L'empreinte de l'ange ; Nancy Huston

J'ai Lu ; 219 pages.

J'ai découvert Nancy Huston en juin dernier avec Lignes de faille, qui est mon plus gros coup de coeur de l'année 2007. J'ai décidé de lire L'empreinte de l'ange pour approfondir ma connaissance de cet auteur, et tout ce que je peux dire, c'est que je n'étais pas au bout de mes surprises.

En 1957, à Paris, Raphaël, un jeune musicien, laisse une annonce pour trouver un bonne qui s'occupera de son appartement parisien. Lorsque Saffie, une jeune allemande apathique sonne à sa porte, il ne met que quelques instants à en tomber follement amoureux. Il la met dans son lit et l'épouse très rapidement, tout en espérant qu'elle finira par l'aimer. Leur fils, Emil(e), naît quelques mois plus tard, magré les tentatives d'avortement de Saffie. C'est lors d'une simple course pour Raphaël, en compagnie d'Emil(e), que Saffie trouve enfin le goût de la vie en la personne d'Andràs, un jeune Hongrois. 

C'est un livre d'une efficacité redoutable que Nancy Huston nous offre avec L'empreinte de l'ange. Ce roman m'a poussée jusqu'à la nausée, m'a donné envie de le jeter à l'autre bout de la pièce, mais c'était trop tard. Je me suis retrouvée emprisonnée dans le récit que fait cette voix intraitable, qui se moque presque des émotions qu'elle provoque en nous et que j'ai haïe autant qu'elle m'a envoûtée.
Les personnages de ce livre ne sont pas particulièrement attachants. Saffie m'a laissée de marbre au début. A un moment, j'ai pensé, comme Raphaël, que son passé expliquait son attitude. Mais contrairement à lui, qui est naïf comme nous, tout en ne disposant pas des informations de la narratrice, j'ai peu à peu réalisé que le contexte historique, dissimulé en simple décor avant de prendre beaucoup plus d'importance, n'excusait pas tout non plus. Car Nancy Huston nous raconte l'histoire de quatre personnes lors de la guerre d'Algérie autant que la guerre d'Algérie et les marques de la Seconde Guerre mondiale avec quatre personnages comme prétexte. Forcément, les deux sont liés. Saffie et Andràs sont unis par le passé. Toutefois, leur relation ainsi que le trio amoureux qu'ils forment avec Raphaël, sont aussi et surtout des histoires assez banales.

En fait, comme dans Lignes de faille, Nancy Huston démontre qu'elle maîtrise parfaitement ce qu'elle écrit. Mais cette fois, je suis incapable de vous dire si j'ai aimé ou non. Je mettrais autant un zéro pointé à cette histoire qui m'a vraiment remuée qu'un 10/10. Si j'avais commencé à lire Nancy Huston avec ce livre, je n'aurais probablement pas continué à la lire. Mais j'ai également envie d'applaudir. A vos risques et périls donc...

L'avis de Lily.

Comments

[Saleanndre]

Je l'ai lu la semaine dernière et pareil, une impression ambivalente : d'un côté l'envie de comprendre pourquoi Safie est si étrange, de l'autre un profond dégoût pour certains des personnages, presque tous en fait, qui se révèlent odieux dans certaines situations, voire ignobles... On a presque affaire à un huis clos, où chacun dévore l'autre. Mais toutefois, c'est un roman auquel je mettrais 10/10, rien que par le fait qu'il suscite autant de gène et d'émotion. Je n'ai pas encore rédigé d'article, mais ça ne saurait tarder!

[Lilly]

Maeve : c'est marrant, j'ai effectivement compris le contexte historique de la même façon que toi, mais pour moi c'est un aspect secondaire de l'histoire. C'est intéressant de voir qu'un même livre donne des compte rendus très différents d'une personne à l'autre, même si elles ont autant aimé ou détesté...

[maeve]

J'ai fini de lire ce livre : j'ai beaucoup aimé ! Il est clair qu'il met mal à l'aise. C'est notamment l'Histoire qui m'a mise mal à l'aise dans ce roman : la complexité de choses. Tout n'est jamais tout noir ni tout blanc. Que ce soit en Allemagne ou en France : la mise en miroir de la 2nd Guerre mondiale avec le génocide juif et celle de la guerre d'Algérie... Le Hongrois juif Andras - le personnage que j'ai trouvé le plus touchant par son romantisme - trouve les Français aussi cruels que les nazis lors des événements liés à la guerre d'Algérie. Mise en parallèle.
Le roman évoque aussi la souffrance allemande et le regard caricatural qui a été porté sur tous les Allemands au sortir de la Guerre : pourtant, ils n'étaient pas tous des nazis...

Ce roman soulève des tabous. D'où le malaise, du moins je le ressents comme cela.

[Lilly]

Maeve : j'attends ton avis avec impatience, ce livre m'a vraiment troublée.

[Maeve]

J'ai adoré "Lignes de faille" que je viens de terminer. Et j'ai acheté "L'empreinte de l'ange". Autant il y avait tous les autres titres de Nancy Huston en nombre, autant j'ai eu du mal à trouver celui-ci : il ne restait que 2 exemplaires à la Fnac Forum.
J'ai impatience de le découvrir. Ta critique m'intrigue.