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lilly et ses livres
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17 décembre 2006

On s'est déjà vu quelque part ? Nuala O'Faolain

2264038322Edition 10/18 ; 314 pages.
7,80 euros.

" Née à Dublin au début des années 1940, dans une famille de neuf enfants, Nuala O'Faolain se décrit comme "l'Irlandaise type : une pas grand-chose, issue d'une longue lignée de pas grand chose, de ceux qui ne laissent pas de traces" : devenue chroniqueuse à l'Irish Times, après un brillant parcours universitaire et journalistique, elle raconte ici, avec simplicité, spontanéité, humour et beaucoup de modestie, comment elle n'est pas devenue une Irlandaise type.
Entre un père journaliste, figure désinvolte et absente, et une mère alcoolique accablée par les difficultés d'un quotidien précaire, la jeune Nuala se fraie, de petits boulots en combines, un chemin jusqu'à l'université et trouve un premier travail à la télévision. Elle vit à Londres les années 1970 du féminisme et de la cassure politique entre l'Irlande et la Grande-Bretagne.
Devenue une journaliste reconnue, Nuala O'Faloain n'écrit cependant pas une success story, bien au contraire : au fil des aventures sentimentales sans lendemain, des plongées dans l'alcool, elle dit avec une honnêteté scrupuleuse son extrême solitude, son incapacité à se détacher du modèle maternel et l'impossibilité de trouver l'âme sueur qu'elle cherche avec un sentimentalisme souvent à l'opposé d'un féminisme exacerbé... Avec ses contradictions (qu'elle pointe avec humour), ses doutes, ses enthousiasmes, ses excès, ses souffrances et ses passions - la lecture en est une, et pas des moindres -, Nuala O'Faolain construit un livre qui va droit à l'essentiel : son humanité sans fard. "

Encore une bonne surprise avec cette auteure. Nuala O'Faolain évoque son pays, l'Irlande, qu'elle a vu vivre des moments très importants de son Histoire. Mais elle est aussi témoin d'une époque de bouleversements des moeurs, des façons de penser, et pas seulement en Irlande mais aussi en France ou en Angleterre. Enfin, Nuala O'Faolain écrit une vie de femme, qui correspond à ce que beaucoup d'autres femmes ont vécu.
On sent que ce récit chargé d'émotion a pour but de soulager son auteur. Nuala O'Faolain nous raconte les choses simplement. Ses blessures, ses expériences, elle nous les fait partager. Avec humilité, elle ne cherche pas à nous épater avec des mots grandiloquents. Mais on sent surtout qu'elle cherche à être honnête avec elle même. Elle veut comprendre comment une jeune fille qui avait la tête pleine de rêves, qui voulait être désinvolte, est devenue ce qu'elle est aujourd'hui.
Elle réalise qu'elle regrette, par certains côtés, d'avoir rejeté aussi catégoriquement le modèle de ses parents. Ce modèle qu'elle a pourtant, sous certains aspects, reproduit en sombrant dans l'alcool, comme sa mère, pendant quelques années. Ce modèle qui, bien qu'il la terrifiait, l'attirait aussi. Elle ne s'est jamais mariée, n'a pas eu des enfants à la chaîne, et pourtant, même lorsqu'elle détestait ses parents, ou plutôt leur vie, elle a rêvé mariage heureux et enfants. A la fin de son livre, on se dit que son existence à elle a abouti au même  résultat, la solitude. Et la sienne est peut-être encore plus grande. Ses parents, elle le dit, avaient des moments où ils se retrouvaient, même si c'était rare, même si ce n'était que pour encore moins se comprendre le lendemain. Elle, elle est souvent seule. Elle n'a pas le privilège, si faible soit-il, de partager ces moments où la présence de l'Autre permet de faire abstraction de tout le reste.
Nuala O'Faolain écrit pour parler de sa réconciliation avec son pays, malgré toutes les humiliations subies, tout ce que signifiaient ses racines. Parce que l'Irlande est une partie intégrante d'elle même, et que la rejeter consisterait à se rejeter elle même. Elle nous raconte comment elle a fini par admettre combien elle aimait l'Irlande, et combien elle est Irlandaise.
En lisant ce livre, je réalise a quel point Nuala O'Faolain parle d'elle dans Chimères. Mais ce n'est pas du tout lassant d'entendre parler d'elle, parce qu'elle ne dresse pas un portrait narcissique d'elle même. Elle nous parle de ce qu'elle représente, de ce qu'elle a de commun avec nous Ou plutôt, d'une personne qui vit dans le même monde que nous, et qui l'affronte, avec ses réussites, ses échecs, ses doutes et ses craintes.
Est-ce que je sous-entend que la vie de Nuala O'Faolain est un gâchis ? Absolument pas. Il ne s'agit que d'un livre, on ne se livre jamais totalement, il est très probable que le fait de parler surtout des épreuves surmontées est un parti pris. Elle ne s'étend pas sur les moments heureux, mais on sent qu'il y en a eu. C'est une femme qui a mené sa vie, avec plus ou moins de maladresse, mais elle a osé le faire. Elle a connu des déceptions, mais c'est parce qu'elle a tenté. Aujourd'hui, elle est un écrivain reconnu. Et si elle est un peu dure avec elle même, je préfère penser que c'est surtout par modestie.

