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lilly et ses livres
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30 octobre 2023

Les Caves du Vatican - André Gide

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Véronique, Marguerite et Arnica sont les filles d'un amoureux des fleurs ayant choisi les noms de ses enfants en fonction de cette passion. La première est l'épouse d'Anthime Armand-Dubois, franc-maçon installé à Rome qui rejette la religion avec véhémence. La seconde est mariée à Julius de Baraglioul. Le couple vit à Paris avec Geneviève, leur fille. Quant à Arnica, après moults hésitations entre les meilleurs amis Amédée Fleurissoire et Gaston Blafafas, elle a épousé le premier, qui s'est engagé à ne pas consommer son mariage.
Lorsqu'un miracle se produit et qu'une horrible rumeur concernant le pape est révélée, l'ordre bien établi de ce petit monde est bousculé.

Les Caves du Vatican est un mélange de farce et de roman policier. Le livre ridiculise la piété de ses personnages. Pour Anthime, elle surgit de nulle part et l'amène à tout abandonner. Pour Amédée, elle est l'occasion de partir seul à l'aventure après une vie très tranquille. Il s'agit ici avant tout pour l'auteur de jouer avec les règles de la littérature. Les personnages sont des héros d'aventure quinquagénaires ignorant de tout et portant les noms les plus absurdes. Le sauvetage dont dépend la chrétienté toute entière est un formidable fiasco débutant avec des punaises de lit (une thématique très actuelle) et des puces, et s'achevant avec la bagarre la plus pathétique (et gratuite) de l'histoire. Quant au grand méchant de l'histoire, Lafcadio, le fils bâtard, il ne semble rivaliser avec un Raskolnikov que grâce à la médiocrité de ses victimes.

A l'instar des Faux-monnayeurs, on ne sait pas ici si l'on lit une histoire dans un roman, ou bien le roman d'un romancier médiocre en manque de reconnaissance. Probablement les deux.

Une lecture effectuée dans le cadre du duel Prix Goncourt/Prix Nobel pour Les Classiques, c'est fantastique de Fanny et Moka. André Gide a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1947.

Folio. 250 pages.
1914 pour l'édition originale.

Source: Externe

 

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15 octobre 2023

A Suspicious River - Laura Kasischke

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Leila, vingt-quatre ans, travaille comme réceptionniste dans un motel du Michigan bordé par une rivière. Mariée à un homme obsédé par son alimentation et son corps, elle offre ses charmes sur son lieu de travail en échange de quelques dizaines de dollars.

Ce livre m'a été conseillé il y a plus de dix ans par une lectrice de mon blog qui le considérait comme le plus grand roman de Laura Kasischke. Cette dernière, spécialiste des fins à rebondissement qui ne me convainquent pas (sauf dans le thriller Esprit d'hiver), nous livre ici un texte moite, dont les répétitions finissent par nous donner la nausée. Leila est une femme abusée et désabusée, brisée dès l'enfance par le monde des adultes et des mesquineries d'école.

Sommes nous des êtres pleins, guidés par cette résilience avec laquelle la mode du développement personnel nous bassine à longueur de temps ? Si c'est le cas, pourquoi nous précipitons-nous vers ce qui fait de nous des objets ? Avons-nous tous, enfoui au plus profond de nous, un désir de mort qui se manifeste par le besoin de la plupart des gens de correspondre à de lisses standards ? 

A priori, le quotidien de cette jeune femme, qui se considère elle-même comme une poupée passive, comme un corps ne devant être qu'une source de jouissance pour le hommes, n'a rien à voir avec la vie des lecteurs de ce livre. Pourtant, il se dégage de son héroïne une humanité universelle. Celle de ceux qui n'avaient presque rien et que la brutalité et l'hypocrisie des hommes ont continué à dépouiller. Celle des petites villes où tout le monde connaît vos pires secrets et attend que vous trébuchiez de nouveau.

On quitte A Suspicious river avec un immense sentiment de malaise, le même que l'on ressent après la lecture de certains romans de Joyce Carol Oates. Je ne sais pas si j'ai aimé ce livre, mais il m'a fascinée et bousculée.

Points. 403 pages.
Traduit par Anne Wicke.
1996 pour l'édition originale.

7 octobre 2023

What I Loved (Tout ce que j'aimais) - Siri Hustvedt

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Leo et sa femme Erica sont écrivains. Lorsque Leo achète une oeuvre de Bill Wechsler, un artiste qu'il trouve prometteur, une amitié se noue entre les deux hommes. Elle durera toute leur vie et mêlera Erica, Lucille et Violet (les deux épouses de Bill), ainsi que les fils presque jumeaux des deux familles, Matt et Mark. 

La vie d'artistes dans le New York des années 1970 (même si l'histoire se déroule sur vingt ans), on peut dire qu'il n'y a priori pas plus cliché. Mais l'autrice retourne ce postulat avec un texte qui interroge le rôle de l'art dans un monde où le qualificatif d'oeuvre repose parfois plus sur la provocation et les bonnes relations que sur le talent.

Tout ce que j'aimais est un livre qui nous rappelle que la frustration et le doute sont inhérents à la condition humaine. Lorsque le nom d'Henry James finit par être cité, l'entreprise de l'autrice devient encore plus évidente. Siri Hustvedt essaie de tourner autour des scènes qu'elle décrit pour nous en faire percevoir les enjeux. Les personnages se rencontrent à l'âge adulte. Ils évoluent professionnellement et personnellement, au gré des rencontres et des drames de la vie. Ils essaient de grandir, d'utiliser l'art pour arrêter le temps.
Mais la réalité n'est qu'une perception subjective et éphémère. Elle évolue parfois jusqu'à se montrer contradictoire avec ce que l'on savait (ou croyait savoir). Elle dépend des autres, sans lesquels nous n'existons pas vraiment et avec lesquels nous jouons à un jeu de miroirs déformants. Nous incarnons souvent des rôles différents, dépendants des besoins des autres : un professeur pour ses élèves, un patient pour son médecin, un mausolée pour un absent. Lorsque l'illusion s'effondre, la déception est terrible. Et parfois, nous ne pouvons que la deviner et la redouter.

Pour être complètement honnête, j'ai trouvé qu'Hustvedt oubliait un peu son fil conducteur pour plonger dans le mauvais thriller dans la dernière partie du livre, mais je garderais surtout le souvenir d'un livre complexe et nostalgique, bien plus convaincant qu'Un été sans les hommes.

Sceptre. 370 pages.
2003.

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