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lilly et ses livres

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4 décembre 2006

Ophélie ; Arthur Rimbaud

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John Everett Millais ; Ophélie

I

" Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

II

Ô pâle Ophélia ! Belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'infini terrible effara ton oeil bleu !

III

- Et le poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. "

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2 décembre 2006

Un chant de Noël ; Charles Dickens

2070519740Gallimard-Jeunesse ; 146 pages.
5 euros.

"Oh! qu'il est mauvais, qu'il est triste et repoussant, le vieux Scrooge le froid l'habite, pince son nez, frippe sa joue, joue, rend sa démarche raide, sa voix grinçante. Un glaçon. Un vrai glaçon dur et tranchant... Même les chiens d'aveugle détournent leurs maîtres du vieillard...

Mais c'est Noël! Un jour de fête, de charité, de joie. Allumons la flambée, sortons les dindes, le gibier. la charcuterie, les châtaignes grillées, les juteuses oranges... mangeons, dansons, rions! Une fois n'est pas coutume! Et la vie est si dure...

Sornettes! s'exclame le vieux Scrooge dans son appartement lugubre. En prison les pauvres! Au diable les amoureux! Mais le vieil avare ne sait pas ce qui l'attend... Tremble vieillard aigri! Fantômes et spectres sont venus te chercher. L'heure a sonné. La nuit s'annonce terrible en vérité. Pourtant, si tu veux... "

J'adore Noël, et je voulais découvrir Charles Dickens. Alors, quand Anne a présenté ce livre, je me suis dit qu'il ne fallait pas laisser passer l'occasion. Quelle merveilleux petit livre ! Ceux qui aiment Noël sauront encore une fois pourquoi cette fête a une place particulière pour eux, et ceux qui n'aiment pas pourront trouver une opportunité de se réconcilier avec Noël, et oublier le tort que la société de consommation lui a fait.
Ce petit livre est assez court, drôle, et en même temps grave. Mais surtout, j'ai trouvé que l'on ressentait très bien l'atmosphère chaleureuse propre à Noël, cette envie de partager un moment de joie, d'oublier ses soucis. On a envie de se blottir au coin du feu, d'installer ses guirlandes, d'allumer des bougies et d'écouter des chants de Noël...

Je vous mets le lien qu'a donné Anne vers Un chant de Noël ici. Et pour ceux qui sont intéressés par la littérature autour de Noël, allez voir le dossier d'Allie.

28 novembre 2006

Vie et mort de la jeune fille blonde ; Philippe Jaenada

2253117307Edition Le Livre de Poche ; 219 pages.
5,50 euros.

"Eternel adolescent trentenaire, le narrateur promène son vague à l'âme de bistros en dîners mondains. C'est chez Alice et Paul, des hôtes fortunés et alcooliques, qu'il entend parler un soir de Céline, leur fille toxicomane et probablement prostituée. Et si elle n'était autre que la Lolita décomplexée qui l'a jadis initié aux plaisirs du sexe ? Dès lors, il n'a plus qu'une idée en tête : se lancer à la recherche de Céline. Comme si, malgré le temps passé, la nostalgie, la déchéance, il allait pouvoir retrouver, en même temps que le souvenir lumineux de sa jeunesse, un sens à sa vie."

