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lilly et ses livres
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1 mars 2020

L'Inondation - Evgueni Zamiatine

inondationSofia et Trofim Ivanytch sont mariés depuis treize ans, mais ce mariage d'amour bat de l'aile car ils n'arrivent pas à avoir d'enfants. Lorsque Sofia décide de recueillir Ganka, une adolescente orpheline, son mari est ravi. Au bout de quelques années cependant, Sofia découvre que sa protégée et son mari ont une liaison.
Alors que la Neva monte, l'épouse doit continuer à vivre auprès du nouveau couple qui ne se dissimule plus à ses yeux.

Evgueni Zamiatine était un illustre inconnu pour moi avant que je ne m'intéresse à la littérature russe. Révolutionnaire puis opposant au régime soviétique, il est connu pour Nous autres qui aurait inspiré Orwell. Il a aussi écrit des oeuvres plus intimistes (bien qu'il y ait de discrètes allusions au régime soviétique dans la nouvelle que je vous présente).
L'Inondation
est une très brève nouvelle, mais elle plaira sans aucun doute aux amateurs de belles écritures et de Dostoïevski. En effet, ce texte semble presque être une réécriture de Crime et Châtiment.
Il se concentre sur le personnage de Sofia, qui se retrouve à vivre dans un huis-clos insupportable.

"Sur le rebord de la fenêtre se trouvait un bocal renversé où avait échoué, on ne sait comment, une mouche. Il n'y avait aucune issue, mais cela n'empêchait pas la mouche de ramper en tous sens du matin au soir. Le soleil dardait sur le bocal une chaleur indifférente, sourde, lente, la même qui pesait sur toute l'île de Vassilevski. Ce qui n'empêchait pas Sofia de sortir, de s'affairer du matin au soir. Pendant la journée, de gros nuages de pluie s'amassaient fréquemment, se faisaient menaçants ; le ciel au-dessus était comme une vitre verte pouvant céder à tout instant, faisant éclater et déferler l'averse. Mais les nuages se dispersaient sans un son ; la nuit, la vitre se faisait plus épaisse, plus impénétrable, plus étouffante. Nul ne les entendait, qui respiraient chacun à leur façon : l'une, la tête enfoncée sous l'oreiller pour ne rien entendre, et les deux autres, entre leurs dents serrées, du halètement avide et brûlant d'un gicleur de chaudière."

Trompée par son mari sous son propre toit, ce dernier continue à la considérer comme sa domestique. C'est elle qui lui prépare le lit depuis lequel il rejoint sa maîtresse chaque nuit. C'est elle qui continue à lui prodiguer de bons soins, comme une bonne épouse. C'est encore elle qui passe ses journées avec l'insolente et cruelle Ganka, qui ricane face à la douleur de Sofia. Alors que le trio doit se réfugier chez les voisins suite à la crue de la Neva et que Trofim Ivanytch est contraint de partager la couche de son épouse, celle-ci reprend un peu de vigueur. Mais la situation ne dure pas et le curieux trio doit regagner son appartement.

Je ne veux pas trop vous en dire, mais Zamiatine manie l'art de la nouvelle à la perfection. Son écriture est fine et mêle magnifiquement les tourments de la nature à ceux de l'âme humaine.

Une découverte faite à l'occasion du Mois de l'Europe de l'Est d'Eva, Patrice et Goran.

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Sillage. 60 pages.

Traduit par Marion Roman.
1929 pour l'édition originale.

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Commentaires
L
Marilyne : étrangement, "Nous autres" ne m'attire pas trop. Je pense poursuivre avec ses nouvelles.<br /> <br /> <br /> <br /> Icath et Karine : comme le dit Ingannmic, il y a des différences dans le traitement, mais si vous connaissez "Crime et Châtiment", certains éléments de ressemblance sont troublants.<br /> <br /> <br /> <br /> Ingannmic : *SPOILERS* tu as raison et en même temps je ne suis pas entièrement d'accord avec toi. Sur la fin de la nouvelle, les tourments d'un certain personnage font énormément penser au héros de Dostoïevski.<br /> <br /> <br /> <br /> Maggie : ça viendra et tu ne t'arrêteras plus ! ^^<br /> <br /> <br /> <br /> Goran : je vais aller fouiner sur ton blog pour voir ce que tu conseilles de cet auteur.<br /> <br /> <br /> <br /> Patrice : Merci à vous trois ! Et en effet, c'est court mais dense.
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P
Je n'ai encore jamais lu Zamiatine, mais j'ai l'impression d'une grande densité dans à peine 60 pages. Je le note et encore merci de nous offrir de telles découverte pour le mois de l'Europe de l'Est 2020 !
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G
J’aime beaucoup Zamiatine, je notes ce titre que je n’ai pas encore lu...
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M
A chaque fois que je vois tes billets, je me dis que je dois me lancer dans les auteurs russes... J'en ai plein dans ma PAL...
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I
Tiens c'est drôle, dans mon (vieux) billet sur ce titre, je le différenciais de "Crime et châtiment", d'une part en raison de sa brièveté, et parce que j'avais trouvé que Zamiatine manie surtout l'art de la suggestion, quand Dostoïevski est dans le "bavardage", même s'il est intérieur. Comme toi j'avais aimé, en tous cas. J'ai aussi lu "Nous autres" qui peut sembler un peu daté d'un point de vue stylistique mais reste très intéressant car précurseur, et agréable à lire.
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