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lilly et ses livres

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2 février 2007

Jane Austen ; Carol Shields

2762123720Fides ; 234 pages.

Lettre S Challenge ABC 2007 :

" La grande romancière canadienne, Carol Shields, retrace le parcours fascinant d'une femme dont les œuvres continuent de séduire des générations de lecteurs depuis plus de deux cents ans. Shields suit Jane Austen depuis son enfance au presbytère de Steventon jusqu'à ses derniers moments à Winchester; elle se penche sur ses relations familiales, ses liens privilégiés avec sa sœur Cassandra, ses amitiés, ses espoirs matrimoniaux déçus. Au fil des pages, elle révèle aussi bien la femme privée que l'écrivain de génie, l'auteur de classiques tels Le cœur et la raison, Orgueil et préjugé et Emma. Ponctué des fines observations d'une romancière chevronnée sur le processus créatif, ce magistral portrait de Jane Austen constitue également une réflexion sur la façon dont naissent les grandes œuvres. "

Vous en avez marre que je vous parle de Jane Austen ? Tant pis, je continue. De toute façon, j'ai un esprit de contradiction particulièrement développé... En plus, je n'avais vraiment pas le choix, c'était pour mon challenge...
C'est donc sous la contrainte et pour vous embêter que j'ai adoré cette biographie de l'une de mes romancières favorites. J'ai déjà lu il y a quelques temps la biographie de Claire Tomalin, pourtant il y a peu de similitudes entre les deux ouvrages. En effet, Claire Tomalin nous parlait essentiellement de la vie de Jane Austen à travers son entourage. La taille de son livre lui permettait également de faire davantage de digressions et d'analyses historiques que la biographie de Carol Shields, qui a été publiée chez Fidès (qui, si j'en crois ce que j'ai pu constater édite des biographies assez courtes). Elle se concentre donc presque exclusivement à Jane Austen. Elle s'appuie sur une analyse assez importante des oeuvres de Jane Austen afin de déterminer les événements marquants de la vie de cette dernière, et ainsi toucher sa personnalité. Dans cette biographie, il est facile de sentir toute l'admiration que ressent Carol Shields pour Jane Austen. Elle développe beaucoup le besoin de liberté, la malice, également le côté féministe avant l'heure, la modernité de Jane Austen. L'auteur développe beaucoup ce qui lui plaît chez Jane Austen. On sent de l'amusement lorsqu'elle nous parle d'Emma, son roman favori. Certes, cela donne une dimension très subjective à l'ouvrage, mais cela ne signifie pas que ce livre manque de sérieux, cela permet surtout de créer une complicité entre l'auteur et le lecteur. J'ai trouvé que Carol Shields le faisait avec beaucoup d'élégance et de respect.

L'avis d'Allie.

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29 janvier 2007

Complainte du petit cheval blanc ; Paul Fort

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Cheval arrêté par des esclaves ou La course de chevaux libres ;
Théodore Géricault (1817)

Complainte du petit cheval blanc

Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage !
C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.

Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.

Mais toujours il était content, menant les gars du village,
à travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.

Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant.

Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage,
il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.

Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps ni derrière ni devant.

Paul Fort

Georges Brassens a mis ce poème en musique. Vous pouvez l'écouter ici.

28 janvier 2007

Eureka Street ; Robert McLiam Wilson

2264027754Édition 10/18 ; 544 pages.
8,50 euros.

