J'avais une dizaine d'années la première fois que j'ai vu Autant en emporte le vent. J'ai continué à pleurer après la fin du générique, et je me souviens que ma cousine avait dû me promettre que Rhett et Scarlett se retrouveraient pour me consoler. Après des années d'hésitation, je me suis enfin lancée dans la lecture du roman original.
Je pense que tout le monde connaît l'histoire, mais au cas où des extraterrestres passeraient par là, je vais quand même faire un petit résumé du début de l'histoire. Scarlett O'Hara, seize ans, est la fille d'un riche planteur irlandais installé en Georgie, qui a gagné le respect de ses voisins et fait un mariage avantageux. Scarlett est la reine de la région, et rien ne lui plaît davantage que de minauder, et de rendre tous les jeunes gens fous d'elle. Pourtant, elle n'a d'yeux que pour Ashley Wilkes.
A l'occasion d'un pique-nique, elle apprend qu'Ashley doit se marier avec sa cousine, la frêle Mélanie Hamilton. Désespérée, elle va déclarer son amour au jeune homme, qui la repousse. Un homme étrange, Rhett Butler, est le témoin involontaire de cette scène. La journée s'achève enfin par la prise d'armes des Etats du Sud, ce qui déclenche la Guerre de Sécession.
Cette fresque, qui se déroule sur plus de dix ans, a été un bonheur de lecture presque du début à la fin.
Evidemment, je voulais connaître la véritable histoire de Rhett et Scarlett, ces personnages qui ne cessent de se manquer (j'ai ragé comme si c'était la première fois de les voir tour à tour se briser le coeur). Quand Rhett apparaît pour la première fois, au pique-nique des Wilkes, j'ai cru ne pas m'en remettre. Mais en fait, j
'ai eu la surprise de constater qu'il n'est pas présent de manière constante avant la dernière partie du livre (même si son ombre plane). C'est Scarlett qui occupe le devant de la scène, à quelques exceptions près. Son personnage est à la fois détestable et admirable. Elle est prête à tout pour écraser les autres, vaniteuse, assoiffée d'argent, et en même temps elle défonce les portes de la "bonne société" quand il le faut sans hésiter, est d'une fidélité sans faille aux siens, et la seule personne qu'elle ne méprise pas est celle qui lui dit la vérité en face.
Autant en emporte le vent, c'est l'histoire d'un monde qui s'écroule, et de personnages qui décident ou non de s'y adapter. En cela, l'opposition que Margaret Mitchell a créée entre Rhett et Ashley est judicieuse. Ashley réalise ce qui s'est passé dès la guerre. Mais il reste les bras ballants, et ce sont Scarlett et Mélanie qui, au final, lui permette d'oublier quelques années qu'il n'est plus qu'une coquille vide et inutile. Rhett est tout aussi clairvoyant, mais les scrupules et l'autocomplaisance ne font pas partie de son caractère. Le personnage le plus étonnant est sans doute Mélanie, alter ego de Scarlett, mais comme on ne le
découvre vraiment qu'à la fin, je ne vais pas en dire plus. Outre ces personnages, on voit Atlanta se métamorphoser, les gens gagner et perdre, refuser de bouger quand tout est perdu. Les intrigues politiques, la complexité de la situation en Georgie, où la guerre a laissé des marques que l'on ne peut pas effacer, sont très développées dans le livre, tandis que le film ne les évoquait que très brièvement.
Je ne reproche à ce livre que quelques longueurs vers le milieu du livre (les états d'âme d'Ashley ont eu peu d'effet sur moi notamment), mais j'ai dévoré le reste d'une traite.
Un roman que je ne regrette pas d'avoir lu, même si je pense que je l'aurais encore plus apprécié vers treize ou quatorze ans. J'ai revu un bout du film, et je n'en reviens pas de la justesse du choix des acteurs principaux.
Maintenant, question : Qui a lu les suites ? Qu'en pensez-vous ?
Il s'agissait d'une lecture commune, et je remercie Manu de m'avoir entraînée dedans. Vous pouvez trouver les avis de Manu, Virginie, Karine, Mango, Vilvirt et Mara.
Folio (3 tomes). Traduit par Pierre François Caillé. Environ 1400 pages.