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lilly et ses livres
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17 juin 2023

La Vie tumultueuse de Mary W. - Samantha Silva

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Lorsqu'elle met au monde celle qui écrira plus tard Frankenstein, Mary W. épouse Godwin, trente-huit ans, est presque rentrée dans le rang. Cela ne l'empêche pas d'avoir mené une vie hors des normes de la société et surtout d'écrire une œuvre étonnante dans laquelle elle n'hésite pas à interpeller Edmund Burke, Rousseau ou Talleyrand. Durant les dix jours qui précèdent sa mort du fait de ses suites de couche, Mary raconte son histoire à celle qu'elle surnomme "petit oiseau". Sa sage-femme, Mrs B. observe cette étrange femme et est le témoin impuissant des traitements infligés par les médecins, dans un XVIIIe siècle qui ne connaît pas encore les règles d'hygiène élémentaires.

Si Mary Shelley est souvent occultée par l'ombre de son époux, on connaît encore moins sa mère, Mary Wollstonecraft, pourtant l'une des pionnières du féminisme en Angleterre. Fondatrice d'une école, grande voyageuse, femme aussi courageuse qu'impertinente, on découvre un être hors du commun qui n'hésite pas à se lancer à l'assaut du monde qui lui promettait une vie de misère. De son enfance misérable à sa jeunesse rebelle, puisqu'elle refuse de se marier, se dresse contre un beau-frère maltraitant et essaie de vivre entourée de femmes, on découvre les rencontres qui ont façonné Mary W., du père de son amie d'enfance à son mari, en passant par le peintre Füssli et l'aventurier qui sera le père de sa première fille. Plus tard, on assiste à la Révolution française de l'intérieur puisque le combat féministe de la jeune femme s'inscrit dans les idéaux (bien vite oubliés) de cet événement.

Les romans historiques contemporains et les biographies romancées sont des genres qui me déplaisent généralement beaucoup. Je suis toujours mal à l'aise face à la frontière incertaine séparant la fiction de la réalité, et certaines formulations ici m'ont semblé anachroniques. Le travail de recherche de l'autrice semble cependant très solide et j'ai lu ce livre en une seule journée, preuve qu'il a suscité ma curiosité.

Je remercie les Presses de la cité et l'organisation du Mois Anglais qui m'ont permis de gagner ce livre l'an dernier. Il sort en poche le 5 octobre chez 10/18.

Source: Externe

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1 juin 2023

Sarn - Mary Webb

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Le nom des Sarn vient du lieu où la famille vit modestement depuis plusieurs générations. Au milieu des bois, près de l'étang, ils cultivent fruits et céréales et élèvent quelques bêtes. Dans ces contrées partagées entre les croyances païennes et le christianisme puritain, Prue est née avec un bec-de-lièvre. Malédiction ou tare physique, cela la condamne aux moqueries et au célibat. Lorsque le père meurt, son frère, Gédéon, décide de sortir de sa condition à la force de ses bras et de ceux de sa famille.

Encore un livre qui attendait de nombreuses années dans ma bibliothèque et dont la lecture aura été un immense plaisir. Lire Mary Webb, c'est pénétrer dans le monde enchanteur de Prue Sarn, qui s'emerveille de la beauté des libellules et des nénuphars ainsi que de la contemplation de la valse des saisons.
Malgré les querelles, la communauté vit en bonne entente et la solidarité est ancrée parmi les habitants. La plupart des gens vont à l'église tout en respectant les coutumes qui obligent à prévenir les corneilles des décès. Et si les hommes sont souvent autoritaires et butés, c'est un plaisir de voir les femmes (et un homme) leur tenir tête et les manipuler pour parvenir à leurs fins.

Cependant, Mary Webb ne ressemble pas à Thomas Hardy seulement pour son amour de la campagne anglaise. La fragilité du bonheur, de la condition féminine et la brutalité de la société, incarnée avant tout par Gédéon, apparaissent aussi dans Sarn. Il y a ici une sorte de manichéisme (et donc de moralisme) qui aurait pu m'agacer en temps normal, mais la forme adoptée par Mary Webb est celle du conte et l'autrice laisse le lecteur interroger de lui-même les actions de celui qui s'entête tellement qu'il en oublie le sens de ses actions.

Une lecture commune fait avec Lili pour la première session de cette nouvelle saison des Classiques c'est fantastique sur le thème "En un mot" (et j'ai découvert avec étonnement que de nombreux livres entraient dans cette catégorie) et pour ouvrir ce nouveau Mois Anglais.

Source: Externe

Grasset. 375 pages.
Traduit par Jacques de Lacretelle et Madeleine T. Guérite.
1924 pour l'édition originale.

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