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lilly et ses livres
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16 octobre 2016

L'enfant qui criait au loup - Gunnar Staalesen

111111Comme de nombreux auteurs scandinaves, Gunnar Staalesen est connu chez nous pour ses polars et pour le personnage de son enquêteur principal, Varg Veum.

Ce dernier a débuté aux services de la protection de l'enfance. C'est là qu'il rencontre Janegutt, âgé de quelques années à peine, pour la première fois. Sa mère étant soupçonnée de maltraitance, il est adopté par un couple bien sous tous rapports. Pourtant, quelques années plus tard, Varg Veum retrouve le jeune garçon dans des circonstances dramatiques. La dernière fois qu'on fait appel à lui au sujet de cet enfant, c'est parce qu'il s'est retranché avec une otage après avoir assassiné ses parents adoptifs et a indiqué ne vouloir parler qu'à Veum. Ce dernier, devenu détective privé raté, accepte de se rendre sur les lieux du carnage. 

Je n'ai pas lu les autres romans de Gunnar Staalesen mettant en scène son inspecteur, mais j'ai l'impression que L'enfant qui criait au loup est particulier dans la mesure où il couvre une immense partie de la carrière de Varg Veum. On découvre son parcours professionnel, l'échec de son mariage, ses difficultés à se construire une carrière de détective. Pourtant, peut-être parce que je n'ai pas eu l'occasion de m'attacher à ce détective avec ses autres enquêtes, je n'ai pas éprouvé beaucoup d'empathie pour ce personnage qui ne se livre pas vraiment. 
Au niveau de l'enquête policière en elle-même, je trouve ce roman bien loin d'autres policiers scandinaves. L'enquête est intrigante, mais pas palpitante. A aucun moment je n'ai senti mon sang se glacer. J'avais soupçonné le meurtrier en me disant que ce serait caricatural de le choisir et compris depuis longtemps pourquoi l'un des personnages agit comme il le fait tout au long du livre.
Au final, j'ai surtout vu dans ce roman une peinture peu reluisante de la politique de protection de l'enfance en Norvège. J'ai aussi apprécié la peinture de Bergen, loin de l'image parfaite de la Scandinavie que l'on a tendance à véhiculer chez nous (criminalité très faible, résultats scolaires excellents, prise en charge remarquable des personnes âgées...).

Une petite déception.

Merci aux éditions Folio pour ce livre.

Folio. 480 pages.
Traduit par Alexis Fouillet.

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8 juin 2016

La Passe-miroir. 2. Les disparus du Clairdelune - Christelle Dabos

couv49338046Après un premier tome enchanteur qui a conquis de nombreux lecteurs (dans l'actualité, Gallimard a proposé son concours du premier roman jeunesse pour la deuxième fois, et le lauréat vient d'être dévoilé), Christelle Dabos nous permet de retrouver ses personnages dans un deuxième opus à nouveau très réussi.

Ophélie doit cesser de dissimuler son identité et faire son entrée officielle en tant que fiancée du sinistre Thorn à la cour de Farouk, le redoutable esprit de famille du Pôle. Bien que celui-ci tombe curieusement sous le charme de la maladroite jeune fille, la position du clan des Dragons, décimé depuis le terrible accident de chasse du tome précédent, reste précaire. Quelqu'un semble de plus décidé à ce que le mariage de l'intendant et de la jeune animiste n'ait jamais lieu, par crainte qu'il ne permette le déchiffrage du Livre de Farouk. Cet enjeu semble si important que des disparitions commencent à se produire au Clairdelune, l'ambassade, le seul lieu sûr du Pôle jusqu'à présent.
Et comme la situation n'était pas assez inquiétante, la famille d'Ophélie annonce son arrivée au Pôle.

