Orgueil et Préjugés ; Réalisé par Simon Langton
Après vous avoir parlé du roman de Jane Austen, j'ai décidé de vous faire partager mon avis sur les (nombreuses) adaptations qui ont été réalisées. On commence par ma préférée, qui est sans doute la plus connue.
Diffusée en 1995 sur la BBC, chaîne productrice, cette mini-série de cinq heures a rencontré un véritable triomphe. Tout était réuni pour faire une adaptation réussie.
Tout d'abord, le choix des acteurs. Colin Firth est imbattable en gentleman aussi élégant que fier et hautain.
Il possède le style idéal pour se faire à la fois haïr et respecter par la "vive et ironique" Elizabeth Bennet. C'est aussi avec cette adaptation qu'est né le "mythe de la chemise mouillée". Comme je suis très gentille, je vous offre un aperçu : (esprits sensibles, s'abtenir)
Elizabeth Bennet est jouée par Jennifer Ehle, qui parvient à transcrire avec beaucoup de justesse le mépris profond mais toujours contrôlé (en public du moins) que lui inspire Mr Darcy. C'est une jeune fille vive, et intelligente, traits de caractère que l'on lit sans difficulté dans les yeux de l'actrice qui interprète Lizzie.
En ce qui concerne les acteurs secondaires, Jane Bennet est interprétée avec toute la douceur et l'indulgence du livre. Quant à son soupirant, Mr Bingley, il possède tout le charme, la distinction et la gentillesse timide du personnage du livre.
Mr Bennet est admirablement interprété par Benjamin Whitrow. Il possède tout le détachement et toute l'ironie du personnage de Mr Bennet. Chacune de ses phrases est percutante, et il nous fait beaucoup rire. Notamment lorsqu'il se moque de sa femme, laquelle est extrêmement agaçante. Peut-être un peu trop parfois, mais la caricature est très présente chez Jane Austen. On pourrait dire des choses assez semblables de Mr Collins, qui a tout de l'homme repoussant et embarrassant dans chacun de ses gestes, et chacune de ses paroles, et des trois plus jeunes filles Bennet, qui ont également l'art de se donner en spectacle.
Les seuls personnages que je ne trouve pas parfaits sont Georges Wickham et Lady Catherine. Le premier a tout de suite l'air d'être un menteur. Certes, Elizabeth est facilement dupée par lui en raison de son aversion pour Mr Darcy, mais le spectateur n'est pas pris par surprise lorsqu'il découvre la personnalité de l'officier, ce qui est assez dommage. En ce qui concerne Lady Catherine, elle a un aspect beaucoup trop caricatural. La mettre sur une sorte de trône n'était peut-être pas nécessaire. Mais son interprétation de ce personnage capricieux, colérique et bouffi d'orgueil est tout de même appréciable.
Les décors ont été très bien choisis. Les Bennet ne sont pas pauvres, leur père est quelqu'un de très respectable, il n'est seulement pas en mesure de transmettre ses biens à ses filles. L'amour de la nature d'Elizabeth transparaît bien, on a un magnifique panorama de la campagne anglaise dans ce téléfilm. Et quel meilleur choix que Lyme Park pour Pemberley ? Les grandes demeures anglaises ont toutes un charme incontestable, mais celle-ci est d'une élégance remarquable.
Il y a dans cette adaptation un respect très grand à l'égard de l'oeuvre de Jane Austen. Les dialogues sont repris pour beaucoup, les scènes ajoutées ne le sont que pour mettre en évidence certains aspects du livre (la scène où Elizabeth joue du piano sert à montrer l'évolution de la relation entre Mr Darcy et Elizabeth, par exemple). La musique nous plonge de façon délicieuse dans l'ambiance du livre. Vous l'aurez deviné, je suis totalement conquise par cette adaptation.