Au moins, ce livre m'aura appris que les larmes de crocodile ne sont pas des grosses larmes, mais des fausses larmes... Non, parce que là, j'ai vraiment l'impression d'avoir lu un livre sans contenu. Le style est vraiment désagréable, beaucoup de parenthèses, ce qui rend parfois la lecture difficile. J'ai cherché ce livre dans plusieurs librairies, parce que la couverture et le titre me plaisaient. Le résumé aussi était prometteur, je pensais lire un ouvrage qui me plongerait dans le monde de cette "Céline", qui m'expliquerait ce qui s'est passé, enfin bon, je ne sais plus trop à quoi je m'attendais, mais certainement pas à ça. J'ai l'impression que l'auteur a pris un prétexte quelconque pour nous raconter en détails des scènes de sexe plutôt pimentées et gratuites. Pour ceux qui me trouveraient puritaine, ce genre de chose ne me choque pas quand il sert un contenu. Là, si je n'ai pas vu passer le temps, si j'ai lu ce livre à une allure assez impressionnante, c'est uniquement parce que c'est du langage parlé qui est employé, parce que c'est écrit gros, et surtout parce que ce livre est totalement vide de fond. Ou alors c'est trop subtile pour moi (dans ce cas, je veux bien que l'on m'explique). Je sais que c'est un peu lapidaire, mais là j'avoue que je n'ai vraiment rien retiré de cette lecture...

Comme je ne suis pas la science infuse et que je ne vous donne que mon humble avis, je vous met un lien vers l'avis beaucoup plus positif que j'ai trouvé sur un autre blog, ici. Voir aussi la critique (toujours positive) de Tamara.

27 novembre 2006

Demain, dès l'aube... Victor Hugo

Aujourd'hui, je vous mets le très célèbre et superbe poème de Victor Hugo, Demain, dès l'aube... C'est l'un des poèmes écrits pour sa fille Léopoldine, morte prématurément.
Pour la photo, n'ayant pas de photo d'Harfleur, je vous mets Etretat, l'une des plus jolies villes de la côte normande que je connaisse...

etretat

"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur."

Extrait de Les Contemplations ; Victor Hugo.

26 novembre 2006

Pour les pannes sèches...

En allant sur le blog de Jules, j'ai trouvé un lien vers un site formidable, qui nous donne des listes de livres incontournables de la littérature de toutes les régions du monde (donc l'Espagne pour toi Lulu...), mais aussi des listes de livres classés par genre littéraire. Idéal pour les moments de détresse où l'on ne trouve plus de titre qui nous plaise. Merci Jules !

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24 novembre 2006

Le joueur d'échecs ; Stefan Zweig

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Edition Le Livre de Poche ; 94 pages.
2,75 euros.

"Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d'échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d'échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire... Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s'est donné la mort l'année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d'homme et d'écrivain. Le joueur d'échecs est une confession à peine déguisée de cette désespérance."

La première fois que j'ai lu ce livre, je devais avoir quatorze ans, et j'ai été bouleversée. Il n'y a pas de violence physique dans ce livre, ce qui le différencie de presque tout ce qui a été écrit sur le nazisme. Et pourtant, on est peut-être davantage choqué par Le joueur d'échecs que par tout le reste. Parce que Zweig, avec ce livre, va au plus profond, au plus noir de la nature humaine. Celle-ci n'a aucune limite lorsqu'il s'agit de faire du mal. L'histoire débute sur un bateau, où se trouve un champion d'échecs, ce qui oriente les activités des passagers vers ce jeu. A un moment, un homme intervient. Il joue extrêmement bien aux échecs, pour une raison que Stefan Zweig se met à nous exposer. Après l'arrivée des nazis au pouvoir, cet homme a été arrêté. Il est simplement enfermé dans une pièce, sans même recevoir de coups. Pourtant, la torture psychologique qu'il subit est insoutenable, et va peu à peu le rendre fou. Il n'a absolument rien à faire de son temps, ses seuls contacts avec l'extérieur sont les interrogatoires auxquels il est soumis. Un jour, il parvient à dérober un livre. Quand il s'aperçoit qu'il s'agit d'un manuel sur les échecs, il est déçu, mais doit s'en contenter. Mais ce qu'il avait trouvé comme échappatoire va être un moyen encore plus fort de le torturer.
Quand Stefan Zweig a écrit ce livre, la Deuxième Guerre mondiale n'était pas encore finie, elle atteignait même le sommet de l'horreur. Ceci est peut-être la raison pour laquelle le personnage de son histoire s'en sort. Imaginer la barbarie nazie avec seulement des intuitions, c'est impossible même pour un génie comme Zweig. Ou alors, il a quand même voulu laisser un espoir à l'Humanité, même si lui-même a laissé tomber.