J'avais dévoré le premier tome, je n'ai fait qu'une bouchée du second. Retrouver le Pôle et ses illusions, ses complots, la maladresse d'Ophélie, les tentatives de Thorn de se comporter en être humain, a été un véritable délice.
L'intrigue avance beaucoup. Bien entendu, de nombreuses questions restent en suspens (Christelle Dabos ayant décidé de nous gâter avec quatre tomes), mais les personnages se dévoilent, et leurs projets également. Par ailleurs, nous quittons Ophélie à intervalles réguliers dans ce tome pour découvrir les souvenirs intrigants d'un jeune être. Le fameux "Dieu" (dont il est question de façon si succinte dans le tome précédent, qu'on pense à des passages sans importance), commence à apparaître, et il ferait presque peur.
La Déchirure qui a fait naître les arches se met à occuper une place de plus en plus centrale. L'intrigue amoureuse est également développée, et si les ficelles utilisées n'ont rien de très original, je n'ai pas boudé mon plaisir et le couple formé par Ophélie et Thorn a fait battre mon grand coeur.

Je pourrais regretter le fait que les membres de l'entourage d'Ophélie (Bérénilde en tête) semblent avoir été privés des aspects de leur personnalité qui en faisait des êtres avec lesquels on ne savait pas sur quel pied danser, mais ce deuxième tome est autant un coup de coeur que le premier.

A quand la suite ?

Gallimard. 549 pages.
2015.

 

28 octobre 2014

Les apparences - Gillian Flynn

78219143_oLe matin de leur cinquième anniversaire de mariage, la femme de Nick Dunne, Amy, disparaît. Restent dans la maison des traces de lutte ainsi que le premier indice de la chasse au trésor que la jeune femme avait organisée pour son époux.
Alors que la police puis le système médiatique s'emparent de l'affaire, il devient évident que les deux époux cachent de lourds secrets qui font de Nick le coupable idéal.

J'ai repéré Gillian Flynn depuis au moins un an, mais le choix de ce titre vient bien entendu du fait que l'adaptation est sortie récemment au cinéma.
Ce n'est pas un hasard, étant donné que ce thriller semble avoir été écrit pour être porté à l'écran. Les chapitres défilent à cent à l'heure, les indices pleuvent, les rebondissements aussi, les deux personnages principaux sont charismatiques, le cocktail parfait pour une adaptation à succès.
L'histoire de départ est plutôt banale, celle d'un couple marié qui s'enfonce dans l'ennui, la routine et les mensonges. Comme tant d'autres, Nick et Amy ont d'abord joué aux amants parfaits, persuadés d'être différents des couples de leur entourage qui s'étripent ou tentent de se dresser l'un l'autre pour correspondre à la personne cool qu'on a tous envie d'être et d'avoir auprès de soi. Une fois la passion retombée, l'arrivée du chômage, les problèmes de santé des parents de Nick, le retour dans le Missouri après la belle vie à New York, ont eu raison de tous ces efforts pour faire semblant d'être heureux.
Mais leur couple a beau suivre un parcours banal jusqu'au jour où Amy disparaît, ce qui apparaît au cours de l'enquête nous fait réaliser à quel point les Dunne ne sont pas un couple ordinaire. Ni certains de leurs proches. C'est à se demander lequel est le plus tordu dans toute l'histoire, et cette dimension psychologique, qui crée une ambiance aussi dérangeante que fascinante, est ce qui empêche de reposer le livre avant de l'avoir terminé. La fin ne met pas un terme à ce malaise, puisqu'elle révèle à quel point on peut se convaincre que tout va pour le mieux alors que c'est le contraire.
Outre la folie des personnages, impossible de ne pas évoquer celle des médias et de la société, dont le jugement est beaucoup plus important que celui rendu dans un tribunal. A l'heure de la téléréalité, il vaut mieux ne pas avoir un air trop désinvolte, être intérieurement dévasté ne suffira pas.

Gone girl.
Sonatine. 573 pages.
Traduit par Héloïse Esquié.
2012 pour l'édition originale.

