Les sorcières de Spence Tome 1 : L'oeil du destin ; Libba Bray
Editions du Rocher ; 354 pages.
14,90 euros.
Vous avez du le remarquer, je lis beaucoup de romans jeunesse ces derniers temps. En fait, j'attends avec beaucoup d'impatience la sortie d'Eclipse de Stephenie Meyer, et Gladys*** m'avait conseillé ce roman en attendant. D'ailleurs, je tiens beaucoup à la remercier pour cette belle découverte.
L'histoire : Gemma Doyle vit en Inde où elle s'ennuie à mourir. Le jour de ses seize ans, elle est furieuse contre sa mère qui refuse de l'envoyer à Londres faire ses débuts dans le monde et se trouver un mari. La jeune fille, qui déplore la dégradation de ses relations avec sa mère depuis son entrée dans l'adolescence, est terrifiée à l'idée de finir vieille fille si elle reste en Inde.
En allant chez une amie, elles se disputent. Puis, elles croisent un homme étrange, dont les paroles dénuées de sens provoquent une attitude étrange de Mrs Doyle. Cette dernière donne son collier à Gemma et lui ordonne de rentrer immédiatement. Vexée, Gemma jette des méchancetés à la figure de sa mère et tourne les talons. Tout se passe alors très vite. Gemma a une vision de sa mère, poursuivie par une ombre, qui s'enfonce un poignard dans la poitrine.
Après la mort de sa mère, la jeune fille part pour l'Angleterre, où son frère la confie à Spence, un établissement pour jeunes filles. Elle y rencontre des amies et découvre avec elles qui elle est réellement.
Ce livre n'est absolument pas le banal roman pour adolescentes que j'imaginais. Il est, je pense, difficile d'accès en dessous de treize-quatorze ans, sauf pour les très bons lecteur. Et je suis la preuve que l'on peut être très agréablement surpris par ce roman même lorsque l'on n'est plus tout à fait adolescent^^.
J'ai trouvé l'écriture de Libba Bray vraiment mature, dense, bien que la traduction soit assez pénible pendant les dialogues. Les "marmonné-je", "grogné-je" et compagnie rendent très mal en français. Et j'ai également noté plusieurs fautes d'orthographe assez énormes. Mais Libba Bray n'est pas responsable de cela, et hormis ces petits détails, son style est étonnament maîtrisé. Le rythme est rapide, et le suspens présent très tôt dans le récit.
Quant au fond, je l'ai trouvé très bien construit. L'histoire débute en Inde à la fin du XIXe, lieu entouré de mystères dans notre imaginaire, et se déroule ensuite dans une école assez étrange bien que réservée aux jeunes filles convenables. Si certaines choses peuvent sembler ne pas correspondre à une reconstitution historique exacte, Libba Bray nous donne des repères temporels et spatiaux tout à fait suffisants pour se mettre dans l'ambiance de l'époque tout en ouvrant son histoire au monde de la sorcellerie. Ce dernier est intrigant, ceci d'autant plus que Libba Bray ne nous donne les explications qu'au compte-gouttes et le crée de toutes pièces à partir de personnages mythologiques.
Les personnages de Libba Bray ne sont pas lisses. Chacune des filles a ses (gros) défauts, et l'amitié qui les lie est pour le moins surprenante. Un peu comme dans la vraie vie en fait. A seize ans, elles sont totalement inexpérimentées (sans être des oies blanches non plus), et recherchent de nouvelles sensations qu'elles vont parvenir à trouver. Les personnages secondaires, pour leur part, ne servent pas à faire tapisserie. Tous ont un côté étrange, des secrets enfouis, qui contribuent à créer des interrogations chez le lecteur.
A la fois conte, roman à suspens et roman sur l'adolescence, ce livre mêle tous ces genres de façon parfaitement cohérente et m'a tenue en haleine de bout en bout. J'ai vraiment hâte d'en connaître la suite.