23 novembre 2006

Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part ; Anna Gavalda

2290311782Edition J'ai Lu ; 156 pages.
4,50 euros.

"Les personnages de ces douze nouvelles sont pleins d'espoirs futiles, ou de désespoir grave. Ils ne cherchent pas à changer le monde. Quoi qu'il leur arrive, ils n'ont rien à prouver. Ils ne sont pas héroïques. Simplement humains. On les croise tous les jours sans leur prêter attention, sans se rendre compte de la charge d'émotion qu'ils transportent et que révèle tout à coup la plume si juste d'Anna Gavalda. En pointant sur eux ce projecteur, elle éclaire par ricochet nos propres existences."

Après Ensemble, c'est tout, j'avais très envie de lire un autre livre de Anna Gavalda. J'espérais découvrir de nouveaux personnages humains, attachants, dans lesquels je pourrait me retrouver, un peu. Les premières nouvelles m'ont fait craindre une déception. Puis, j'ai pris le rythme, et j'ai vraiment aimé ce recueil. Certes, il s'agit bien à nouveau de personnages un peu "cabossés", mais on ne se lasse pas quand c'est Anna Gavalda. Chaque héros de quelques pages, je lui ai donné ma sympathie (je sais, ils n'existent pas, mais c'est plus fort que moi...), j'ai eu envie que les choses s'arrangent pour lui, ou pour eux, quand il y avait plusieurs points de vue exprimés. A noter que certaines nouvelles sont assez "crues". J'ai pu lire que certains trouvaient le vocabulaire employé trop familier, pour ma part je trouve qu'il donne un caractère plus vraisemblable aux réçits du recueil.
A lire dans le bus, dans un parc, dans un café ou tout simplement chez soi, bon moment garanti !

22 novembre 2006

La fascination du pire ; Florian Zeller

41tZ9AHkQ5LEdition J'ai Lu ; 155 pages.
5,30 euros.

"Un jeune écrivain est invité par l'ambassade de France au Caire pour donner une conférence. Une proposition qui prend une autre dimension à la lecture des lettres égyptiennes de Flaubert : "J'ai baisé des filles de Nubie qui avaient des colliers de piastres d'or leur descendant jusque sur les cuisses, et qui portaient sur leur ventre noir des ceintures de perles de couleur." L'Égypte d'aujourd'hui ressemble-t-elle à l'Orient de Flaubert ? La sensualité orientale se dévoile-t-elle toujours dans les bas-fonds du Caire ? Comment conjuguer islam et sexualité ? Voilà ce que va essayer de découvrir le narrateur de ce livre contemporain, où les rumeurs du monde d'aujourd'hui croisent les fantômes des voyageurs littéraires d'autrefois. L'occasion de réfléchir sur la frustration sexuelle de l'Orient comme de l'Occident..."

Cela faisait un moment que je me disais qu'il fallait lire un livre de Florian Zeller, et j'ai été très agréablement surprise. D'ordinaire, les livres qui traitent de problèmes de société ont tendance à m'endormir, j'ai l'impression qu'on en parle trop, et que de ce fait, on a tendance à renforcer les tensions. Or, là, il m'a fallu un seul chapitre pour m'habituer à l'écriture de Florian Zeller, avant de lire le roman d'une traite (je sais, ce n'est pas bien long).
Dans ce roman (oui, il ne s'agit pas d'un essai ! ), il est question de l'hypocrisie des religions et des sociétés qui les pratiquent ou les ont pratiquées en Orient comme en Occident, de la place faite aux femmes dans l'Islam ainsi que du rapport de cette religion avec la liberté d'expression. Que peut-on dire sur cette religion ? Est-ce qu'il est normal de se taire pour ne pas risquer de s'attirer les foudres du monde musulman, ou doit-on au contraire ne pas traiter l'Islam différemment des autres religions ? Mais dans le cas où l'on se permet d'évoquer l'Islam, encore faut-il ne pas se laisser tenter par les arguments réducteurs.
Toutes ces questions sont suggérées au lecteur de façon très plaisante, ce qui nous amène à réfléchir sans se lasser trop vite. Je ne pourrais pas vous dire si le rapprochement fait entre Zeller et Houellebecq est pertinent, je n'ai jamais rien lu de ce dernier. Mais si sa plume est aussi agréable que celle de Florian Zeller, je veux bien me laisser tenter.

