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lilly et ses livres
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18 septembre 2020

La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur - Suzanne Collins

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Cela fait dix ans que le Capitole a écrasé la rébellion des districts. Les stigmates de la guerre sont encore très présents et les familles puissantes d'hier souvent ruinées. C'est le cas des Snow, autrefois puissants, qui peinent à se nourrir et n'ont plus pour seule richesse que leur luxueux appartement, presque vide. Ils ont cependant réussi à sauver les apparences, et Coriolanus Snow est un élève respecté de l'Académie.
Comme chaque matin, l'hymne du Capitole, "Coeur de Panem", retentit. Pourtant, c'est un jour spécial, celui de la Moisson, qui va désigner les deux tributs de chaque district participant aux Hunger Games. Pour la première fois, les concurrents auront un mentor, choisi parmi les élèves de l'Académie. Coriolanus Snow se voit attribuer le tribut le plus misérable, la fille du district Douze, celle qui est éliminée dans les premières minutes chaque année. D'abord humilié, il reprend espoir lorsqu'il découvre que son tribut pourrait bien lui apporter plus de gloire qu'il ne l'imaginait.

Si la plupart des romans jeunesse que j'ai lus ces dernières années ne m'ont pas laissé un souvenir impérissables, Hunger Games est d'un autre calibre (c'est sans doute la raison pour laquelle il a inspiré tant d'autres romanciers). Bien que Suzanne Collins n'ait pas inventé le concept du préquel contant la jeunesse d'un monstre, La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur n'est pas comme je le craignais au premier abord une simple opération commerciale.

Contrairement à ce que laisse entendre le résumé, ce n'est pas seulement une histoire un peu banale racontant comment un pauvre orphelin déshérité va devenir le monstre de la série d'origine suite à une blessure amoureuse. Certes, Coriolanus va un peu bêtement tomber amoureux de son tribut. Lucy Gray Baird ressemble à un cliché sur pattes lorsqu'elle apparaît pour la première fois, époustouflante et insolente. Pourtant, leur relation n'a rien de sain, le triangle amoureux n'en est pas un et Coriolanus a déjà en lui toute l'ambition, le mépris et la lâcheté du Président Snow que rencontrera Katniss Everdeen des décennies plus tard. Avec ce livre, Suzanne Collins développe une vraie mythologie de son univers. On peut trouver les ficelles un peu trop nombreuses, mais j'ai particulièrement apprécié découvrir ce qui se cachait derrière les geais moqueurs et L'Arbre du pendu.
Et puis surtout, à travers cette histoire, Suzanne Collins nous offre une vraie réflexion sur la genèse des jeux. Comment gagne-t-on une guerre ? Le Capitole a choisi l'humiliation et l'anéantissement des districts. On se croirait au Traité de Versailles. Tout au long du roman, Coriolanus oscille entre cette voie, incarnée par la Docteur Gaul, Haute Juge, et la fin de la terreur que souhaite le parvenu Séjanus Plinth, camarade de classe de Coriolanus.
Je n'aurais jamais pensé que lire une troisième fois le récit des Hunger Games pourrait m'intéresser, pourtant l'auteur parvient à nouveau à nous fasciner avec ces mises à mort gratuites. Cette fois, il y a une sorte de mise en abîme, de jeux dans les jeux. La participation des mentors va bien au-delà de ce qui était prévu, qu'ils le veuillent ou non. Il y a une vraie violence dans ce livre, une cruauté peu courante en littérature jeunesse (bien que nous soyons loin de tourner de l'oeil, n'abusons pas).

Des retrouvailles très réussies.

Pocket. 607 pages.
Traduit par Guillaume Fournier.
2020.

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11 septembre 2020

Nickel Boys - Colson Whitehead

Whitehead

"Ils seraient toujours en cavale, quel que soit le moyen par lequel ils avaient quitté cette école."

Victime d'une erreur judiciaire, Elwood, jeune Noir réputé pour son sérieux et sensibilisé à la lutte pour les droits civiques, est envoyé à la Nickel Academy, un établissement pour mineurs délinquants.
Lui qui est convaincu qu'un avenir meilleur l'attend ne va pas tarder à apprendre de la plus brutale des manières que ses espoirs sont pour l'heure un doux rêve.

Colson Whitehead est un auteur que je veux découvrir depuis la publication d'Underground Railroad. Bien que j'accorde peu d'importance aux prix littéraires, le fait que Nickel Boys soit le deuxième Prix Pulitzer de l'écrivain m'a interpelée. Colson Whitehead y explore un nouveau pan de l'histoire et particulièrement celle des Noirs.

