Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lilly et ses livres
Newsletter
Derniers commentaires
22 février 2008

Sirène ; Marie Nimier

415px_John_William_Waterhouse___Mermaid_1_

Folio ; 204 pages.

J'avais acheté ce livre suite à un billet d'Emjy qui nous disait qu'elle l'avait sur sa PAL. Je suis encore une petite fille qui rêve quand elle entend le mot "sirène", encore plus quand elle en voit une peinte par Waterhouse, comme sur la couverture de ce roman. Je n’ai pas hésité, et j’ai acheté ce roman.

L’histoire : Marine Kerbay a vingt ans, et elle s’apprête a se suicider. Pour l’occasion, elle nettoie son appartement, revêt une tenue très élégante, et ingurgite soixante-quatre cachets avant de s’engouffrer dans le taxi qui doit la conduire au bord de la Seine. Car Marine est une sirène, une fille de la mer, et toute autre mort semblerait inappropriée pour cette jeune fille.
Mais elle échoue. Repêchée, elle subit les réactions blessantes des gens. Elle les laisse croire ce qu’ils veulent. Bruno est soulagé de croire qu’elle ne l’aime plus. Le psychiatre qui pense bien faire son métier en lui affirmant : “Vous ne savez pas pourquoi vous avez essayé de vous tuer, et surtout je pense que vous ne voulez pas le savoir”, elle ne le contredit pas.
Toutefois, ce n’est pas parce que Marine est la “Reine du silence” pour les autres qu’elle l’est vraiment. Après tout, ces gens qui croient la comprendre mieux qu’elle même ne méritent pas tellement qu’elle leur raconte tout.

Mon avis : Il semblerait que Marie Nimier parle un peu d’elle même dans ce livre, de sa propre tentative de suicide. Heureusement, elle n’a pas oublie qu’elle écrivait un roman. Ce livre n’est pas sa propre vie, et Marine est un personnage de fiction, dans lequel il n’est pas difficile de se retrouver. Je craignais que ce livre soit une autofiction totalement inintéressante après avoir découvert le propos réel de ce livre, mais là je suis complètement sous le charme.
Il y a bien quelques longueurs au début, quand Marine n'est encore qu'une jeune fille qui agit bizarrement, qu'une jeune sirène qui comme tant d'autres a succombé au charme d'un dragon. Mais c'est parce que Marine est une jeune fille qui réfléchit beaucoup plus qu'elle ne parle. Au fur et a mesure que l'histoire avance, son personnage se dévoile et s'étoffe. De la jeune fille froide, statique et pitoyable elle devient une rêveuse touchante, intelligente et curieuse.
L'ambiance du livre aussi change. On débute dans un Paris déprimant, puis on se rend en Bretagne, dans les années soixante également. On est un peu nostalgique, ce n’est pas vraiment une histoire joyeuse, mais je m’y suis sentie vraiment bien, un peu comme si les souvenirs de Marine m’étaient familiers.
L’écriture de Marie Nimier est très belle. J’ai même relu certains passages au cours de ma lecture pour les apprécier encore plus. La quête du père disparu, les interrogations de Marine sont celles d’une jeune fille qui semble trop réfléchir. Mais elle joue tellement bien avec les mots, elle suit une logique tellement parfaite qu’il est difficile de ne pas se prendre au jeu de Marine.

“Père, paire, perd, le mot se répétant prenait des proportions monstrueuses. Il s’insinuait dans le moindre repli de son être, tissant au fil de ses pensées une toile gluante, tout s’embrouillait…” (page 154)

“Marine se demanda si elle changerait son beau sourire contre un papa, un vrai. Elle pensa a la petite sirène qui n’avait pas hésite a sacrifier sa langue afin d’être acceptée sur la terre des hommes. Et pourtant, se dit-elle, le Prince ne s’était pas marié avec elle.” (page 157)

Comment en vient-on au suicide ? Faut-il vraiment détester la vie pour la quitter, ou peut-il y avoir d’autres raisons ? Marine cherche ses propres réponses, raconte ses propres mensonges, ceux des autres, tout ce qui peut lui permettre de découvrir pourquoi elle se sent déchirée entre Marine et Céline, ces deux prénoms qui lui appartiennent mais qui n'ont pas la même origine.
Je pense que présenté comme cela, ce livre a l'air plutôt barbant, prise de tête. Mais en fait, c'est un livre sans prétention qui nous raconte d'une très belle façon l'histoire d'une jeune fille blessée, le tout mêlé a des récits de sirène et de dragon. Les cent dernières pages de ce livres sont vraiment très très belles, encore plus que le début, vraiment une très jolie découverte.