20 novembre 2006

Je me souviens de la bohême ; Francis Carco

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Aujourd'hui, j'ai envie de partager avec vous ce petit poème que j'avais recopié sur un cahier quand j'étais au lycée. J'espère ne pas avoir fait de fautes...

"Je me souviens de la bohême,
De mes amours de ce temps là !
Ô mes amours j'ai trop de peine
Quand refleurissent les lilas...
Qu'est-ce que c'est que cette antienne ?
Qu'est-ce que c'est que cet air là ?
Ô mes amours, j'ai trop de peine...
Le temps n'est plus de la bohême.
Au diable soient tous les lilas !
Il pleut dans le petit jour blême.
Il pleut, nous n'irons plus au bois.
Toutes les amours sont les mêmes,
Les morts ne ressuscitent pas.
Un vieil orgue, comme autrefois,
                                              Moud, essoufflé, "la Marjolaine".
                                              Ô mes amours de ce temps-là.
                                              Jamais les mortes ne reviennent.
                                              Elles dorment sous les lilas
                                              Où les oiseaux chantent ma peine.
                                              Sous les lilas qu'on a mis là...
                                              Les jours s'en vont et les semaines :
                                              Ô mes amours, priez pour moi."

Extrait de Mortefontaine ; Francis Carco.

19 novembre 2006

Comme une vallée de larmes ; Robert Morgan

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Edition Le Livre de Poche ; 406 pages.
6,95 euros.

"Lorsque Julie Harmon quitte sa ferme des Appalaches, elle n'a que 17 ans. Elle a déjà vu son petit frère mourir dans ses bras, soigné son père et assisté, impuissante, à sa fin. Il lui reste sa mère et ses trois soeurs pour s'occuper de la ferme mais, depuis l'enfance, c'est elle qui fait marcher la maison. Quand elle rencontre Hank, elle tombe aussitôt amoureuse de lui : il est beau, il a de larges épaules, il est fort et saura l'aimer. Car, pour subsister dans un monde qui ne leur épargnera aucune souffrance, seul l'amour pourra les préserver du chaos et de la folie... Avec Julie Harmon, Robert Morgan a créé un superbe personnage de femme."

Ce livre est un nouveau coup de coeur. Je ne lis pratiquement jamais d'histoires comme celle-ci, mais là j'ai énormément aimé le dépaysement procuré par ce livre. On a l'impression d'être dans les Appalaches avec Julie et Hank, on entend le vent souffler dans les arbres, on voit la grange à côté de la rivière. Julie et Hank ont une vie très dure, Hank est parfois vraiment horrible avec sa femme, mais ces deux-là on une volonté de fer, et malgré tout, on sent qu'ils s'aiment. C'est l'histoire de deux enfants qui tombent amoureux et qui pensent que tout va aller pour le mieux. C'est aussi celle de deux être aux mentalités très éloignées de la nôtre, et dont les préoccupations sont beaucoup moins superficielles que les nôtres. Les pages défilent sans qu'on s'en aperçoivent, et à la fin du livre, j'ai ressenti la même résignation que Hank et Julie, le même espoir ou plutôt la même certitude que quoi qu'il arrive, tout irait bien ou pas trop mal.

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