Avec Colin Firth (Fitzwilliam Darcy), Jennifer Ehle (Elizabeth Bennet), Crispin Bonham-Carter (Charles Bingley), David Bamber (Mr Collins), Anna Chancellor (Caroline Bingley), Alison Steadman (Mrs Bennet), Susannah Harker (Jane Bennet), Barbara Leigh Hunt (Catherine de Burgh), Adrian Lukis (George Wickham), Julia Sawalha (Lydia Bennet), Benjamin Witrow(Mr Bennet).
1995.
Une rubrique un peu spéciale dans mon monde de livres...
Certains des livres que je vous présente, notamment les "classiques", ont fait l'objet d'adaptations pour la télévision ou le cinéma. Cela permet de faire découvrir notre patrimoine littéraire à ceux qui n'ont pas toujours le temps ou l'envie de lire. Mais cela a aussi un autre intérêt, celui de confronter notre propre interprétation et représentation d'un livre avec celles des réalisateurs et des spectateurs. Le choix des acteurs, des dialogues, des costumes, de la musique sont très intéressants à étudier.
Vous verrez que je peux être très virulente lorsque je considère que l'on a écorché un de mes livres préférés... J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, et que vous argumenterez pour me faire apprécier davantage ces adaptations que je considère malheureuses.
Les combustibles ; Amélie Nothomb
"La ville est assiégée. Dans l'appartement du Professeur, où se sont réfugiés son assistant et Marina, l'étudiante, un seul combustible permet de lutter contre le froid : les livres...
Tout le monde a répondu une fois dans sa vie à la question : quel livre emporteriez vous sur une île déserte ? Dans ce huit clos cerné par les bombes et les tirs de snipers, l'étincelante romancière du Sabotage amoureux pose à ses personnages une question perverse : quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu'on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ? "
Lorsque l'on apprécie beaucoup la littérature, on ne peut que se jeter sur un livre qui se résume ainsi. Très vite, on entre dans le jeu de l'auteur, en se demandant quel serait le premier de nos livres que l'on offrirait aux flammes. Ce livre est extrêmement court, si bien qu'il donne une impression de bâclage, notamment sur la fin. Cependant, j'ai bien aimé cette lecture, comme tous les autres Nothomb que j'ai lus. On y retrouve son humour plein de cynisme, ses héros, une nouvelle fois terriblement humains...
Après ma lecture, j'ai parcouru les rayons de ma bibliothèque, et j'ai choisi que Nietzsche serait la première de mes victimes, si une situation extrême se présentait. Je n'ai jamais compris la moindre ligne de cet auteur, ainsi me serait-il sans doute beaucoup plus utile comme combustible... Et vous ?
La tour des demoiselles ; Frédéric H. Fajardie
"1780... Il est beau, romantique, courageux et de haute noblesse : Joachim Valencey d'Adana. Sur sa mythique frégate qui terrorise les Anglais, il combat aux cotés des Américains en lutte pour leur indépendance. Depuis l'enfance, il partage un amour hélas platonique avec Victoire, émouvante jeune femme qui habite le château voisin. Bref, il a tout... mais tous sont contre lui ! Le roi d'Angleterre mais aussi Louis XVI, jaloux de sa gloire, la Royal Navy au grand complet, des tueurs, des traîtres et des espions, une soif d'absolu qui le paralyse face à celle qu'il aime, sans oublier un être monstrueux mi-homme mi-sanglier qui tue tous ceux qu'il aime. Mais son principal ennemi n'est-il pas lui-même ? "
Moi qui n'aime pas les romans historiques et qui ne court pas après ceux de cape et d'épée, d'ordinaire, j'ai lu ce livre en trois jours. C'est bien écrit, on ne s'ennuie pas une seule seconde. Même les apparitions de personnages très célèbres, comme Robespierre ou Louis XVI, bien qu'assez maladroites, ne sont pas gênantes, grâce à leur brièveté. Le héros, Joachim, est cultivé, courageux, et représente à la fois toute la noblesse d'Ancien Régime par ses principes chevaleresques et un futur révolutionnaire acharné, par ses idées universalistes. Il est extrêmement attachant, tout comme Victoire, sa bien-aimée au touchant zozotement, et Mahé, son frère de coeur, qui le console de tous ses chagrins et qui l'aide à ne pas trop se perdre. Même Gréville, le chef de la police secrète, possède un côté attendrissant. Nous voguons sur les mers avec Joachim, nous partageons ses doutes, ses craintes, ses espérances. Je me suis reconnue dans cet homme tourmenté par son passé, qui ne parvient pas à vivre sereinement sa vie Il la fuit en mer, prenant ainsi le risque d'y être tué, et de ne pas connaître le bonheur qui l'attend.
