Agnès Grey ; Anne Brontë
Éditions Gallimard ; 298 pages.
8 euros.
L'histoire :
Agnès Grey est la fille d'un pasteur de campagne ruiné. Afin de soulager un peu ses parents, elle décide de s'engager comme gouvernante auprès de deux familles successives, auprès desquelles elle apprendra la réalité de la vie, puis l'amour.
Mon avis :
Ces derniers temps, j'ai envie de me replonger dans l'univers des soeurs Brontë, dont je ne connais pas grand chose, même si l'une d'entre elles a écrit mon roman préféré. J'ai donc choisi ce titre, qui m'a fait découvrir le talent de la dernière des soeurs Brontë.
Il est évident qu'à côté des oeuvre de Charlotte et Emily, Agnès Grey est tout sauf flamboyant. Mais cela s'explique aussi par le fait que le genre n'est pas vraiment le même. Alors que les romans de ses soeurs sont des chefs d'oeuvre où l'ambiance gothique est présente à chaque page, et où les sentiments des personnages et du lecteur sont mis à dure épreuve, Anne Brontë nous livre un roman beaucoup plus sage à première vue. D'ailleurs, il semblerait que ce ne soit pas vraiment un roman, mais plutôt une autobiographie un peu remaniée. Anne Brontë a elle même été gouvernante, et a aimé un jeune vicaire (même si ça s'est mal fini...).
La narration de ce livre m'a un peu rappelé celle de Jane Eyre, peut-être parce qu'étant soeurs, Charlotte et Anne employaient un langage assez similaire. De plus, Agnès Grey est une gouvernante, qui comme Jane Eyre, raconte son histoire.
Ce roman n'est pas une histoire pleine de rebondissements, avec des fantômes qui tapent aux fenêtres, ou des épouses enfermées dans une aile secrète. Pourtant, je me suis passionnée pour le récit de cette jeune femme intelligente bien que inexpérimentée qu'est Agnès Grey.
A nous, elle explique le métier de gouvernante, qui peut sembler respectable, mais qui est toutefois méprisé par les personnes qui ont les moyens de s'en offrir une. Anne Brontë appuie également sur le paradoxe qui existe entre une société fondée sur la religion et la morale, et le comportement frivole et cruel de ceux qui en ont tiré leur parti.
J'ai été révoltée par l'attitude stupide des Bloomfield puis des Murray à l'égard de Miss Grey. Étrangement, la patience angélique de Miss Grey ne m'a pas exaspérée. Ses malheurs, ses doutes à propos de Mr Weston, dont elle tombe amoureuse me l'ont rendue très sympathique, et je n'ai pas eu de mal à me mettre à sa place. La voir trouver le bonheur m'a donc fait très plaisir.
Ce livre très court m'a complètement charmée. Malgré ses allures austères, Anne Brontë y a mis un regard plein de bon sens sur la société dans laquelle elle a vécu.
A noter que je vous ai mis l'édition Gallimard parce qu'elle propose le roman seul, mais je ne saurais trop vous conseiller de vous offrir les oeuvres complètes des soeurs Brontë chez Bouquins.