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lilly et ses livres
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30 mars 2009

La seconde femme de Pouchkine ; Iouri Droujnikov

resize_7_Fayard ; 153 pages.
Traduit par Lucile Nivat. 2003.

En janvier, alors que je feuilletais Livres Hebdo, je suis tombée sur un livre au titre intéressant. Je venais juste de terminer La fille du capitaine, alors j'ai voulu lire ce roman. Quelques semaines plus tard, il est tombé dans mes mains chez Gibert, en occasion, alors je n'ai pas hésité.

Todd est américain, et vit dans une maison avec d'autres étudiants qui tentent, en vain, de le dévergonder un minimum. Il a trente ans, n'est pas d'un naturel chahuteur, mais il a connu pas mal de désillusions qui expliquent son comportement. Un jour, désespérés de le voir sans femme dans sa vie, ses colocataires décident de l'inscrire sur un site de rencontres.
Todd les laisse faire, et ils décident, afin de trier les candidates, de leur faire écrire un poème. Ils reçoivent notamment une réponse venant de Russie, d'une certaine Diane. Après quelques recherches, Todd découvre que ces vers ont en fait été écrits par Alexandre Pouchkine. Or, il se trouve que le jeune homme est en train d'écrire une thèse (complètement folle) visant à faire de l'écrivain russe le premier féministe.
Ce n'est pas tout. Diane est en fait Diana, une jeune russe qui travaille comme guide dans un musée consacré à Pouchkine. Elle aussi est une célibataire endurcie, et elle n'est pas à l'initiative du poème envoyé à Todd. C'est une de ses collègues, initiée à internet, qui s'en est chargée, pour passer le temps.
Diana n'est pas du genre à avoir des amis. Son seul amour est Pouchkine, et elle va parvenir à devenir sa seconde femme. Elle aura même un enfant de lui, du moins dans sa tête (parce que Todd s'est quand même un peu chargé de fournir les spermatozoïdes nécessaires à la conception).

Voilà un livre qui semble complètement loufoque (et qui l'est en grande partie), mais qui est également bien d'autres choses. On peut aussi penser, en lisant le résumé du livre, qu'il est plein de clichés. Todd et Diana semblent sculptés l'un pour l'autre, et on est très portés à croire que ça ne va pas louper, mais le propos de ce livre est tout autre.
Iouri Droujnikov évoque, à travers le personnage de Diana, le rapport au réel, l'amour d'un auteur. Elle semble complètement folle, cette jeune femme qui se fait faire un pantin de bois en guise de Pouchkine, qui dort avec lui, qui lui parle, qui l'épouse même. Elle pleure à la fin des visites guidées qu'elle mène, parce qu'elles s'achèvent avec la mort de l'auteur. Mais elle ne vaut pas forcément moins que ceux qui prétendent s'intéresser à son auteur fétiche quand il ne sont en fait passionnés que parce qu'ils ont à en dire.
De plus, elle semble avant tout chercher dans ses rêves une solution pour contrôler sa vie. Aimer un être de bois signifie qu'il ne pourra jamais lui faire que ce qu'elle a décidé. Son Pouchkine est un coureur, elle le sait, mais elle s'y est préparée. Pas très courageux et plutôt dangereux, quand on perd pied et qu'on ne sait plus ce qui relève de l'imagination ou non, mais pas incompréhensible non plus. Surtout que nous sommes dans la Russie communiste, et que la vie ne ressemble pas vraiment à un conte de fée. A noter que la façon de penser des Américains est aussi moquée, et la mise en parallèle des modes de vie des deux grands constitue l'un des aspects importants de ce livre. Droujnikov ayant vécu aux Etats-Unis et enseigné à Berkeley, il a eu le temps de murir ses appréciations du monde qu'il découvrait après avoir été un opposant au régime soviétique.
Todd aussi est un personnage auquel il est difficile de ne pas succomber. Il a lui aussi été, à sa manière, un pantin toute sa vie, et il le reste face à Diana.
A ces sujets très sérieux, et pour ne pas plomber complètement le moral du lecteur, Droujnikov emploie un ton très léger et crée les situations burlesques dont mon résumé vous donne de bons exemples.

Encore un livre que j'ai beaucoup aimé et que je vous recommande.    

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4 janvier 2009

La Fille du capitaine ; Alexandre Pouchkine

resize_4_Le Livre de Poche ; 222 pages.
Traduction de Vladimir Volkoff.
1836.

Lettre P du Challenge ABC :

Le 1er janvier, j'ai rassemblé tous les livres que j'ai choisis pour mon challenge "classiques", et pendant quelques minutes, j'ai été horrifiée : rien ne me tentait... Il faut dire que je viens de passer une semaine avec Philip Pullman ( je vous en reparle très vite), et je ne savais pas si je pourrais apprécier une autre ambiance. Pouchkine m'a été conseillé pour compléter ma liste de livres à lire en 2009, alors j'ai ouvert La Fille du capitaine sans savoir de quoi il s'agissait.