24 mai 2014

Code 1879 - Dan Waddell

code-1879Grant Foster, inspecteur bourru, est appelé sur une scène de crime étrange. La victime a été amputée des deux mains, tuée, puis déposée dans un cimetière. Sur sa poitrine, on a également gravé un étrange message composé de lettres et de chiffres. Très vite, la collègue de Foster, Heather Jenkins pense qu'il s'agit d'une référence d'acte civil. Elle fait donc appel à Nigel Barnes, un généalogiste désabusé, pour retrouver le dossier. Tous les trois découvrent alors que le meurtre est en lien avec une série de crimes commis en 1879.

Si, comme moi, vous avez du mal à vous concentrer pour lire en ce moment, voilà un livre que je peux vous recommander. C'est très classique, mais prenant, et on ne refuse jamais un petit séjour dans la capitale anglaise.
J'ai adoré me promener dans le Londres d'aujourd'hui en cherchant les traces de la ville de 1879. Nigel est passionné par son travail de souris, et avec lui on découvre des rues cachées et des anecdotes (comme celle de Leinster Gardens, dont il était aussi question dans la dernière saison de Sherlock).
L'enquête à résoudre est également intéressante. Pourquoi cette affaire de 1879 refait-elle surface ? Quels sont les motivations du meurtrier ? Quel est le lien entre les victimes ? Pourquoi ces mutilations sur les corps ? Le suspens est très présent, et l'on démêle les fils de l'enquête de façon très progressive en suivant tour à tour l'inspecteur et le généalogiste dans leur travail, stressant et nous décourageant avec eux presque jusqu'au bout.
Presque, car j'ai trouvé la fin très maladroite. Suivre l'enquête en alternant les points de vue de Grant et Foster permet de la rendre palpitante durant la majeure partie du livre, mais lorsque la dernière victime est enlevée, c'est franchement énorme et les informations que l'on apprend sont répétitives.

Pas un grand livre donc, mais un trio d'enquêteurs sympathiques que je pense retrouver une prochaine fois.

C'est grâce à Titine que je me suis lancée dans cette lecture. Lou est très enthousiaste.

 

 

23 janvier 2014

Le signe des quatre - Sir Arthur Conan Doyle

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Difficile pour moi de me plonger dans un livre en ce début d'année. Même les bandes-dessinées m'épuisent d'avance, et je préfère buller devant ma télévision. Heureusement, la BBC est là, et avec la nouvelle saison de Sherlock (déjà finie...), j'ai eu envie de me replonger dans les aventures du célèbre détective.

Sherlock Holmes non plus n'est pas en grande forme lorsque l'histoire débute. Pour passer le temps, il se drogue sous le regard réprobateur de son fidèle Watson. L'arrivée d'une nouvelle cliente, Mary Morstan, va cependant lancer les deux hommes dans une nouvelle enquête.
Cette jeune femme qui ne laisse pas le Dr Watson indifférent sollicite l'aide de Sherlock Holmes suite à la réception d'une curieuse lettre l'informant qu'elle a été privée d'une partie de l'héritage de son père. Son interlocuteur est en fait le fils d'un officier ayant vécu et travaillé en Inde avec le capitaine Morstan. Il prétend être en possession d'un trésor dont la moitié doit revenir à Mary Morstan. Mais avant que les choses aient eu le temps d'être éclaircies, un meurtre est commis et le trésor volé.

Si je n'ai pas été subjuguée par ce livre autant que j'avais pu l'être par Le chien des Baskerville, j'ai au moins bénéficié d'un effet de surprise dont je pensais être dispensée. En effet, je croyais avoir lu la résolution de l'énigme il y a des années, mais je dois confondre avec une autre histoire.
J'ai aussi apprécié comme toujours le personnage de Sherlock Holmes dont le caractère est encore une fois détaillé. Très secret comme à son habitude, il montre à quel point il dispose de moyens intellectuels et matériels (les gamins des rues) qui lui permettent de supplanter ses adversaires et la police, encore une fois ridiculisée.
Cependant, j'ai trouvé que l'histoire traînait un peu trop, excepté sur la fin. Dans le genre trésor volé ayant donné lieu à une malédiction, je préfère de loin Pierre de Lune de Wilkie Collins.
J'ai également grincé des dents en assistant à l'amour naissant de Watson et de Mary Morstan. Des évanouissements jusqu'à la réplique mielleuse du docteur sur le fait que le seul trésor qui l'intéresse est la dame de ses pensées, on ne nous épargne peu de choses en une centaine de pages.