Comment appelez-vous cela, déjà... De l'écume ?
Bruno s'adressait a la sirène. Marine, de sa voix la plus suave, répondit a sa place que l'écume était l'âme des matelots qui étaient morts en mer. Elle dit aussi que de nombreux navigateurs que l'on croyait perdus avaient trouve au fond de l'eau une demeure éternelle.
        "Berces par les vagues, reprit-il.
        - Inondes de volupté...
        - Êtes vous sirène ?
(page 68)

L'avis d'Emjy.

Publicité
14 février 2008

Les autres ; Alice Ferney

41fKDgjj2kLBabel ; 438 pages.

Voilà un livre qui n'a pas fait l'unanimité, et que du coup je n'avais pas l'intention de lire jusqu'à ce que le hasard ne me le mette entre les mains. Et là, coup de foudre.

C'est l'anniversaire de Théo. Pour ses vingt ans, il a invité ceux auxquels il tient le plus. Estelle, sa fiancée, Marina, son amie d'enfance, son frère Niels, ainsi que Claude et Fleur. Pour l'occasion, Niels a choisi d'offrir un jeu très spécial à son cadet. Il s'agit de découvrir par le biais de questions souvent délicates ce que les joueurs pensent les uns des autres.

J'ai trouvé la construction de ce livre remarquable. Alice Ferney met la forme au service du fond de façon extrêmement ingénieuse. Ce livre cherche à définir la vérité, la réalité. Avec trois versions des faits Alice Ferney nous montre à quel point les choses sont subjectives. Elle est même perverse, puisqu'en fait, elle nous montre que toutes les réalités sont fausses puisque ce n'est que quand le lecteur a fini ce livre qu'il sait ce qui s'est réellement passé. D'un autre côté, toutes les réalités sont vraies, puisque personne ne peut jamais avoir les trois, et que le lecteur, qui ne peut tout retenir, crée une quatrième réalité qui lui est propre. 
L'intérêt de tout cela ? Montrer l'incompréhension qui règne inévitablement entre les gens. D'ailleurs, ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas dans la tête des autres que les personnages ne se comprennent pas. En fait, ils ne s'écoutent pas. Niels n'entend pas les plaintes de sa mère, Claude n'écoute pas les silences de sa fiancée.

" Mais qui écoutait qui dans cette soirée ? Et qui disait la vérité ? Il eût fallu pour cela être aidé par un interlocuteur bienveillant et attentif. La vérité de soi, ou d'un moment de la vie que l'on traverse, on ne la donne qu'à la demande. Il faut un geste d'écoute, si infime soit-il. Un regard attentionné de Niels aurait libéré le torrent des pensées de Moussia. Mais il ne l'eut pas. Il y avait dans ce salon beaucoup de bienveillance mais peu d'attention. " (page 407)

Ça peut sembler un peu prise de tête, mais en fait j'ai trouvé ce livre assez drôle, attachant. L'atmosphère rendue est intrigante, mais pas oppressante. Alice Fernet est parvenue à créer une histoire réaliste sans tomber dans le glauque, alors que le sujet s'y prêtait extrêmement bien. En effet, étrangement, même si c'est trois fois le récit de la même soirée, on ne se sent pas pris au piège. Ou du moins, pas dans celui que l'on pensait, puisque finalement, on reste parce que l'on se sent bien au milieu des personnages. Par ailleurs, je n'ai absolument pas trouvé ce roman répétitif, au contraire, chaque partie à ses propres révélations à nous offrir. En appuyant sur le poids des mots et leurs limites, ce roman nous offre belles réflexions sur la famille, la maternité, la féminité, l'amour et aussi l'amitié.

A la fin de cette soirée, on a l'impression que nos personnages viennent de vivre inconsciemment un moment capital de leur existence. Malgré tout, on peut aussi constater que seuls ceux qui voulaient vraiment tirer quelque chose de ce jeu ne repartent pas bredouille, même si ce n'est pas toujours avec ce qu'ils espéraient.

Les avis assez partagés de Clarabel, Clochette, Tamara, Laure, Anne, Papillon.

J'ai noté La conversation amoureuse du même auteur, si vous en avez d'autres à me conseiller...

8 février 2008

Rebel Angels ; Libba Bray

51SCD6EX15L

Delacorte Press Books for Young Readers ; 592 pages.

Rebel Angels est le second opus de la trilogie Les sorcières de Spence, par Libba Bray. Cet été, j'avais adoré le tome 1, qui m'avait été conseillé par une fan des romans de Stephenie Meyer. Du coup, j'avais immédiatement commandé le tome 2, qui n'a pas encore été traduit en français.