Russie, 1773. Après avoir reçu une éducation plutôt succincte, Piotr Andréïtch Griniov est confié par son père, un ancien grand soldat, aux soins d'un vieil ami, qui doit faire de lui un combattant de Catherine II. Son vieux serviteur l'accompagne, et tous deux se rendent au fort de Bélogorsk (où les envoie l'ami du père de Piotr), où son supérieur et sa femme l'accueillent comme leur propre fils. Bien que le fort n'offre pas les loisirs dont Piotr pensait jouir à Saint Petersbourg (où il désirait faire son apprentissage de soldat avant que son père ne l'expédie dans un endroit plus dur), il se sent très vite à l'aise avec ses nouveaux compagnons, et son affection pour la fille de son supérieur se transforme très vite en amour.
Mais le rebelle Pougatchov attaque les forts de la tsarine, et menace celui où se trouve Piotr. 

 

Pour commencer, j'ai deux scoops à vous annoncer :
- Un roman russe peut être drôle : bon, ce n'est pas le livre le plus euphorique de la Terre, mais certains passages, particulièrement avec le valet de Piotr, sont extrêmement amusants.
- Un roman russe peut bien se terminer : désolée de vous gâcher le suspens, mais je ne m'y attendais pas le moins du monde. Et puis, tout est relatif, tout ne va pas non plus pour le mieux dans le meilleur des mondes. 
En revanche, j'ai pu vérifier avec délice que les noms des personnages russes sont impossibles à retenir... Les personnages de La Fille du capitaine ont la bonne idée de tous s'appeler Ivan, donc il faut retenir leurs autres noms. Sans parler des surnoms dont les russes sont très friands je crois... Moi qui ai prévu de lire Guerre et Paix, je sens que je vais déguster !

A part ça, j'ai bien aimé ce livre, mais je n'ai pas été subjuguée non plus. J'ai beaucoup aimé les personnages qui font ce livre, particulièrement Pougatchov, Shvabrine et la femme du capitaine. Ce sont des personnalités fortes, complexes, qui donnent lieu à des scènes cocasses, et dont la détermination est à toute épreuve.
Autre élément très appréciable, le contexte historique. Je n'y connais rien à l'Histoire de la Russie, mais j'adore l'Histoire en général, alors quelques bribes sont toujours bonnes à prendre. D'autant plus que je compte lire d'autres romans russes cette année, et je trouve qu'il est toujours bon d'avoir quelques bases.
Mais j'ai eu du mal à me mettre dans l'ambiance. J'ai trouvé le style assez froid (j'aimerais vraiment lire le russe...), l'histoire un peu trop rapide. J'aurais aimé voir davantage la Russie, vivre un peu plus avec les personnages. J'aime les pavés, et certains livres ont besoin de beaucoup de pages pour me captiver réellement. Je crois que La Fille du capitaine en fait partie. 

Une bonne lecture donc, pas totalement convaincante, mais qui me conforte dans mon envie de découvrir les auteurs russes !   

Les avis de Papillon et Majanissa.

28 mars 2007

Premier Amour ; Ivan Tourgeniev

2290345717Édition J'ai Lu (Collection Librio) ; 96 pages.
2 euros.

" Quelle fille excitante que Zinaïda ! " écrit Flaubert à Tourgueniev à propos de son roman.
" C'est une de vos qualités de savoir inventer les femmes. Elles sont idéales et réelles. Elles ont l'attraction et l'auréole. " Irrésistible du haut de ses vingt et un printemps, la capricieuse et attirante Zinaïda fait chavirer le cœur du jeune Vladimir Petrovitch, seize ans à peine. Premier amour et premiers tourments d'un enfant épris de la jolie princesse pour l'avoir vue par-dessus la palissade de son domaine...
Mais lorsque Zinaïda devient froide et mystérieuse, d'étranges soupçons envahissent l'esprit de Vladimir. Quel est donc ce rival secret qui l'éloigne de lui ? "

Si j'ai peur de lire des romans russes c'est parce que ça finit toujours très mal... Mais quand j'ai vu le titre de ce livre chez Tamara, j'ai décidé de tenter le coup. Bon, ça ne se finit pas de façon très joyeuse. Mais lorsque l'on regarde bien l'histoire, ça se finit le moins mal possible.

Vladimir Petrovich est un garçon attachant, naïf, innocent. Et comme toute personne qui découvre l'amour, il est à la merci de toutes les désillusions amoureuses. En tombant amoureux d'une jeune fille comme Zinaïda, il ne peut que souffrir. Elle a besoin qu'on l'admire, mais elle ne donne rien en retour, méprisant d'ailleurs ceux qui se jettent à ses pieds au lieu de la dompter comme elle le voudrait. Elle manipule Vladimir, lui tord le coeur. Lui, éperdument amoureux, ne peut que l'aimer davantage. Quand un coeur à vif rencontre une jeune fille cruelle, il ne s'en remet pas. Mais pour Vladimir, il y a plus. Il y a le fait qu'elle lui a préféré un autre homme, et pas n'importe lequel.

Lorsqu'il raconte cette histoire plus de vingt ans après, il est facile de voir que ses blessures ne sont pas refermées. Mais lui s'en est sorti à moindres frais. Tourgeniev nous plonge au milieu de la petite société qui entoure Zinaïda. En peu de pages, il parvient à nous décrire l'éveil des sentiments et les tourments de l'amour chez ses personnages. Une lecture très agréable.

Les avis de Cécile et de Tamara.

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