Contes de la rose pourpre ; Michel Faber
Éditions de L'Olivier ; 187 pages.
15 euros.
" Qu'est devenue Sugar, la jeune prostituée ? Et William Rackham, le riche parfumeur qui l'avait follement aimée ? Est-il parvenu à l'oublier ? Et la petite Sophie, où est-elle ? Ces questions, nous nous les sommes posées en refermant La Rose pourpre et le Lys. Avec le vague espoir que l'auteur de ce merveilleux roman " victorien " écrit au XXIe siècle consentirait à lui inventer une suite à la manière de Charles Dickens. Michel Faber a fait bien mieux : avec ce recueil de nouvelles, il nous propose une sorte de post-scriptum, ouvrant l'éventail des possibles sur le devenir de ses personnages. Ecoutons-le... " Nous sommes en décembre 1872. Une neige duveteuse tombe sur cette partie équivoque de Londres entre Regent Street et Soho... "
Je n'ai pas lu La rose pourpre et le lys, mais ce n'est pas faute de l'avoir vu et admiré dans les librairies. En fait, les critiques que j'avais lues, et qui émanaient de personnes ayant d'ordinaire des goûts semblables aux miens en matière de littérature, étaient mauvaises. L'écriture de l'auteur était la principale visée. Alors me taper 1000 pages d'ennui pour contredire tout le monde et risquer d'abandonner un livre ayant coûté environ quinze euros, même avec mon esprit de contradiction très développé cela me contrariait.
Depuis que je fréquente les blogs littéraires, j'ai découvert que certains sont très emballés par ce livre, Marie et Bill en tête. Mais ça n'a pas suffit à me convaincre. Hier, à la librairie, je cherchais un livre à acheter quand je suis tombée sur Contes de la rose pourpre. Je connaissais vaguement, Marie (je n'ai pas trouvé le lien...) et Gaëlle en avaient parlé. Il s'agit non pas d'une suite, mais plutôt d'anecdotes, qui se passent avant ou après La rose pourpre et le lys. Finalement, je ne l'ai pas pris. Quelques minutes plus tard, je suis à la bibliothèque, j'erre dans les rayons. Pour une fois, je regarde les présentoirs. Et là, je le vois. Personnellement, les histoires de signes et toutes ces choses là me font beaucoup rire d'ordinaire. Sauf que là, il s'agissait de livres. Et que l'on ne plaisante pas avec les livres. Je l'ai donc pris.
Bien qu'il soit très intéressant, si vous n'avez pas lu La rose pourpre et le lys, ne lisez pas l'avant-propos. D'abord, il raconte la fin de l'histoire (bon, pour une personne comme moi ça n'est pas gênant, mais ça c'est une autre histoire). Ensuite, l'auteur lie un peu trop, bien involontairement, ses contes et son roman. Du coup, je me suis sentie un peu une intruse au début, parachutée dans une histoire à laquelle je n'appartenait pas. Heureusement, au bout de quelques pages, l'effet s'est dissipé.
Pénétrer dans le Londres du XIXè, dans ses bas quartiers, ses bordels, était une première pour moi (enfin je crois). Les personnages créés par Michel Faber vont dans des endroits interdits, vivent dans des lieux où il ne faut pas mettre les pieds quand on est une personne "respectable". L'idée d'avoir la possibilité de savoir ce que vont devenir ou ce qu'ont été ces personnages en lisant le roman de l'auteur permet de les quitter sans trop d'amertume. D'après les critiques que j'ai lues sur La rose pourpre et le lys, les personnages ne sont pas forcément très attachants. Ici non plus. On sent quand même des liens se tisser entre eux au fil des nouvelles. La dernière, qui est racontée par un enfant, est la plus touchante. Sans doute parce qu'elle compte plus de pages que les autres, et que Michel Faber a davantage l'occasion de prouver son talent.
Au niveau de l'écriture, elle n'est pas désagréable, mais j'ai eu du mal à imaginer une ambiance victorienne. J'ai beaucoup de mal à savoir si tel ou tel livre est bien ou mal écrit. J'attends simplement de l'auteur qu'il crée un rythme et une atmosphère qui contribuent à rendre son histoire réelle. Ce n'est pas vraiment le cas ici, on est très détaché de l'action par moments.
J'ignore si une lecture préalable de La rose pourpre et le lys m'aurait davantage permis d'apprécier ce recueil. C'est un petit livre sympathique, les ambitions initiales de l'auteur étaient plus que respectables, mais ce recueil se lit et s'oublie assez vite je pense. Je suis quand même assez intriguée, peut-être vais-je me laisser tenter par le roman...