La fille aux yeux d'or ; Honoré de Balzac
Cet été, Fashion Victim a lancé le challenge Saga de l'été. Même si ma liste de Challenge ABC 2007 n'était pas du tout terminée (et ne le sera pas avant la fin de l'année, mais nous en reparlerons), je n'ai pas pu m'empêcher de relever le défi. J'ai donc choisi de lire l'Histoire des Treize de Balzac, dont j'avais déjà lu le deuxième volet, La duchesse de Langeais. Déjà, ces trois romans ne sont pas franchement longs, mais avec l'un d'entre eux déjà lu, ce défi paraissait être de la rigolade. Naturellement, je ne l'ai pas tenu, et c'est à cause d'une envie subite de lire du Balzac que j'ai ouvert La fille aux yeux d'or, le troisième et dernier volet de l'Histoire des Treize.
L'histoire : En ce qui concerne les Treize, il s'agit d'une association de treize hommes doués de pouvoirs surhumains. Mais que ce soit dans La duchesse de Langeais ou dans La fille aux yeux d'or, ne pas le savoir n'empêche pas de les apprécier. Cette société est très brièvement évoquée dans La duchesse de Langeais, et seul le nom de Ferragus ainsi qu'une allusion aux capacités de Henri de Marsay nous rappellent l'existence de cette confrérie dans La fille aux yeux d'or. En fait, il semblerait que Balzac n'en parle réellement que dans sa préface à l'Histoire des Treize, ce qui me permet de moins regretter de n'avoir pas commencé par le début de l'histoire.
Pour La fille aux yeux d'or, il met en scène un jeune dandy, Henri de Marsay (déjà croisé dans La duchesse de Langeais et Le lys dans la vallée), qui tombe en admiration devant une inconnue aux yeux jaunes. Celle-ci se nomme Paquita Valdès, et est une esclave géorgienne appartenant à une marquise espagnole qui la fait jalousement garder. Le jeune homme qu'est Henri de Marsay ne peut qu'être encore plus tenté de la posséder lorsqu'il constate combien la tâche sera difficile.
Mon avis : J'ai énormément aimé ce livre, même si j'avoue avoir eu assez peur en en lisant les dix ou vingt premières pages. En effet, Balzac s'y livre à une description lapidaire, bien que sans doute assez vraie sur certains points, de la société parisienne qu'il connaît. Dans La duchesse de Langeais, j'avais déjà noté une certaine amertume de Balzac, mais ses quinze pages sur la société de Saint-Germain cadraient bien avec le reste de l'histoire. Ici, Balzac ouvre son histoire en critiquant les Parisiens, l'organisation social, de façon (heureusement) dynamique, mais qui me paraît complètement décalée par rapport à la suite du livre.
Autre point qui m'a un peu gênée, la vision des femmes que donne Balzac par moments... Ce n'était pas la première fois que je notais une certaine misogynie de la part de cet auteur, mais ça peut en énerver certains.
Toutefois, j'ai quand même éprouvé un vif plaisir à la lecture de ce livre, car le formidable témoin de son temps qu'est Balzac met très bien cela à contribution dans La fille aux yeux d'or.
J'ai lu ce roman avec des images de tableaux et de Byron plein la tête. Le héros, Henri de Marsay (déjà rencontré dans La duchesse de Langeais ou Le lys dans la vallée, est un parfait dandy, qui passe plus de deux heures à se préparer chaque jour, et qui vit l'amour comme un amusement.
Surtout, la fascination des gens du XIXe siècle pour l'Orient et les mystères qui y sont associés ressort très bien dans ce livre. Paquita Valdès est une esclave géorgienne. Sa description, ses rencontres avec de Marsay m'ont immédiatement fait penser à ces odalisques peintes par Ingres à peu près à la même époque.
Ce livre possède véritablement un caractère sensuel, qui est marqué bien entendu par le personnage de Paquita Valdès, décrite comme une femme aux yeux envoûtants, mais aussi comme une Vénus dans sa coquille. Les jeux des deux amants font également ressortir la sensualité de ce roman, lorsque Paquita déguise Henri de Marsay en femme, et qu'il y prend un vif plaisir, au point de vouloir recommencer.Enfin, la couleur dominante de ce roman est le rouge, couleur sensuelle par excellence. Cette couleur accompagne les deux amants jusqu'à la mort de Paquita, lorsque les cousins ainsi que tous les objets qui se trouvent dans la pièce où la jeune fille trouve la mort sont recouverts de sang. J'ai associé cette scène, qui marque le triomphe du rouge à La mort de Sardanapale de Eugène Delacroix, à qui est par ailleurs dédiée La fille aux yeux d'or.
Il n'est pas vraiment question d'amour dans ce roman, plutôt d'ivresse, de rêve. Tout ou presque n'est qu'illusion. Henri ignore où il se rend, et aime davantage l'idée de posséder une femme inaccessible qu'il associe à un rêve qu'il n'aime la femme en elle même.
Une fois Paquita morte, c'est comme si elle n'avait jamais existé. Henri l'oublie, sa soeur s'enferme au couvent avec son secret, et même la mère de la jeune esclave renie sa fille pour un sac de monnaie.