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lilly et ses livres
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11 décembre 2006

La nuit ; Claude Roy

Souvenir d'école...

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La nuit étoilée ; Vincent Van Gogh

La nuit

Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de loup de fougère et de menthe
Voleuse de parfum impure fausse nuit
Fille aux cheveux d'écume issus de l'eau dormante

Après l'aube la nuit tisseuse de chansons
S'endort d'un songe lourd d'astres et de méduses
Et les jambes mêlées au fuseau des saisons
Veille sur le repos des étoiles confuses

Sa main laisse glisser les constellations
Le sable fabuleux des mondes solitaires
La poussière de Dieu et de sa création
La semence de feu qui féconde les terres

Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de mer de feu de loup de piège
Bergère sans troupeau glaneuse sans épis
Aveugle aux lèvres d'or qui marche sur la neige

Claude Roy

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4 décembre 2006

Ophélie ; Arthur Rimbaud

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John Everett Millais ; Ophélie

I

" Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

II

Ô pâle Ophélia ! Belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'infini terrible effara ton oeil bleu !

III

- Et le poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. "

27 novembre 2006

Demain, dès l'aube... Victor Hugo

Aujourd'hui, je vous mets le très célèbre et superbe poème de Victor Hugo, Demain, dès l'aube... C'est l'un des poèmes écrits pour sa fille Léopoldine, morte prématurément.
Pour la photo, n'ayant pas de photo d'Harfleur, je vous mets Etretat, l'une des plus jolies villes de la côte normande que je connaisse...

etretat

"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur."

Extrait de Les Contemplations ; Victor Hugo.

20 novembre 2006

Je me souviens de la bohême ; Francis Carco

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Aujourd'hui, j'ai envie de partager avec vous ce petit poème que j'avais recopié sur un cahier quand j'étais au lycée. J'espère ne pas avoir fait de fautes...

"Je me souviens de la bohême,
De mes amours de ce temps là !
Ô mes amours j'ai trop de peine
Quand refleurissent les lilas...
Qu'est-ce que c'est que cette antienne ?
Qu'est-ce que c'est que cet air là ?
Ô mes amours, j'ai trop de peine...
Le temps n'est plus de la bohême.
Au diable soient tous les lilas !
Il pleut dans le petit jour blême.
Il pleut, nous n'irons plus au bois.
Toutes les amours sont les mêmes,
Les morts ne ressuscitent pas.
Un vieil orgue, comme autrefois,
                                              Moud, essoufflé, "la Marjolaine".
                                              Ô mes amours de ce temps-là.
                                              Jamais les mortes ne reviennent.
                                              Elles dorment sous les lilas
                                              Où les oiseaux chantent ma peine.
                                              Sous les lilas qu'on a mis là...
                                              Les jours s'en vont et les semaines :
                                              Ô mes amours, priez pour moi."

Extrait de Mortefontaine ; Francis Carco.

19 octobre 2006

Alcools ; Apollinaire

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Les trois arbres, automne ; Claude Monet


Automne Malade

Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé dans les vergers

Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé

Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé

Et que j'aime saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train qui roule
La vie
S'écoule

Guillaume Apollinaire

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