Une enquête plutôt sympathique mais pas exceptionnelle.

Librio. 122 pages.
Traduit par Lucien Maricourt.

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25 août 2013

Dix petits nègres - Agatha Christie

QUIZ_Connaissez-vous-les-dix-petits-negres_5831L'Île du Nègre vient d'être achetée par un mystérieux milliardaire, ce qui passionne les journaux et le public. Aussi, lorsque dix personnes reçoivent une invitation pour s'y rendre, en tant qu'invité ou comme futur employé, elles ne prêtent pas attention au fait que leur lettre est vague, et ne sont pas gênées de ne pas bien se souvenir de leur expéditeur.
C'est ainsi qu'un juge, un médecin, un aventurier, un général, un policier, une vieille fille, une gouvernante et un jeune inconscient se retrouvent prêts à embarquer pour la demeure de Mr et Mrs O'Nyme. Arrivés sur l'île, ils sont accueillis par les deux domestiques, Mr et Mrs Rogers. Les hôtes ayant été retenus, leurs invités prennent un premier dîner sans eux. Au cours de celui-ci, un disque contenant une mise en accusation de chacune des personnes présentes est retransmis. Tous les invités s'empressent de rejeter les accusations de meurtre pesant contre eux, mais dès la première soirée, l'un des convives meurt empoisonné.

J'ai découvert Dix petits nègres en seconde, et bien qu'il n'ait pas été mon premier roman d'Agatha Christie, j'en gardais un souvenir très fort. Je me souvenais à peu près correctement de la fin, mais j'ai voulu le relire afin de le savourer sous un nouveau jour (et puis, il fallait bien que je vous parle un peu de Dame Agatha un de ces jours).
Nous avons donc ici un huis-clos de plus en plus oppressant au fur et à mesure que les personnages sont assassinés. Ce qui est intéressant est l'analyse psychologique à laquelle Agatha Christie se livre dans ce roman. Elle joue avec les nerfs de son lecteur (je n'avais pas grand chose à envier à Vera côté trouille), mais surtout avec ses personnages, de plus en plus terrorisés et suspicieux à mesure qu'ils réalisent qu'ils ne quitteront pas cette île vivants. Eux-mêmes jouent très bien leur rôle de pantins dans cette cour de justice spéciale. D'abord près à jurer leur innocence, ils finissent par avouer leurs crimes, et c'est bien la culpabilité qui porte le coup final de la comptine des Dix petits nègres. La seule chose sur laquelle ils demeurent imperturbables est le thé de cinq heures, rituel auquel il n'est pas question de renoncer ! C'est aussi ce qui fait de cette histoire un roman très anglais avec lequel on prend un grand plaisir à frissonner.
L'auteur adopte divers procédés afin de faire monter la sauce. L'histoire avance très vite d'une part, puis toutes les recherches ne donnent rien créant ainsi un climat de suspicion ne laissant aucun repos. Enfin, elle introduit les pensées de ses personnages, dont celles du meurtrier, à plusieurs reprises afin d'augmenter la tension. Aucun coupable ne se dessine clairement, chaque suspect étant éliminé dès que les autres commencent à le soupçonner.

Attention Spoilers !

Je ne me souvenais plus comment Agatha Christie s'y prenait pour que la morale soit sauve. Une personne s'auto-proclamant Juge Suprême autorisée à châtier les coupables que la justice n'a pu attraper n'a rien d'admirable. Elle a donc créé un personnage un brin sadique et psychopathe, condamné à mort par Dame Nature, pour justifier les dix meurtres. Le complice semble franchement niais, mais après tout chacun des personnages représente une couche bien précise de la société, donc pourquoi pas.

