De la maladie ; Virginia Woolf
Édition Rivages ; 59 pages.
5 euros.
"Lorsque nous y réfléchissons, comme les circonstances nous y forcent bien souvent, il nous semble soudain pour le moins étonnant que la maladie ne figure pas à côté de l'amour, de la latte et de la jalousie, parmi les thèmes majeurs de la littérature. Virginia Woolf.
Dans ce court texte écrit en 1926 pour la revue de T. S. Eliot, Virginia Woolf s'interroge sur cette expérience particulière dont personne ne parle, dont le langage peine à rendre compte mais que tout le monde connaît : la maladie. Lorsqu'on tombe malade, constate-t-elle, la vie normale interrompt son cours réglé pour laisser place à un état de contemplation où le corps reprend ses droits et où l'univers apparaît soudain dans son indifférence totale à la vie humaine. "
Pour donner envie aux gens d'être malades, il faut vraiment avoir du talent. Bon, je ne ressors pas de cette lecture en me disant qu'il faut que je dorme dans mon jardin la nuit prochaine, mais c'est avec énormément de plaisir que j'ai lu les mots de Virginia Woolf sur la maladie.
C'est une très bonne surprise, parce que le titre promettait quand même quelque chose d'assez barbant. Quand j'ai commencé à lire la préface, mes craintes ne se sont pas du tout calmées, j'ai même reposé le livre. C'est Cathulu qui m'a donné envie de m'y remettre, et j'ai eu raison de le faire.
C'est très drôle. Certes, le sujet est sérieux, mais Virginia Woolf le croque tellement bien qu'on ne peut que s'amuser à la lecture de cet article. A travers lui et très habilement, Virginia Woolf critique la société, toujours pressée, qui n'a jamais le temps de s'arrêter pour vivre l'instant présent, pour contempler et connaître le monde qui l'entoure. Car "nous sommes condamnés à nous tortiller tout le temps que nous restons accrochés au bout de l'hameçon de la vie" .
Mais quand on tombe malade, on est obliger de s'immobiliser. Alors, on peut remarquer des choses banales, comme le ciel, mais que l'on ne prend jamais le temps de voir.
Et puis, quand on est malade, pour Virginia Woolf, on saisit mieux le sens profond des choses. Les vers des poètes ne sont jamais aussi clairs que lorsqu'on les lit à la lumière d'une bonne grippe...
Vraiment un très bon petit moment à passer avec ce petit livre ! Je vous laisse, je retourne à une lecture d'un tout autre genre.