Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lilly et ses livres
Newsletter
Derniers commentaires
adolescence
9 novembre 2008

Le jardin de ciment ; Ian McEwan

51lZiuMXuUL__SL500_AA240_Points ; 174 pages.
Traduction de Claire Malroux. 1978.
Titre Original : The cement garden.

J'ai acheté On Chesil beach il y a quelques semaines, mais il se trouve que je ne l'avais pas sur moi lors d'un récent voyage en train. De ce fait, je me suis décidée à choisir ce titre de Ian McEwan qui me semblait assez peu attirant jusque là.

Quand leur mère meurt, quatre enfants qui ont déjà perdu leur père, la placent dans une cantine de la cave et la recouvrent de ciment. Ils ont peur d'être séparés si quelqu'un découvre leur situation. Comme l'été a commencé, et que les enfants sont en vacances, personne ne s'aperçoit de la situation, d'autant plus que la maison dans laquelle ils vivent est isolée.

Le jardin de ciment est le troisième roman de Ian McEwan que je lis, et même s'il n'a pas un rebondissement final aussi incroyable que dans Expiation ou Amsterdam, l'auteur avait de toute évidence décidé dès son premier roman que c'était lui qui mènerait la danse.
C'est vraiment glauque. D'ailleurs je pense que c'est le livre le plus glauque que j'ai jamais lu. Pendant tout le début du livre, je me suis sentie de plus en plus mal à l'aise. Sauf que c'est tellement glauque que ça en devient comique. En cela, Le jardin de ciment m'a beaucoup fait penser à Tandis que j'agonise. D'autant plus que là aussi nous sommes en présence d'une fratrie dont les membres sont un peu étranges, mais s'aiment profondément. Du coup, ils sont à la fois repoussants et extrêmement attachants. Comme d'habitude avec McEwan, j'ai été incapable de lâcher les personnages, j'ai tourné les pages avec avidité, et j'en suis même arrivée à souhaiter qu'on les laisse tranquilles. Situation assez incroyable quand on y réfléchit deux minutes, tellement Derek a raison de trouver cette histoire malsaine, entre la mère encastrée dans du ciment (j'ai cru vomir quand Jack s'approche de la fente du ciment abîmé), Tom qui s'habille en fille et se prend pour un bébé, et l'inceste menaçant. Le problème est que les alternatives à cette existence sont celles qui paraissent absurdes.

Bref, encore un chef d'oeuvre à rajouter au crédit de Ian McEwan.

Les avis de Lily, Florinette, Yueyin, et Thom.

Publicité
18 septembre 2008

Notre petite vie cernée de rêves ; Barbara Wersba

resize_1_Thierry Magnier ; 187 pages.

J'ai repéré ce livre chez Clarabel il y a quelques jours, et je l'ai immédiatement commandé. Je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait d'un roman jeunesse, ni qu'il avait été publié pour la première fois en 1968, et encore moins que l'histoire se déroulait dans les années 1960. Du coup, la surprise a été complète.

Albert Scully est un adolescent solitaire, mal dans sa peau, qui vit dans une maison où les appareils électriques sont toujours en panne, et où ses parents passent leur temps à se disputer. Un jour, sa mère lui demande d'aller menacer la vieille dame qui fait du feu dans son jardin. Cette rencontre bouleverse la vie d'Albert, et lui permet de prendre un peu confiance en lui, et d'entrevoir son avenir.

Ces derniers temps, j'ai beaucoup de mal à parler de mes lectures, alors que j'ai vraiment envie de vous les faire partager. J'espère que ça va venir...
Je vais commencer par une citation qui m'a énormément plu, comme elle a enchanté Albert lorsque Orpha la lui a récité :

"Si un homme marche à un autre pas que ses camarades, c'est peut-être qu'il entend le son d'un autre tambour. Laissons-le suivre la musique qu'il entend quelle qu'en soit la cadence." p 73

Car la couverture de ce roman est une véritable illustration de la maison de Mme Woodfin, avec tout un tas de romans empilés dans tous les coins et prenant la poussière. Comme Albert, elle aime les histoires, la compagnie des livres, les citations. J'ai souvent vu des blogueurs ou des gens dans la vie de tous les jours tenter d'expliquer ce qu'ils recherchent dans les livres. Pour ma part, je crois que je serais bien incapable de répondre à cette question, je peux simplement dire que j'aime lire. En revanche, j'aime les romans dans lesquelles les histoires ont une signification précise (j'exige souvent des autres ce dont je suis moi même incapable), et c'est le cas ici, puisque grâce aux citations qu'il note dans son carnet vert et à l'histoire de Mme Woodfin, Albert prend conscience de ce qu'il savait déjà.
En fait, il est loin d'être bête ce petit Albert. Son passage à Greenwich Village montre à quel point il est clairvoyant. Lorsqu'il voit tous ces hippies qui ont adopté un mode de vie différent, et qu'il réalise que ce n'est qu'un autre choix de conformité, je me suis dit qu'il avait vraiment tout compris (je n'ai rien contre les hippies, il se trouve simplement que le livre se situe dans les années 1960).
Le ton employé est volontairement innocent, sincère et naïf, autant que peut l'être le discours d'un enfant qui a des goûts trop prononcés pour le jardinage et la lecture quand ses camarades de classe ne pensent qu'à cacher leur mal-être adolescent en parlant de sexe et d'alcool.
C'est un peu démodé, un peu trop parfois, mais ce livre reste un roman jeunesse assez surprenant et très attachant.

Si ça intéresse quelqu'un, je veux bien faire voyager ce livre. 

13 septembre 2008

Pourquoi pas le silence ; Blanche de Richemont

41uZF38t7MLRobert Laffont ; 132 pages.