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8 décembre 2006

Les créatures de la terre ; John McGahern

2253082791

Edition Le Livre de Poche ; 152 pages.
5,50 euros.

" Les " créatures de la terre " sont des êtres ordinaires confrontés aux situations élémentaires de la vie, et qui peuvent révéler des gouffres de méchanceté ou de bêtise, aussi bien que des trésors de bonté. Allez savoir... John McGahern nous offre, à travers trois nouvelles, une série de portraits hauts en couleur : deux vagabonds capables de tuer des animaux innocents, sans même savoir pourquoi ils le font ; deux policiers chargés d'arrêter l'homme qui leur offrait, en toute amitié, des billets pour la coupe de l'Ulster ; trois frères contraints d'assister aux obsèques d'un oncle qu'ils détestaient... Prenant prétexte de situations simples sinon banales, le grand romancier irlandais explore les thèmes de la solitude, de l'abandon, de l'incompréhension entre les êtres. Bien que sa vision du monde soit sombre, son humour et son exceptionnel talent de conteur éclairent ces récits d'une lumière contrastée comme celle qui ennoblit les paysages d'Irlande. "

C'est Yvon qui m'a conseillé cet auteur. Oui, en ce moment, j'achète beaucoup de livres grâce aux critiques que j'ai lues... Bref, donc, j'ai lu ce recueil de nouvelles, et j'ai beaucoup aimé. Le rythme est assez lent, mais l'atmosphère rappelle bien l'Irlande embrumée, les paysages de campagne, les tourbières, l'herbe très verte, les moutons. Chacune des nouvelles nous donne le sentiment de débarquer au milieu de l'histoire, notamment la deuxième, où l'on comprend ce qui se passe seulement vers la fin. Finalement, ces gens sont un peu comme nous, ils vivent leur vie, n'ont rien d'extraordinaire, mais nous la font quand même un peu partager. Puis, ils ressortent de notre lecture, comme ça, sans nous dire comment l'histoire finira. L'auteur nous donne une vision assez pessimiste du monde, des hommes surtout, qui agissent sans scrupules, qui n'hésitent pas à manipuler ou à céder à la cruauté et à l'hypocrisie. Cependant, j'ai beaucoup apprécié l'écriture pleine de poésie et de piquant d'une certaine manière de John McGahern.

16 novembre 2006

Chimères ; Nuala O'Faolain

2264040785

Edition 10/18 ; 541 pages.
10 euros.

"A vingt ans, Kathleen quitte sa terre natale sans se retourner. Croyant se libérer d'une Irlande qui peut briser les femmes et les enterrer vives sous le poids des traditions, elle rejoint Londres pour mener sa vie d'adulte du côté du vainqueur. Jusqu'au jour où, devenue journaliste, elle rentre au pays enquêter sur un scandale qui ne cesse de la fasciner: la liaison entre une aristocrate anglaise et son palefrenier irlandais au temps de la famine. Une passion folle, symbole de la revanche sociale de tout un peuple, qui ne tarde pas à se muer en questionnement sur le désir, l'exil, l'identité, la vérité..."

Après avoir acheté ce livre sur un coup de tête, je me suis dis que je ne le lirais pas, que ce n'était pas du tout le genre de lectures qui me plaît. Et puis, sans trop savoir pourquoi, j'ai fini par le choisir, sur ma PAL, où il y avait pourtant des titres beaucoup plus alléchants selon moi. A ma grande surprise, j'ai aimé le début du livre. Puis, il m'a mise mal à l'aise, trop de questionnements, trop de "vraie" vie, pas assez enjoué, pas du tout même. Au bout de quinze jours, je l'ai repris, et là j'ai vraiment accroché. Dans ce livre, nous avons de l'histoire, celle passionante de l'Irlande, une critique de la société irlandaise, mais aussi une présentation de son identité. Pas mal de psychologie dans ce livre, notre héroïne incarne à la fois une Irlandaise qui ne peut renier ses racines, une historienne, et une femme qui se retourne sur sa vie et qui désire trouver ce qui n'a pas fonctionné, et surtout se réconcilier avec tout ce qu'elle incarne. Elle est intelligente, mais peut-être trop innocente, tout comme cette Marianne Talbot qu'elle étudie, ou plutôt qu'elle imagine comme une femme qu'elle parvient à cerner et à comprendre. Car à travers cette anglaise déracinée, c'est surtout elle-même que Kathleen voit.
C'est un formidable voyage à travers l'Irlande, l'Histoire et les sentiments que nous livre Nuala O'Faolain. Un livre très complet, plein de mélancolie, mais qui fait réfléchir. Voir aussi l'avis de Maeve.

"Il faut que je demande à Nora d'interroger son psy - si quelqu'un n'a pas été aimé par sa mère, alors, d'après ce que tout le monde dit, cet individu passe sa vie à rechercher l'amour. Mais, est-ce qu'il le pense sincèrement ? Est-ce qu'il a réellement envie d'être aimé ? Ou est-il forcé de tout faire ou presque pour inciter ceux qui l'ont aimé à ne plus l'aimer ? Afin de pouvoir retourner à son état premier - l'état de ne pas être aimé ? "

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