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lilly et ses livres
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13 septembre 2008

Pourquoi pas le silence ; Blanche de Richemont

41uZF38t7MLRobert Laffont ; 132 pages.

D'ordinaire, la rentrée littéraire, je n'y prête pas la moindre attention. Pourtant, cette année, folie bloguesque oblige, plusieurs titres ont attiré mon attention. J'avais repéré Pourquoi pas le silence sur le site d'une librairie que j'aime beaucoup, et Clarabel a beaucoup aimé. Pour la première fois depuis sa naissance, ce blog va donc être à la mode (et ce n'est pas fini, puisque je me suis lâchée au rayon nouveautés cet après-midi).

Paul a quinze ans, et à la mort de son cousin Max, il décide de vivre. C'est un solitaire, éternel insatisfait de lui même, qui fréquente quelques personnes et fait des bêtises davantage pour paraître normal que par conformité avec ce qu'il est.

Dès la première page, je me suis dit que ce livre était pour moi. Le narrateur raconte qu'il est arrivé à son école en camion poubelle, et j'ai trouvé cela absolument formidable. Je vous rassure, ça ne m'est jamais arrivé, et je n'ai jamais vu quelqu'un le faire. Mais ça m'a quand même rappelé des souvenirs. Car même si personne n'a jamais accepté, les éboueurs qui passaient dans la rue de mon ancien lycée nous proposait parfois de nous déposer... (ma glamouritudeglamouritude vient de prendre un sacré coup, je le sens) Du coup, j'ai naturellement beaucoup ri en lisant que Paul avait non seulement fait ce que jamais je n'aurais accepté, mais en plus qu'il en tirait une satisfaction personnelle, et que ça impressionnait les filles !
Rassurez-vous encore une fois, vous n'avez pas besoin d'avoir eu une vie lycéenne aussi palpitante que la mienne pour apprécier l'humour de ce livre. Certaines situations sont terriblement grotesques, mais drôles et attendrissantes.
En ce qui concerne le style, ce livre a été une très bonne surprise. Blanche de Richemont écrit vraiment très bien. C'est dynamique, elle joue sur plusieurs registres pour donner de la crédibilité au roman, qui devient ainsi poétique tout en restant adolescent et moderne.
Car il s'agit dans ce livre de parler du mal-être adolescent. Paul veut être comme les autres, mais ne peut s'empêcher d'être lui et de se détester. J'ai même pensé pendant la première moitié du roman que c'était un livre parfais pour les ados. Il a des humeurs, des avis contradictoires, des moments où il veut croire que tout va bien, et puis de longues période de larmes.
La situation des parents et de la soeur est également très bien décrite. Le père qui veut façonner son fils sur son modèle, lui rajoutant des objectifs trop lourds à porter, et la mère qui pense que l'amour permet tout. Les personnages qui gravitent autour de Paul se contentent de l'effleurer, lui qui n'aime pas être touché, mais ils deviennent très vite attachants.
Tout était en place pour un roman bien ficelé, malgré quelques situations un peu invraisemblables que mon coeur de midinette a bien voulu pardonner avec bonheur.
J'ai quand même été déçue par la fin, que j'ai trouvée un peu facile. Dans les dernières pages, le roman s'emballe, l'ambiance se radicalise, mais pas comme si l'auteur savait ce qu'elle voulait faire. Non, plutôt comme si son histoire lui avait échappé, et que pour l'achever, seule une solution irréversible était possible.

Cela dit, Pourquoi pas le silence reste une bonne surprise et un beau roman, et je vous conseille de lui donner sa chance. 

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10 septembre 2008

L'amant inachevé ; Gaëlle Guernalec-Levy

9782234061347_G_1_Stock ; 144 pages.

C'est en cherchant des titres de la rentrée littéraire susceptibles de me plaire que je suis tombée sur ce premier roman publié en avril. J'aime bien les couvertures roses de Stock, la photo est ravissante, et puis le résumé de l'éditeur promettait une très jolie histoire.

Claire a trente-trois ans. Elle vit depuis dix ans une vie paisible auprès d'un homme aimant qui lui a donné deux enfants. Un soir, alors que les deux époux se rendent dans une boîte échangiste, elle revoit D., le garçon de son adolescence avec lequel elle l'a "presque fait", qu'elle n'a jamais oublié, et dont elle nous parle avec nostalgie.

Ce premier roman un peu bancal nous livre une histoire de désir et d'amour. Claire nous parle de son histoire avec D. en prenant garde de ne pas le désigner comme son premier amour. Pour elle, il doit être celui qui l'a éveillée à la sexualité, même si son obsession laisse vite deviner que ce n'est pas seulement de cela qu'il s'agit.
J'avoue que je n'ai pas aimé une bonne partie de ce roman. L'auteur parvient à nous surprendre à plusieurs moments du livre, mais cela se fait au prix de longueurs assez importantes dans les deux premiers tiers du roman. On ne comprend qu'au bout de quatre-vingt-dix pages l'utilité d'évoquer l'échangisme irrégulier du couple formé par Claire et son mari.
C'est dommage, parce que Claire devient un personnage touchant à partir du moment où l'on comprend ce qu'elle fait. Sa culpabilité qui se traduit dans ses fantasmes, son refus de mettre les mots sur des émotions, tout cela donne finalement une force à cette histoire qui n'est pas assez exploitée, ou trop maladroitement.

