculins et même la narratrice insistent sur le fait que Mary est une femme. Elle tient tête aux hommes, est intelligente (même si elle laisse parfois sa confiance en elle prendre le pas sur sa raison), et c'est ce qui lui permet de ne pas devenir un être égaré, comme sa tante. Les hommes qu'elle rencontre sont surpris sinon impressionnés par ce caractère. Certes, elle aura elle aussi droit à son chevalier, et la fin n'est pas nécessairement très heureuse malgré son caractère enchanté. Cependant, cette héroïne ne se contente pas de subir les événements, elle a suffisamment d'audace pour faire ses propres choix.   

" Lorsqu'on en aurait terminé avec elle, elle s'embarquerait sur quelque paquebot et travaillerait pour payer son passage ; ou bien elle prendrait la route, avec quelques sous en poche, le coeur et l'esprit libres. Mais elle était là, les larmes prêtes à couler, ayant la migraine ; on l'éloignait en hâte du lieu du crime avec des paroles et des gestes apaisants ; elle n'était qu'un élément d'encombrement et de retard, comme toutes les femmes et tous les enfants après une tragédie. "

20 février 2007

Je t'oublierai tous les jours ; Vassilis Alexakis

22340579739782070336364_2_Édition Folio ; 256 pages.
5,60 euros.

" « Un jour où je déjeunais seul chez Démocrite, tu es apparue à l'entrée de la salle et tu as regardé attentivement autour de toi. J'avais terminé mon repas et je lisais le journal. Ton regard ne s'est pas attardé sur moi, pas plus qu'il ne s'est attardé sur les autres clients. J'ai essayé de contenir ma déception. J'ai songé que cela faisait douze ans que nous ne nous étions pas vus. »

Au fantôme surgi un midi dans un restaurant d'Athènes, et qui n'est autre que sa mère aujourd'hui disparue, Vassilis Alexakis raconte ce qui est advenu depuis. Avec beaucoup de légèreté et d'humour, il relate la petite histoire, la sienne, ses amours, ses enfants, et la grande, les jeux Olympiques, la victoire de la Grèce à l'Euro 2004, le Rwanda, le 11 septembre. Il évoque aussi, avec retenue et pudeur, l'enfance en Grèce, les vacances, les souvenirs du temps où sa mère vivait encore, poursuivant ainsi une conversation, l'ultime, avec celle qui lui donna le goût de la littérature.
"

J'aime bien les titres mélancoliques ces jours-ci... Lorsque ce roman est sorti (en 2005), je me souviens avoir été interpellée par son titre justement. Mais je crois que j'avais alors lu quelque chose qui m'avait dissuadée de le lire. En fait, je suis tombée dessus un peu par hasard, en furetant à la bibliothèque. La quatrième de couverture de l'édition Stock, qui ne contient que l'extrait mentionné ci-dessus, m'a intriguée. Je l'ai donc rajouté à ma PAL.

Après la lecture assez bouleversante de Auprès de moi toujours, je pensais que ce livre serait une bouffée d'air, un roman léger, parfait pour me remettre d'aplomb. Ceux qui l'ont lu doivent doucement rigoler... Ce roman n'est pas triste, il s'agit d'une preuve d'amour d'un fils pour sa mère dont la lecture est plutôt agréable. Enfin, une fois qu'on a compris de quoi ça parle. Parce que moi, je pensais d'abord qu'il parlait à un ancien amour, puis à sa belle-mère dont il avait fini par tomber amoureux. Jusqu'à ce que j'aille sur le site de Lire, qui disait que "évidemment" c'est un fils (et même Vassilis Alexakis en personne) qui parle à sa mère amnésique. A ce moment-là, je me suis sentie très bête... Et puis je me suis demandée si j'allais continuer ma lecture, le récit me déconcertant toujours plus au fil des pages (et de mes recherches). J'étais alors à la page 100, page fatidique pour certains d'entre nous, qui s'arrêtent ici quand une lecture leur déplaît.
Sauf que j'étais intriguée, de nouvelles interrogations venaient à moi, et je déteste ne pas finir un livre. Et puis, je ne lis jamais d'auteurs grecs. Bref, j'ai décidé de continuer.