Fin des spoilers

Un roman mené d'une main de maître !

L'avis de Karine.

1930181881   logo-challenge-littc3a9rature-culture-du-commonwealth

26 septembre 2012

Little Bird - Craig Johnson

5096_cover_dish_1Encore un polar (je me suis fait une cure en août), mais cette fois je suis en terrain un peu plus connu puisqu'il s'agit d'un roman américain. 

Le shérif Walt Longmire, veuf proche de la retraite très ancré dans ses petites habitudes, travaille dans une petite ville où il ne se passe jamais rien. Ou presque. En effet, en lieu et place du "grand moutonocide" sur lequel le comté comptait pour sortir de l'ennui, le corps de Cody Pritchard vient d'être découvert, et l'accident de chasse semble de moins en moins probable. Quelques années auparavant, le jeune homme avait été impliqué dans le viol collectif d'une jeune Indienne, et il s'en était sorti à bon compte. Le shérif se met donc à mener l'enquête sur ce qu'il soupçonne être une vengeance, aidé par sa secrétaire, son adjointe et son vieil ami Henry Standing Bear.
En parallèle, ses amis essaient de le forcer à retaper sa maison et à se trouver une nouvelle compagne.

J'ai beau avoir passé de bons moments dans les contrées nordiques cet été, j'ai trouvé ce roman plus abouti.
Les personnages tout d'abord sont très charismatiques. Longmire est un shérif plein de contradictions, à la fois bougon et farceur, fainéant et très professionnel, grande gueule et timide (avec les femmes). Son amitié avec Henry Standing Bear, un Indien cheyenne, est très bien construite, et les filles ne sont pas en reste quand il s'agit de lui en faire baver. Entre eux, les répliques fusent, franches (voire brutales) quand il le faut, pleines d'humour et d'affection le reste du temps.
En soi, l'enquête n'est pas palpitante. Elle démarre à son rythme, lorsqu'on fait encore semblant de croire que ce n'est pas un meutre (enfin, Longmire ne fait pas semblant, mais le lecteur se doute bien que le fin mot de l'histoire est plus croustillant), ce qui donne un côté réaliste à l'histoire. Il cherche les indices, les témoins, examine les hypothèses qui s'offrent à lui, le tout avec les moyens du bord (en gros les copains serviables), et sans qu'on ait l'impression de perdre notre temps. On prend aussi la peine de découvrir le Wyoming et de se promener dans la réserve indienne pour découvrir un peu de son histoire. Le seul problème que j'ai eu avec cette lecture est que je l'ai faite en pleine canicule, donc les espaces enneigés et les températures glaciales n'étaient pas des plus simples à imaginer...
En fait, je crois que j'ai trouvé dans ce livre tout ce qui pour moi fait un roman policier qui sort du lot. J'ai beau ne pas m'y connaître, on a ici une enquête intéressante mais aussi un style soigné, ce que je n'ai pas forcément ressenti dans les autres romans policiers lus cet été.

Une belle découverte, qui sera suivie d'autres, puisque Little Bird est le premier tome d'une série.

D'autres avis chez Theoma et Amanda.

Je peux participer au mois américain, Titine ?

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Gallmeister. 421 pages.
Traduit par Sophie Aslanides.
2005 pour l'édition originale.

5 septembre 2012

Polars islandais

cit_jarresLe commissaire Erlendur Sveinsson a la cinquantaine. Il est divorcé et père de deux enfants qui ont mal tourné (en même temps, avec des noms pareils, n'importe qui aurait des problèmes). Sa vie professionnelle est beaucoup plus brillante, puisqu'il résoud les crimes avec ses deux équipiers, Elinborg et Sigurdur Oli.

J'ai profité des vacances pour lire ses deux premières enquêtes relatées par Arnaldur Indridason.