Un second tome existe, La lanterne des morts. Ce livre a lieu pendant la Révolution, et c'est avec grand plaisir que l'on retrouve Joachim, comte de Valencey et prince d'Adana...
Raison et Sentiments ; Jane Austen
"Raison et sentiments sont joués par deux sueurs, Elinor et Marianne Dashwood. Elinor représente la raison, Marianne le sentiment. La raison a raison de l'imprudence du sentiment, que la trahison du beau et lâche Willoughby, dernier séducteur du XVIIIè siècle, rendra raisonnable à la fin. Mais que Marianne est belle quand elle tombe dans les collines, un jour de pluie et de vent."
Je ne résiste pas, et je vous mets encore un livre de Jane Austen. C'est peut-être le livre de cette romancière qui insiste le plus sur le comportement amoureux. On a deux soeurs éperdument amoureuses, chacune d'un homme à son image, mais si l'une clame son amour sans aucune retenue, l'autre craint la deception, et préfère ne pas se réjouir trop tôt. On est vite plein de tendresse pour Elinor, et d'agaçement pour Marianne (surtout si, comme moi, on aprécie le pauvre colonel Brandon). Une fois encore, Jane Austen critique ouvertement la société dans laquelle elle vit, qui n'est qu'hypocisie et avarice, et ne donne de bonheur qu'aux personnes qui en sont dignes, selon elle. De Barton Cottage à Londres, on suit la vie de ces deux soeurs au destin peu commun, pleines de sincérité et d'innocence dans une société où les loups sont innombrables et les promesses de bonheur bien fragiles...
Ce livre est aussi une parodie de l'héroïne romantique, à travers le personnage exalté de Marianne, qui se jette dans ses rêves sans se poser la moindre question. En cela, je trouve que Jane Austen, pourtant très jeune lors de l'écriture de ce livre, impressionnante de lucidité et d'intelligence.
Pour compléter la lecture de ce merveilleux livre, je vous conseille le film éponyme de Ang Lee, avec Kate Winslet et Emma Thomson, qui est une très belle adaptation.
L'avis de Morwenna.
Ce crétin de prince charmant ; Agathe Hochberg
"Une chose est sûre : le chevalier servant n'existe pas ! Beau parleur, mesquin, égoïste, obsédé, irresponsable, voire désespérément immature, le mâle du XXIe siècle pencherait plutôt du côté " odieux crapaud ", avec tout ce qu'il faut de ridicule et de veulerie affichée. Et ce n'est ni Ariane, jeune Parisienne branchée, mariée " par intérim " à un jeune loup de la finance aussi agaçant qu'absent, ni Justine, charmante célibataire juive new-yorkaise adepte des cuites au saké et névrosée de première, qui vous diront le contraire. La preuve, les innombrables et irrésistibles mails que nos deux trentenaires délaissées - et déchaînées - ont décidé de s'envoyer le temps d'un jeu de massacre transatlantique à la fois acerbe et drolatique..."