Mais après cette remise en question de ma lecture (c'est bizarre de passer d'une lettre d'amour à une lettre d'amour à une mère), j'ai vraiment ramé pour m'y remettre. Les cent pages suivantes ont été ennuyeuses à mourir. Plein de détails, de noms de personnes que j'oubliais aussitôt, rien de bien parlant.
Mais, mais, mais, à la page 206, nouveau coup de théâtre : "Soudain, la présidente du Comité d'organisation, une femme au visage impassible comme un masque, a pris la parole. J'ai eu la stupéfaction de l'entendre s'exprimer en anglais ! Elle a balayé d'emblée le grec, l'unique dénominateur commun aux diverses périodes historiques qu'elle nous avait présentées. Elle a privé notre langue, si peu connue, de la chance exceptionnelle qui s'offrait à elle d'effectuer en un instant le tour du monde."  Là, j'ai compris que l'auteur ne s'adressait pas seulement à sa mère pour raviver ses souvenirs. La perte de mémoire de la mère du narrateur fait en fait écho à la disparition progressive de certaines cultures. Tous ces détails qui m'avaient barbée au plus haut point dans les cent pages précédentes, ils avaient pour but de faire ce que les Jeux Olympiques d'Athènes n'ont pas permis. Vassilis Alexakis nous fait partager l'amour de la Grèce, sa patrie, dans ce livre. Tout de suite, ça m'a paru beaucoup plus attrayant.

Mon troisième point de vue m'a permis de découvrir des phrases pleines de justesse sur l'importance des racines culturelles d'un individu. " -Nous avons besoin de deux langues, m'a t-il dit, une pour parler avec les autres et une pour parler avec nous mêmes." (page 224). Ses observations sur l'actualité mondiale correspondent pour beaucoup à mes propres impressions. Vassilis Alexakis n'a pas écrit un roman prétentieux, bien au contraire. Il ne cite que des anecdotes, des faits, et ne se pose en aucun cas en défenseur de telle ou telle cause. Il n'est pas là pour ça. Il veut simplement partager avec sa mère et son lecteur une part de ce qu'il est. 

J'ai beaucoup aimé la fin, qui joue toujours, selon moi, sur le double sens du roman. A une femme qui lui demande de l'oublier, une connaissance du narrateur a répondu : "Je t'oublierai tous les jours." C'est aussi ce que répond Vassilis Alexakis à sa mère, ce qu'il fait pour sa Grèce.

" Le récital n'a pas duré longtemps. Le jeune homme s'est dirigé vers le bar, au milieu du pont. J'ai persisté pour ma part à scruter l'obscurité. Soudain, j'ai entendu quelques notes s'échapper de l'harmonica. J'ai cru que le jeune homme était revenu et j'ai regardé autour de moi. Il était toujours au bar. D'autres notes ont résonné, jouées de façon incertaine. Je me suis aperçu alors que l'harmonica était resté sur un banc, placé le long de la balustrade. Les notes ne retentissaient qu'à chaque brusque déplacement d'air. Tu te rends compte ? Le vent jouait de l'harmonica. " (page 284)

17 février 2007

La confusion des sentiments ; Stefan Zweig

2253061433Édition Le Livre de Poche ; 126 pages.
3,50 euros.

Lettre "Z" Challenge ABC 2007 :

" Au soir de sa vie, un vieux professeur se souvient de l'aventure qui, plus que les honneurs et la réussite de sa carrière, a marqué sa vie. A dix-neuf ans, il a été fascine par la personnalité d'un de ses professeurs ; l'admiration et la recherche inconsciente d'un Père font alors naître en lui un sentiment mêlé d'idolâtrie, de soumission et d'un amour presque morbide. Freud a salué la finesse et la vérité avec laquelle l'auteur d'Amok et du Joueur d'Echecs restituait le trouble d'une passion et le malaise qu'elle engendre chez celui qui en est l'objet. Paru en 1927, ce récit bref et profond connut un succès fulgurant, en raison de la nouveauté audacieuse du sujet. Il demeure assurément l'un des chefs-d'œuvres du grand écrivain autrichien. "

Encore un très bon moment avec ce roman de Stefan Zweig. Ce livre fait tellement appel aux sentiments qu'il est difficile d'en parler.
Malgré un monologue presque continu, l'auteur parvient à captiver son lecteur. Tout au long du livre il y a une ambiance tendue à l'extrême, entre le lecteur et les personnages, entre le professeur et son élève (Roland), entre le professeur et sa femme, et entre la femme du professeur et l'élève. Très rapidement, je me suis doutée que le gouffre silencieux qui séparait les deux personnages principaux et qui faisait souffrir le jeune Roland, cachait un secret terrible (à l'époque de rédaction du livre). Le dénouement délivre autant qu'il est douloureux. Alors qu'il semblait être en position de force, avoir anéanti son élève, le professeur s'effondre. Mais là encore, bien qu'il parte, l'élève ne pourra jamais plus tenter d'ignorer ce qui s'est passé. C'est avec un sentiment d'amour mêlé de peur et de dégoût, toujours aussi fort, que Roland a vécu. Ce récit est pour lui un hommage autant qu'une confession.
Encore une fois, Stefan Zweig explore une zone qu'il maîtrise à merveille, la zone entre la passion et la folie humaine.

