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lilly et ses livres
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28 juillet 2018

Le Joueur - Fédor Dostoïevski

joueur" Vous êtes courageux ! vous êtes très courageux ! me dirent-ils, mais partez demain matin, sans faute, aussitôt que vous pourrez, sinon, vous allez tout reperdre, tout... "

Alexei Ivanovitch, un précepteur de vingt-cinq ans, se rend à Roulettenbourg avec la famille du général pour lequel il travaille. Ruiné, ce dernier attend avec impatience le message qui lui apprendra la mort d'une vieille tante. Si Alexei Ivanovitch n'éprouve pas la moindre compassion pour son employeur, il est en revanche fou amoureux de Polina, la belle-fille du général. Bien qu'elle refuse de se confier, il devient vite évident quela jeune fille est dans une situation délicate et qu'elle a un besoin d'argent pressant. Pour l'aider, Alexei Ivanovitch commence à jouer à la roulette.

Je n'ai pas tout aimé dans ce livre. Malgré ses deux cents pages, j'ai été tour à tour captivée et franchement ennuyée. Malgré tout, c'est un texte extrêmement intéressant.
Ce qui frappe d'abord, c'est la modernité du style. Notre héros a beau avoir des airs bien de son époque, frappé par le spleen qui touche les héros romantiques, j'ai eu du mal à ne pas rapprocher son histoire de celles vécues par les héros de Schnitzler et de Zweig. Pas de narrateur omniscient ici, l'histoire est racontée avec fébrilité par Alexei Ivanovitch, qui couche ses émotions sur le papier durant près de deux ans. Nous pénétrons brutalement dans ses pensées, obscures, dès le début du livre, ce qui me paraît très peu commun pour un livre du XIXe siècle. La psychologie du personnage occupe une telle place dans ce roman que je n'ai pas été surprise d'apprendre que Freud l'avait étudié de près. On sent le personnage principal instable, inconséquent. Ses émotions sont exacerbées et malgré sa clairvoyance il laisse les autres le manipuler à leur guise.
Si vous cherchez des personnages attachants, passez votre chemin. Le général, Alexei Ivanovitch, Des Grieux, Mademoiselle Blanche, Polina, tous sont intéressés, égoïstes, méprisants et méprisables. La seule qui se détache un peu du lot et qui apporte de la légèreté est la vieille tante qui refuse de mourir et à laquelle on permet tout en raison de son âge et de son argent. On trouve dans ce livre toute la haine que l'auteur éprouvait pour les Allemands, les Français, même si les Russes sont loin d'être épargnés à travers leurs représentants.
Il semblerait que ce livre soit partiellement autobiographique puisque Dostoïevski était joueur, et qu'une fois sa passion du jeu vaincue, il l'a remplacée par une dévotion religieuse extrême. J'ai toujours trouvé les casinos sordides, mais l'auteur nous décrit si bien la fièvre qui s'empare du joueur, qu'il ait gagné ou qu'il soit au bord de la ruine, que l'on est comme hypnotisé par le jeu décrit.

Dostoïevski continue à me surprendre et à me bousculer, et je dois dire que j'aime plutôt ça.

Babel. 233 pages.
Traduit par André Markowicz.
1866 pour l'édition originale.

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Commentaires
L
Tiphanie : J'ai bien aimé, mais ça a été un peu laborieux<br /> <br /> <br /> <br /> Pardaillan : c'est aussi mon cas, je suis plus sévère avec moi-même qu'avec les autres.
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P
C'est sans doute vrai lilly ... Mais chaque fois que j'échoue dans une lecture je me culpabilise un peu. ;-)
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T
Oh c'est dommage, ce livre a marqué la fin de mon adolescence et m'a un peu donné le goût pour les romans russes, je me souviens avoir gribouillé un bon nombre de phrases de ce roman dans un cahier d'écolier, peut-être est-il encore chez mes parents??
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P
Comme Lili, je n'arrive pas à "rentrer" dans Dostoïevski ; non seulement il m'ennuie mais aussi il me fiche un cafard énorme!<br /> <br /> J'ai l'impression de ressentir une immense douleur intérieure à chaque fois .<br /> <br /> Il me manque sans doute une certaine profondeur pour m'accrocher à son œuvre...
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L
Valérie : j'ai préféré "L'éternel mari" si tu ne l'as pas lu.<br /> <br /> <br /> <br /> Lili : Les digressions sur la religion m'ennuient autant que toi (chez Tolstoï, c'est la même chose, ils étaient vraiment perturbés ces deux-là !), mais il n'y en a pas dans "Le Joueur". Le style de ce livre perturbe, surtout quand on ouvre le livre, mais on s'y fait rapidement, et cela m'a rappelé d'autres livres que j'avais beaucoup aimés. En effet, "L'éternel mari" m'a vraiment plu, et j'espère que je vais retrouver ce sentiment avec mes prochaines lectures de Dostoïevski.
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