" L'auteur de Ripley Bogle nous entraîne à Belfast, sa ville natale, pour un roman foisonnant, à la fois tragique et hilarant. Qu'a donc trouvé Chuckie Lurgan, gros protestant picoleur et pauvre, qui à trente ans vit toujours avec sa mère dans une maisonnette d'Eureka Street ? Une célébrité cocasse et quelques astuces légales mais immorales pour devenir riche. Que cherche donc son ami catholique Jake Jackson, orphelin mélancolique, ancien dur et coeur d'artichaut ? Le moyen de survivre et d'aimer dans une ville livrée à la violence terroriste aveugle. Et qu'a donc trouvé Peggy, la mère quinquagénaire de Chuckie ? Le bonheur, tout simplement, grâce à une forme d'amour prohibée, donc scandaleuse dans son quartier protestant. Et, pendant ce temps-là, un inconnu couvre les murs de Belfast d'un mystérieux graffiti : OTG, écrit-il, OTG. "

Attention, chef d'oeuvre. Robert Mac Liam Wilson nous plonge dans le Belfast d'il y a quelques années (si j'ai bien compté, ça se passe en 1994), avec ses tensions entre protestants et catholiques, républicains et unionistes. Ses héros, surtout Jake et Chuckie, se débrouillent comme ils peuvent au milieu de ces rues taguées des sigles des différentes organisations terroristes, parmi lesquelles le mystérieux OTG, et rythmées par les attentats. Ils sont un peu pommés au début, à la recherche d'un emploi paisible et lucratif. Ils attendent également l'amour, jusqu'à l'arrivée de Max, accompagnée de l'insupportable Aoirghe. Leur quotidien est raconté avec beaucoup d'humour pendant environ la moitié du livre. Il est fait de politique, de violence et d'amitié. Chuckie, le protestant d'Eureka Street (qui vénère une photo de lui et du pape) tombe amoureux de Max. Jake, quant à lui, rate tous ses coups ou presque, et possède un talent incroyable pour se faire tabasser. Il en arrive à sympathiser avec son chat (avec lequel il entretient une relation hilarante, surtout pour les "chatophobes" comme moi) et un gamin des rues, Roche. Ce livre au ton léger est un roman engagé politiquement. La première chose que l'on se demande lorsqu'on rencontre quelqu'un, c'est s'il est protestant ou catholique, républicain ou unioniste. On le juge en fonction. Jake est méprisé par Aoirghe, parce qu'il veut simplement qu'on lui fiche la paix. Elle, avec ses idéaux républicains, elle représente les excès catholiques. Les protestants ne sont pas épargnés non plus. Parce que les torts sont des deux côtés.
Le grand coup de maître de Robert McLiam Wilson est de savoir mesurer avec précision les attentes de son lecteur. Au milieu du livre, alors que l'on commence à se demander où l'auteur veut nous amener, nous avons la réponse.
Les descriptions de l'attentat de Fountain Street font froid dans le dos, et nous rappellent que les victimes sont des êtres humains, qui avaient des projets, des proches, et surtout l'envie de continuer à vivre. Lorsque l'on lit le chapitre relatant l'attentat de Fountain Street, on y voit toute la barbarie du monde, ceci d'autant plus que l'auteur adopte un ton détaché qui ne nous épargne rien. Les corps déchiquetés, les vies brisées, ça n'est pas excusable. Chacun a beau se brosser les dents une fois le soir venu, le monde ne sera plus jamais le même. Pourtant, l'esprit humain parvient à se faire à cette routine. Aujourd'hui, c'est en bref que les journaux télévisés nous disent que des dizaines de personnes meurent chaque jour en Irak dans des attentats. Nous sommes troublés quelques instants, puis nous pensons à autre chose. Il s'agit pourtant d'êtres humains, sacrifiés de façon totalement aléatoire au nom de principes vagues. Les terroristes justifient leurs actes en affirmant agir pour le bien de ceux qu'ils tuent. Dans ce livre, c'est la réalité qui est exposée, et elle n'est pas justifiable.
Pourtant, on peut éprouver de la sympathie pour les revendications de l'IRA. Mais le "La fin justifie les moyens" lancé par Aoirghe à Jake sonne davantage comme un manque d'arguments que comme une position assumée. D'ailleurs, cette jeune femme m'a horripilée tout le long du livre. J'ai beaucoup aimé que Jake dise tout le mal qu'il pensait d'elle avec son élégance naturelle. Ceux qui ont lu le livre comprendront que la fin m'a quelque peu embêtée...
Ce n'est pas seulement la violence terroriste qui est décrite dans ce livre, c'est toute la vie de Belfast. Ses habitants, ses rues, ses moeurs, son atmosphère. La ville est à la fois semblable au reste du monde (la violence n'est pas une invention locale, les gens pommés sont partout...), et un endroit extraordinaire. Certes, le langage employé est cru, sarcastique, drôle, mais il est juste de la première à la dernière page. Et c'est sans doute la principale qualité de ce livre ; malgré ses histoires invraisemblables, il est vrai.