Autre titre que j'ai prévu de lire : Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, que je confonds tout le temps avec la nouvelle Lettre d'une inconnue que j'avais adorée.

Les avis de Papillon et de Lisa.

16 février 2007

Les quatre vérités ; David Lodge

2743608846Édition Rivages ; 177 pages.
5,95 euros.

Lettre "L" Challenge ABC 2007 :

" À qui David Lodge veut-il dire ses quatre vérités? À Adrian, l'écrivain qui ne se remet pas d'un premier succès des années auparavant ? À Eleanor, sa femme, avec qui il vit retiré à la campagne ? À Sam, leur ami d'université qui a réussi à Hollywood dans les feuilletons télévisés ? À Fanny Tarrant, la jeune journaliste effrontée qui publie un article féroce sur Sam dans un journal du dimanche? Sur qui se refermera le piège imaginé par Sam avec la complicité d'Adrian.

Brillant, toujours drôle, David Lodge s'intéresse au conflit entre littérature et exigences médiatique. "

David Lodge est considéré par beaucoup comme un maître de l'humour britannique. Pensant avoir de l'humour et aimant beaucoup les auteurs britanniques, j'avais mis cet auteur parmi mes indispensables découvertes de 2007 (je le place même sur ma liste de challenge). Ce livre est le seul que j'ai trouvé hier à la bibliothèque. Même si les critiques que j'avais lues étaient très mitigées, j'ai cédé à la curiosité. Ce qui me rassure, c'est que beaucoup d'inconditionnels de Lodge n'ont pas apprécié ce roman. Ça veut dire que si je n'ai pas ri (ou vraiment très peu), ce n'est pas parce que je manque d'humour (ouf !). Là où mon côté novice de Lodge a parlé, c'est que j'ai beaucoup aimé.

Certes, ce n'est pas un livre qui vous fera rire aux éclats, mais David Lodge a un ton sarcastique plein de justesse (pour une critique en français, changez de blog...). Il croque à pleines dents la presse à scandale et les romanciers incapables de ne pas céder à leur vanité. Il nous présente deux mondes qui se détestent autant qu'ils ont besoin l'un de l'autre, des personnages pleins de contradictions, trop sûrs d'eux, tous faibles en fin de compte. C'est cruel, on a un aperçu assez précis de la méchanceté et des vices humains. C'est dérangeant, ce livre met le doigt sur des choses vraies. Personne n'est tout blanc ou tout noir, personne n'est à l'abri d'une tromperie (surtout quand la vanité entre en jeu). Bref, ce livre de David Lodge est un vrai régal !

15 janvier 2007

Le Lac ; Alphonse de Lamartine

Ce poème d'Alphonse de Lamartine lui a été inspiré par la femme qu'il aimait, Julie Charles, décédée peu de temps après d'une maladie.

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Claude Monet ; Impression Soleil Levant.

Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

Alphonse de Lamartine (1817)

2 février 2007

Lanzarote et autres textes ; Michel Houellebecq

2290334405Édition J'ai Lu (Librio) ; 90 pages.

« Vous-avez passé une bonne journée ? attaquai-je avec déconcentration. J’ai supposé que vous aviez fait l’excursion pour Fuerteventura.
- C’est exact. » Il secoua la tête avec indécision avant de répondre :
- « C’était nul, complètement nul.
- Aucun intérêt, vraiment.
- Et maintenant, j’ai fait toutes les excursions proposées par l’hôtel.
- Vous restez une semaine ?
- Non, quinze jours », dit-il accablé.
Effectivement, il était dans de beaux draps. Je lui proposai un cocktail. »

Incisif, railleur, de cette même plume grinçante que nous lui connaissons, Michel Houellebecq s’épanche ici sur les affres du touristes, pauvre écorché des voyages organisés. Dans ce recueil, l’auteur nous livre sa vision, amère, de la fin d’un siècle, sur la littérature, le progrès, les rapports amoureux, le monde en général. 

Tout ça pour ça. C'est un peu ce qui ressort de ma lecture de Lanzarote (et des ébauches qui complètent mon Librio). Certes, Michel Houellebecq traite de sujets actuels et de phénomènes réels sans mâcher ses mots.  Mais j'ai quand même eu du mal à lire ces quelques pages. La première nouvelle m'a rappelé, au début, La fascination du pire de Florian Zeller. Cependant, au bout de deux ou trois chapitres, j'ai commencé à pas mal m'ennuyer. Après, mon livre a disparu quelques jours. J'ai rangé ma bibliothèque et l'ai embarqué dans un rayon où il n'avait rien à faire (je crois que mon côté bordélique est incurable...). Je l'ai repris et terminé sans vraiment être enthousiasmée. Mais comme je l'ai dit, ce livre n'est pas sans intérêt et je comprends qu'il puisse avoir des adeptes.
Les autres textes font la taille des esquisses de Virginia Woolf, mais ils n'ont absolument pas leur charme et leur finesse (c'est même tout le contraire). Là, je n'ai vraiment pas pris. Je suis peut-être une "chochotte" (n'est-ce pas Patch ? ), mais j'ai du mal avec la provocation et la vulgarité, même lorsqu'elles ont le mérite de poser de vraies questions.
Bref, un auteur que je suis contente de connaître un peu, mais que je ne pense pas relire (on ne sait jamais).