J'ai trouvé la dernière page très belle, astucieuse, et pleine de sens. J'ai donc refermé ce livre avec le sourire, après m'être demandé si ça valait vraiment la peine que je le termine.

Assez mitigée donc, même si je ne regrette pas complètement d'avoir choisi ce livre plutôt qu'un autre.

5 septembre 2008

Tandis que j'agonise ; William Faulkner

jagonise Folio ; 254 pages.
Traduction de Maurice Edgar Coindreau.

Addie Bundren agonise pendant que son fils Cash lui confectionne un cercueil. Autour, s'agitent son mari, Anse, ainsi que leurs autres enfants. Tous s'apprêtent à partir pour Jefferson, où Addie veut être enterrée.

En ce moment, il paraît que je suis en pleine crise d'adolescence. En tout cas, c'est ce que Thom a trouvé comme explication lorsque je lui ai dit que ce deuxième roman de Faulkner que j'étais en train de lire ne suscitait pas un enthousiasme débordant chez moi.

Etant donné que dans Lumière d'août aussi, on patauge pendant un certain temps avant de comprendre de quoi il s'agit, je ne me suis pas vraiment inquiétée dans un premier temps, savourant la première moitié en attendant que le reste me tombe dessus. Car il y a de quoi savourer quand même. Certes, la situation n'a a priori rien de très réjouissant. C'est même franchement lugubre. Mais tellement en fait, que ça en devient comique. L'agonie d'Addie se déroule avec le chant de la scie qui construit son cercueil comme musique de fond. Le chapitre qui énumère les réflexions extrêmement rationnelles de Cash sur ce même cercueil m'a fait éclater de rire tellement j'étais abasourdie de lire ça. Quant aux réflexions sur l'odeur qui se dégage du cercueil, elles se passent de commentaires...

Concernant la construction du livre, elle m'a parue beaucoup moins complexe que ce à quoi je m'attendais. La chronologie est à première vue bien respectée, les éléments s'enchaînent de façon normale. On a juste tout un tas de personnages qui semblent raconter la même histoire.
C'est d'ailleurs pourquoi, arrivée aux trois quarts du livre, j'ai commencé à ne pas trop comprendre quel était l'intérêt de ce récit. Ils ne sont assurément pas très doués ces Bundren. Et c'est peu de dire qu'il y a quelque chose qui ne colle pas. Mais je ne comprenais pas ce qu'il y avait d'extraordinaire là dedans.

J'ai réalisé presque à la fin du roman que j'avais raté la moitié de l'histoire. Car tous ces personnages qui semblent raconter la même chose ne disent finalement que ce qu'ils ont chacun perçu. Le père, qui devrait être un élément clé de la famille Bundren, ne pense qu'à lui, à sa promesse, à ses dents aussi. Jamais à sa femme. Les fils aussi ont d'autres soucis en tête. Cash pense à ses outils, Dewey Dell à sa grossesse. Quant à Jewel et Vardaman, le premier croit que sa mère est un cheval, et le second qu'elle s'est transformée en poisson. On pourrait presque penser que cette vieille bique de Cora a raison.
Sauf que, lorsque Vardaman raconte qu'il a vu quelque chose qu'il ne peut pas répéter, j'ai commencé à me sentir terriblement triste. Vardaman et Darl sont sans doute les seuls à avoir un peu conscience de la situation. En fait, j'ai eu l'impression que les personnages n'arrivaient pas à s'aimer. Jewel va donner son cheval, mais le fait en cachette. Tout le monde s'y met pour rendre ses outils à Cash, mais cela semble être davantage pour ne pas perdre du matériel que par affection. Et lorsque Darl est emmené, on a l'impression que Cash répète qu'il sera mieux là où il va pour ne pas s'en vouloir de l'avoir lâché. En fait, c'est pour ça que ces personnages sont attachants alors même qu'ils ne semblaient être que les membres d'une famille de dingues.

Finalement, la construction de Tandis que j'agonise n'est pas si simple qu'elle n'y paraît. Certaines clés de l'histoire ne sont fournies que de tardivement. Certaines réponses ne viennent pas, je pense que c'est au lecteur d'essayer de comprendre certaines motivations.

Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre, je crois qu'il faudrait une seconde lecture pour ça. Mais Faulkner est assurément un auteur fascinant que je n'ai pas envie de quitter.

"Des fois, je ne sais pas trop si l'on a le droit de dire qu'un homme est fou ou non. Des fois, je crois qu'il n'y a personne de complètement fou et personne de complètement sain tant que la majorité n'a pas décidé dans un sens ou dans l'autre." (page 221)

Les avis de Thom et de Sylvie

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