Entre deux classiques, on peut bien offrir à nos neurones un grand moment de détente, pour déguster les piques que nos deux compères envoient à la gent masculine, ainsi qu'aux femmes forcément prétentieuses, stupides, hypocrites et dôtées de pieds très moches qu'elles détestent. Une leçon à retenir de toute cette histoire, c'est que l'on trouve toujours le moyen de se plaindre de sa situation, et que l'on prend un malin plaisir à ne pas voir que l'on est heureux (il n'est pas si mal ce Vincent après tout). De très bons moments de rigolade, malgré une fin étrangement ficelée (j'avoue l'avoir relue plusieurs fois sans vraiment comprendre où Agathe Hochberg voulait en venir...).
Lady Susan ; Jane Austen
"Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui veut s'amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question..."
Ce court roman est écrit sous forme de lettres, et son héroïne est parfaitement haïssable, ce qui est très surprenant, à première vue, pour un roman de Jane Austen. Pourtant, je ne l'ai pas trouvé très différent des autres livres de cette auteure, à ma grande surprise. On y trouve toujours ce sujet récurrent qu'est le mariage pour une femme "pauvre", ainsi que cet humour piquant caractéristique de Jane Austen.
Très vite, on comprend quel genre de femme est Lady Susan, et on se met à plaindre cette pauvre Mme Vernon, qui assiste impuissante à la chute de son frère dans les filets de la personne qui a causé bien du tort, à elle mais aussi à beaucoup d'autres personnes. Lady Susan a quelque chose d'extrêment agaçant, ses manières élégantes et détachées, qui la font passer pour la personne la plus distinguée du monde. Et le lecteur, qui lit ses lettres, découvre avec toujours plus d'effroi l'hypocrisie de cette femme qui ne pense qu'à elle, et adopte une attitude épouvantable à l'égard de sa propre fille. On se met alors à espérer pour elle une triste fin, et pour ceux qui ont eu le malheur de la connaître, qu'ils s'en remettent du mieux possible.
Monster ; Naoki Uraswa
En 1986, à Düsseldorf, en Allemagne, le prometteur Docteur Tenma sauve la vie d'un enfant. Ce dernier est arrivé avec une balle dans la tête, ses parents ont été assassinés, et sa soeur jumelle est en état de choc, incapable de parler. Après une série de meurtres inexpliqués, pour laquelle le Docteur Tenma est suspectée les deux jumeaux s'évaporent dans la nature.
Dix ans plus tard, la route du Docteur Tenma croise une nouvelle fois celle de Johann Liebert, l'enfant qu'il a sauvé. Celui-ci est devenu "Monster", un être sans âme avec un visage d'ange. A ce même moment, la police décide d'arrêter Tenma pour les meurtres qui avaient eu lieu à l'hôpital dix ans auparavant. Celui-ci ne peut se résigner à se rendre à la justice. Il se sent coupable d'avoir sauvé Johann, et se lance à sa poursuite. Comment Johann est-il devenu un être aussi machiavélique ? Qu'est devenue sa soeur ? Quelles horreurs le régime totalitaire d'Allemagne de l'est a t-il commises ? A moins que ce ne soit à Prague que se trouve la réponse à toutes ces questions.
Je n'aime pas du tout les mangas, d'ordinaire. Un soir, je suis tombée par hasard sur la série télévisée qui a été adaptée de celui-ci. C'est vraiment très prenant. L'histoire est très bien ficelée, pleine de rebondissements. Naoki Urasawa s'est extrêmement bien documenté sur l'Allemagne, et s'appuie sur les zones d'ombre de l'histoire de l'Europe de l'est pour nous entraîner dans cette aventure époustouflante.
La Tournante ; Elisa Brune
"Marion, jeune Parisienne de quatorze ans, a disparu, et personne ne comprend pourquoi. Marion a un secret : elle participe à des tournantes depuis de longs mois. D'abord attirée par le goût du soufre, elle a vite décidé d'arrêter, choquée par la brutalité de ses agresseurs cagoulés. Mais on n'arrête pas si facilement les tournantes..."