Nous retrouvons Gemma, qui rentre chez elle pour les vacances de Noël. Gemma retrouve son père, dont l'état de santé est préoccupant, ainsi que son lourdingue de frère et sa grand-mère. Par un étrange concours de circonstances, elle fait également la connaissance de Simon, un jeune homme de très bonne famille et ami de son frère. Avec ses amies, elle le revoit au cours de soirées de la haute société londonienne.
Elle doit cependant consacrer une partie de son temps à accomplir une mission ordonnée par les Rakshanas. Kartik est là pour la guider, tout comme ses amies Ann et Felicity. 

J'ai plutôt bien aimé ce livre, mais cela est très fortement dû au fait que j'étais ravie de retrouver Gemma, Ann, et surtout Kartik. Autant j'avais vraiment été très agréablement surprise par les qualités du tome 1, autant j'ai trouvé que Libba Bray tombait un peu dans la facilité avec ce second opus. Même l'apparition de nouvelles créatures manque un peu d'intérêt et les ficelles utilisées sont à plusieurs reprises assez énormes. Les trois jeunes filles manquent vraiment de clairvoyance, leur comportement est exaspérant par moment, du coup j'avoue avoir été régulièrement inattentive au cours de ma lecture. 
Après, les thèmes de l'adolescence, le poids des conventions, s'ils manquent un peu d'originalité à mon goût, m'ont beaucoup plu. En fait, j'ai été beaucoup plus intéressée par les scènes de la vie "normale" que par l'enquête de Gemma et de ses amies.

Quand même une déception donc, on verra si je succombe au troisième tome...

4 février 2008

Le corps de Liane ; Cypora Petitjean-Cerf

41mW8hLAr_2BL

Stock ; 337 pages.

L'année dernière, j'avais beaucoup aimé Le musée de la sirène de cet auteur. Clarabel, puis bien d'autres m'ont ensuite mis l'eau à la bouche en disant combien Le corps de Liane leur avait plu. Aujourd'hui, je me je m'ajoute au club des admiratrices de ce roman.

L'histoire : Christine vit seule à Paris avec sa fille Liane, qui a des manies très étranges. En effet, Liane est obsédée par la peur de vomir depuis un pari qu'elle s'est lancée à elle même, teste tous les aliments de l'épicerie située en face de son collège, et prend énormément de notes. Pendant les vacances, Liane et Christine vont en Bretagne chez Huguette, la grand-mère. Huguette a également élevé sa fille seule, puisque son mari, un Italien rencontré et épousé un peu trop rapidement, est reparti depuis longtemps dans son pays. Il y a aussi Roselyne, la grande amie de Liane, qui est rejettée par sa mère, Lamia qui est venue en France pour se remettre de la mort de son bébé, ainsi qu'Eva, la femme de ménage, et sa tête à claques de fille. Toutes ces femmes, qui se sont bien trouvées, passent ensemble des moments simples mais réconfortants, comme regarder Dallas ou se refiler une poupée. 

Mon avis : Elles ont un grain les héroïnes de Cypora Petitjean-Cerf, avec toutes leurs bizarreries et leurs blessures. Pourtant, je n'ai pu m'empêcher de m'attacher à elles. Après tout, de l'intérieur, toutes les familles sont folles. Et la "famille" de Liane, comme toutes les autres, trouve une cohérence et une harmonie dans ces habitudes un peu étranges, ces obsessions soudaines, durables ou pas.
La multitude des points de vue, le fait que Liane, Christine et Huguette s'expriment à peu près autant renforce la présence de cette lignée de femmes, et donc la cohérence de l'histoire. Même le feuilleton Dallas est habilement utilisé pour montrer la parenté qui unit ces personnages.
Ce qui est étrange, c'est que même si je n'ai jamais regardé Dallas, j'avais l'impression que Cypora Petitjean-Cerf me parlait quand même de quelque chose de familier quand elle évoquait la série. D'ailleurs, il n'y a pas que les références à Dallas qui m'ont donné le sentiment d'appartenir à l'univers de cette histoire. Ce roman m'a rappelé plusieurs de mes lectures d'enfance. Par exemple, le personnage de Roselyne me fait penser à Les petits enfants du siècle, que je lisais au collège. 
C'est difficile de vous décrire le plaisir avec lequel j'ai lu ce livre. C'est drôle, vrai, touchant, et bien d'autres choses encore.
Mon seul regret a été de refermer ce livre que j'ai tout simplement adoré. J'aimerais tellement savoir ce qui arrive à Liane, Lamia, Eva, Huguette, Roselyne, Christine ! Pendant un peu plus de trois cents pages, j'ai appris à les aimer et j'ai essayé de les cerner, du coup j'ai été vraiment déçue de devoir les quitter à la fin du livre.

Inutile de vous dire que j'attends le prochain roman de Cypora Petitjean-Cerf avec impatience ! 

Les avis de Clarabel, Laure, Cathulu.

Publicité
Publicité