27 janvier 2007

Mes liens

Billet pas du tout à jour, j'ai quand même enfin supprimé les liens morts et rajouté quelques liens (13/04/2011).

J'ai vu que Allie avait créé un annuaire des blogs qu'elle visitait. Depuis quelques temps, ça m'ennuie beaucoup de ne pouvoir, par souci de clarté, mettre dans mes liens tous les blogs sympathiques que je découvre. J'ai donc décidé de copier Allie en créant la liste des blogs qui peuplent mon Google Reader. Si j'en ai oublié (et il y en a sûrement), je m'en excuse. Je corrigerais cela tout de suite si vous me le signalez.

Evénements :

Blog-O-Book

Le Blog du Read-A-Thon

Sites de lecture :

Critiques libres

Lecture/Ecriture

Les chats de bibliothèque

Librairies :

Neverland (chez Lamousmé)

Blogs essentiellement centrés sur les livres :

1001 livres (Maggie)

Actu-Livres (Alicia)

Aimez-vous lire ? (Hélène)

Amanda Meyre

Au fil des livres (LN)

Cathulu

Chaplum (Manu)

Chez Clarabel (suite Chez Clarabel 2)

Chez Clarabel (2)

Cunéipage

Dame Yseult (Beloved). On la retrouve sur Au fil de mes lectures

Eireann (chez Yvon)

Happy Few (fashion victim)

Insatiable lectrice (Anne)

In Cold Blog

Je (ne) lis (pas) (Cécile) : des chroniques fantastiques débordant d'humour. (blog en sommeil)

Journal d'une lectrice (Papillon)

Karine et ses livres

La bibliothèque d'Allie

La bibliothèque de Cléanthe

La Lettrine (Anne-Sophie)

Le blog bleu (Céline)

Le dévore tant (Eiluned)

Le Golb de Thom et le Golb 2

Le livroblog d'Hilde

Le monde dans les livres

Le terrier (Chiffonette)

Les chroniques de Chrestomanci (Virginie)

Les fanas de livres

Les jardins d'Hélène (Laure)

Les lectures de Caro[line] et Cinquième de couverture.

Les lectures de Kalistina

Lily et ses livres

Lire et écrire (Emeraude). On la retrouve Là où les livres sont chez eux.

Lire oui, mais quoi (Yue yin)

Ma bibliothèque (La conteuse)

Mon coin lecture (Karine)

My Lou Book (Lou)

N.u.l.l.e (Erzébeth) et Camélia sur mousse.

Plaisirs à cultiver (Titine)

Pralineries (Praline)

Près de la plume... au coin du feu (Romanza)

Qu'importe le livre, pouvu qu'on ait livr'esse (Morwenna)

Sylire : La vie est un roman

Tamaculture (Tamara)

Un renard dans une bibliothèque (Céline). On la retrouve sur Casa Nova.

Voyager... Lire... (Cryssilda)

Charme, poésie et convivialité :

A l'heure du thé (Allie)

Des livres et des champs (Bellesahi)

L'air de repos de Mélanie

La maison de vie de Lamousmé

Magique Irlande (Maeve)

Vivre à la campagne (Allie)

Y'a d'la joie (Choupynette)

 

26 janvier 2007

La maison de Carlyle et autres esquisses

rCarlyleÉdition Mercure de France ; 102 pages.
13,60 euros.