D'ordinaire, la rentrée littéraire, je n'y prête pas la moindre attention. Pourtant, cette année, folie bloguesque oblige, plusieurs titres ont attiré mon attention. J'avais repéré Pourquoi pas le silence sur le site d'une librairie que j'aime beaucoup, et Clarabel a beaucoup aimé. Pour la première fois depuis sa naissance, ce blog va donc être à la mode (et ce n'est pas fini, puisque je me suis lâchée au rayon nouveautés cet après-midi).

Paul a quinze ans, et à la mort de son cousin Max, il décide de vivre. C'est un solitaire, éternel insatisfait de lui même, qui fréquente quelques personnes et fait des bêtises davantage pour paraître normal que par conformité avec ce qu'il est.

Dès la première page, je me suis dit que ce livre était pour moi. Le narrateur raconte qu'il est arrivé à son école en camion poubelle, et j'ai trouvé cela absolument formidable. Je vous rassure, ça ne m'est jamais arrivé, et je n'ai jamais vu quelqu'un le faire. Mais ça m'a quand même rappelé des souvenirs. Car même si personne n'a jamais accepté, les éboueurs qui passaient dans la rue de mon ancien lycée nous proposait parfois de nous déposer... (ma glamouritudeglamouritude vient de prendre un sacré coup, je le sens) Du coup, j'ai naturellement beaucoup ri en lisant que Paul avait non seulement fait ce que jamais je n'aurais accepté, mais en plus qu'il en tirait une satisfaction personnelle, et que ça impressionnait les filles !
Rassurez-vous encore une fois, vous n'avez pas besoin d'avoir eu une vie lycéenne aussi palpitante que la mienne pour apprécier l'humour de ce livre. Certaines situations sont terriblement grotesques, mais drôles et attendrissantes.
En ce qui concerne le style, ce livre a été une très bonne surprise. Blanche de Richemont écrit vraiment très bien. C'est dynamique, elle joue sur plusieurs registres pour donner de la crédibilité au roman, qui devient ainsi poétique tout en restant adolescent et moderne.
Car il s'agit dans ce livre de parler du mal-être adolescent. Paul veut être comme les autres, mais ne peut s'empêcher d'être lui et de se détester. J'ai même pensé pendant la première moitié du roman que c'était un livre parfais pour les ados. Il a des humeurs, des avis contradictoires, des moments où il veut croire que tout va bien, et puis de longues période de larmes.
La situation des parents et de la soeur est également très bien décrite. Le père qui veut façonner son fils sur son modèle, lui rajoutant des objectifs trop lourds à porter, et la mère qui pense que l'amour permet tout. Les personnages qui gravitent autour de Paul se contentent de l'effleurer, lui qui n'aime pas être touché, mais ils deviennent très vite attachants.
Tout était en place pour un roman bien ficelé, malgré quelques situations un peu invraisemblables que mon coeur de midinette a bien voulu pardonner avec bonheur.
J'ai quand même été déçue par la fin, que j'ai trouvée un peu facile. Dans les dernières pages, le roman s'emballe, l'ambiance se radicalise, mais pas comme si l'auteur savait ce qu'elle voulait faire. Non, plutôt comme si son histoire lui avait échappé, et que pour l'achever, seule une solution irréversible était possible.

Cela dit, Pourquoi pas le silence reste une bonne surprise et un beau roman, et je vous conseille de lui donner sa chance. 

6 janvier 2008

Entre Dieu et moi, c'est fini ; Katarina Mazetti

18297523_p_1_

Le mec de la tombe d'à côté m'avait beaucoup plu, Entre Dieu et moi, c'est fini est un petit bijou.

Linnea est une jeune Suédoise de seize ans. Elle nous fait partager ses pensées un peu comme elle parle à un mur chez sa grand-mère. Elle nous raconte le lycée, le beau Markus, le pauvre Henrik, et surtout Pia. Pia était sa seule amie, pendant "cent-vingt jours". Mais maintenant, Pia est morte (ne lisez surtout pas la quatrième de couverture du livre, elle en dit beaucoup trop à ce sujet), et Linnea a du mal à s'en remettre.

La vraie réussite de Katarina Mazetti dans ce petit roman est de nous parler de choses pénibles avec énormément de recul et d'humour. Bon, c'est certain qu'à seize ans, on a rarement le sens de l'autodérision de Linnea, mais je me suis beaucoup retrouvée en elle (même si j'ai quelques années de plus). Comme toutes les adolescentes, Linnea est pleine de contradictions. Elle veut parler, mais trouve cela trop douloureux. Elle veut aimer, mais cela semble assez dangereux. Donc mieux vaut qu'elle se focalise sur un type inaccessible qu'elle aime tant qu'il ne la regarde pas, et snober celui qui l'aime parce qu'il lui permet de se détester  elle-même à travers lui...
J'ai adoré les réflexions pleines de n'importe quoi mais très vraies des personnages de ce livre. Même les piques que se balancent les filles, les rapports de force qui basculent parfois en quelques secondes, sont jubilatoires et plus vrais que nature.

Après plusieurs lectures assez éprouvantes (et je n'ai toujours pas ouvert Faulkner...), ce livre était tout à fait ce dont j'avais besoin.

" - [...] Est-ce qu'on peut être indifférent à ses enfants ? Ne pas les aimer ?
  - Dieu a sacrifié son propre fils, si ce qu'on raconte est vrai ", a dit Pia. "
(page 77)

Les avis de Cuné, Clarabel, et Gachucha.

Gaïa ; 160 pages.

Publicité
<< < 1 2
Publicité