Dans La Cité des jarres, Erlendur est confronté au meurtre d'un homme âgé, tué dans son appartement de Reykjavik. Le meurtrier semble avoir agi de manière impulsive, mais cette impression est contredite par le message mystérieux qu'il a laissé.
En enquêtant sur la victime, Erlendur découvre qu'il s'agit d'un homme accusé de viol dans les années 1960, mais jamais inquiété.

J'avais entendu énormément de bien sur ce livre et cet auteur mais j'ai été déçue dans l'ensemble. Erlendur est un homme sympathique, même si taciturne et souvent dépassé par les événements de sa vie privée. Le coup de la fille toxicomane est un peu gros, mais j'ai été intéressée par leur relation. Elinborg et Sigurdur Oli me plaisent aussi beaucoup. Ils sont très différents d'Erlendur, mais c'est sans doute ce qui explique qu'ils forment une si bonne équipe.
Les thématiques abordées sont intéressantes. Il est question du viol dans les années 1960, de la peur des victimes et de la réaction des gens et en particulier de certains policiers. En gros, ces derniers leur rient au nez quand ils ne leur disent pas carrément qu'elles sont des salopes. On parle aussi de recherches génétiques et des précautions indispensables pour éviter que cela ne dérappe pour des raisons financières ou pire.
Cependant, j'ai trouvé cette enquête peu entraînante. Le suspens n'est pas vraiment présent, et la résolution de l'affaire réside dans une succession de coincidences invraisemblables. Par ailleurs, on comprend aux deux tiers du livre ce qui s'est passé, mais l'auteur fait traîner la fin de son livre sur une centaine de pages.

Ce n'est pas une lecture atroce, mais je m'attendais à quelque chose de plus palpitant.

Arnaldur Indridason. La cité des jarres. Myrin (VO).
327 pages.
Traduit par Eric Boury.
2000 pour l'édition originale.

J'ai étla_femme_en_verté nettement plus convaincue par La Femme en vert. Cette fois, c'est un bébé machouillant un os humain qui lance l'enquête. Cela permet de découvrir l'existence d'un squelette enfoui dans la terre depuis plus d'un demi-siècle.

La construction du livre est déjà plus élaborée et originale, puisqu'on suit à la fois l'enquête pour trouver l'identité du squelette, et le quotidien d'une femme battue dans les années 1930 et 1940. Bien que cela restreigne le nombre de personnes pouvant être la vicime retrouvée par Erlendur et son équipe, il est difficile de savoir ce qui s'est réellement passé sur la colline avant la fin. De cette manière, le lecteur participe activement à l'enquête, et élabore toutes sortes d'hypothèses. Par ailleurs, cela permet de rencontrer les personnages impliqués dans le drame familial qui est relaté, de sentir la peur de "la femme" et de ses enfants.
A nouveau, Indridasson évoque la question de la femme, de sa place et de ses droits dans la société. J'ai particulièrement apprécié la réponse du pasteur à "la femme" venue lui demander de l'aide. L'auteur nous fait aussi plonger dans l'histoire de l'Islande à l'époque de la Seconde Guerre mondiale. J'ignorais tout de la présence des Anglais et des Américains sur l'île, donc cette lecture m'aura appris quelques détails sur ce pays.
Les liens avec le premier épisode sont présents, et permettent aux personnages de prendre davantage d'épaisseur, entre Erlendur qui n'est pas au bout de ses peines avec sa fille, et Sigurdur Oli qui est à un moment crucial de sa relation avec sa compagne. J'espère que le personnage d'Elinborg est plus développée par la suite, car elle me plaît décidément beaucoup.

Indridason n'est pas une grande découverte, mais ce deuxième opus m'a malgré tout émue, et je retrouverai volontiers Erlendur d'ici quelques mois.

Arnaldur Indridason. La femme en vert.
Traduit par Eric Boury.
346 pages.
2001 pour l'édition originale.

14 août 2012

Les hommes qui n'aimaient pas les femmes - Stieg Larsson

9782330004996Attention, ce post va être plein de mauvaise foi !