" Les sept textes de Virginia Woolf qui composent ce petit livre datent de 1909 et étaient restés inédits. Quand elle rédige ses " esquisses ", Virginia Woolf n'a encore rien publié - à part des articles -, elle n'est pas mariée, et ce qu'elle appelle " les démons noirs et velus " de la dépression l'assaillent déjà. Mais elle est déterminée, comme elle le dit dans son journal, " à écrire non seulement avec l'œil, mais avec l'esprit, à découvrir la vérité sous le voile des apparences ". Et on retrouvera dans ces croquis de la vie londonienne d'alors, comme le dit si bien Geneviève Brisac dans son éclairante préface, " tout son art magistral et subtil. Ce sont des pages magnifiques, où se lisent, cachés comme dans le dessin du tapis, ses angoisses, ses deuils, son amour de l'humanité, son sens de la dérision et du mystère. Ses phrases intenses et musicales. Son génie ". "

J'ai découvert ce titre par Allie, et je suis immédiatement tombée sous le charme de ce livre. C'est très superficiel, mais j'aime énormément l'aspect de ce livre. Sa couverture élégante, son format et sa mise en page donnent envie de se plonger dedans.
Ce recueil contient sept esquisses d'à peine quelques pages, qui constituent des impressions, des souvenirs de Virginia Woolf.  A travers ces esquisses, c'est tout son talent d'observatrice et son jugement impitoyable d'autrui qui ressortent. Ceci d'autant plus qu'il s'agit de textes intimes, et donc non destinés à la publication. La lecture est extrêmement agréable, l'auteure s'exprimant à la première personne et fournissant à son lecteur les détails qu'elle a noté lors de ses excursions, ses impressions, ses réflexions.
Ces anecdotes sont un témoignage très intéressant de la vie à Londres au début du XXème siècle, que ce soit au niveau de la mode, des moeurs ou encore des idées. Virginia Woolf nous entraîne à la Maison de Carlyle, une célèbre demeure, puis à Hampstead (lieu que j'aime infiniment), pour y prendre le thé. L'intérêt que Virginia Woolf porte à tous les domaines de la vie anglaise, ainsi que son (futur) côté féministe transparaissent également, dans Hampstead ainsi que dans Le tribunal des divorces notamment.
C'est extrêmement court, pourtant ces récits ont un contenu très important. Pour preuve, nous avons le dossier qui accompagne les textes. Celui-ci nous permet de percevoir plus facilement la richesse des esquisses, en nous fournissant des interprétations de ces dernières. En effet, bien qu'il s'agisse d'un "journal intime", Virginia Woolf semble avoir passé sous silence ou arrangé certains événements. David Bradshaw a donc essayé, pour nous, de lire entre les lignes. 

Comme Allie, je ne vous conseillerais pas ce livre pour découvrir l'univers de Virginia Woolf. Il appartient à une période de sa vie où elle n'avait encore publié aucun roman, et il n'était pas destiné à la publication. En revanche, pour ceux qui apprécient Virginia Woolf, c'est vraiment très plaisant et très instructif.

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25 janvier 2007

Le prince heureux Le géant égoïste et autres contes ; Oscar Wilde

2070516296Édition Folio Junior ; 120 pages.
4,60 euros.

" Une petite hirondelle en route vers l'Egypte décide de passer la nuit à l'abri d'une statue dominant la ville.
Couverte de minces feuilles d'or, ses yeux faits de saphirs, un gros rubis ornant le pommeau de son épée, c'était la statue du Prince Heureux. Le ciel était plein d'étoiles brillantes. L'hirondelle allait s'endormir quand, soudain, une goutte d'eau glissa sur son aile : la statue pleurait ! Le Prince Heureux pleurait sur les misères de la ville... Le Prince Heureux, Le Rossignol et la Rose, Le Géant égoïste, L'Ami dévoué, La Fusée remarquable, cinq contes d'Oscar Wilde. "

