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lilly et ses livres
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21 octobre 2020

La Vallée de la Lune - Jack London

luneOakland, début du XXème siècle. Saxonne est jeune, idéaliste et volontaire. Descendante d'une poétesse ayant participé à la conquête de l'Ouest, elle est persuadée d'être destinée à une existence peu ordinaire. Lorsqu'elle rencontre Billy, charretier de profession mais ancien boxeur, c'est le coup de foudre.
Cependant, la lutte entre patrons et syndicats fait rage et pourrait bien ruiner leur bonheur.

C'est peu dire que j'ai lutté pour venir à bout de ce roman de six cents pages. Il contient énormément de passages qui auraient mérité d'être supprimés et son discours est tour à tour ennuyeux et dérangeant.

On dit souvent de la littérature américaine qu'il s'agit d'une littérature de pionniers, qu'on y trouve une réécriture perpétuelle de la Bible. Avec La Vallée de la Lune, difficile de passer à côté de la recherche de la Terre Promise entreprise par Billy et Saxonne après avoir subit les brimades du capitalisme.

La première partie est une charge contre les inégalités sociales, les grands patrons, l'injustice du système judiciaire. Du pur Jack London. Lorsque les grèves s'enclenchent, l'auteur décrit avec précision la violence qui s'empare des individus, les meurtres des briseurs de grève, les condamnations à mort en représailles. Les quelques richesses que Saxonne et Billy avaient amassées sont bien vite englouties et remplacées par des dettes de toutes parts. La tentation de l'alcool n'est pas loin non plus. 

" Archie, ce gosse, a volé deux dollars et quatre-vingt cents à un poivrot, et il en a pris pour cinquante ans. J. Allison Forbes, lui, a fauché deux millions de dollars à l'Alta Trust et on lui a collé moins de deux ans de prison. Qu'est-ce que c'est que ce foutu pays ? "

Saxonne n'est pas du genre à se résigner. Elle est convaincue qu'en tant que descendante de combattants américains, elle n'a pas moins de droits que les autres. Après une rencontre avec un jeune garçon rêvant d'ailleurs ayant de sérieux airs de Jack London en personne, elle trouve la solution à ses problèmes. Quitter Oakland, sa violence et sa misère.

C'est à ce moment que le roman devient problématique dans son discours. C'est d'abord insidieux. Au fil de leurs rencontres, Billy et Saxonne accumulent du savoir sur le monde rural, les cultures et adoptent un discours qui n'est plus seulement idéaliste. On retrouve dans ce roman toutes les contradictions de Jack London. Bien que méprisant les élites, il les envie et les célèbre également. C'est ainsi que Mrs Mortimer, ancienne bibliothécaire ou les intellectuels de Carmel apparaissent comme de véritables modèles.
Si j'ai souri à ce dernier point, j'ai en revanche eu beaucoup de mal à voir Saxonne et Billy se comporter de plus en plus comme leurs anciens ennemis. Au fil du roman, les héros de London adhèrent de plus en plus visiblement à l'idée selon laquelle les individus obtiennent ce qu'ils méritent. Les dernières pages, dans lesquelles Saxonne et Billy se montrent condescendants à l'extrême envers les "têtes à deux dollars par jour" et magouillent pour obtenir le meilleur prix de terres dont ils ont deviné la grande valeur au détriment de celui qu'ils voient comme un imbécile m'ont donné la nausée. Je ne connaissais pas le Jack London simpliste.

On passe de la violence de la lutte des classes à la célébration du rêve américain sans la moindre nuance. Dérangeant et franchement raté.

Libretto. 601 pages.
Traduit par Louis et François Postif.
1913 pour l'édition originale.

Challenge Jack Londo 03 copie

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Commentaires
L
Sylire : oui, c'est très long quand on s'ennuie (alors que j'aurais bien avalé le double avec ma lecture suivante), même si heureusement j'ai apprécié certains passages.<br /> <br /> <br /> <br /> Claudialucia : j'ai bien conscience de cela, mais j'ai du mal à saisir comment on peut écrire "Le Peuple de l'abîme" et "La Vallée de la Lune". Il faudrait que je lise une biographie.<br /> <br /> Je vais faire une pause, mais le challenge dure encore quelques mois si je ne me trompe pas. J'espère lire encore au moins un livre de ou sur London.
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C
Non ! Je viens de lire ta réponse à Miriam ! Et je te comprends ! Moi j'en ai deux lus mais pas encore commentés.
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C
J'étais en voyage et je n'ai pas eu le temps de venir voir ton billet ! ET bien quelle déception ! Décidément London n'a pas fait que des chefs d'oeuvre et ses contradictions sont parfois très pénibles à supporter. Cette idée selon laquelle les individus obtiennent ce qu'ils méritent est celui de toute la société protestante américaine même de nos jours. C'est pourquoi ils peuvent admirer un homme comme Trump parce qu'il est riche. Quant à l'idée de la supériorité de la race blanche anglo-saxonne que London expose dans la majorité de ses oeuvres, elle est largement partagée par des millions d'américains ! Bon, merci d'avoir servi de pionnière. Je ne lirai pas La vallée de la Lune. Tu crois que tu en liras encore ?
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S
Aie, 600 pages pour en arriver à cette conclusion ! Je me dépêche de l'oublier.
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L
Ingannmic et Keisha : ou alors à réserver pour quand vous aurez vraiment lu tout London...<br /> <br /> <br /> <br /> Dominique : complètement. Apparemment, c'est un roman tardif, dans lequel London a mis un peu de son paradis trouvé. <br /> <br /> <br /> <br /> Miriam : je vais aussi faire une pause, même si je suis ravie que ce challenge m'ait donné le petit coup de pouce pour découvrir davantage London.<br /> <br /> <br /> <br /> Kathel : j'aurais dû me méfier.<br /> <br /> <br /> <br /> Bonheur du Jour : je pense que la déception est d'autant plus grande que j'ai beaucoup lu London cette année. <br /> <br /> <br /> <br /> Maggie : oui, c'est complètement raté...
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