29 janvier 2007

Complainte du petit cheval blanc ; Paul Fort

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Cheval arrêté par des esclaves ou La course de chevaux libres ;
Théodore Géricault (1817)

Complainte du petit cheval blanc

Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage !
C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.

Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.

Mais toujours il était content, menant les gars du village,
à travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.

Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant.

Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage,
il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.

Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps ni derrière ni devant.

Paul Fort

Georges Brassens a mis ce poème en musique. Vous pouvez l'écouter ici.

2 janvier 2007

L'affaire Jane Eyre ; Jasper Fforde

2264042079" Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point qu'une brigade spéciale a dû être créée pour s'occuper d'affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l'origine des plus folles inventions, on a parfois envie d'un peu plus d'aventure. Alors, lorsque Jane Eyre, l'héroïne du livre fétiche de Thursday, est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Brontë d'une fin certaine... "

Voilà une excellente façon de terminer 2006 et de commencer 2007. J'ai dévoré ce livre drôle, farfelu, touchant, et tout ce que vous voudrez. Jasper Fforde a créé un monde où la littérature est quelque chose de capital, où l'on peut écouter du Shakespeare en mettant une pièce dans un automate en pleine rue, où tout le monde connaît ses classiques et où l'on peut aller dans les livres.
Et puis, l'héroïne, Thursday Next, courageuse, râleuse, bornée, passionnée, est vraiment attachante. Elle appartient aux LittéraTecs, une brigade qui sert à contrer les voleurs et les faussaires de manuscrits et autres criminels littéraires. Je la déteste pour une chose : elle a des liens privilégiés avec Edward Fairfax Rochester. Il lui sauve la vie et l'invite à Thornfield (pour surveiller que rien n'arrive à sa bien-aimée).
Mais on lui pardonne, parce que sans elle, la fin de Jane Eyre ne serait pas ce qu'elle est... Et puis avec tout ce qui lui arrive, elle mérite des moments fabuleux aussi. Son frère est mort pendant la guerre de Crimée (toujours en cours en 1985), son seul et unique amour, Landen (qu'elle a quitté dix ans plus tôt et qui désespère de la voir revenir), s'apprête à épouser une greluche sortie tout droit du concours de Miss Pouf, elle est confrontée au mal en personne, Hadès, et sa tante est retenue en otage dans un poème.
A noter tout de même que Jane Eyren'est enlevée que tard dans le livre, ce n'est donc pas uniquement pour retrouver cette fabuleuse héroïne qu'il faut ouvrir ce livre. Il est nécessaire d'être prêt à rencontrer une autre jeune femme, qui vit dans un monde complètement différent du nôtre, où le surnaturel n'est pas loin et où les personnages de roman débarquent toujours au bon moment pour la sortir d'une situation embarrassante.
Pour ma part, je suis conquise et compte bien lire très rapidement Délivrez-moi ! ainsi que le tome 3 des aventures de Thursday Next !

10/18 ; 410 pages.

31 décembre 2017

Bilan littéraire 2017

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Il est temps de faire le bilan de cette année 2017, déjà la douzième pour Lilly et ses livres.

J'ai fait une pause en début d'année. J'avais d'autres projets et occupations, mais j'ai également beaucoup lu, donc je crois que j'en avais simplement besoin. A partir de mai, l'envie de bloguer est revenue, et je suis je pense être actuellement dans une bonne dynamique.

D'après mon carnet de lectures, j'ai lu 75 livres cette année, dont 60 romans. Je suis très satisfaite de ce dernier nombre, je n'avais pas autant lu depuis plusieurs années.

Parmi ces lectures, quelques très jolies découvertes :

- La Terre qui penche de Carole Martinez.
- Miss Charity de Marie-Aude Murail.
- La Couleur des sentiments de Kathryn Stockett.

J'ai poursuivi ma découverte d'Annie Ernaux, même si je n'en ai pas parlé ici. Elle a rejoint mon panthéon personnel d'auteurs. J'ai enfin lu Confiteor, mais je n'ai pas autant aimé que je l'aurais voulu. J'ai relu Persuasion de Jane Austen avec délectation.

