La fascination du pire ; Florian Zeller
Edition J'ai Lu ; 155 pages.
5,30 euros.
"Un jeune écrivain est invité par l'ambassade de France au Caire pour donner une conférence. Une proposition qui prend une autre dimension à la lecture des lettres égyptiennes de Flaubert : "J'ai baisé des filles de Nubie qui avaient des colliers de piastres d'or leur descendant jusque sur les cuisses, et qui portaient sur leur ventre noir des ceintures de perles de couleur." L'Égypte d'aujourd'hui ressemble-t-elle à l'Orient de Flaubert ? La sensualité orientale se dévoile-t-elle toujours dans les bas-fonds du Caire ? Comment conjuguer islam et sexualité ? Voilà ce que va essayer de découvrir le narrateur de ce livre contemporain, où les rumeurs du monde d'aujourd'hui croisent les fantômes des voyageurs littéraires d'autrefois. L'occasion de réfléchir sur la frustration sexuelle de l'Orient comme de l'Occident..."
Cela faisait un moment que je me disais qu'il fallait lire un livre de Florian Zeller, et j'ai été très agréablement surprise. D'ordinaire, les livres qui traitent de problèmes de société ont tendance à m'endormir, j'ai l'impression qu'on en parle trop, et que de ce fait, on a tendance à renforcer les tensions. Or, là, il m'a fallu un seul chapitre pour m'habituer à l'écriture de Florian Zeller, avant de lire le roman d'une traite (je sais, ce n'est pas bien long).
Dans ce roman (oui, il ne s'agit pas d'un essai ! ), il est question de l'hypocrisie des religions et des sociétés qui les pratiquent ou les ont pratiquées en Orient comme en Occident, de la place faite aux femmes dans l'Islam ainsi que du rapport de cette religion avec la liberté d'expression. Que peut-on dire sur cette religion ? Est-ce qu'il est normal de se taire pour ne pas risquer de s'attirer les foudres du monde musulman, ou doit-on au contraire ne pas traiter l'Islam différemment des autres religions ? Mais dans le cas où l'on se permet d'évoquer l'Islam, encore faut-il ne pas se laisser tenter par les arguments réducteurs.
Toutes ces questions sont suggérées au lecteur de façon très plaisante, ce qui nous amène à réfléchir sans se lasser trop vite. Je ne pourrais pas vous dire si le rapprochement fait entre Zeller et Houellebecq est pertinent, je n'ai jamais rien lu de ce dernier. Mais si sa plume est aussi agréable que celle de Florian Zeller, je veux bien me laisser tenter.