Vingt mille lieues sous les mers - Jules Verne
Alors qu'un supposé monstre marin géant sème la terreur sur toutes les mers du globe, un navire est affrété pour le capturer. Le Professeur Arronax, professeur au Musée d'Histoire naturelle de Paris, fait partie de l'équipage. Il est accompagné par son serviteur, le fidèle Conseil. A bord de l'Abraham Lincoln, ils font la connaissance d'un harponneur canadien, Ned Land.
L'expédition ne se déroule pas comme prévu, mais elle conduira nos personnages à vivre de nombreuses aventures jusqu'au fond des mers.
C'est Ellettres et Lili qui m'ont enfin décidée à découvrir Jules Verne, dont je ne crois pas avoir lu la moindre ligne ni même vu une seule adaptation jusque-là. Cette rencontre n'est pas un coup de foudre, mais je l'ai quand même appréciée.
La première raison pour laquelle ma lecture n'a pas été un succès complet est totalement indépendante de l'oeuvre de Jules Verne. La version audio est déplorable. Le lecteur a une voix semblable à celle des répondeurs vocaux des services après-vente. Il ne respecte pas la ponctuation et lit toutes les phrases avec le même enthousiasme benêt. Tous les personnages ont la même voix, ce qui est très perturbant. Moi qui écoute beaucoup de livres, c'est la première fois que je suis confrontée à ce problème.
En ce qui concerne le texte, certaines énumérations d'espèces de poissons m'ont un peu lassée et la vision du monde de Jules Verne est assez caractéristique du XIXe siècle. L'auteur n'est pas non plus toujours très fin lorsqu'il nous donne des explications scientifiques. Le ton professoral adopté par le Capitaine Nemo, qui explique en détails toutes ses inventions, n'est pas ce qu'il y a de plus passionnant, surtout pour un lecteur de notre époque.
Pour en finir avec les défauts du livre, les personnages manquent de profondeur à mon goût. Nous n'avons pas accès à leurs pensées profondes ni à aucun détail intime les concernant. Les trois "invités" du Nautilus parlent uniquement de leurs conditions de vie, de leur envie de partir de plus en plus pressante. Ils n'évoquent jamais le moindre la moindre personne qui les attendrait, comme s'ils étaient aussi retirés du monde que leur capitaine.
Malgré tout, coincée dans un sous-marin avec ces quatre personnages assez hermétiques, j'ai été plutôt captivée par l'histoire du Professeur Arronax. Nous explorons toutes les mers du monde, certaines batailles contre les éléments ou certains animaux sont épiques et donnent de la vivacité au récit.Surtout, l'énigmatique Capitaine Nemo est un personnage à la hauteur de sa réputation. Dans Bleak House de Dickens, un personnage prend ce pseudonyme signifiant "personne" pour se dissimuler aux yeux du monde. Le commandant du Nautilus aussi a décidé de rayer sa personne de la surface. Il apparaît comme misanthrope, rejette la terre et ses habitants avec le plus grand dégoût. Ne se nourrissant que des produits de la mer, il a juré qu'il ne remettrait jamais les pieds sur un continent émergé. Malgré cela, il reste un homme comme en témoigne son attitude affable à l'égard de ses passagers. Son affection pour son équipage transparaît à plusieurs reprises. Plus tard, nous découvrons aussi qu'il n'a pas complètement tourné le dos à ses semblables mais je ne vous en dirais pas plus. Ce personnage est la force principale du livre.
J'ai aussi apprécié le discours écologiste de ce roman. Ce n'est pas la première fois qu'un auteur du XIXe siècle parle de la protection de l'environnement dans une oeuvre que je lis. J'imagine qu'un amoureux des merveilles de la Terre comme Verne ne pouvait ignorer ces questions.
" — A quoi bon, répondit le capitaine Nemo, chasser uniquement pour détruire ! Nous n’avons que faire d’huile de baleine à bord.
— Cependant, monsieur, reprit le Canadien, dans la mer Rouge, vous nous avez autorisés à poursuivre un dugong !
— Il s’agissait alors de procurer de la viande fraîche à mon équipage. Ici, ce serait tuer pour tuer. Je sais bien que
c’est un privilège réservé à l’homme, mais je n’admets pas ces passe-temps meurtriers. En détruisant la baleine australe comme la baleine franche, êtres inoffensifs et bons, vos pareils, maître Land, commettent une action blâmable. C’est ainsi qu’ils ont déjà dépeuplé toute la baie de Baffin, et qu’ils anéantiront une classe d’animaux utiles. Laissez donc tranquilles ces malheureux cétacés. Ils ont bien assez de leurs ennemis naturels, les cachalots, les espadons et les scies, sans que vous vous en mêliez. »
Je laisse à imaginer la figure que faisait le Canadien pendant ce cours de morale. Donner de semblables raisons à un chasseur, c’était perdre ses paroles. Ned Land regardait le capitaine Nemo et ne comprenait évidemment pas ce qu’il voulait lui dire. Cependant, le capitaine avait raison. L’acharnement barbare et inconsidéré des pêcheurs fera disparaître un jour la dernière baleine de l’Océan. "
Un première lecture de Jules Verne dont je ressors surtout intriguée. Il me faudra d'autres lectures pour me faire un avis sur l'auteur.
Audible. 17h02.
Lu par Mathieu Thomas.
1869-1870 pour l'édition originale.
Il existe aussi chez Folio. 705 pages.