A travers les points de vue des différents personnages de l'histoire, Elisa Brune évoque ce phénomène de société que sont devenues les tournantes. Une jeune fille, bien sous tous rapports, à première vue, en qui tout le monde a confiance, se laisse entraîner dans l'enfer des tournantes, sans doute lassée de sa petite vie parfaite de fille populaire, bonne élève, et ayant de bons rapports avec ses parents. On découvre des parents totalement inconscients de la double vie de leur fille, qui n'arrivent pas à faire face au drame qu'elle vit. Marion, bien qu'elle ait décidé de ne plus participer aux tournantes, ne peut se résigner à dénoncer ses agresseurs. C'est ce que l'on appelle la loi du silence. Celle-ci est présente dans tout le livre. La plupart des gens qui fréquentent Marion ont une idée de l'identité de ses violeurs. Pourtant, aucun ne parle. Par peur. Pour ne pas se mêler de ce qui ne les concerne pas directement. Ou sans trop savoir pourquoi, peut-être pour faire comme tout le monde. Mais toutes les victimes n'ont pas la force de Marion, et elles auraient bien besoin d'aide...
Elisa Brune parle de façon très crue, afin que le message qu'elle veut faire passer soit clair. La dénonciation des tournantes, de la loi du silence, du manque de respect à l'égard des jeunes filles ou des femmes, par certains hommes, est très claire. Le gros défaut de ce livre est peut être d'avoir poussé à l'extrême la détresse des parents. Leur réaction, surtout celle du père, est caricaturale. Certes, beaucoup de choses dans leur couple sont remises en cause après la découverte des viols de Marion. Mais il n'était peut-être pas nécessaire de les développer autant. On a l'impression qu'Eliza Brune a voulu traiter de deux choses en même temps, et qu'elle en a été un peu dépassée. Faire en 186 pages le réçit de la vie de Marion pendant les tournantes, puis celui d'après les tournantes, mais aussi de la réaction de la tante, des problèmes de couple des parents, c'était un défi difficile à relever. Trop difficile pour Elisa Brune, qui a quand même le mérite d'attirer notre attention sur une réalité contemporaine.
Les vestiges du jour ; Kazuo Ishiguro
"Le vieux majordome Stevens a passé sa vie à servir les autres, métier dont il s'acquitte avec plaisir et fierté. C'est un homme qui se croit heureux, jusqu'à ce voyage qu'il entreprend vers Miss Kenton, l'ancienne gouvernante du château, la femme qu'il aurait pu aimer s'il avait su ouvrir ses yeux et son cœur... "
A travers le réçit de la vie d'un majordome, Kazuo Ishiguro nous emmène dans l'Angleterre de l'entre-deux guerres, lorsque le Traité de Versailles est remis en cause, que le nazisme fait son apparition, puis de l'après-guerre, lorsque la société anglaise désigne ses traîtres, pour surmonter la traumatisme de la période hitlérienne, et que le continent américain prend le pas sur la "Vieille Europe".
On peut penser que le récit d'un majordome anglais, qui ne cesse de nous démontrer à quel point il a toujours rempli sa tâche avec "dignité", est à coup sûr rébarbatif à en mourir. Or, ce n'est pas du tout le cas. On le suit dans les anecdotes qu'il nous conte, sans réelle pudeur. Celles qui parlent de Miss Kenton, cette femme qui l'a aimé avant de se lasser de son indifférence, tout comme celles qui évoquent Lord Darlington, son maître trente ans durant, qu'il a servit aveuglément, dans le seul souci de bien faire son métier. Une vie entièrement tournée vers sa profession, voilà le bilan qu'il peut tirer. Il aurait pu aimer Miss Kenton, tenter de sauver Lord Darlington de la tentation nazie.
Mais à la politique comme à l'amour, Mr Stevens a toujours donné la même réponse : "Je le regrette beaucoup [...], mais je ne suis pas en mesure de vous aider sur cette question."