J'ai aussi lu un livre épouvantable. Je refuse de mettre son titre par ici, mais sachez que j'ai souffert pendant près de 300 pages.

Côté challenges, j'ai adoré participer au Challenge Pavé de l'été de Brize qui m'a permis de me lancer dans quatre gros romans et à la lecture commune du Palais de glace de Tarjei Vesaas, organisée par Margotte. Je découvre en ce moment Anna Karénine grâce à Romanza et je me régale.

Pour 2018, je pense retourner vers les classiques, décision prise et appliquée depuis plusieurs semaines. J'ai acheté plusieurs romans russes, et j'ai toujours d'innombrables auteurs dont je veux poursuivre la découverte (Zola, Balzac, Proust...). Je vais aussi essayer de coller aux mois thématiques.

Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente année 2018, dans vos lectures en particulier.
Merci pour vos visites et vos commentaires.

20 septembre 2012

Et de six !

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Tradition oblige, j'ai encore oublié l'anniversaire de mon blog...

Bon, je crois que depuis quelques années il est clair que je blogue à mon rythme.
Pour être franche, je suis parfois lasse, mais j'ai trop mis de moi par ici pour tout arrêter.
Faire partager mes découvertes est toujours aussi important pour moi.
Et puis, avec les années, il y a les blogueurs avec lesquels je ne veux pas perdre contact , que je prends toujours
autant de plaisir à lire (même si certains sont partis, et même si beaucoup de choses ont changé). Il y a aussi ces lecteurs silencieux, qui m'écrivent parfois pour me donner des conseils ou échanger à propos de mon blog.

Alors merci de continuer à passer par ici malgré tout et à tant m'apporter.

 

8 juillet 2008

Pauline ; Alexandre Dumas

41F4CMN2GGLFolio ; 241 pages.

A la fin de l'année dernière, j'avais promis de participer au club de lecture au moins une fois cette année. Quand j'ai vu que Pauline avait été choisi pour le 1er mai, j'ai failli succomber, d'autant plus que Lou en avait parlé très positivement. Mais bon, je suis quand même celle qui n'a pas fini son Challenge ABC de l'année dernière, celle qui n'a pas non plus terminé sa série de l'été 2007, et celle qui se fait poursuivre régulièrement par Fashion parce qu'elle attend des nouvelles d'une certaine duchesse italienne... Finalement, ce livre a sauté dans mon panier il y a une semaine.

Alexandre Dumas croise à plusieurs reprises son ami Alfred de Nerval en compagnie d'une jeune femme qui semble l'éviter. Quelques temps plus tard, les deux amis se retrouvent. Alfred raconte alors que cette personne n'était autre que Pauline, la femme du comte Horace de Beuzeval, son grand amour, et qu'elle fuyait tout contact avec son ancienne vie à cause d'un terrible secret.   

De Dumas, j'ai lu quelques romans il y a trèèèès longtemps. Depuis, j'avoue qu'il me tente moyennement. En fait, c'est l'étiquette "gothique" de ce livre qui m'a amenée à l'ouvrir. Car effectivement, il y a un peu de ça dans ce livre. Le récit se déroule dans des endroits sombres, avec un temps très mauvais, des mystères inexpliqués. Pauline elle-même ressemble davantage à un fantôme qu'à un être vivant à la fin de sa vie, lorsqu'elle fuit le regard d'Alexandre Dumas ou le frôle en passant au plus vite près de lui. Le reste du temps, elle a les mêmes caractéristiques qu'une Emily ou qu'une Antonia. Elle pleure beaucoup, s'évanouit régulièrement. On s'y attache difficilement, car elle n'a pas vraiment une personnalité affirmée. En fait, ce qui attire notre compassion est sa mort, dont nous sommes informés très tôt dans le récit.
Alfred de Nerval aussi a un côté "héros gothique", avec sa sensibilité à fleur de peau, sa chance incroyable, et son côté un peu dépassé par les événements.

D'un autre côté, de ce que j'y connaît, on retrouve quand même bien la patte de Dumas père, avec les thèmes de la fraternité, de l'honneur, ainsi qu'un récit rempli d'actions. Le comportement du Comte Horace ne s'explique pas autrement que par sa loyauté envers ses compagnons, et c'est une chose que l'on retrouve davantage dans les romans français du XIXe que dans les romans gothiques. De plus, l'histoire se déroule à l'époque de Dumas (qui est en plus l'un des narrateurs du livre), ce qui donne un côté réaliste qui n'existait pas dans les deux romans gothiques "purs" que j'ai lus. Il n'y a aucun doute, nous sommes bien dans l'Europe du XIXe, et l'histoire de Pauline ressemble davantage à un fait divers qu'à un roman d'aventure.

