Le mec de la tombe d'à côté ; Katharina Mazetti
"Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire de métier, et citadine pragmatique, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance. Au cimetière, elle rencontre le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que la tombe avec sa stèle tape-à-l'œil. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, de façon assez rustique, et grâce à une bonne dose d'humour et d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il s'énerve contre la "Crevette" qui occupe le banc au cimetière avec lui, avec son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Rien, a priori, ne rapproche ces deux-là, et pourtant, il suffira d'un sourire qui éclate simultanément sur leurs lèvres, pour qu'ils soient tous deux éblouis. C'est le début d'une histoire d'amour assez cocasse. Ils sont tout le contraire l'un de l'autre. Elle ne sait pas cuisiner, il lit tout au plus un livre par an. Elle veut aller à l'opéra, lui doit traire les vaches. Il traîne avec lui une odeur d'étable, elle vit dans un appartement aseptisé. Mais leur passion amoureuse est sans bornes. Roman d'amour drôle, tendre, à l'humour décapant, Le mec de la tombe d'à côté touche pourtant là où ça fait mal : ce fossé qui sépare les catégories sociales. On ne peut plus contemporain..."
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre léger qui se passe à notre époque. Certes, ce n'est pas tout les jours que l'on mange de l'élan quand on vit en France... Ce livre m'a amusée, car il m'a rappelée une rencontre que j'ai faite il y a quelques temps. Un type perdu dans sa campagne, qui n'ouvre jamais un livre, et avec lequel je me suis sentie totalement étrangère. Sauf que je ne suis pas Désirée, je ne l'ai pas rencontré dans un cimetière, et je ne supportais pas ce jeune homme avec lequel je n'ai eu que des rapports cordiaux... C'est une lecture plaisante, on rit beaucoup, souvent jaune, parfois franchement aussi. Les personnages sont gauches, mais attachants, plein d'autodérision. Un bon petit moment de lecture. Je compte renouveler avec la littérature scandinave sous peu, Petits suicides entre amis est sur ma liste de livres à acheter.
Je vous mets quelques passages que j'ai particulièrement aimés :
" Le Blaireau national a canalisé toute son énergie en un bond déterminant.
-Ca vous dirait... de venir faire un tour au cimetière ?
Elle m'a longuement regardé.
-Alors là, je suis sûre que vous dites ça à toutes les filles ! a t-elle dit, et ensuite elle a souri comme une gamine en vacances. "
Désirée a amené Benny à rencontrer ses amis : "Ils étaient super sympas avec le pauvre blaireau de la campagne, ils parlaient très distinctement et traduisaient tout de suite en mots à deux syllabes ceux de quatre. Un gars qui travaillait à l'institut de formation et conduisait une BMW, il m'a tapé dans le dos en disant qu'il avait toujours voulu travailler avec son corps, et il ne fallait pas négliger toutes les subventions et les possibilités de déduire les frais, et je n'aurais pas par hasard de la bonne viande à vendre ? Et une petite bibliothécaire exaspérante m'a demandé ce que les paysans faisaient en hiver. "Tu veux dire pendant l'hibernation des vaches ?" ai-je sifflé et ça a tout de suite refroidi l'ambiance à notre table."