Après Le fantôme de Canterville et L'anniversaire de l'infante, j'ai voulu continuer ma découverte d'Oscar Wilde avec ce livre, conseillé par Virginie. Je suis tombée sous le charme de ces cinq contes, qui traitent de l'amitié, de l'amour, de l'égoïsme, et du sacrifice. Chez Oscar Wilde, les histoires sont souvent fantaisistes, elles décrivent pourtant une réalité. Elles sont souvent cruelles, parce qu'il n'y a pas de prince ou de princesse, ou même une bonne fée qui arrive à temps pour sauver la bonne poire le gentil de l'histoire. C'est souvent rageant, ce n'est jamais très agréable de voir la bêtise humaine en face de soi.
Il y a quand même des contes touchants dans ce recueil, qui prouvent que certains savent reconnaître leurs erreurs et se repentir. Même si cela leur coûtera la vie.
Et puis, il y a l'humour, le cynisme de Oscar Wilde qui fait de certains contes des délices (je pense en particulier à La fusée remarquable).

A noter que malgré sa classification en "jeunesse", ce livre peut facilement heurter la sensibilité des touts petits.

23 janvier 2007

La jeune fille suppliciée sur une étagère suivi de Le sourire des pierres ; Akira Yoshimura

2742763015Édition Actes Sud ; 141 pages.
6,50 euros.

Lettre Y Challenge ABC 2007 :

" Elle a seize ans, elle vient de mourir. Allongée sur un tatami, elle voit deux hommes arriver et offrir de l'argent à ses parents. Par-delà la mort, elle observe alors ce qu'il advient de son corps vendu à la science. Eichi et Sone se retrouvent par hasard. Voisins dans l'enfance, ils vivaient près d'un cimetière ouvert à tout vent, un fantastique terrain de jeux où ils faisaient parfois de terrifiantes découvertes. Mais Sone a déménagé à la mort de son père et personne n'a su ce qu'il était devenu... Deux magnifiques récits à travers lesquels Yoshimura fait preuve d'une remarquable modernité d'écriture. Pour aborder le thème de la mort sans jamais se laisser gagner par le sinistre ou le morbide, il atteint une pureté de style dont la sonorité cristalline fait écho à l'étrangeté de son univers. "

Je lis peu de littérature asiatique, cependant le Challenge avec sa lettre "Y" m'a amenée à considérer ce titre, qui me tentait bien, avec beaucoup d'attention. Le titre est assez étrange, mais cela s'accorde très bien avec les deux nouvelles qu'il contient.

Ce livre évoque la mort du point de vue d'une jeune fille décédée, et de celui d'un jeune homme qui la redoute. Il y a quelque chose d'un peu morbide (le mot est peut-être un peu fort) dans ce livre.
J'avoue que certains passages de La jeune fille suppliciée sur une étagère m'ont mise mal à l'aise. La première nouvelle est très crue au niveau du vocabulaire employé. La jeune fille nous parle de façon totalement détachée de ce qu'il advient de son corps sans vie. Elle nous montre comment la vie continue pour les autres après la mort d'une personne, et comment un corps jeune et vivant devient un objet d'étude que l'on découpe sans aucun scrupule. Pour certains, ce corps est même un objet presque de fantasme. Et pourtant, on sent bien que, dans ces morceaux de corps humain, il y avait autrefois une personne pensante. Malgré son ton détaché, on perçoit de la solitude, de la peur, de la peine chez cette adolescente. Parce qu'elle a beau comprendre le besoin d'argent de ses parents, c'est difficile pour elle d'avoir le sentiment d'être un fardeau pour eux, et pas un être cher perdu tragiquement. A seize ans, alors qu'elle devrait être une jeune fille pleine de vie et d'illusions, elle laisse l'image d'une enfant non désirée par sa mère, d'une strip-teaseuse ayant du gagner sa vie avant de mourir, ou encore d'un corps ni féminin ni même humain dans un bac, puis dans une urne promise à la poubelle.
La deuxième nouvelle évoque la mort également, par suicide cette fois. Les personnages qui composent ce court récit vivent à côté d'un cimetière qui semble les menacer en permanence. Sone et la soeur de Eichi n'ont plus vraiment de raison d'exister. Sone est comme un ange de la mort depuis qu'il a découvert une femme pendue alors qu'il était encore très jeune. Son père et sa maîtresse se sont donnés la mort. Puis la propre amante de Sone. Eichi est terriblement inquiet lorsqu'il commence à déceler quelques gestes inhabituels chez sa soeur. Mais comment peut-on être sûr qu'une personne va se tuer ? La fin, qui nous laisse interrogateur, est rageante.