On lit ce livre en en connaissant la fin, et même souvent plus (merci les quatrièmes de couverture un peu trop bavardes), mais le suspens est bien présent. On sait que Pauline est morte, mais pour comprendre comment cette jeune fille naïve a pu terminer sa vie dans la terreur, il faut lire le roman. C'est prenant, léger (on voyage beaucoup, mais Dumas nous épargne les longues descriptions), parfois frais et exotique, une bonne lecture de vacances.

L'avis de Sylire, qui regroupe tous ceux du groupe de lecture.

4 juillet 2008

Inconnu à cette adresse ; Kressmann Taylor

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Le Livre de Poche ; 89 pages.

Ce livre est un grand classique sur les blogs, mais aussi en dehors, c’est pourquoi j’avais prévu de le lire un jour. A part ça, j’avoue que je n’étais pas trop tentée. Le seul livre que j’ai lu de cet auteur ne m’a laissé aucun souvenir. De plus, quand on voit le prix du livre par rapport au nombre de pages (écrites en très gros), ça sent l’opération commerciale à plein nez.

Bref, je comptais jeter un œil à cette nouvelle, mais seulement si elle me tombait dans les mains. L’occasion s’est présentée il y a quelques jours, je l’ai lue dans la foulée, et verdict : c’est bien mais je ne hurle pas au chef d’oeuvre.

Deux amis et associés, Max et Martin, s’échangent des lettres sur fond de montée du nazisme en Allemagne. L’un est d’origine juive et vit aux Etats-Unis, l’autre est rentré en Allemagne avec femme et enfants.

Je reconnais que ce livre a beaucoup de qualités. L’auteur, même si elle a écrit Inconnu à cette adresse en 1938,  livre un récit qui rappelle à tout le monde ce qu’il a appris sur ce qui s’est passé non seulement dans les années 1930, mais également sur ce qui s’est passé après. De ce fait, pas besoin d’être archi calé sur le climat d’avant la Deuxième Guerre mondiale pour que cette histoire nous parle. De plus, c’est clair que pour un texte écrit en 1938, Kressmann Taylor semble  bien informée.

Sur le plan de la forme, la nouvelle est très bien construite, notamment la fin, avec ces lettres auxquelles on ne comprend rien dans un premier moment. Bémol quand même pour le début du texte. Les premières lettres ont un accent pompeux pénible qui enlève de la crédibilité aux personnages censés les écrire. Après ma lecture, j’ai lu le billet de Céline sur la représentation qu’elle a vu d’Inconnu à cette adresse, et elle parle également d’un côté un peu artificiel au début, qui se traduit par des acteurs qui surjouent.

Assurément, Kressmann Taylor a écrit un texte qui ne manque pas d’intérêt si on veut l’étudier. J’ignore si les collégiens doivent souvent lire cette nouvelle ou non, mais Inconnu à cette adresse me semble être un texte que l’on peut lire très tôt.

Je fais quand même un reproche à Inconnu à cette adresse, qui fait que je n’en garderai pas un souvenir impérissable. Cela reste trop général pour vraiment toucher. Il y a énormément de choses que l’on peut approfondir, mais si on fait simplement une lecture, c’est du vite lu et vite oublié. Pour faire un parallèle un peu tordu, cette nouvelle m’a fait penser au dernier Magazine Littéraire et à son dossier sur les romancières anglaises. Grâce à ce dernier, on trouve des pistes de lecture, on s’occupe plutôt agréablement sur la plage ou au bord de la piscine. Cependant, on n’apprend rien de vraiment nouveau.

Les avis d'InColdBlog et de Lisa.

25 janvier 2008

Les bois dormants ; Fabienne Juhel

15782050_1_Editions du Rouergue ; 157 pages.

J'ai repéré ce livre il y a quelques mois chez Clarabel. Il y a quelques temps, je l'ai trouvé à 7 euros chez Gibert, du coup je me suis dit qu'il ne fallait plus hésiter.

" Depuis toujours, elle s'est perdue.
Bébé, ses parents l'oublient dans une fête foraine. Fillette, elle s'égare avec plaisir dans les bois. Trente ans plus tard, à l'hôpital, on la dit perdue. La tumeur, une étoile accrochée à son cerveau, l'a fait basculer dans un univers d'anges et d'ogres. Quelque chose de son enfance lui est revenu. Qu'on lui laisse oublier la rentrée des classes. Elle est partie cueillir des mûres. C'est son dernier été.
"