Six ans après la bataille, je me suis enfin lancée dans cette série sur laquelle on a beaucoup beaucoup écrit. Je lis peu de romans policiers, et je suis honteusement frileuse dès qu'il s'agit de se plonger dans autre chose que de la littérature anglo-saxonne ou française, mais Daniel Craig ma curiosité a finalement été la plus forte.

Alors, pour les retardataires : Mikael Blomkvist, journaliste économique à la réputation jusque là irréprochable, vient d'être condamné pour diffamation dans l'affaire de détournement de fonds qui l'opposait au financier Hans-Erick Wennerström. Alors qu'il songe à son avenir et à celui de Millenium, le journal dont il est le coresponsable avec son amie-amante Erika, il est contacté par Henrick Vanger. Le riche industriel souhaite l'engager pour enquêter sur le meurtre de sa petite nièce, Harriet, qui a disparu en 1966.
Lisbeth Salender a vingt-quatre ans, des tatouages et des piercings, et travaille pour Milton Security en tant qu'enquêtrice. Son chemin va finir par rejoindre celui de Mikael Blomkvist.

Soyons honnêtes : j'ai avalé ce livre en trois jours, j'ai envie de lire la suite et j'ai déjà entamé un autre polar nordique. C'est donc que Millénium a un côté addictif et des qualités. J'ai apprécié la présentation détaillée de l'intrigue, qui permet de se plonger dans l'ambiance du livre, de découvrir les personnages, le contexte. Le fait que la rencontre et l'enquête ne démarrent que tardivement ne m'a pas du tout gênée. J'ai aussi très bien marché en suivant Mikael dans sa recherche de la vérité, et le génie de Lisbeth pour découvrir ce qui échappe aux autres. Pour finir, je trouve que c'était judicieux et original d'imbriquer deux histoires, l'affaire Wenneström et l'affaire Vanger.
Malgré tout, j'ai du mal à ne pas voir les défauts de ce livre. Tout d'abord, côté écriture, on est loin d'avoir affaire à un grand styliste. De plus, j'ai noté sur le début du livre des répétitions d'informations données un peu plus tôt, ce qui alourdit le livre. On va dire que l'auteur n'a pas eu le temps de se relire...
En ce qui concerne le fond, j'ai été gênée par le fin mot de l'histoire. Je ne vais pas le dévoiler, mais je m'attendais à quelque chose de très différent. Là, c'est tiré par les cheveux à l'extrême, et je trouve ça dommage lorsque la résolution du meurtre dévoile quelque chose qui n'a rien à voir avec ce qui est proposé dans le reste du livre. Je n'aurais strictement rien vu tellement je suis mauvaise enquêtrice, mais ça donne toujours plus de profondeur au livre lorsqu'à la relecture d'un roman policier notamment on peut voir les indices laissés par l'auteur avec un oeil nouveau. La seule très bonne surprise a été le moment où j'ai compris le titre, très bien trouvé (s'il s'agit de celui de l'édition originale).
J'ai aussi été un peu déçue par le côté caricatural des personnages. J'apprécie Mikael et Lisbeth, mais ils ont un côté très cliché, surtout Lisbeth, qui cumule vraiment tous les problèmes du monde. D'une façon générale, j'ai trouvé que Stieg Larsson voulait en faire un peu trop côté glauque, mais c'est tellement poussé que ça rend le résultat artificiel et peu crédible (comme la confrontation entre Lisbeth et son tuteur). Certaines scènes auraient dû provoquer un sacré malaise en moi, mais une fois passées, j'avais tourné la page pour de bon.

Mon billet semble plus sévère que je le voudrais. En fait, ce livre est un très bon divertissement, mais ce n'est pas un roman poignant qui marque durablement. Je suis prévenue pour la suite.

D'autres avis chez Manu, Fashion et Karine.

Babel. 705 pages.
Traduit par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain.
2005 pour l'édition originale.