Cette lecture est plaisante, pourtant il y a une sorte de malaise qui en ressort. J'ai eu du mal à savoir où l'auteur avait voulu m'amener. Si vous avez des éclaircissements à me fournir, je suis preneuse.

22 janvier 2007

Il pleure dans mon coeur... ; Paul Verlaine

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Le boulevard sous la pluie
; Gustave Caillebotte (1877)

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine !

PAUL VERLAINE

21 janvier 2007

La petite robe de Paul ; Philippe Grimbert

2253068195Édition Le Livre de Poche ; 155 pages.
4,50 euros.

" Alors qu'il se promène dans un quartier de Paris qui n'est pas le sien, Paul, la cinquantaine, marié, est irrésistiblement attiré par une petite robe blanche de fillette, exposé dans la vitrine d'un magasin. Cet innocent vêtement dont il a fait l'acquisition va se trouver à l'origine d'un véritable drame, précipitant ses acteurs aux limites de la déraison et de la mort. Dans la vie tranquille de Paul, cet achat impulsif, apparemment anodin, produit des effets dévastateurs au point d'amener Paul et sa femme Irène au bord du gouffre. De fil en aiguille, d'un petit mensonge par omission au réveil des vieux démons, la trame d'un couple superficiellement uni va s'user jusqu'à la corde. "

Si ce n'était pas l'oeuvre d'un psychanalyste, je m'interrogerais sur la santé mentale de l'auteur de ce livre. Philippe Grimbert est présent sur un nombre incalculable de blogs depuis la rentrée, alors quand j'ai vu ce livre chez un bouquiniste, je l'ai pris sans hésiter.
Difficile de ne pas être pris dans cette histoire dès la première page. Un grand nombre de questions s'imposent à nous. Je vous avoue que j'ai pensé dans un premier temps que Paul avait peut-être des instincts pédophiles refoulés. Ce qui n'est pas franchement engageant. C'est fou comme un simple coup de tête (un peu étrange, je vous l'accorde) peut créer des malentendus et réveiller des blessures mal refermées. Et le fin mot de l'histoire, à moins d'être psychanalyste, je ne pense pas que l'on puisse s'y attendre. D'autant plus que Philippe Grimbert se plaît à brouiller les pistes. On s'imagine que c'est Paul qui a un problème, alors qu'il ne fait que tendre une main à son épouse (pour la décharge du lecteur, c'est très subtil).
C'est un livre très poignant. Irène, qui ne comprend pas ce qui a pu pousser son mari à acheter cette robe imagine le pire. Sa douleur est à la limite du supportable (heureusement que le livre est court), d'autant plus qu'à ses doutes sur son mari se mêlent d'affreux souvenirs refoulés depuis bien longtemps dans son inconscient, et qui continuent à la torturer. Quant à Paul, il est difficile de comprendre son geste dans un premier temps. Et puis, une fois le premier mensonge passé en vient un second, puis un troisième. Et les deux époux, pourtant très amoureux, installent une barrière de non-dits et de rancune entre eux.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre (j'ai beaucoup de chance cette année pour l'instant). Je pense lire Un secret prochainement.