Autant vous le dire tout de suite, nous sommes à mille lieues de La Belle au Bois dormant, histoire à laquelle le titre de ce roman m'a immédiatement fait penser. Il y a bien un prince, mais qui ne peut ni empêcher sa belle de se perdre, ni la réveiller d'un baiser d'amour. En fait, même le lecteur ne sait pas trop où il se trouve, car il suit les pensées d'une femme dans le coma. Difficile donc de séparer les souvenirs de l'imagination.
Il y a de très bons passages dans ce livre, poétiques, rythmés, parfois même familiers. C'est décousu, car nous suivons les rêves, les pensées et les souvenirs de quelqu'un. L'auteur a quand même eut la très bonne idée de donner un cadre à son histoire, en évoquant le monde qui continue de tourner dans la chambre d'hopital de la narratrice. Nous faisons donc connaissance avec des infirmières ainsi qu'avec le mari de la narratrice. Cela me fait penser qu'à la fin du livre, je me suis demandé si j'avais raté le nom de la femme qui nous raconte son histoire, ou si Fabienne Juhel avait délibérément choisi de ne pas le donner, afin d'appuyer sur le fait que son héroïne est perdue.
C'est peut-être un peu trop lent parfois, certainement pas le genre de livres qui plaira à tout le monde (il ne s'y passe pas grand chose, sauf sans doute si l'on est callé en psychanalyse), et je n'ai pas tout compris je pense. Pourtant, ce livre m'a émue, et plusieurs semaines après ma lecture, j'en garde un souvenir de douceur. 

27 août 2007

Les quatre filles du Docteur March ; Réalisé par Gillian Armstrong

51YYTM7N3SLDurée du film : 1h54.

Date de sortie : 1994.

Distribution : Winona Ryder (Jo), Claire Danes (Beth), Kirsten Dunst (Amy) ; Susan Sarandon (Mrs March), Christian Bale (Teddy Laurentz), Gabriel Byrne (Friedrich Bhaer).

Musique : Thomas Newman.

J'ai été absolument enchantée par cette adaptation de Les quatre filles du Docteur March et de Les filles du Docteur March se marient.

Les acteurs sont excellents. Winona Ryder campe une Jo March exactement comme je me l'imaginais, à la fois entêtée, extravertie, rêveuse, généreuse et fragile. Christian Bale est également le Laurie de ma lecture, un peu chien fou, attentionné et surtout terriblement séduisant^^. Le duo qu'ils forment est vraiment excellent, et fait parfaitement ressortir la complicité qui lie Laurie à Jo. 

main05Deux autres actrices que j'apprécie contribuent à me faire aimer ce film, Claire Danes et Kirsten Dunst. Cette dernière est toute petite, mais joue très bien Amy, que l'on a à la fois envie d'étrangler et de cajoler. D'ailleurs, je la trouve bien meilleure que l'actrice qui joue Amy plus âgée, et qui ne cerne pas le personnage comme je le voyait (mais comme ce n'est pas non plus mon personnage préféré, ça vient peut-être un peu de là également). Quant Claire Danes, elle nous présente une Beth angélique mais aussi courageuse et très complice avec sa soeur Jo, ce qui ne lui donne pas un rôle de pauvre petite fille comme ça aurait pu être le cas.

Les livres sont très bien respectés également au niveau du choix des scènes tournées. Bien que le film résume en à peine deux heures deux livres, il n'y a pas de gros manques, sauf peut-être en ce qui concerne la relation Amy/Laurie. Mais sinon, on a un très bon aperçu des livres, avec un soin particulier apporté au développement de chacune des filles March (même si c'est naturellement Jo qui est la grande héroïne du film).

800px_Lwomen05La musique est très belle, les costumes sont vraiment beaux, et les couleurs contribuent à donner de la fraîcheur au film. Certaines scènes sont un pur régal (la première rencontre de Jo et Laurie, le retour du père et le piano de Beth, la demande de Laurie, même la mort de Beth...), et le reste est à peine moins touchant.
On a envie de chanter avec eux, de valser avec eux et de les consoler quand ils traversent des épreuves difficiles.

Pour résumer, ce film enchateur est à consommer sans aucune modération.

24 février 2007

Retour à la case égouttoir de l'amour ; Louise Rennison

2070610586Édition Gallimard ; 231 pages.
10 euros.

" Mais quelle idée d'avoir demandé à Massimo d'occuper le poste convoité de " copain officiel " de Georgia ! L'attente est insupportable et met les nerfs de la belle à rude épreuve. Et quand la réponse tant espérée arrive enfin, le monde s'écroule autour de Georgia. Comment survivre à la rebuffade du beau Transalpin ? Georgia, reine de la stratégie amoureuse, envisage aussitôt un moyen de récupérer Scooterino en mettant Dave la Marrade à contribution. Mais l'expert en rigolade semble bien occupé par la belle Emma. Et où est passée cette foule de garçons qui se pressait aux pieds de Georgia ? Alors que le désespoir est à son comble, deux lueurs d'espoirs se profilent à l'horizon. "

Si vous avez un coup de blues (même un gros), je vous assure, il n'y a rien de mieux que se jeter sur les aventures de Georgia Nicolson. C'est mis en littérature "jeunesse", mais ce n'est pas normal. J'ai éclaté de rire à chaque page de ce livre (ma famille se lance d'ailleurs des regards interrogateurs, du genre "On appelle le service neurologique de l'hôpital X tout de suite ou on attend de voir si ça se confirme ? " ).