La force de ce livre ne réside pas dans l'originalité de la plume de son auteur, mais dans l'exposition froide des faits rapportés. Les seuls passages solennels sont des citations de Martin Luther King qui résonnent dans la tête du personnage principal. Avec des mots simples, un ton presque journalistique et sans jamais tomber dans le voyeurisme, Colson Whitehead nous plonge dans l'horreur.

Il est très facile de visualiser Nickel telle qu'Elwood la découvre pour la première fois, sous le beau soleil de Floride et bordée de grands espaces. L'école semble presque accueillante. Pourtant, dès le prologue, nous savons qu'elle dissimule des charniers.
Avant même de mettre les pieds à la Nickel Academy, Elwood a pu expérimenter la ségrégation raciale. Dans l'hôtel où travaille sa grand-mère, les Noirs ne sont que des employés. Son lycée leur fournit des livres ayant préalablement servi aux établissements réservés aux élèves Blancs et soigneusement annotés d'insultes racistes par ces derniers. Quant à la mésaventure qui conduit Elwood en maison de correction, elle ne serait jamais arrivée à un adolescent blanc.

Nickel Academy est une institution vieille de plusieurs décennies lorsqu'Elwood y est interné. De nombreuses dénonciations ont déjà eu lieu concernant les sévices subits par les adolescents. Les disparitions sont régulières. Mais, pas plus que dans Le Vagabond des étoiles de Jack London, qui décrivait aussi les tortures infligées dans les prisons californiennes, les détenus ne peuvent attendre d'aide de l'administration. L'école est prévenue des inspections, la corruption présente à tous les niveaux. Qui s'inquièterait du sort de délinquants sans famille ? Pas grand monde, encore moins s'ils n'ont pas la bonne couleur de peau.

Bouleversant et révoltant.

Albin Michel. 272 pages.
Traduit par Charles Recoursé.
2019 pour l'édition originale.

5 septembre 2020

L'Assassin Royal. Première Epoque, 2 - Robin Hobb

Assassin 2Le prince Royal a pris le trône des Six-Duchés en proclamant la mort de son frère Vérité. La reine Kettricken et le fou ont fuit vers le royaume des montagnes, mais aucune information fiable sur leur arrivée à bon port n'a filtré. Quant à Fitz, il est officiellement mort en traître dans les cachots royaux.
Avec l'aide d'Umbre et de Burrich, le bâtard survit cependant. Décidé à tuer Royal pour se venger de lui et accompagné de son fidèle Oeil-de-Nuit, il prend la route des duchés de l'intérieur.
Pendant ce temps, les Pirates Rouges continuent d'attaquer les côtes et de forgiser leurs habitants.

Si j'ai été tenue en haleine durant la première partie de cette Première époque, je dois admettre que cela a été beaucoup moins le cas cette fois. J'ai tenu bon afin d'achever le cycle sans risquer d'oublier des éléments importants entre mes lectures, mais Robin Hobb développe surtout des éléments qui ne sont pas ceux qui m'avaient séduite jusque-là.
En effet, à part Fitz et Oeil-de-Nuit, les personnages les plus emblématiques de l'Assassin Royal sont soit absents soit présents seulement à la fin du livre. Les nouvelles venues, Astérie et Caudron, sont moins attachantes et intrigantes que le Fou, Kettricken ou Umbre.
L'intrigue piétine. La route de Fitz jusqu'aux montagnes est trop répétitive à mon goût (on le pourchasse, il est découvert, il s'échappe et ainsi de suite).
Par ailleurs, je n'ai jamais été une grande adepte du personnage de Molly. Je trouve sa relation avec Fitz assez inintéressante et sans originalité. 

J'ai toutefois adoré en savoir plus sur l'Art, le Vif. Le système politique des Montagnes est ma définition d'un pouvoir politique sain. Et, heureusement, la dernière partie de la quête de Vérité est passionnante. L'intrigue reprend du poil de la bête et l'auteur boucle son cycle avec brio.

Une lecture en demi-teinte, mais que je ne regrette absolument pas d'avoir faite jusqu'au bout. Je lirai sans doute la suite ainsi que Les Aventuriers de la mer quand une envie de fantasy me reprendra.

J'ai Lu. 1115 pages.
Traduit par Arnaud Mousnier-Lompré.
1997 pour l'édition originale.

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