1 mars 2009

Le mystère d'Edwin Drood ; Charles Dickens

resize_5_Laissez moi tout vous expliquer. Il y a quelques temps, j'ai décidé de lire Monsieur Dick ou le dixième livre de Jean-Pierre Ohl. La première page m'a convaincue que je ne pouvais qu'adorer ce livre, mais j'ai très vite renoncé à le lire avant de connaître Le mystère d'Edwin Drood, et le fameux Monsieur Dick du titre. Ce dernier roman est un inachevé de Dickens, et il a donné lieu à de nombreuses discussions depuis plus d'un siècle. Le problème avec ce roman, comme avec la plupart des livres de Dickens est que seule la Pléïade l'a édité en français. Je peux lire l'anglais, mais je suis très fainéante, et très impatiente, donc j'ai opté pour une méthode un peu étrange. Je me suis procuré L'affaire D. ou le crime du faux vagabond, qui contient le texte de Dickens, entrecoupé de chapitres écris par deux autres auteurs. Etant donné que je désirais me familiariser en toute innocence avec le texte original, je n'ai lu que les chapitres de Dickens.
Vous suivez ? Ça a été un peu laborieux : au début, je croyais que ce livre contenait d'abord le livre de Dickens, puis une version achevée. Vous imaginez ma surprise quand j'ai lu la première page en pensant qu'il s'agissait du texte de Charlie...

L'histoire se déroule dans le petit village de Cloisterham, à l'ombre de la cathédrale. Edwin Drood se rend chez son oncle John Jasper, qu'il aime tendrement et avec lequel il a un écart d'âge très peu important. Il vient pour rendre visite à celle qui lui a été fiancée par testament, la jeune Rosa, élève dans le collège de la ville. Edwin est désinvolte, et n'a pas conscience de ce que signifient réellement ses fiançailles, ce qui choque profondément Neville Landless, un jeune homme récemment arrivé à Cloisterham, qui a été ébloui par Rosa, et qui est sujet à des accès de violence. Les deux jeunes gens ont une altercation, puis un dîner est organisé afin de les réconcilier. Le lendemain, Edwin a disparu.

Il faut savoir que ce livre est terriblement frustrant. Il manque quand même la moitié du roman, et il s'agit de résoudre une disparition dans un milieu où chacun ou presque peut être le coupable. Alors oui, j'ai adoré découvrir de nouveaux personnages de l'auteur, lui qui sait si bien les croquer. On a droit à pas mal de scènes cocasses (j'aime particulièrement le face à face entre Edwin et Neville, et le sale gosse).
Mais on n'aura jamais le fin mot de l'histoire. Personnellement, je ne crois pas à la culpabilité de John Jasper (ce type m'a terrifiée autant que le le trouve à plaindre), sur qui les soupçons du lecteur sont très vite portés. Je suis loin d'avoir lu tout Dickens, mais pratiquement donner le nom du coupable avant le milieu de l'histoire me semble improbable. Personne ne savait que Rosa et Edwin avaient rompus leurs fiançailles. Nombreux étaient ceux qui les désapprouvaient. Le tuteur de Rosa me paraît tout aussi suspect que les autres (il est horrible avec ce pauvre Edwin, même s'il avait bien besoin de cela). En tout cas, je trouve étrange de publier un roman "policier" en feuilletons. Dickens n'avait peut-être pas d'autres options, mais cela devait exiger une attention de tous les instants, puisqu'il n'était ensuite possible de rien modifier...
Il est également frustrant de ne pas avoir plus qu'un bref aperçu de certains personnages (peut-être que Monsieur Dick ou le dixième livre me donnera de quoi calmer un peu ma frustration), et de ne pas savoir ce qu'est réellement devenu Edwin. Je l'aimais bien personnellement. J'ai vaguement trouvé une explication qui me satisfait dans L'Affaire D. (j'ai parcouru quelques pages) :  il a cru que son oncle avait voulu l'étrangler, et s'est donc enfuit en Egypte. A la fin, il doit revenir. Si Dickens ne nous donnera jamais la réponse, autant choisir celle qui nous correspond le mieux.

Les avis de Karine et d'Isil.

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