Georgia s'est encore mise dans une situation intenable. Massimo veut s'éclater, ne pas avoir de petite amie officielle. Ce qui est d'autant plus dure pour Georgia que cela signifie qu'elle doit partager son beau Transalpin avec sa pire ennemie, j'ai nommé Lindsay la Nouillasse... Heureusement, elle a de la fierté notre petite Georgia, et elle refuse. Du coup, elle déprime. Elle songe à manipuler Dave la Marrade pour rendre Massimo jaloux, mais il semblerait que le "poteau" en question veuille plus que ça. En désespoir de cause, elle écrit à Robbie alias Super Canon qui, on s'en souvient, est parti en Nouvelle Zélande.

En plus de sa vie amoureuse désastreuse, Georgia doit faire face à sa mère qui arbore un débardeur crochet sans rien d'autre en dessous qu'un soutien-gorge, qui fait de l'oeil aux pompiers (après avoir appelé toutes ses copines). Le Vati ne vaut pas mieux. Il semble n'avoir jamais autant mis du sien pour prouver sa "demeuritude". Libby alias Mini-givrée (la petite soeur) continue a terroriser tout le monde. La petite-amie du grand-père et ses amies pin up de la "maison des tricentenaires" sont à la mode bikini en cuir...

Et du côté des copines, Jas est toujours aussi peu compréhensive, Rosie rêve de mariage avec son "géant des steppes" (Sven), et Ellen n'a toujours pas compris que Dave la Marrade n'en avait rien à faire d'elle.

Et quand tout semble s'arranger... Coup de théâtre avec le retour de BIP ! Et puis, ça s'est arrêté... Je suis folle de rage, je ne vais jamais pouvoir attendre le 8ème tome...

16 mai 2007

Le cadavre du métropolitain ; Lee Jackson

51pCs2FG9yLEdition 10/18 ; 285 pages.
7,30 euros.

" A la fin du XIXe siècle, Londres est une cité tentaculaire aussi monstrueuse que fascinante où le crime s'épanouit sans vergogne. Cette capitale est le terrain de chasse de Decimus Webb, inspecteur de Scotland Yard au flegme tout britannique... Lorsqu'une jeune femme est étranglée dans le métro fraîchement inauguré, la presse s'empare de l'affaire et le public en émoi réclame l'arrestation du " meurtrier du métropolitain ". L' inspecteur Webb aura besoin de toute sa clairvoyance pour progresser dans cette enquête qui va l'entraîner des taudis londoniens jusqu'au " Foyer d'Holborn pour femmes repenties ", dirigé par l'intraitable Miss Philomena Sparrow. "

C'est Lou qui m'a fait découvrir ce livre, qui quitte les beaux quartiers où enquête Thomas Pitt pour les milieux plus modestes (voire misérables) de la capitale anglaise.

J'ai été surprise de constater que ce "polar" n'en est pas vraiment un, dans la mesure où l'intrigue semble reléguée au second plan dans ce livre (on la perd d'ailleurs presque complètement de vue), et sert surtout à nous entraîner dans les bas quartiers de Londres où évoluent les personnages. La lecture est assez agréable globalement, mais je n'ai pas trouvé cette histoire captivante non plus. Les chapitres sont courts, mais cela sert davantage à faire alterner les personnages qu'à donner du rythme au livre (même s'il y a une accélération sur la fin). Il m'a fallu un peu de temps pour me rappeler qui était qui, et cela a un peu gêné ma lecture.
La reconstitution est intéressante, mais j'ai trouvé que les expressions employées étaient parfois lourdes. Après, cela vient peut-être de la traduction...
Peu à peu, les personnages deviennent familiers, certains se révèlent attachants, et on se met à se soucier de leur sort. L'explication finale est bien trouvée, et je suis contente d'avoir lu un livre illustrant la condition de certaines couches de la société londonienne au XIXe. 
Mais j'ai trouvé l'hécatombe qui accompagne la résolution de l'affaire plutôt grotesque. Quant à la fin, qui se veut malicieuse, je l'ai trouvée plutôt banale, et mon côté fleur bleue en aurait préféré une autre...

Pour résumer, je suis un peu mitigée. L'inspecteur Webb n'est pas vraiment un personnage sympathique, j'attendrais de voir ce que les fans ont pensé du tome 2 pour y jeter un oeil.

L'avis de Marie.

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