Le journal d'Aurore : Jamais contente ; Marie Desplechin
L'école des loisirs ; 180 pages.
9,50 euros.
" 12 février. On peut ruiner sa vie en moins de dix secondes. Je le sais. Je viens de le faire. Là, juste à l'instant. J'arrive à la porte de l'immeuble, une modeste baguette dans la main et la modeste monnaie dans l'autre, quand Merveille-Sans-Nom surgit devant moi. Inopinément. A moins de cinq centimètres (il est en train de sortir et je m'apprête à entrer, pour un peu on s'explose le crâne, front contre front). Il pose sereinement sur moi ses yeux
sublimes. Je baisse les miens illico, autant dire que je les jette quasiment sous terre, bien profond, entre la conduite d'égout et le tuyau du gaz. Sa voix amicale résonne dans l'air du soir :
- Tiens ! Aurore ! Tu vas bien ?
Je reste la bouche ouverte pendant environ deux
millions de secondes, avant de me décider et de lui hurler à la figure :
- Voua ! Merdi ! "
Moins délirant que les aventures de Georgia Nicolson, Le journal d'Aurore est quand même une lecture très divertissante.
Aurore, c'est une adolescente de quatorze ans, qui aime se vautrer dans les miettes de galette quand elle regarde la télé, ses copines Lola et Samira de temps en temps (surtout leurs frères en fait...), mais qui déteste le collège, ses camarades de classe, et se trouve mal aimée et incomprise (je sais, j'ai déjà dit que c'était une ado...). Comme tous les jeunes de son âge (à part les chanceux), elle est en conflit avec ses parents, s'interroge sur sa sexualité, et déteste ses soeurs.
J'ai beaucoup aimé ce journal parce qu'il m'a fait sourire à toutes les pages, et un peu rire. Même si c'était jaune : les impressions d'Aurore suite à son premier baiser m'ont fortement rappelé quelqu'un, tout comme ses relations conflictuelles avec ses parents...
C'est d'ailleurs ça qui m'a beaucoup plu dans ce livre, il est assez crédible. Aucun miracle pour Aurore sur le plan scolaire, un premier petit copain plutôt "juste pour voir" , des copines qui ne comprennent pas toujours tout, des parents complètement largués, une grande soeur exaspérante, une petite soeur lèche-bottes... Même si on a forcément eu une adolescence différente, nos préoccupations étaient assez semblables. Et j'ai beau ne pas garder un excellent souvenir des ces années là (pas si lointaines d'ailleurs), j'ai beaucoup apprécié le fait de les regarder sous autre angle. Je suis vache, mais ça m'a bien fait rire de voir Aurore engluée dans des soucis que je considère moins capitales aujourd'hui.