Les avis de Lily et de Camille.

" Cette femme qu'il pensait si bien connaître vivait au bord d'un gouffre, un trou dans son existence qu'aucun mot ne pouvait cerner. Irène, l'amour de sa vie avec qui il aurait voulu tout partager, restait jalousement murée sur son secret, ce coin de jardin dans lequel elle ne le laisserait jamais entrer, où elle allait solitaire fleurir la tombe d'une petite fille. " (page 88)

19 janvier 2007

Dublinois ; James Joyce

2070385817Édition Folio ; 350 pages.
6,60 euros.

Lettre J Challenge ABC 2007 :

" Après la publication en 1907 de poésies de jeunesse, James Joyce publie en 1914 un recueil de nouvelles commencé dès 1902. Il s'agit de Dublinois. Quelle surprise pour les lecteurs de découvrir ces quinze nouvelles, si sages, si classiques, si claires. Dans ce livre, Joyce décrit, avec un sens profond de l'observation, les moeurs de la bourgeoisie irlandaise, l'atmosphère trouble et le destin tragique de la société de l'époque. Les thèmes favoris de Joyce, l'enfance, l'adolescence, la maturité, la vie publique sont ici incarnés par divers types d'habitants de Dublin, « ce cher et malpropre Dublin » que Joyce aimait tant. "

James Joyce est un auteur qui fait peur, comme l'a très bien dit Allie. Son nom est associé au monstre de 1171 pages qu'est Ulysse, ce qui a en effet de quoi en rebuter plus d'un. Dans ma tête, j'ai toujours associé Virginia Woolf et James Joyce, parce qu'il sont nés et morts la même année. C'est pourtant une simple coïncidence si j'ai débuté Dublinois et la biographie de Virginia Woolf le même jour. En lisant le livre de Nigel Nicolson, je me suis en fait aperçue qu'ils n'avaient eu presque aucune relation, à part lorsque Virginia Woolf a refusé d'éditer Ulysse, qui ne lui plaisait pas. Ca, c'était pour la petite histoire.

Pour mon challenge, j'ai décidé de m'attaquer à James Joyce, et comme il faut y aller en douceur avec moi, j'ai choisi Dublinois, ou Gens de Dublin. Il s'agit d'un recueil de quinze nouvelles qui mettent en scène des hommes, des femmes, des enfants dans leur vie de tous les jours. Les thèmes récurrents de la littérature irlandaise sont présents, l'alcoolisme, la misère, la mort, le sexe avant le mariage, l'envie de s'exiler malgré l'attachement sincère à la patrie. James Joyce parle d'une façon très simple des Dublinois, et c'est ce qui fait le charme de ce recueil.
D'un autre côté, j'ai été très surprise par l'écriture de Joyce, dont la simplicité est volontairement trompeuse. Elle frôle par moments la monotonie tellement le rythme de la lecture est monocorde. A de nombreuses reprises, j'ai dû relire des passages que j'avais lu sans concentration. C'est une volonté de l'auteur, pour servir le contenu du livre. Les choses suivent leur cours, les heures passent dans cet univers, et comme dans la vraie vie, nous avons parfois besoin de nous déconnecter de cette réalité.
L'impression que nous laisse James Joyce sur Dublin est celle d'une ville où la vie n'est pas plus facile sinon plus dure qu'ailleurs. Chacun tente de faire sa vie comme il peut, avec des scrupules ou non. Et comme partout, il y a des gagnants et des perdants, des envieux et des déçus.
Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre, j'ai eu du mal à le lire . Les premières nouvelles s'avalent très rapidement. Mais j'ai eu l'impression d'être dans un état comateux vers le milieu. Cette atmosphère de Dublin est lourde et encore une fois, monotone. En fait, je pense qu'il faut lire ce livre tranquillement pour l'apprécier vraiment, ce que je n'ai pas fait.

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