Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lilly et ses livres
Newsletter
Derniers commentaires
30 juillet 2019

La Bête humaine - Emile Zola

beteAprès avoir découvert l'ancienne liaison de sa femme et du bienfaiteur de celle-ci, Roubaud, sous-chef de gare au Havre, décide d'assassiner l'amant lors d'un trajet de train entre Paris et Rouen. Le hasard fait que Jacques Lantier, fils de Gervaise Macquart est témoin du meurtre.

Ce titre de la série des Rougon-Macquart était l'un de ceux que j'étais le plus impatiente de découvrir. On me l'avait présenté comme un roman palpitant avec une dimension policière et je n'ai pas été déçue. En effet, tout en gardant son style habituel, Zola joue ici dans un registre que je ne lui connaissais pas.
Bien entendu, il n'est pas question de résoudre une énigme, mais de montrer en quoi le meurtre d'un notable et l'enquête qui l'entoure sont révélateurs du climat politique et de la noirceur humaine. Pour la Justice, il s'agit avant tout de choisir le coupable qu'elle préfère. La priorité est avant tout d'enterrer tout ce qui pourrait salir les personnages respectables, même face à des preuves incontestables.

"Puis, mon Dieu ! la justice, quelle illusion dernière ! Vouloir être juste, n’était-ce pas un leurre, quand la vérité est si obstruée de broussailles ? Il valait mieux être sage, étayer d’un coup d’épaule cette société finissante qui menaçait ruine."

Si l'on cherchait encore la preuve que Zola n'est que cynisme face à ses personnages et à l'Empire, la voilà. 

J'ai savouré avec un plaisir coupable ces commérages entre les habitantes de la gare. Cela m'a rappelé ma lecture de Pot-Bouille qui m'avait enchantée l'an dernier.
Mais, ce qui m'a le plus emportée dans ce livre, c'est la façon dont Zola fait vivre la ligne de chemin de fer entre Paris et Le Havre. Nous le suivons le long des boucles de la Seine. Nous nous mettons à admirer, à aimer les locomotives de Jacques et de Pecqueux comme si elle était réellement humaine. Rien ne les rend plus impressionnantes que leurs colères puis leur agonie dans des scènes que je préfère vous laisser découvrir. J'ai terminé ce roman à bout de souffle tant la dernière scène est éprouvante.

On pourrait reprocher à Zola de faire sans demi-mesure, comme souvent. Aucun personnage n'est épargné et l'on a affaire à une concentration de meurtriers impressionnante et surtout peu crédible. Pourtant, il y a dans ce livre des pages d'une puissance rare qui m'amènent à le ranger parmi mes favoris dans l'oeuvre de l'auteur.

Le billet de Karine.

Folio. 504 pages.
1890 pour l'édition originale.

Publicité
Commentaires
L
Lili : Quelques mois plus tard, je ne suis plus certaine que le livre entier sera dans mon top, mais certains passages si.<br /> <br /> <br /> <br /> FondantGrignote : j'ai encore beaucoup de Zola à lire moi aussi...<br /> <br /> <br /> <br /> Claudialucia : moi aussi je l'adore, et je trouve son discours encore très actuel.
Répondre
C
C'est vrai qu'il y a toujours une démesure dans les romans de Zola mais c'est ce qui met son oeuvre au niveau de l'épique, cette grandeur des personnages même dans l'horreur (la bête humaine), l'ouvrier vu comme une victime mais aussi un héros de l'industrialisation (Germinal).. Et puis cette soif de justice, cette dénonciation sans concession des crimes d'une bourgeoisie qui se construit sur l'argent et les banques et sur la paupérisation des classes populaires. J'adore Zola !
Répondre
F
Lecture prévue depuis longtemps ! Un jour viendra... et vive Zola ! :-) Belle fin d'été, Lilly.
Répondre
L
C'est amusant, c'est justement en suivant le lien de ton commentaire sur mon billet de Pot-Bouille l'an dernier que je tombe sur ce billet de La Bête Humaine. Les grands esprits zoliens se rencontrent ! Je garde un souvenir également saisi de ce roman-là, que je ne classe néanmoins pas parmi mes préférés, mais qui a le mérite de développer une intrigue originale dans la série. Au plaisir de te relire bientôt, Lilly :*
Répondre
L
Maggie : "Pot-bouille" n'a pas l'air de faire partie des incontournables de la plupart des gens mais je l'ai trouvé jouissif.<br /> <br /> <br /> <br /> Keisha : pas sûre de vouloir regarder des adaptations de Zola ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Electra : ce n'est clairement pas un polar comme on l'entend, c'est vraiment à la sauce Zola. Il m'a aussi un peu fait penser à "Crime et Châtiment".
Répondre
Publicité