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lilly et ses livres
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14 avril 2007

Les mystères d'Udolphe ; Anne Radcliffe

2070403777Édition Folio ; 905 pages.
11,50 euros.

" Ann Radcliffe publie en 1794 The Mysteries of Udolpho. Les romantiques anglais, et les Victoriens, lui ont voué un culte. En France, Balzac, Hugo, Nodier, Féval, Sue, se souvinrent d'elle. On ignore ce qui a pu pousser cette petite bourgeoise à la vie ordinaire à raconter des histoires terrifiantes, qu'on appelle « gothiques » en Angleterre et « noires » en France parce qu'elles cherchent à provoquer la crainte chez les lecteurs.

Émilie explore le château mystérieux, chandelle à la main, à minuit. La menace (surnaturelle ?) est partout présente. Les séquestrations, les tortures ne sont pas loin. Quel est le dessein du maître des lieux? Quels sentiments éprouve la jeune fille pour son tuteur et geôlier? Qui épousera-t-elle, après cette quête de soi à travers les corridors du château, qui ressemblent à ceux de l'inconscient? Ce n'est pas pour rien qu'un chapitre porte en épigraphe ces mots de Shakespeare: « Je pourrais te dire une histoire dont le moindre mot te déchirerait le coeur. » "

Dans Northanger Abbey, Jane Austen parle beaucoup de ce roman, en le parodiant par le biais de sa naïve héroïne, Catherine Morland. C'est donc tout naturellement que je me suis intéressée à ce livre, qui a fait couler beaucoup d'encre lors de sa publication en 1794. Il paraît que les gens s'imaginaient qu'Ann Radcliffe mangeait des tranches de boeuf crues pour se donner des cauchemars...

Je m'attendais à un style difficile, à une histoire assez ennuyeuse, à une héroïne exaspérante qui s'évanouit toutes les dix secondes. J'ai bien mis cent pages à me plonger dans cette histoire. Emilie m'agaçait prodigieusement à pleurnicher en permanence, et le rythme est plutôt lent au début du livre.
De plus, pour nous, personnes du XXIème siècle, il est difficile de comprendre que les passages dans les bois à la tombée de la nuit sont angoissants, et les malaises d'Emilie à chaque occasion sont au premier abord plus exaspérants qu'autre chose.

Toutefois, on se laisse prendre par cette histoire qui se passe à la fin du XVIe siècle, sous le règne de Henri III. Je me suis rapidement mise à avaler les chapitres, surtout à partir de l'arrivée au château d'Udolphe.
Je pensais ne pas pouvoir lire ce livre avec sérieux, l'apprécier pour lui même, j'avais tort. L'écriture d'abord est magnifique. Ann Radcliffe possède un style poétique, délicat, et nous fait de longues descriptions de paysages qui laissent rêveur. Ce n'est absolument pas un roman d'épouvante pour nous, mais l'histoire est vraiment intrigante. C'est avec délice que j'ai suivi Emilie dans les couloirs sombres d'Udolphe, la nuit.
Les personnages sont assez caricaturaux, c'est vrai. Surtout les femmes, qui pleurent, gémissent et s'évanouissent très souvent. Mais on passe rapidement outre cela, parce que l'on veut vraiment savoir quels sont les secrets que renferment Udolphe et les autres lieux "hantés" que nous traversons. Et puis, je l'avoue, je voulais savoir si Emilie et Valancourt se retrouveraient...

J'ai été surprise par l'audace de ce livre. Emilie et Valancourt, nos deux amoureux, se serrent dans les bras l'un de l'autre, s'embrassent les mains, choses que Jane Austen n'a jamais fait faire à ses héros. Quant aux crimes passionels et aux adultères supposés, aux enlèvements d'Emilie projetés par ses prétendants, ils ont dû choquer les lecteurs du XVIIIe. Quand on sait que Jane Austen était fille de pasteur, on se demande comment elle est parvenue à se procurer ce livre.

Ann Radcliffe parvient à nous plonger dans une atmosphère gothique que l'on ressent même plus de deux cents ans après, et dont les soeurs Brontë se sont inspirées pour écrire leurs romans. C'est un livre qui possède des qualités indéniables et qui se lit avec délice. Je vais essayer de relire sous peu Northanger Abbey, afin de saisir tous les clins d'oeil faits au roman d'Ann Radcliffe qui s'y trouvent.

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Commentaires
L
je viens de terminer ce roman d'Anne Radcliffe en anglais.Si le début est un peu long à cause de nombreuses descriptions de la nature et pue d'action,en avançant,les événements s'enchainent et la curiosité nous incite à poursuivre.Rien ne fait vraiment peur dans ce roman qui est bien éloigné du""moine" de Lewis!Ici le romantisme domine le style délicat et épuré ressemble peu à l'écriture contemporaine et peut dérouter des lecteurs peu habituése ge romanesque.On peut lire les romans de WILKIE COLLINS qui sont une bonne préparation à lecture .Bref ce livre est plaisant et vaut la peine mais il faut savoir qu'il a 871 pages et il faut compter 2 semaines si l'on souhaite bien l'apprécier
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L
Charlie : merci pour ton commentaire et bienvenue ! En ce qui concerne Burke, ma lecture des "Mystères d'Udolphe" remonte, mais il me semble bien que la traduction en rend compte. Cela dit, peut-être le lirais-je un jour en anglais pour comparer. Quant à l'idéal gothique, il est certain que si on ne le connaît pas, les romans de ce genre sont plus difficiles à apprécier. Aujourd'hui, je saisis beaucoup mieux l'humour de "Northanger Abbey" que lors de ma première lecture.
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C
Bonjour j'ai lu tous vos commentaires et l'article.Ayant étudié les romans gothiques en cours (je suis en prépa),je vous conseille vivement de les lire en anglais. La traduction française est tellement plate comparée a la richesse stylistique présente dans ces deux romans. Afin de mieux apprécier votre lecture de ces romans, je vous conseille de lire la thèse de Burke sur le sublime. Le roman gothique n'a été apprécié qu'à sa juste valeur à partir de la publication de cette théorie. Il expose les caractéristiques du sublime, qu'Ann Radcliffe applique à presque tous les passages du roman. Sans cette connaissance du sublime, une large de part de l'approche qu'on fait du roman est superflue. (et c'est en quoi la traduction francaise est assez éloignée du texte car elle ne rend pas compte de cet aspect de facon exhaustive). De plus, il y a un certain idéal gothique à ne pas perdre de vue lors de la lecture de ces romans.<br /> Quant à Jane Austen, son roman est un tour de force, un coup de génie. Elle reprend toutes les caractéristiques du roman gothique et les parodie afin de désacraliser ce genre qui influencait largement les jeunes filles dans leur facon d'entrevoir le monde (au XVIIIe siecle, les lecteurs des romans gothiques étaient majoritairement des jeunes filles). Mais elle va même plus loin en donnant une profondeur et un sens a son texte au delà de la critique du roman gothique. Il y a beaucoup d'humour dans Northanger abbey.<br /> <br /> J'espère que ces quelques remarques vous permettrons un éclairage sur vos lectures (autant que mes cours profitent aux autres!)
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L
Isil : chouette ! j'attendais depuis longtemps un autre avis sur ce livre !
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I
Je partage ton avis. Comme toi, je ne pensais pas aimer autant avec des héros qui passent leur temps à s'évanouir mais passée la mise en place, c'est vraiment plaisant.
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