imagesLa demeure des Bird, sur la côte irlandaise, est en ébulition. John, le fils aîné, doit rentrer chez lui après un séjour en hôpital psychiatrique. Sa mère, Olivia, a particulièrement hâte de le retrouver pour jouer les grandes soeurs. Eliza, une amie de la famille, est venue faciliter les retrouvailles.

Si vous cherchez à passer quelques jours de repos en compagnie d'une famille vivant dans une belle maison irlandaise du début du XXe siècle, alors découvrez Molly Keane. Elle dresse sa galerie de personnages avec beaucoup de finesse. Lady Bird est particulièrement réussie. Malgré la cinquantaine qui approche, Olivia soigne son apparence avec un soin jaloux.

"Lady Bird était sincèrement enchantée de voir son invitée, d'autant plus qu'elle jugeait son chapeau complètement raté, at aussi parce qu'elle trouvait à Eliza l'air vieux, fatigué et assez mal en point -comme se doit de paraître toute invitée ayant dix ans de moins que soi."

Pour retrouver sa jeunesse, elle s'imagine être une adolescente, plus amie que mère, pour ses enfants qui la méprisent. Ayant délaissé ses amants, elle ne vit désormais que pour son jardin, qui lui permet d'être la reine du voisinage (même si elle n'est pas à l'abri d'un coup d'Etat venant d'une horrible voisine). Seul son époux, Julian, pourtant conscient du caractère frivole et infidèle de sa femme, est incapable de la voir souffrir.
Parmi les enfants des Bird, le point de vue des femmes étant celui adopté, John et le petit Markie sont relégués au second plan au profit de leur soeur Sheena. Celle-ci a à peine vingt ans, et vient de se fiancer avec Rupert, un ami de son frère. Cependant, la folie de son frère, les secrets de ses parents et les manigances des soeurs de son compagnon l'amènent à douter de ce qu'elle veut.
Un autre personnage se détache, celui de la gouvernante. Cette jeune femme complexée par son abondante barbe se prend à rêver d'amour et de rébellion, mais elle est incapable de ne pas se faire écraser par les demandes excessives de sa maîtresse.
Témoin de ces événements, Eliza est une vieille amie de la famille. Bien qu'amoureuse de Julian depuis toujours et attachée à Olivia, elle est lucide face à leur comportement souvent égoïste qui porte préjudice à leurs enfants. En manipulant un peu tout le monde et en se sacrifiant beaucoup, elle tente de remettre les choses en ordre.
Les liens de parenté, la vie de l'aristocratie irlandaise, les relations humaines, sont abordés très clairement dans ce roman dont l'intrigue est plus complexe qu'à première vue. Si John semble être le point central lorsque débute le livre, les conséquences de son état de santé mettent surtout en lumière la personnalité de ses proches.

Pour être honnête, je n'ai pas été entièrement séduite par ce roman. S'il s'était agit de me première lecture d'un roman anglo-saxon de la première moitié du XXe siècle, j'aurais passé un très bon moment. Mais comme ce n'est pas le cas, je ne peux m'empêcher de le trouver assez semblable à beaucoup d'autres romans. Il est drôle, impertinent, doté d'une belle écriture, ce qui est suffisant pour vous recommander sa lecture, mais il ne sort pas assez du lot pour que je puisse parler de coup de coeur.

L'avis de Lou

Ce livre irlandais de 1935 me permet d'entamer mon challenge Littérature du Commonwealth chez Alexandra.

Quai Voltaire. 285 pages.
Traduit par Cécile Arnaud.
1935 pour l'édition originale.

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