Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lilly et ses livres
Newsletter
Derniers commentaires
24 août 2018

Une Nihiliste - Sophie Kovalevskaïa

KovaleskaïaNée princesse Barantsov dans la Russie tsariste, Vera vit une enfance protégée. Lorsqu'en 1861, Alexandre II met fin au servage, les Barantsov s'effondrent, forcés de vendre la plupart de leurs terres et de se séparer de leurs domestiques. Vera passe les années suivantes à battre la campagne et à oublier les leçons apprises du temps où elle avait des précepteurs. Lorsque le voisin des Barantsov, Stepan Mikhaïlovitch Vassiltsev, ancien éminent professeur à Saint-Pétersbourg, est assigné à résidence, il ne tarde pas à croiser la route de Vera et à éveiller chez cette adolescente mal dégrossie une conscience politique.

Voilà encore un classique de la littérature russe déterré par Libretto et dont je n'avais jamais entendu parler. Ce n'est pas le roman le plus réussi du monde. Sophie Kovalevskaïa écrit très bien, mais l'intrigue est assez déséquilibrée entre le début plutôt lent et la fin presque expédiée. Il y a aussi tout un passage écrit au présent dans un récit au passé et le traducteur signale qu'un des personnages change de nom au fil du livre. Pourtant, cette lecture a été passionnante et me permettra peut-être d'ouvrir enfin Pères et Fils de Tourgueniev qui m'attend depuis trop longtemps.
Comme le titre l'indique, il s'agit d'un livre politique, largement autobiographique si j'en crois la quatrième de couverture. Pourtant, la majeure partie du roman se concentre sur l'enfance puis l'adolescente de Vera, ce qui en fait presque un roman d'apprentissage. Avant de décrire les avancées permises par les réformes ou les grands procès de contestataires, Sophie Kovalevskaïa nous fait pénétrer dans ces immenses domaines entretenus par une armée de serfs. Du point de vue des Barantsov, l'époque du servage est merveilleuse. Leurs filles sont éduquées avec soin et dotées, tous les traitent avec un respect immense. La réforme de 1861 bouleverse complètement cet équilibre et la détresse s'empare des aristocrates.
La rencontre entre Vera et Vassiltsev transforme la jeune fille. Leur relation est à la fois belle et libératrice pour celle dont personne ne se souciait plus depuis longtemps. Au-delà de leurs échanges intellectuels, une histoire d'amour passionnée ne tarde pas à les lier.
Nous avons généralement des nihilistes une vision très négative en raison du nombre d'attentats qu'ils ont commis. Ici, le terme décrit très généralement tout individu ayant une attitude d'opposition face au pouvoir en place. Dans les dernières pages du livre, nous suivons le procès romancé d'un groupe ayant réellement existé mais dont les membres, ainsi que le souligne l'auteur, n'étaient pas du tout organisés voire ne se connaissaient absolument pas. Je n'ai encore jamais lu les livres écrits sur l'univers concentrationnaire soviétique, mais ce livre, comme d'autres de la même époque, montrent que l'organisation des bagnes et la répression ne datent pas de 1917. Ces écrits montrent également que de nombreux individus éclairés, hommes et femmes, pauvres et aristocrates, étaient engagés dans la lutte contre les injustices de leur société. 

Une curiosité littéraire que j'ai lue avec un vif intérêt et qui m'a permis de découvrir une femme hors du commun puisque Sophie Kovalevskaïa était surtout une scientifique de grand talent. Encore une fois cependant, ne lisez pas le résumé proposé par l'éditeur, bien trop bavard, réducteur voire mensonger !

Libretto. 146 pages.
Traduit par Michel Niqueux.
1892 pour l'édition originale.

Publicité
Commentaires
P
Formidable, je le note tout de suite ! L'occasion d'approfondir la réforme de 1861, de retrouver une page de l'histoire russe et de découvrir une nouvelle auteure. Merci !
Répondre
L
Maggie : non, ce n'est pas le sujet. Je crois qu'elle a écrit des mémoires cependant. C'est une femme étonnante, qui a subit le fait d'être une femme (on lui a refusé de travailler dans son domaine). <br /> <br /> <br /> <br /> Marilyne : Et toi tu me donnes envie de lire des Japonais ! Les Russes sont ma nouvelle marotte, et je découvre avec bonheur qu'il y a plein d'auteurs qui se cachent derrière ceux que l'on cite toujours. <br /> <br /> <br /> <br /> Dasola : Libretto déterre de véritables pépites. Moi aussi, je connais mal l'histoire de la Russie, mais les éditions sont souvent très riches et permettent de bien saisir les textes.
Répondre
D
Bonjour Lilly, rien que la couverture, cela donne envie de découvrir ce roman dont je n'ai jamais entendu parler. Je connais mal l'histoire de la Russie en général. Je ne me rappelais pas que la fin du servage datait de 1861. Merci pour ce conseil. Bonne journée.
Répondre
M
Je découvre aussi par ton billet ! Et tu me donnes décidément envie de revenir à la littérature russe ( si je me relance dans un hiver russe, tu sauras d'où ça vient :)) .
Répondre
M
Est-ce qu'elle parle aussi de son destin de scientifique ? Ca me tente beaucoup. Là, je suis plongée dans Pouchkine ( Boris Godounov, mais c'est la Russie du XV !)
Répondre
Publicité